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Test du Ohmforce Ohmicide S - Retour d'un serial killer (un quoi ?)

9/10
Award Valeur sûre 2025
2025
Valeur sûre
Award

Après s’être mis au synthé modulaire hardware, Ohmforce poursuit la revisite de son catalogue logiciel avec la distorsion multibande Ohmicide S. Une tuerie ? C’est rien de le dire !

Inven­teurs du premier séquen­ceur colla­bo­ra­tif en temps réel, les français d’Ohm­force ont à leur actif un certain nombre de plug-ins qui ont marqué leur temps et la musique, avec des utili­sa­teurs aussi célèbres que Trent Reznor, Skrillex ou encore Rick Wake­man… Tout en se mettant à porter leurs bonnes idées dans le monde du modu­laire, les voici qui revi­sitent le cata­logue de leurs anciens plug-ins pour en propo­ser des versions sous stéroïdes. Après le Delay Ohmboyz Infnity, voici que nous arrive Ohmi­cide S, refonte de la distor­sion multi­bande Ohmi­cide parue il y a quinze ans de cela. Qu’en est-il de sa perti­nence aujour­d’hui sur un marché forcé­ment plus concur­ren­tiel qu’à l’époque, c’est ce qu’il s’agit d’éva­luer dans ce banc d’es­sai…

Un air de déjà-vu

interfaceVisuel­le­ment, l’Oh­mi­cide S recon­duit le look et les couleurs de l’an­cien Ohmi­cide tout en les appliquant à l’in­ter­face mise au point pour le delay Omhboyz Infi­nity.

ohmicidemacrosLa fenêtre comporte ainsi trois parties : à gauche, le navi­ga­teur de presets flanqué de quatre contrôles macro et des commandes globales (niveau d’en­trée/sortie, dry/wet, etc.), au centre l’ef­fet propre­ment dit et tous ses para­mètres, et à droite le panneau des modu­la­tions.

Tout cela est assu­ré­ment logique mais le nombre de contrôles n’en est pas moins impres­sion­nant au premier abord, ce qui pourra effrayer les débu­tants (replier le panneau des modu­la­tion en première inten­tion limi­te­rait cela) mais rassure en même temps sur la richesse du plug-in.

Plus gênant, on regret­tera que certaines juxta­po­si­tions de couleurs ne jouissent pas de contrastes suffi­sants (le gris très clair sur fond crème, ou le brun sur fond noir sont loin de remplir les critères d’ac­ces­si­bi­lité en termes de lisi­bi­lité), de sorte qu’à défaut d’une skin funky comme sur les premiers plug-ins de l’édi­teur, on appré­cie­rait de dispo­ser d’un mode plus contrasté et, pourquoi pas, d’un mode sombre moins fati­gant pour les yeux dans l’obs­cu­rité. Passons toute­fois sur ces détails pour en venir à l’es­sen­tiel : la distor­sion.

ohmicidemainLe panneau central se divise lui même en six parties compre­nant chacune des contrôles (des poten­tio­mètres rota­tifs pour la plupart) : Noise Gate qui se passe de commen­taire, Filter (un filtre multi­mode réson­nant), Feed­back qui permet de réinjec­ter le signal de manière infi­nie pour de joyeux larsens, Output pour doser l’ef­fet et régler le pano­ra­mique, et enfin un écran global occu­pant toute la partie supé­rieure ainsi qu’ un panneau sur fond noir en son centre.

Sur ce dernier, on règle les prin­ci­paux para­mètres de la distor­sion (Shape, Body, Gain, Mode, Bias) mais on peut aussi sélec­tion­ner l’algo utilisé à choi­sir parmi 37 s’af­fi­chant dans l’écran supé­rieur façon tableau de Mende­leïev, ainsi que le mode dans lequel il est utilisé : Stan­dard (l’algo de base), XXX (une version plus « analo­gi­sée » au prix d’une plus grande consom­ma­tion CPU) ou Odd (où le Bias va servir à accor­der les harmo­niques produits par la distor­sion). Et comme ce mode change dras­tique­ment la façon dont chaque algo va se compor­ter, on se retrouve ainsi à la tête de 111 types de distor­sion : il y a de quoi faire.

Ohm Force Ohmicide[S] : ohmicidealgosTelle­ment d’ailleurs qu’on pioche un peu là-dedans au petit bonheur la chance : le tableau des éléments est certes rigolo en termes d’in­ter­face mais il ne témoigne pas d’une volonté d’or­ga­ni­ser les algos par grands types…

ohmicidebrowserOn pourra d’ailleurs adres­ser ce même reproche au navi­ga­teur de presets qui orga­nise certes ces derniers en fonc­tion de leur usage (Drums, Guitar, FX, etc), propose un descrip­tif pour chaque et un moteur de recherche mais gagne­rait sans doute à utili­ser un système de tags permet­tant d’un peu mieux se repé­rer dans toute cette richesse : fuzz, over­drive, distor­sion, light, medium, extreme, tube, tape, wave­sha­per, bitcru­sher, etc. Mais reve­nons à notre panneau central.

ohmicidebroutingAu sommet de la fenêtre nous attend donc l’écran de visua­li­sa­tion géné­ral, qui, outre le choix de l’algo, servira à défi­nir le décou­page du signal en quatre bandes, comme d’ac­ti­ver/désac­ti­ver ou de doser la disto pour chacune d’entre elle ainsi que les étages pré et post. C’est ici aussi que l’on acti­vera ou non le suréchan­tillon­nage et qu’on pourra commu­ter entre deux types de routing : soit le signal est splitté par bande et chaque zone de fréquence se voit traî­tée en série avant somma­tion, soit le signal est inté­gra­le­ment traité en paral­lèle par chacun des quatre proces­seur de distor­sion que le tout soit mixé. Dans tous les cas, on dispose d’un étage Pré et Post avec sa propre distor­sion, tandis que le bas du signal (sous 150 Hz au max) est prélevé pour le trai­ter à part, sans passer par les étages Pre et Post, ce qui est très perti­nent car la satu­ra­tion a souvent le défaut d’être « bassi­vore »…

De fait, à la faveur de ce décou­page du signal, on se retrouve ainsi avec une octuple distor­sion, sachant que les fréquences déli­mi­tant les bandes comme leur niveau se font à la souris, tandis qu’il est possible pour chaque bande de désac­ti­ver son trai­te­ment (Bypass), de la rendre silen­cieuse (Mute) ou encore de la mettre en Solo via des petites lettres B, M et S. Là encore, comme dans le tableau de Mende­leeiv, on regret­tera un choix de couleurs (brun sur fond noir) qui ne faci­lite pas la lecture des lettres en ques­tions et donc l’in­ter­ac­tion avec ces derniè­res…

ohmicidemodulationsOn finira ce tour par la partie droite de la fenêtre où nous attendent 8 modu­la­teurs stan­dard et 4 tranches de modu­la­tion desti­nées à program­mer les macros du panneau gauche. Les modu­la­tions possibles sont au nombre de treize et vont du simple LFO produi­sant une sinu­soïde à des gené­ra­teurs de bruit sans oublier un séquen­ceur à pas, une enve­loppe ADSR ou un suiveur d’en­ve­loppe. On notera que dans la plupart des modu­la­teurs, un para­mètres Chaos permet de faire inter­ve­nir de l’aléa­toire dans le compor­te­ment de la modu­la­tion tandis que le résul­tat de cette dernière s’af­fiche sous forme de courbe au sommet du panneau. Autant le dire, il y a de quoi faire des dingue­ries extrê­me­ment complexes pour animer n’im­porte quel potard du panneau central, et c’est sans doute ce qui explique en partie la façon dont sonne cet Ohmi­cie S… Il sonne comme, comme…

« Comme un oura­gan », aurait dit Stépha­nie de Monaco
« Comme un trem­ble­ment de terre », aurait dit Doro­thée
« Comme ils disent », aurait dit Charles Azna­vour
« Comme d’ha­bi­tude (avec Ohmforce) », aurait dit Claude François

Et tout cela serait bien en deça de la réalité, car ce plug-in ne sonne comme aucun autre…

Murder on the dance­floor

À la faveur de tous les contrôles et para­mètres que nous venons de détailler, le petit monstre d’Ohm­force jouit en effet d’un son orga­nique, vivant, rempli de mille subti­li­tés même sur les distor­sions les plus extrêmes. Le mouve­ment est partout, ça craque, ça tremble, ça frotte, ça mugit, de sorte qu’on sent une vraie vibe analo­gique en l’uti­li­sant, en même temps qu’une vraie person­na­lité, faisant presque de la disto un instru­ment à part entière tant l’ef­fet réagit, bouge et amène un supplé­ment d’âme à ce que vous lui soumet­tez. C’est suffi­sam­ment rare pour être souli­gné, et parfai­te­ment illus­tré par les presets de qualité qui sont four­nis avec le plug-in.

Voyez ce que ça donne sur cette boucle de batte­rie passées à travers divers presets :

Drum­sDry
00:0000:10
  • Drum­sDry00:10
  • Drum­sCir­cuit­Break00:10
  • Drum­sFreeze00:10
  • Drum­sShat­ter­box00:10
  • Drum­sTo­tal­Chaos00:10
  • Drum­sTightS­pan­dex00:10

Puis sur ce synthé basse :

Bass­Dry
00:0000:10
  • Bass­Dry00:10
  • Bass­Bi­ty­Bass00:10
  • BassChain­saw00:10
  • Bass­Cross­Fold00:10
  • Bass­Dep­th­Grid00:10
  • Bass­The­Grow­ler00:10

Et enfin sur ce motif arpégé :

ARPdry
00:0000:10
  • ARPdry00:10
  • ARPCry­duc­tor00:10
  • ARPRho­de­Mo­vie00:10
  • ARPSher­ryIS­cream00:10
  • ARPTi­me­Cop00:10
  • ARPTo­tal­Chaos00:10

De quoi en faire votre GoTo Distor­tion ? Assu­ré­ment, même s’il faut bien avoir conscience du gros carac­tère du plug-in qui oriente son utili­sa­tion. Compre­nez par là que si, à la faveur de ses 111 algos et de ses nombreux para­mètres, il est capable de tout faire avec brio lorsqu’il s’agit de satu­rer le signal, il est loin d’être aussi « direct » dans son utili­sa­tion (Straight to the point, diraient les anglais) qu’un Deca­pi­ta­tor ou un Spice Rack pour des tâches de mixage par exemple. Mais pour ce qui est de la disto créa­tive, du sound design, gageons que nous sommes là face à un fameux cham­pion, d’au­tant que les macros le rendent très perti­nent pour la perfor­mance Live.

Bref, on comprend bien pourquoi la bestiole a su séduire un Skrillex, et on comprend qu’à moins de 100 balles, son prix est large­ment mérité.

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Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2025
2025
Valeur sûre
Award

C’est une fameuse réussite que cet Ohmicide S qui non seulement couvre un spectre énorme en termes de distorsions, propose des possibilités dantesques en termes de sound design, mais produit surtout un son vivant comme peuvent l’adorer ceux qui ne jurent que par l’analogique. De quoi en faire un incontournable ? Probablement oui, même si on pourra lui préférer des outils plus simples pour certaines tâches basiques de mixage et que quelques détails d’interface pourraient être améliorés ça et là. Il y a en tout cas de quoi nous rendre impatients de voir vers quel prochain effet se tourneront les trublions français.

  • Le son : énorme, organique, vivant…
  • Grande polyvalence
  • Interface très cohérente
  • 37 algos de distorsion déclinés chacun en 3 modes
  • Les macros, pensées pour la performance live
  • Des possibilités de modulation dantesques
  • Les deux routings possibles et la préservation du bas
  • La section Feedback

  • Manque de lisibilité de certains pans de l’interface
  • Un peu touffu de prime abord
  • Des tags ne seraient pas de trop dans le navigateur de presets
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : France
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