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Élaborer un live : comment structurer son concert

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Sujet de la discussion Élaborer un live : comment structurer son concert
Bonjour tout le monde,

J'ouvre un topic "ressource" sur un sujet plutôt vaste mais ultra important : La construction du live.
En effet, j'ai trouvé assez peu d'informations sur l'élaboration du spectacle. Si ce n'est les discussions habituelles sur la Setlist.

En gros, ce que j'entends ou ce que je cherche :
- le temps d'un live, son rythme, les transitions. Ex : un groupe joue 45 mn, soit une dizaine de chansons : quels choix fait-il en matière de gestion du rythme du concert, en dehors de la rythmique même des morceaux
- le dress code et l'esthétique globale : matos customisé, grosse caisse à effigie du band, drap en fond scène, ...
- le rapport au public : discussions, interpellations, participation
- le jeu de scène, la disposition des musiciens, l'utilisation d'effets visuels, les lights, la vidéo, ...

Bref, et cetera !
On s'aperçoit vite de la diversité des choses qui interviennent dans l'élaboration d'un spectacle.
Après avoir passé des années à me contenter de brancher l'ampli et enfiler un jack dans la gratte, je ressens un besoin d'aller "plus loin".
Les réflexions sont nombreuses, mais les théories assez peu finalement. C'est du domaine du grand secret, on dirait.

J'ai trouvé ce document, mais il ne fait que survolé le sujet...
https://www.candidatarien.com/article/15608-conseils-delaboration-de-setlists-a-lintention-des-musiciens/

J'aimerais bien avoir vos idées sur un tel topic, déjà...
Si ça vous parait totalement abscons, ou au contraire si vous pensez que ça peut devenir la future encyclopédie des Planches.

Puis bien sûr vos suggestions si vous avez des infos sur tout ça. Merci.
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Tu poses beaucoup de questions variées (mais très intéressantes) et le sujet risque de partir un peu dans tous les sens. Mais voici déjà quelques réflexions en tant qu'ingé-son qui reçoit plusieurs dizaines de groupes différents tous les ans.

Le temps du live, le rythme
Il n'y a pas de règle absolue mais il faut éviter le chaud/froid/chaud/froid alterné avec une rigueur d'horloger. Le schéma de base est souvent le même que celui d'un film: tu attaques fort au début (premier climax), tu diminue l'intensité en milieu de concert, et tu accélères de nouveau sur la fin (second climax). Mais bon ce n'est pas à suivre scrupuleusement. Tu peux faire une entrée en matière douce et posée, avec les zicos qui arrivent les uns après les autres sur scène (et le lead en dernier généralement).

le dress code et l'esthétique globale
L'esthétique est souvent négligée par les groupes: fond de scène crado, multiprises électriques blanches, câbles de 9m qui s’entortillent dans tous les sens, jacks et câbles électriques qui pendouillent à l'arrière du clavier, tenue vestimentaire douteuse (le top: jean délavé bleu clair + pull vert caca d'oie = compatible avec aucune lumière), housses d'instruments qui restent sur scène, chanteur lead qui veut se donner du style avec un chapeau qui lui masque les yeux...

C'est très utile d’avoir quelques notions de photographie. En particulier, on n'aura pas une esthétique sympa si on a énormément de détails sur un fond qui est lui même détaillé. Une base fondamentale de photo est d'avoir un fond très sobre pour que le sujet soit mis en valeur. Il est le seul à comporter des détails et attire l’œil. Sur scène, ça veut dire un fond sobre (coton gratté noir), le minimum de bazar (accrocher les micros aux fûts plutôt que de mettre des pieds, planquer les câbles et les DI, virer tout ce qui n'a rien à faire là...)
A mon avis ça n'est pas fondamental de customiser la grosse caisse ou de mettre le nom du groupe en fond de scène. Ce sont des détails qui détournent l'attention. Et puis la banderole du groupe en bâche brillante et mal tendue, c'est moche.

Un exemple propre:
1908438.png

Un truc important est la quantité de lumière renvoyée par les divers éléments. L’œil est attiré par ce qui est lumineux. Une chemise blanche renvoie plus de lumière que le visage. Il vaut mieux privilégier des couleurs neutres et pas trop réfléchissantes (noir, gris). Sinon il se passe ça:
063670-000_2091688_32_202.jpg

le rapport au public : discussions, interpellations, participation

Là, c'est en tant que spectateur que je parle: il me parait important de parler au public entre les chansons, en essayant d'être un peu plus sincère et original que "Bonsoir, heu... Public!". Certains sont à l'aise en impro, d'autres pas du tout et il vaut mieux préparer un peu les interventions.

Participation du public: attention, c'est éculé jusqu'à la moelle (ça se dit, ça ?). Si ça parait trop artificiel ça tombe à l’eau et ça plombe vraiment l'ambiance. Un premier truc à se foutre dans son putain de crâne: ça doit être simple! J'ai déjà reçu des groupes qui tentent de faire répéter les 4 vers du refrain, ça ne marche absolument pas. Si on peut éviter de faire répéter du texte, c'est pas plus mal. Ou alors un seul mot...
Et puis ça dépend aussi des soirs. Parfois il y a un public chaud bouillant, parfois un public très sage ou peu nombreux. Personnellement, je ressent très bien quand une "participation du public" va foirer, et je me demande pourquoi les groupes insistent pour faire participer quand même. Il ne faut pas que ça soit mécanique - genre c'est inscrit sur la set-list alors on le fait. Il faut être capable de zapper ça. Et un second truc à se mettre dans son putain de crâne: la participation fonctionne avec un public déjà chaud pour l'amener à ébullition. Jamais, mais alors jamais ça ne relance un public passif. C'est tout le contraire.

Interpellation: ça peut fonctionner avec les potes extravertis planqués dans le public. Si le pote est musicien tu peux l'inviter pour un morceau (à condition qu'il assure et/ou qu'il connaisse un peu tes morceaux). Ça fait mini-boeuf au cours du concert et ça peut très bien marcher. Mais interpeler un inconnu est bien plus risqué: ça doit être très travaillé. Le public vient pour voir des mecs sur scène, pas pour y monter ni faire partie du spectacle à titre individuel. Le public aime se fondre dans sa propre masse.

le jeu de scène, la disposition des musiciens, l'utilisation d'effets visuels, les lights, la vidéo, ...
Oulah, là c'est large!
Jeu de scène: je ne suis pas musicien, je ne saurais pas dire quoi que ce soit
Disposition: en général les groupes se positionnent sur deux rangs. Il faut se placer en quinconce pour que le public voit tout le monde. Une erreur classique est le batteur planqué derrière le lead. Déjà qu'il est assis et planqué derrière ses cymbales... Mais bon là ça dépend beaucoup des lieux et on ne fait pas toujours ce qu'on veut.
Effets visuels, vidéo: zone dangereuse! Ça prend énormément de temps à installer pour un résultat souvent très laid et qui n'apporte rien au concert. Mis à part en électro pure et dure où il faut bien compenser le jeu de scène réduit d'un DJ scotché à son macbook, envisager la vidéo me parait à proscrire quand on débute.
Light: c'est le boulot du lighteux, s'il n'y en a pas ben de toutes façons y'aura pas grand chose à faire. C'est un sujet à part entière.

[ Dernière édition du message le 04/04/2016 à 15:24:34 ]

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Merci Nick Zefish, d'avoir pris le temps d'une réponse très complète.
Photos à l'appui, c'est impeccable.

Pour l'instant, les "rubriques" qui m'intéressent le plus (les autres comptent beaucoup, bien entendu) le Rythme du spectacle et le Rapport au public.
Je dois dire que chacune de tes interventions sonnent juste, marquées par l'expérience et le bon sens. Du coup, si tu penses avoir d'autres éléments à ajouter sur les deux points pré-cités, histoire d'entrer davantage dans le détail, je suis tout œil.

Merci encore.
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Flag!

Vaste sujet en effet....

En ce qui me concerne, la menée du concert c'est 50% tu taf.

 

Au niveau du « rythme », je préfère une intro trankilou qui débouche sur le véritable debut du set, plus pêchu mais pas à donf non plus parce qu' à mon sens, ça peut agresser les oreilles du public d'attaquer à donf et il faut en garder sous le pied.

Aussi en intro on a décidés de faire un morceaux qui puisse être propice au fignolage du son par le teckos. Tranquille. Parce que peaufiner les niveaux sur un morceau tout à donf est assez casse gueule.

Pour la menée du concert on aime bien faire des vagues et des creux. Pour nous c'est en gros 3 vagues et 2 creux en essayant de faire monter la sauce sur la durée du set (pour nous c'est entre 1h30 et 2h00 en fonction de ce que demande l'orga).

 

En ce qui concerne le rapport au public, c'est quand même mieux de lui parler, de le faire participer, mais point trop n'en faut. On est pas dans une conférence FDG ou a un spectacle d’humoriste. Faut que ca joue. Et droit.

Faire chanter le public, comme l'a dit Zefich est toujours compliqué, voir casse gueule quand on est pas tête d'affiche et que le public connaît pas les morceaux. Le faire taper dans les mains c'est déjà plus accessibles et ça le déride. Pour ça y a juste à taper dans les mains pendant que le batteur donne du kick (par ex), ça marche quasi à tout les coups. Pis faire chanter un public n'est pas donné à tout les chanteurs, faut quand même avoir de la bouteille et/ou ce petit truc magique que tout le monde ne possède pas, même si on chante très bien (ce qui est rare).

 

Concernant l'attitude du groupe. Avoir l'impression de se faire plaisir est un minimum nécessaire : quoi de plus chiant qu'un groupe statique qui ne regarde que ses godasses... ils font la gueule ou quoi ??? Regarder le public, se regarder entre zicos et se bouger la nouille c'est quand même vachement plus vivant. Puis effet boule de neige, regarder des gens qui bougent donne envie de bouger. Pis quoi de plus chiant qu'un chanteur rivé à son pupitre ? A un moment faut apprendre son set, articuler et virer les anti sèches, on est pas a l’école des fans...

 

enchainer les morceaux, connaître le set. 1mn entre chaque morceaux c'est trop, trop, trop long.

 

il y aurait tant de choses à dire.... À chacun sa petite recette. Il faut pratiquer, pratiquer et encore pratiquer. Ou prendre des cours, ou mieux les deux... Ne pas hésiter à essayer des trucs un peu osés et à l'inverse quand ca marche pas, ne pas insister, se remettre en question. Pour moi les concerts d'aujourd'hui se rapprochent de plus en plus du spectacle ou du théâtre. Voir un concert comme un spectacle vivant et pas simplement comme une succession de morceaux est toujours un plus...

 

Peur être autre chose aussi. On assiste aujourd'hui à formatage des concerts : souvent basse batterie gratt lead, souvent sur des plateaux qui se ressemblent avec des sonorités qui se ressemblent. Je m’aperçois que le public peu se lasser. Un peu d’originalité quoi... Essayer de se démarquer d’être original ne ferait peut être pas de mal à la scène actuelle.

 

Bon courage.

 

 

 

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Flag
Al bundy vs Georges abitbol
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Super ! je vois qu'on peut tisser pas mal de matière.

Supermike 12, je rejoins ta pensée notamment sur l'intro "posée" du spectacle : façon technique et esthétique de rentrer dans l'ambiance. De même sur le point qui clôt ton intervention, posant la notion d'originalité. En effet, je crois que nous devrions tirer davantage de nos créations et de l'univers qu'on fabrique. Par exemple, pour parler de la musique que nous faisons dans mon groupe, et où les lyrics sont au centre des choses, pourquoi ne pas imaginer une parenthèse concert dédiée, au hasard, à un texte lu (court, ce faisant) ou une parole décalée, en contraste avec la proposition tant répandue, et que tu as révélée par le schéma batt. / bass. / guit. lead / vocal.

Tant de choses à imaginer...

Pour ma part, la participation du public demeure comme le Graal. C'est quelque chose que j'ai trop peu connu. Évidemment, aujourd'hui, je n'en suis pas "omnibulé" mais disons que c'est ce vers quoi je tends.
Le public vient avant tout pour la distraction, augmentée de l'effet Live, et je veux aller dans cette direction. Ancrer l'instant dans un partage. Je crois que ça passe surtout par la main tendue des musiciens sur la scène. On ne peut pas espérer d'un public qu'il "fasse le premier pas". Être sur scène fait de nous les détenteurs des clés. C'est de nous que doit venir l'invitation au partage.

Une question se pose : l'unité du groupe. Moins par rapport aux liens d'amitié qui unissent les membres entre eux. Davantage par rapport à leur adhésion à cette vision. Quelles difficultés, et quels moyens à disposition de ces groupes dans lesquels une minorité de musiciens se retrouvent dans les notions qui nous intéressent ici ? Comment faire quand on est un peu seul dans cette construction du spectacle ?

Merci de l’intérêt porté au sujet !
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Flag ;)

Un grand sage a dit un jour: "Si tout semble fonctionner correctement, alors vous avez manifestement oublié quelque chose."

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flag !
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flag

Un point que je rejoins et qui me semble l'un des plus important est d'aborder la mise en place du concert comme un spectacle, et pas juste, comme dit très justement plus haut, comme une simple succession de morceaux. Mais plus facile à dire qu'à faire...