- Les trucs et astuces de scène.
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Hit !

Comme on l'a évoqué dans le délicieux topic : "Les Conneries on stage", on propose ici un tour d'horizon, voire un recueil

Le titre est tellement explicite qu'on pourrait certes se dispenser d'une "intro"... mais il ne faudrait pas faire "doublon" avec nos fameuses "C.O.S.".
=> En termes de music-hall, on va donc tenter ici de "faire la revue"...
Comment mettre en avant une chanson, théâtraliser son tour-de-chant, surprendre "le client"; motiver une salle un peu molle, que dire ou ne pas dire entre les chansons ?... À quel moment saluer et comment s'y prendre; maîtriser le faux-rideau et même, être efficace lorsqu'on est absolument aphone !... Tiens ! : comment surnager en pleine panne de courant, le son qui ne vient pas,... et j'en passe.
Bref, tout un tas de combines récoltées sur les scènes pour égayer le set et remuscler le numéro au bon moment. Ça s'apprend le + souvent en regardant les aînés faire le boulot lorsqu'ils vous tolèrent en coulisses, là où l'on se rend compte que le tour qu'ils trimbalent de ville en ville est, contre toute attente, parfaitement millimétré.
On tentera de voir tout ceci au fil des pages. Pas sur l'aspect technique ou matériel du bazar, uniquement sur le blabla et autres artifices de remplissage pour se sortir de situations glissantes ou en vue de pimenter le numéro.
J'avais réfléchi à un moment à sérier les choses et rendre ce thread un peu thématique, j'y renonce finalement : autant tout livrer "comme ça vient"... C'est d'ailleurs en vrac qu'on apprend ce genre de choses ramassées dans le coulisses toujours poussiéreuses (!) des + modestes cabarets aux + grands music-halls.
Avec votre concours, on va donc blinder ce topic d'astuces, de techniques, de tactiques, de gimmicks et autres ficelles... la pirouette gagnante étant toujours celle de l'humour !
Ce ne sont pas nécessairement les trucs les + "drôles" qu'on lira ici mais leur façon à eux, vieux rats de cabaret, de capter l'attention. On truffera d'anecdotes ensuite mais on ne pouvait démarrer sans rappeler quelques-unes de nos ancestrales bases.
Autant ne pas vous barber longuement avec ces Montagnes comme Ouvrard (père), Dranem, Mayol, Chevalier, Fréhel, Fernandel, Gabin, Piaf, Bourvil ou Montand; on pourrait en ajouter de + récents mais je vous recommande néanmoins la lecture résumée des épisodes qu'en livre Wiki : nombre d'astuces de ces monstres de music-hall ont toujours cours de nos jours. D'ailleurs, en parlant d'Ouvrard (né en 1855), Polnareff le chantait encore 100 ans + tard !
Et vous échappez au pire : en dépit des apparences, j'ai tenté de faire au + court pour ce premier post !

Cramponnez-vous : ça va commencer !

willona



Hit !

On n'est pas tous Johnny.
D'ailleurs, une fois sur scène, que voulez-vous qui lui arrive comme pépin !?... Mais l'insignifiant personnage de ses débuts est, qu'on le déteste ou qu'on l'adule, devenu une véritable institution après avoir capté "tous" les suffrages. Ça a pris 60 ans, sans jamais qu'il n'oublie ce conseil de Chevalier : "La scène, c'est en 3 actes : soigne ton entrée et le final. Au milieu, bah démerde-toi !
Nombre des références dudit Johnny (dont Aznavour, Bécaud, Montand, Trenet) s'appliquaient à elles-mêmes le festival "à la routine". C'est à dire : très exactement reproduire le même effet de scène au même endroit et chaque soir.
Le véritable boulot, le tour-de-force, c'est de donner l'impression que ce n'est pas travaillé, de créer l'illusion que tout vient simplement, spontanément.
Dès qu'un geste fait mouche sur un titre, pourquoi donc le changer ?
Aznavour était redoutable depuis le début avec des titres devenus standards : "La Mamma" (écrite par le papa de France Gall), "Emmmenez-moi" ou "Comme ils disent" : vous pouvez y revenir 1.000 fois et 1.000 fois vous verrez son mouchoir tomber exactement au même moment à côté de la même godasse.
Et ce ce sont ces détails d'apparence anodine (j'y reviendrai au fil des posts) qui font tout le "corps" d'une interprétation scénique. Et vous placent un personnage.
Mieux : ces truquages le rassurent et l'obligent à rester dans la concentration. Sans quoi, chantez mille fois "La Mamma" et je vous pardonnerai volontiers une quelconque lassitude, à un moment

Il faut bien-sûr beaucoup de pratique pour parvenir à de tels résultats, qui consistent à dire et redire sur un ton "j'm'en-foutiste" ou faire et refaire son gimmick avec l'air complètement détaché. On se rapproche, il est vrai, du travail d'équilibriste (du reste, nombre de nos comiques-troupiers excellaient physiquement, dans le genre !) mais ça paye automatiquement parce que ça met en valeur tout le numéro. C'est tout l'habillage du titre qui lui sert de faire-valoir.
Pour capter d'emblée son public, Eddie Constantine débutait son tour-de-chant par un infaillible titre-gag intitulé : "La chanson que personne n'écoute". (Rien à voir avec celle de Miossec).
Dans le brouhaha et les lumières déclinant vaguement dans la salle, il se pointait fort discrètement sur la scène, mélangé à ses musiciens qui s'installaient l'un après l'autre avec un rideau déjà ouvert (de sorte que nul ne croyait que LA vedette était déjà sur le plateau), chantonnant nonchalamment avec une voix un peu déguisée que c'était pas la peine de se décarcasser pour fracasser avec une première chanson, "vu que personne ne l'écouterait"...
Par l'effet de surprise, le public persuadé qu'il s'agissait là probablement d'un couac technique ou d'un micro laissé ouvert par mégarde, le succès était imparablement au rendez-vous lorsqu'ils se rendaient compte que c'était Constantine qui chantait, très progressivement. ET mettait en valeur tout le reste.
Bien avant que Boby Lapointe ne fît connaître ses fameuses "chansons-flash" (il n'en est pas l'inventeur mais a popularisé l'affaire), Constantine avait inventé la façon de se faire lui-même ses propres première-parties ! A ma connaissance, cette chanson "secrète" ne fut jamais enregistrée... Et pour cause : ç'aurait ruiné l'effet !
Perret s'étant à la suite inspiré de ce fulgurant gimmick, à une époque il en baladait un semblable lorsqu'il se rendait compte, en coulisse, qu' "ils" (le public) "étaient mauvais" *. Sitôt la première-partie achevée (dans l'immuable ordre : vedette dite américaine, puis vedette anglaise (on dit aussi "britannique")puis entracte et, enfin, vedette), Maître Pierre débutait par ces simples mots : "Comme vous n'écouterez pas ma première chanson, je vous propose d'attaquer directement par la deuxième". Et ch'bim ! : 9 fois sur 10, il venait de renverser la salle !
* Il n'y a pas, en soi, de bon ou de mauvais public. Il peut y avoir de multiples paramètres qui donnent qu'une salle est + difficile ou moins réceptive qu'une autre. On ne compte pas le nombre de fois où l'on se bat comme un lion pour n'avoir en somme qu'un succès d'estime... Ni, par ailleurs, le nombre de fois où l'on se sentait comme "à moitié" et que le public a "craqué le sac de noix" (jargon qui signifie : "applaudit très chaleureusement").
J'ai entendu bien des fois des artistes de renom demander par réflexe à celui qui regagnait ses loges : "Comment ils sont ?...". Deux réponses possibles à ça : "ils sont bons" ou : "ils sont à chier". Jamais je n'ai rien entendu d'autre. Et c'est vrai qu'il n'existe, au fond, pas d'autre réponse possible...
Voici donc pour certains d'entre-vous un pan du rideau qui s'ouvre ou se soulève (suivant qu'on se trouverait dans un théâtre à l'Italienne ou dans un autre, datés d'une époque où les marins mutilés ou en retraite tiraient les cordages des décors et se trouvaient, de fait, en masse dans les coulisses des machineries de spectacles)...
J'ai tenté de ne pas faire trop-trop-trop long pour ce premier post

Je vous laisse aux manettes de la ré(d)action et aux commentaires en proposant que, lorsqu'un sujet (comme ici : "capter l'attention") s'épuiserait, nous pourrions éventuellement passer à un autre : "meubler", "se servir du décor", "habiller sa chanson", etc.). Bah ! Après tout, on verra comment ça se présente...
Je conclus donc ici.
Par un mot qui me revient à l'instant et résume tout le reste : il faut être magicien dans ce boulot. Le truculent Barkoff me disait un jour : "Nous, ce qu'on vend c'est du vent; et du vent, mon pote, c'est ce qu'il y a de + difficile à vendre ! "Alors, quoique tu fasses, surprends-les !
=> Sur ces bonnes paroles, je vous tends le micro...


Hit !

Salut et Bienvenue, Willona !
On a démarré avec les basiques peut-être un peu lourdingues, mais très vite on va taper dans le concret et nos propres expériences, t'inquiète !

atranecros


Anonyme



Vévé



Jimbass

Musikmesser 2013 - Bullshit Gourous - Tocxic Instruments - festivals Foud'Rock, Metal Sphère et la Tour met les Watts

Balley Warson

"Un accord, c'est bien,
deux accords, vous poussez un peu,
trois accords, c'est du Jazz" Lou Reed.

dana12

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

Chap's

Une astuce qui nous a fait progresser dans notre groupe au niveau du jeu de scène, c'est d'avoir un concert filmé avec une caméra fixe ca peut suffire. Ca permet d'étudier les déplacements de chacun, voir ce qui peut être fait pour éviter uen surchage de scène d'un côté et pas du tout de l'autre, imaginer un jeu de lumière ou autre. Et filmer de temps à autre pour voir le progrès. Notre noyau dur de fan (ils sont peu mais bien présent merci à eux

«Joue chaque note comme si c’était la dernière que tu devais jouer» Flea

dart

Donc oui il vaut mieux pouvoir s'observer de bout en bout la tête reposée.
Enfin au rayon des astuces qui peuvent améliorer une presta, les blablas inter-titres ont été écrits à l'avance. Au départ, j'ai tenté de les dire tels quels mais force est de constater qu'un texte récité par coeur ne fonctionne pas très bien. Du coup, on s'est recentrés sur des mots clés autour desquels on habille le texte parlé, +/- en impro. Ca permet pour un tribute comme nous de parler un peu du groupe qu'on reprend mais aussi de ne pas oublier les remerciements, les renvois vers la fanpage etc. Ca marche plutôt bien!

TC Hotrod

Excellente initiative !


Will Zégal

C'est à dire : très exactement reproduire le même effet de scène au même endroit et chaque soir.
Le véritable boulot, le tour-de-force, c'est de donner l'impression que ce n'est pas travaillé, de créer l'illusion que tout vient simplement, spontanément.
Je trouve ça totalement insupportable.

C'était peut-être valable dans le vieux tours de chants à papa (sans mépris pour les vedettes citées) où les gens sauf les plus mordus ne voyaient le spectacle qu'une fois, sinon c'est insupportable.
Je me rappelle avoir un vu dans un bar un chanteur très marrant, très sympa. Chansons pas mal, beaucoup de déconne entre elles. Bonne soirée.
Quelques temps plus tard, je retombe sur lui en compagnie de ma douce. Je lui dis "ah, cool. Ce mec est marrant. Installons-nous, on va passer une bonne soirée".
Mais très vite, je m'aperçois que je retrouve exactement la même vanne au même moment dite de la même façon, la même jovialité forcée, etc.
On s'est finalement vite tirés.
Je sais que pour ma part, beaucoup des gens qui me voient se scène me voient régulièrement. Quitte à avoir des trucs pas hyper millimétrés, je préfère leur offrir de la spontanéité.
A l'époque où je tournais avec mon groupe de bars et où on faisait plein de blagues et de sketchs (c'était presque autant cabaret que concert), j'avais un aide-mémoire pour les blagues, mais elle n'étaient pas calées. J'en avais bien plus que je ne pouvais en dire dans une soirée et je piochais dedans au petit bonheur la chance, en prenant en plus soin de renouveler régulièrement le stock.
Ce qui est valable pour de grosses vedettes tournant avec des centaines, voire des milliers de kilomètres entre deux dates ne l'est pas forcément pour des artistes qui tournent surtout au niveau local ou régional et dont une partie du public sera le même sur pas mal de dates.

Push-Pull



Balley Warson

Ce genre de trucs pour un groupe de rock ça marche qu'une fois.
Je pense que ça fonctionne pour certains styles de spectacles, mais pas pour un groupe de punk par ex.
Ça empêche pas de caler son show au millimètre mais il faut se débrouiller à avoir un peu de spontanéité, d'improvisation.
"Un accord, c'est bien,
deux accords, vous poussez un peu,
trois accords, c'est du Jazz" Lou Reed.

Hit !

Pareillement, et tout autant sans aucun mépris pour les modestes que nous sommes (on y vient


Même le numéro de claquettes à Montand (on ne peut pas + solo !), et qui peut faire sourire aujourd'hui, c'était obligatoirement en place, à la même heure et sans plus rien y changer du début à la fin : jusques aux élastiques des chaussettes et l'endroit précis du verre d'eau sur le crapaud (le piano, quoi), tout était à sa place et pas ailleurs.
C'était travaillé jusqu'à l'épuisement : c'eût été idiot de gâââcher, guyrouxerais-je...
Un truc immuable chez Brel : pas un seul mot durant toute la presta : tout juste et à (très grand') peine s'il laissait aux gens le simple espace pour applaudir entre deux titres : à la dernière mesure, juste le temps de changer de partoche (et encore !) 'fallait que ça enchaîne direct pour la suivante, de manière à ce que le public soit complètement boxé en fin de ring. Et sans jamais, non plus, consentir au moindre rappel.
Ce que je trouve franchement vachard, mais bon.
Y'a des Belges comme ça

- - - - - - -
Enfin bref : chacun ses astuces et re-bref : Salut les copains (sans le "SLC" cher à Filipacchi), de tous les Pays qui nous ont déjà rejoints !


Hit !

On s'emmerdera à parler de ponctualité, de discipline et de sobriété + tard mais c'est l'occasion ici de rappeler que, les veilles de concert : pas de radada !
Du moins pour les types.
Très exactement comme pour le sport : ça booste les damoiselles mais ça vide littéralement leurs... confrères.
Idem pour les veilles de studio, d'ailleurs (et en particulier si on est chanteur)... A moins d'être un sur-homme, ça pardonne rarement !

Balley Warson



"Un accord, c'est bien,
deux accords, vous poussez un peu,
trois accords, c'est du Jazz" Lou Reed.

Hit !

L'autre nom masqué de la fameuse "bête à deux-dos"...
Sans rapport (sic) avec ce qui précède, grand + 1 et encore + 1 avec les deux témoignages qui vont dans le sens de se filmer.
'Tain d'mon temps j'aurais eu ça que je me serais trouvé bien moins cruche à ma première téloche

S'entendre, c'est déjà pas gagné les premières fois qu'on s'enregistre (et même, par la suite !), mais alors se voir en train de chanter, quand on t'a pas trop prévenu sur les effets secondaires, c'est assez... euh... navrant, je dirais.
Au départ, j'ai tenté de les dire tels quels mais force est de constater qu'un texte récité par coeur ne fonctionne pas très bien. Du coup, on s'est recentrés sur des mots clés autour desquels on habille le texte parlé, +/- en impro. Ca permet pour un tribute comme nous de parler un peu du groupe qu'on reprend mais aussi de ne pas oublier les remerciements, les renvois vers la fanpage etc. Ca marche plutôt bien!
Sans oublier les remerciements à la patronne, à la régie, à la lumière, toussa-toussa...
Connaître le p'tit surnom de l'un ou de l'autre, prévoir un gag de fin-de-course et surtout faire copain-copain avec l'homme-des-manettes (au son, particulièrement) et, par-dessus-tout : hyper-copain-copain avec le gardien, celui qui a les clefs de la salle.
Mine de rien, ça sauve pas mal de situations

Avoir sympatisé avec le cuistot aussi, ça sert souvent en fin de soirée.
Et, ça semble une évidence même si je ne vais pas me faire que des camarades mais : ne jamais se torcher ni avant ni après et surtout pas au bar d'à côté.
Pour les insatiables, y'a la fin de soirée pour ça, voire y'a l'hôtel (quitte à avoir emmené ses provisions), voire-voire y'a la maison...
Arff ! je vais arrêter là pour maintenant ou vous allez carrément me détester !


Will Zégal

Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai du mal avec les prénoms. Alors quand il s'agit en fin de set de remercier le mec du plateau ou l'ingé d'accueil qui m'a dit son prénom une fois il y a 5 heures et avec qui, au mieux, on a eu le temps d'échanger quelques mots en plus de "tu peux mettre les DI de l'autre côté STP ?" ou "je peux approcher le retour ? Il y a du câble ?", c'est compliqué.
Donc, désormais, je note les dits prénoms sur ma set list. Comme ça je les ai sous les yeux à la fin.

Sinon, pour ce qui est des intertitres, présentations, etc, avec mon groupe BHT, on a résolu le problème : c'est tout enregistré.
En fait, c'est tout une histoire et une ambiance qu'on créé et déroule du début à la fin du concert, avec une ambiance sonore, et tout. ça fonctionne pas mal, même si c'est très inhabituel dans notre domaine. Et ça nous laisse le temps de préparer nos bousins (presets, chargement des projets, etc) pour le morceau suivant. Seul problème à régler : notre attitude une fois qu'on est prêt le temps que la voix off termine son speech.

Hit !

Comme l'illusionniste : il ne reste jamais sans mouvement. Ou alors, c'est qu'il vous fixe (et c'est d'ailleurs là qu'il nous couillonne, capable d'embrasser une salle entière d'un seul regard que chaque spectateur se sent comme obligé de suivre).

Évidemment, on n'aura pas ici toutes les combines pour chacun avec des recettes-miracle toute-prêtes et qui fonctionnent dans tous les cas de figure envisageables. Et c'est heureux : autrement, on ferait tous le même "Pestacle"... Mais en apportant chacun notre petit caillou dans ce jardin multicolore, ici une idée germera, là une autre ne prendra pas racine...
- Pas con, le truc des voix enregistrées incorporées et se fondant au décor sonore, tout comme par magie

- Je reviens de suite à toi concernant le sujet que tu soulèves concernant "les noms à ne pas oublier" (c'est insidieux car bien + important qu'on ne le croit par habitude). Je ne pensais pas évoquer si vite cet article important qui mérite, hélas !, son p'tit pavé...
(Mais je vous ai fait des spoiler/raccourcis si vous êtes pressé).
Car il faut d'abord que j'avoue, pour pouvoir illustrer tout ce propos, que je ne suis pas -mais alors absolument pas- physionomiste. Enfin... Je ne l'étais pas.
Et c'est une jolie tare, un défaut qui frise la faute grave.
Petit rappel :
J'ai dû raconter dans les C.O.S. la fois où je n'avais pas reconnu Zina Oleg, que son mari Charly m'avait présentée un an auparavant et à qui j'avais écrit pratiquement la moitié d'un album... Mais comme, depuis, elle avait changé de coiffure et de maquillage, en + des fringues pour se déguiser en chanteuse, bah moi je me demandais tout gentiment pourquoi cette dame était si avenante à mon endroit, me papillonnant presque autour, me commandant une coupe au bar ou me réclamant des nouvelles de ma nana de l'époque... Moi je restais évasif, courtois... Souriant, urbain mais sans + quoi, je me demandais juste qui pouvait être cette sorte d'ensorceleuse qui semblait bougrement renseignée sur mon compte et où j'avais bien pu la renconter... peu avant qu'elle n'entre en scène et que je m'aperçoive alors que c'était elle qui était à l'affiche![]()
Dur, dans ces conditions et une fois qu'on se rend compte de sa méprise, de commencer alors à jouer le parfait idiot, comme si de rien n'était, en essayant que la transition "ne se remarque pas"...
Et ça met bien + mal à l'aise que la ruse que je vais vous rapporter ci-après.
Car après cette sournoiserie du destin, qui loupa d'assez peu par effet de dominos, l'incident diplomatique qui aurait eu (peut-être ?) des répercutions sur le petit monde que je me mettais à côtoyer, avouons-le surtout : parfaitement lassé du nombre de fois où ça se reproduisait, il fallait bien que je me trouve "un truc" !...
Donc, chercher une "simple" et "bête combine" pour que, de grâce ! je me mette enfin à reconnaître les gens que j'étais appelé à voir et revoir...
Car oui : un nom, une bouille c'est archi-important : il faut prononcer bien le premier et savoir se remémorer la seconde. Rien n'est plus terrible aux oreilles de quiconque entend son nom être martyrisé ou sa tronche "pas remise". Particulièrement dans les domaines artistiques où l'on fait souvent tout d'un rien.
Et ne pas reconnaître une ve-heu-dette, une personnalité, une intervenante ou assistante de quelque niveau mais qui vous fut présentée antérieurement, ça peut vous mettre au ban si par malheur elle, se souvient de vous. Rendez-vous compte : "la Star reconnaîtrait un clochard et vous ignoreriez la Star !"...
Mais où donc vous penseriez-vous, très Cher !?...
(On reparlera en temps utile de ces parasites, pseudo-starlettes, garces de jour et chiens de nuit qui, de tout temps, ont toujours gangréné ce métier).
Aussi, afin de ne plus jamais oublier "personne", eh bien lorsque j'étais présenté disons à Mireille, à Jacques ou à Bernard, dans ma tête je me disais immédiatement des trucs comme : "Bernard Cafard" par exemple parce que le gars avait les dents mal fichues ou des lunettes d'un autre temps; "Mireille l'abeille" ça vient tout seul et puis Jacques, bah pour peu que le personnage soit un peu l'endormi-du-service ou que sa tonsure naissante ne m'évoquât quelque voix divine, et il ne s'en fallait pas davantage que je tienne là mon "Frère-Jaques"...
Facile, isn'it ?

Rendez-vous compte du compliment qu'ils me faisaient, à moi, l'amnésique du faciès devant l'Eternel

Rien de + facile là encore : c'étaient les premiers que j'avais "catalogués" : et de ceux-ci, on se souvient toute sa vie !

Oui O.K., c'est pas bien de se moquer.
Mais qui te dit, Ô impitoyable Afien, qu'il n'y avait que moquerie dans mes associations d'idées !?
Des noms d'héroïnes de Stendhal, Balzac ou Flaubert y fréquentaient à égal titre les sobriquets montmartrois qu'auraient pu faire naître les improbables amours entre La Goulue et Jo Privat, de "Valentin le désossé", à "Bourre-Tignasse" en passant par "L'empaillé", "Le Chon" et même... : "Bonheur"!
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suiteEt puis bon : quand on "rit" tout-seul en cachette, bah c'est pas vraiment se moquer, si !?![]()
Puis, on 'va pas se mentir : entre potes de quoi rions-nous la plupart du temps si ce n'est des travers des "autres" ?
D'ailleurs, ces "autres"-là, ils en ont tout autant à notre service, et ils n'accourent certainement pas nous le raconter, que je sache... Nous v'là quittes !
C'est ainsi que j'appris que, prendre l'habitude de "coller vite-fait une caricature" sur le dos de quelqu'un c'est déjà, même malgré soi, se le mettre en partie en poche* : car vous l'abordez et l'approchez forcément de manière dédramatisée (Wouaf !), avec le sourire désarmant de l'enfant qui s'éveillerait... Mais c'est aussi et déjà vous remettre en mémoire* et son nom et sa tronche...
** c'est ce que j'appelais in petto : "faire un nœud à ma mémoire".
D'une pierre trois coups : c'est aussi (on ne s'en rend compte que bien + tard) lui parler avec le ton confiant et calme qu'on emploierait sans le chercher avec un pote, avec toute la bienveillance qui assure et rassure l' "autre".
Et qui, lorsque ça fonctionne, vous "adopte" volontiers en réciproque et dit même tout-bas, là-bas, un peu + loin : "c'est un mec bien : l'est sympa, lui"...
Et ça ne nuit jamais, ça !... Au grand jamais !
Et tout ça, rien qu'en s'amusant, en détendant tout le monde et pour faire de la musique ce soir devant des centaines de gens... Avouez qu'il y a franchement pire, comme destin !

Certes je ne tiens pas cette méthode à 3 balles pour infaillible ni même qu'elle conviendrait à tout le monde; je livre pour ma part que ça me débarrassait d'un stress idiot face à quelque gars dont je ne me serais jamais fait pote autrement, tout simplement parce que le jus ne serait pas passé autrement.
Et comme on est là, en vue du spectacle, juste pour quelques heures seulement et pas la vie entière, bah autant que ça se passe bien pour tout le monde...
En revanche, écorchez-lui son prénom une fois, rien qu'une seule sans y prêter le moindre égard ou, pire que tout, en annonçant goguenard que vous oubliez tous les noms et que le sien est imprononçable : alors le ton sera différent et vous le saurez, très précisément, CAR il ne vous l'avouera pas !...
D'autant et SURTOUT si ce nom, qui lui est si cher (même s'il le déteste) est prononcé en scène : là (sauf à vouloir le faire exprès, ce qui est parfois très volontaire -on y reviendra

Mais toujours avec naturel... Or, c'est du travail.
Je surabonde à nouveau aux propos de Will que, profitant d'un moment à soi, faire la démarche de se noter les prénoms sur un coin de feuille, aide bien évidemment à les assimiler et, mieux que ça : à les "retrouver" avec certitude au moment (souvent pénible, 'faut bien avouer !) des amabilités formelles et formulaires de fin de spectacle...
Dernière ficelle de l'astuce : se remémorer dans l'après-midi les fameux prénoms (particulièrement les "compliqués", genre polonais, ça j'ai toujours eu du mal : je me les faisais parfois faire répéter au téléphone par un pote pour ne pas me vautrer

Non pas se les répéter jusqu'à l'obsession, heinG, mais une 'tite fois de temps en temps, quand l'occasion se présente le temps d'aller pisser, de s'en griller une ou d'aller chercher sa tenue dans la bagnole et c'est tout-bon.
Mais il y a pire que d'oublier les noms, savez-vous !?...
Le cas de l'artiste-vedette qui, déboulant sur scène, salue d'un tonitruant : "Bonsoir Limoges; vous êtes en forme ce soir !?"...
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite... alors que ce crétin se trouve à Rouen...
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite... Car, bien qu'ils connaissent tous ce piège-absolu sur le bout de chaque orteil, il n'y en a pas un seul à qui ça ne soit pas arrivé... Et même parfois en série, rien que de peur de répéter la connerie de la veille ! Véridique !!
Bon, je vous ai suffisamment tenu la jambe pour aujourd'hui; et vu qu'on est sur le fil-rouge du : "Comment capter l'attention", il faut que je pense à parler prochainement des arrivées de C.Jérôme et du tout-autant regretté "père" Bachelet.
Je me les note ici en mémoire, pour pas perdre le fil...
Pfff !... comme si j'allais les oublier, tiens !


dana12


Mais marrant

On a le même problème, j'oublie les visages et je ne les reconnais vraiment pas. Je n'ai pas reconnu un de mes cousins une fois, ou le voisin qui habite en face. La maire est venue chez moi l'autre jour et il a fallu que j'attende qu'elle parle à ma sparring partner pour savoir à qui on avait affaire...
Et je préviens bien les nouveaux élèves que j'ai chaque année que je me planterai dans leurs noms quand je les interrogerai

Sinon, être distingué par la "vedette" du spectacle, c'est vrai que c'est toujours gratifiant. Récemment, je me suis retrouvé à devoir chercher un piano (électrique) pour une artiste qui venait sur une scène locale. Je ne la connaissais pas mais un pote lui avait dit que je pourrais la dépanner sur n'importe quelle demande (il m'attribue des pouvoirs que je n'ai absolument pas).
Elle était vraiment coincée et j'ai dégoté un piano, et divers autres accessoires pour son spectacle.
C'est vrai que je m'attendais à ses remerciements en fin de spectacle mais elle l'a fait d'une manière sympa et naturelle, et ça m'a fait bien plaisir

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

bronibroni

Dans mon job, je suis obligé de faire parler les gens pour savoir qui ils sont, avec des situations souvent embarrassantes.
J'ai lu que Thierry Lhermitte, et Brad Pitt avaient ce problème qui semble se nommer Prosopagnosie.
Moi aussi, j'use de stratagèmes pour reonnaitre les gens...

christian_r


Si vous voulez que la salle chante en coeur avec vous le refrain de votre meilleure chanson (c'est pourtant celle qui est archi connue

Et imprimez le texte bien gros, il y a des amnésiques myopes aussi.

Christian
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