Les conneries on stage

WZ : Ah les ongles de pieds...

Moi j'ai eu des envies de pavé de COS/my life toute la semaine, et comme WZ je me suis dit que j'allais saouler tout le monde, mais aujourd'hui je craque ! Parés pour le roman mensuel ?

Mariage d'un pote le week-end du 30 : c'est le frère de mon meilleur ami (meilleur ami qui est le guitariste et leader du groupe) et accessoirement le type avec qui j'ai eu mon 1er groupe (le frère) quand on avait 15 ans... On s'était un peu perdu de vue ces derniers temps donc j'étais hyper content d'être invité à son mariage, et d'autant plus d'y jouer  "Mais ça c'était avant !" comme dirait l'autre.

Le marié étant toujours musicien, certes avec un bon job à côté, mais se produisant sur de grosses scènes avec ses groupes, groupes desquels étaient issus une partie des invités, il y avait des oreilles averties à séduire ! Et en plus on parlait d'un boeuf en fin de set avec lesdits musiciens : bref, un challenge appétissant !

Du coup, mariage d'un pote + budget (annoncé) limité = plan gratos, normal, si possible avec défraiement (car kiki très serré ces temps-ci, j'avais à peine de quoi avancer le péage et l'essence), lequel défraiement était "prévu..." Seul notre batteur devait être payé parce que lui, de 1 n'est pas un ami de la famille, et de 2 il est encore plus serré que moi : après âpres négociations, j'ai réussi à lui obtenir 80 € au lieu des 50 boules prévues...

Donc programme de la soirée où sont invités plus de 150 convives : 18 h vin d'honneur dehors (pendant notre balance dedans) / 20h repas au pied de la scène / 22h30 nous / minuit 2 DJ (eux aussi potes du marié) / 2h after éventuel et boeuf avec les nombreux zicos présents. Le tout sur une sono en loc, avec un ami du couple à la console (sondier de métier)

17h30 : après 250 bornes de route, on arrive pour s'installer dans un "domaine", vous savez une de ces boîtes à mariages toutes équipées ; sauf qu'évidemment dans la salle "toute équipée" il n'y a que 2 prises sur scène  Et surtout : les platines des DJ plantées au milieu de la scène (et nous ?) et les 2 prises bouffées par leur matos et les lights, le tout bien gaffé et installé (alors qu'ils savaient très bien qu'on devait jouer, on était même annoncés sur les cartons d'invit'). Petite montée de stress malgré le verre de champagne, je cours partout pour trouver les DJ, quand tombe la réponse : "Ils ont oublié un truc chez eux, ils reviennent dans une heure..." Super ! Et nous on s'installe où et comment ???

Personne ne voulant prendre la responsabilité de bouger les platines et de débrancher leurs mac ou leur contôlleurs pour notre installation, je décide de bouger ça moi-même en mode barbare et advienne que pourra ! Aucun salarié du domaine ne voulant tirer une rallonge pour nous, je débranche un de leurs machins pour y mettre une de nos multi (puis je rebranche leur truc dessus, je suis pas con à ce point quand même).

18h00 : je commence à inspecter le matos d'accueil : il y a bien une sono (sans retours apparemment) mais la seule table que je vois et celle des DJ (une normale heureusement) donc ça va être un sacré bordel. Essayant de balancer, on part en quête de l'ami sondier, sauf qu'on nous avait pas dit qu'il était le témoin des mariés, autrement dit qu'on risquait pas de le voir beaucoup. D'autant qu'après entrevue, on a vite compris qu'il en avait pas grand chose à foutre de nous en nous disant d'attendre les proprios de la table, à savoir les DJ...

19h : j'ai fini de me ronger les ongles, je m'attaque aux orteils...

19h30 un des DJ revient : le type est furax qu'on lui ait bougé son instal' donc explication de texte, puis finalement ça s'arrange. Il croyait qu'on jouait dehors pour le vin d'honneur (mais bien sûr...) Comme il est parait-il rompu à la prise de son (il serait guitariste dans un groupe de "noise" ça s'invente pas ) il accepte (ben voyons, manquerait plus qu'il morde) de nous faire le son. En fait une sorte de line check baclé, moi testant le micro chant et la gratte (le guitariste est pris aux "photos")

19h45 : alors que le gratteux est libéré de ses obligations familiales et vient enfin compléter la balance, et qu'il nous reste théoriquement 1/4 d'heure avant l'arrivée des gens dans la salle pour la bouffe, la foule se rue à l'intérieur à l'annonce de la crampouse (désolé WZ j'étais chez des bretons) donc arrêt obligatoire des "balances" avec des gros guillemets Cependant qu'on nous dégotte une enceinte amplifiée en guise de retour et qu'on essaye de la faire marcher quand la famille et l'orga du domaine nous intiment l'ordre de cesser les hostilités sonores à l'heure de la sacro sainte crampouse.

20h45 : après une demie heure de jeux débiles (désolé mais les mariages j'en peux plus) et une autre demie heure de queue (ben oui, 4 mecs pour faire des crêpes à 150 personnes c'est un peu long) je mange enfin ma 1ère crêpe et suis à ma 2ème bouteille de cidre.

21h45 : j'attends toujours ma 2ème crèpe debout dans la queue. Le cidre est devenu tiède.

22h15 : je rennonce à ma part de tarte devant la longueur redoublée de la file d'attente et l'imminence du show... j'en profite pour finir la mousse tiède de la tireuse en fin de fût.

22h30 : on nous annonce 1/4 d'heure de retard car les gens n'ont pas fini de manger ; ils amènent un nouveau fût : chouette, elle est bien fraîche

22h32 ! Finalement si, ils ont fini de manger : le père du marié me pousse sur scène en mode "débarquement de juin 44" ! Je me demande encore pourquoi j'ai alors péniblement vidé ma pinte cul sec alors que j'aurais pu la poser sur scène

22h35 : 1er morceau bien p... blurf... bien passé, mais le retour ne marche pas. Le DJ est toujours à la console. Un des zicos du public a trouvé l'origine du problème et ça repart !

22h45 : au 3ème morceau endiablé, le retour s'est coupé soudainement ; le chanteur me regarde désemparé pendant que la foule en délire (si si ) ne s'est pas rendu compte qu'il avait arrêté de chanter... Le sondier prévu se décide enfin, sans lâcher sa bière, à monter à la console épauler le pauvre DJ ; sa binouze se renverse illico dans les câbles au 1er boum de sub...

22h50 : la moitié des gens est partie s'assoir ou fumer dehors ; notre set réduit enchaîne les morceaux pêchus (on fait du rockab') up-tempo : les survivants du public sont plus excités que jamais. La mère du marié m'amène une part de tarte (j'adore la tarte aux fraises, même pas bonne et industrielle : ça tombe bien, celle-ci est les 2 ) Aussi je l'envoie me chercher une pinte pendant que j'engloutis d'une bouchée la tarte entre 2 morceaux...

22h51 : j'ai oublié que j'avais un choeur dés le début du morceau suivant alors que j'ai toujours la bouche pleine... blurf ! Le sondier est à 4 pattes devant le retour qui ne marche toujours pas.

22h55 : morceau plus calme ; l'absence de retour se fait encore plus pénible, d'autant que le son plateau est très différent de la mini balance : ça a l'air à burnes en façade, le sub devant la scène couvre mon ampli basse (j'ai beau triturer mes boutons dans tous sens, zbeb, je n'entends de ma basse qu'un "miuouu-miuouu" assourdissant et inaudible à la fois), je n'entends que la caisse claire derrière moi, un peu la guitare et pas du tout le chant (quant à mes choeurs n'en parlons pas).

On joue en automate en regardant nos cases, l'impression que jouer n'importe quelle note ne changerait rien au bordel général domine ; pourtant les gens devant sont au taquet !

23h : pause. Va savoir pourquoi, je vide une fois de plus ma pinte cul sec alors que j'avais toute la pause pour la siroter tranquille...

On demande au public (averti, voire très averti) ce qu'ils en ont pensé, en s'excusant à moitié... Que nenni ! Le "public" est conquis, le son est parait-il niquel pour eux ! Hé ben...

23h15 : reprise du set, le retour remarche sans que personne n'y ait touché, quoiqu'il ait tendance à saturer de temps en temps (pourtant on a mis que les voix dessus) ; le batteur frappe comme une mule (je lui ai dit à la pause que je l'entendais pas) et le guitariste/chanteur compense la frustation sonore générale par une débauche d'énergie vocale et guitaristique : le show vire punkabilly !

23h30 : il fait au moins 40° malgré les portes grandes ouvertes, les zicos invités sont lassés et fument des clopes dehors pendant que quelques survivants mélomanes et bourrés (pléonasme ?) s'excitent toujours devant... Je commence (seulement ?) à être bourré et je mule comme un âne sur ma basse ; j'ai légèrement desserré ma cravate (signe de grande dépravation chez moi)

Le retour chant sature complètement et se coupe de temps à autres.

23h40 : l'instru "western" qui fait une bide habituellement rameute les exilés nicotinés pour la farandole typique des mariages : vous savez, celle où tout le monde fait le tunnel pendant que les autres passent en dessous (sur "Ghosts riders in the sky" c'est quand même plus classe que sur la danse des canards, même si c'est sûrement l'équivalent outre Atlantique...)

23h45 : j'enchaîne sur "mes" morceaux, à savoir les 2 ou 3 merdes où je prends le chant et la guitare et qu'on a jamais le temps de répéter. Au 1er, sur le solo je monte le "boost" de ma strat et j'enclenche la disto (normalement c'est un léger crunch rockab'). Mais là, pas de balances, les réglages pédale de répète sur l'ampli à donf et je me retrouve avec un son de hard rock ; le temps d'équilibrer et la grille est déjà finie (c'est ça le rockab'...)

Au 2ème titre, le micro se casse la gueule (un Super 55, bien lourd) j'avais pas dû le serrer assez fort en le remontant. J'ai fini le morceau à genoux, personne n'a bougé, pendant que c'était volontaire lol Moi non plus je n'entends pas mon chant dans le retour, ou alors très peu, et je hurle à m'en déchier les cordes vocales histoires d'entendre un son.

Une fille à la mine grave et sérieuse me fixe immobile au milieu des arrachés sur la piste de danse. J'ai l'impression qu'elle est consternée quand je joue (j'ai appris après coup qu'elle kiffait et qu'elle écoutait, concentrée, de toutes ses oreilles). Du coup je décide de jouer derrière la tête pour la calmer (je sais c'est puéril, mais j'étais bourré et frustré)

23h55 : le retour a définitivement lâché, j'ai ouvert ma chemise et le chanteur braille à tue-tête. Le morceau suivant est notre morceau de bravoure, un instru, "Missirlou" pour les initiés : la piste est sur-chaude, un papy s'est même allongé sur le ventre en mimant de lécher le sol, j'avais jamais vu ça, me demandant si tout ceci était bien réel, pendant que pour nous le son plateau était le plus à chier qu'on ait jamais eu...

Cela dit il ne reste que 15 personnes devant nous, les autres sont éparpillés dans les coins et dehors.

23h15 : le dernier rappel s'achève, sous la mine agacée non du DJ, mais du sondier qui regarde sa montre. Les DJ enchainent, la salle se re-remplit, on a peu honte et on se réconforte sur les compliments de ceux qui ont kiffé.

2h15 : après moultes platitudes et quelques joints, je me retrouve assis à côté de la fille impassible de la dernière demie heure : elle me tient (littéralement) la jambe à propos de mon jeu et... Bref, son mec est venu l'arracher par le bras au bout de 10 minutes en gueulant (à elle) : "Tu crois que j'ai pas vu ton petit ménage, sal... [...] Allez, on rentre !!" Scandale devant l'assistance, moi j'avais rien dit... Le père du marié (on se connait depuis 17 ans) à moi : "Tu peux pas t'empêcher de faire le malin, petit con ? Après tu t'étonnes qu'on t'invite pas officiellement !" Ambiance...

3h15, ou 30 ou je sais plus, je commençais à être vraiment touché : le boeuf longtemps annoncé arrive enfin ! D'abord, démo du groupe du marié, devant (ou plutôt brièvement devant) sa femme qui s'en fout et part faire causette dehors avec ses copines.

Après ça a été un vrai boeuf, j'ai un peu regretté d'y avoir tant poussé, le DJ etant en effet un guitariste "noise", il a pourri tout le truc en n'écoutant personne et en mulant à burnes sur une guitare désacordée n'importe quoi, n'importe comment. J'attendais qu'une chose, c'était qu'il se barre, et pouvoir jouer avec mon pote d'enfance. Il a en effet fini par se barrer, mais mon pote (le marié) aussi. Je me suis retrouvé à ânnoner un blues poussif avec un type qui découvrait la batterie et un bassiste trop déchiré. J'ai le souvenir de m'être couché vers 7h, on nous a dit le lendemain qu'on avait empêché tout le monde de dormir jusqu'à 9h. Vu mon demi litre nocturne de Ricard c'est possible...

7h15 selon les syndicats (ou 9h selon la police) je découvre ma couche : une tente à monter sur une prairie caillouteuse (les autres avaient des chambres d'hôte), effectivement le père avait raison, j'étais pas "officiellement" invité.

Le lendemain après le brunch et le rangement de la batterie (j'avais rangé mon matos la veille) on a dû pleurnicher pour se faire payer le péage retour (l'essence et le péage aller j'ai compris que c'était même pas la peine d'y penser) c'est-à-dire 10 €

Le batteur a eu le malheur de tapper la discute avec un des salariés du domaine qui rangeait la salle : la loc' du domaine (avec les gites etc) c'est minimum 7000 boules le week-end hors traiteur et service. Avec mon billet de 10 balles à la main j'étais dégouté. Le marié et sa belle famille s'étaient tirés au moment du départ et de la "paye". Finalement c'est notre guitariste qui a "avancé" les 80 boules du batteur et mes 10€, tu parles "avancer", je suis sûr qu'il a raqué lui-même pendant que les jeunes mariés sont partis convoler avec la Maseratti du daron...

Je suis plutôt amer à l'écriture de mon pavé, car même si une partie des invités a kiffé, et nous aussi l'alcool aidant, et ce malgré les conditions déplorables, la majeure partie des gens et les principaux interessés sont restés dehors les 3/4 du set, on a eu un son de merde et le sentiment de s'être fait rouler et mépriser.

Jouer pour un pote je sais pas si c'est une bonne idée, mais jouer pour un ancien pote, j'ai compris que ça le ferait pas revenir...

Citation de : Chris Kazvon

Bon j'ai renoncé à compter au cours du récit !
t'as eu des retours depuis ?

une éventuelle coordination préalable avec les DJ aurait ptète aidé sans pour autant résoudre tous les soucis...

Quelques retours oui, paraît que les gens ont aimé. Mais bon, même si certains (avec qui on a pu discuter directement après) ont vraiment aimé, les autres pouvaient pas dire que c'était à chier, vu que le chanteur était le frère du marié...

Quand à la coordination effectivement ça nous aurait aidé à condition d'être respectés. D'autant qu'ils étaient censés avoir leur matos et nous le notre sur la loc. Au final je suppose que quand ils ont vu les enceintes de location déjà sur place, ils ont décidé de ne pas sortir les leurs et de calibrer le filtre de la sono sur leur son. Ils nous ont vraiment pris pour des cons, paradoxalement moins le DJ/guitariste autiste, mais l'autre nous a carrément pas adressé la parole de la soirée