Après s’être mis au synthé modulaire hardware, Ohmforce poursuit la revisite de son catalogue logiciel avec la distorsion multibande Ohmicide S. Une tuerie ? C’est rien de le dire !
Inventeurs du premier séquenceur collaboratif en temps réel, les français d’Ohmforce ont à leur actif un certain nombre de plug-ins qui ont marqué leur temps et la musique, avec des utilisateurs aussi célèbres que Trent Reznor, Skrillex ou encore Rick Wakeman… Tout en se mettant à porter leurs bonnes idées dans le monde du modulaire, les voici qui revisitent le catalogue de leurs anciens plug-ins pour en proposer des versions sous stéroïdes. Après le Delay Ohmboyz Infnity, voici que nous arrive Ohmicide S, refonte de la distorsion multibande Ohmicide parue il y a quinze ans de cela. Qu’en est-il de sa pertinence aujourd’hui sur un marché forcément plus concurrentiel qu’à l’époque, c’est ce qu’il s’agit d’évaluer dans ce banc d’essai…
Un air de déjà-vu
Tout cela est assurément logique mais le nombre de contrôles n’en est pas moins impressionnant au premier abord, ce qui pourra effrayer les débutants (replier le panneau des modulation en première intention limiterait cela) mais rassure en même temps sur la richesse du plug-in.
Plus gênant, on regrettera que certaines juxtapositions de couleurs ne jouissent pas de contrastes suffisants (le gris très clair sur fond crème, ou le brun sur fond noir sont loin de remplir les critères d’accessibilité en termes de lisibilité), de sorte qu’à défaut d’une skin funky comme sur les premiers plug-ins de l’éditeur, on apprécierait de disposer d’un mode plus contrasté et, pourquoi pas, d’un mode sombre moins fatigant pour les yeux dans l’obscurité. Passons toutefois sur ces détails pour en venir à l’essentiel : la distorsion.
Sur ce dernier, on règle les principaux paramètres de la distorsion (Shape, Body, Gain, Mode, Bias) mais on peut aussi sélectionner l’algo utilisé à choisir parmi 37 s’affichant dans l’écran supérieur façon tableau de Mendeleïev, ainsi que le mode dans lequel il est utilisé : Standard (l’algo de base), XXX (une version plus « analogisée » au prix d’une plus grande consommation CPU) ou Odd (où le Bias va servir à accorder les harmoniques produits par la distorsion). Et comme ce mode change drastiquement la façon dont chaque algo va se comporter, on se retrouve ainsi à la tête de 111 types de distorsion : il y a de quoi faire.
De fait, à la faveur de ce découpage du signal, on se retrouve ainsi avec une octuple distorsion, sachant que les fréquences délimitant les bandes comme leur niveau se font à la souris, tandis qu’il est possible pour chaque bande de désactiver son traitement (Bypass), de la rendre silencieuse (Mute) ou encore de la mettre en Solo via des petites lettres B, M et S. Là encore, comme dans le tableau de Mendeleeiv, on regrettera un choix de couleurs (brun sur fond noir) qui ne facilite pas la lecture des lettres en questions et donc l’interaction avec ces dernières…
« Comme un ouragan », aurait dit Stéphanie de Monaco
« Comme un tremblement de terre », aurait dit Dorothée
« Comme ils disent », aurait dit Charles Aznavour
« Comme d’habitude (avec Ohmforce) », aurait dit Claude François
Et tout cela serait bien en deça de la réalité, car ce plug-in ne sonne comme aucun autre…
Murder on the dancefloor
À la faveur de tous les contrôles et paramètres que nous venons de détailler, le petit monstre d’Ohmforce jouit en effet d’un son organique, vivant, rempli de mille subtilités même sur les distorsions les plus extrêmes. Le mouvement est partout, ça craque, ça tremble, ça frotte, ça mugit, de sorte qu’on sent une vraie vibe analogique en l’utilisant, en même temps qu’une vraie personnalité, faisant presque de la disto un instrument à part entière tant l’effet réagit, bouge et amène un supplément d’âme à ce que vous lui soumettez. C’est suffisamment rare pour être souligné, et parfaitement illustré par les presets de qualité qui sont fournis avec le plug-in.
Voyez ce que ça donne sur cette boucle de batterie passées à travers divers presets :

- DrumsDry00:10
- DrumsCircuitBreak00:10
- DrumsFreeze00:10
- DrumsShatterbox00:10
- DrumsTotalChaos00:10
- DrumsTightSpandex00:10
Puis sur ce synthé basse :

- BassDry00:10
- BassBityBass00:10
- BassChainsaw00:10
- BassCrossFold00:10
- BassDepthGrid00:10
- BassTheGrowler00:10
Et enfin sur ce motif arpégé :

- ARPdry00:10
- ARPCryductor00:10
- ARPRhodeMovie00:10
- ARPSherryIScream00:10
- ARPTimeCop00:10
- ARPTotalChaos00:10
De quoi en faire votre GoTo Distortion ? Assurément, même s’il faut bien avoir conscience du gros caractère du plug-in qui oriente son utilisation. Comprenez par là que si, à la faveur de ses 111 algos et de ses nombreux paramètres, il est capable de tout faire avec brio lorsqu’il s’agit de saturer le signal, il est loin d’être aussi « direct » dans son utilisation (Straight to the point, diraient les anglais) qu’un Decapitator ou un Spice Rack pour des tâches de mixage par exemple. Mais pour ce qui est de la disto créative, du sound design, gageons que nous sommes là face à un fameux champion, d’autant que les macros le rendent très pertinent pour la performance Live.
Bref, on comprend bien pourquoi la bestiole a su séduire un Skrillex, et on comprend qu’à moins de 100 balles, son prix est largement mérité.
