L’heure de la relève a sonné pour le brave Zoom H2 ! Avec le H2n, Zoom entend bien proposer une évolution majeure de la star des enregistreurs de poche.
Testé par AF en décembre 2007, le Zoom H2 est sans conteste l’enregistreur portable qui a connu le plus grand succès au cours des 4 dernières années : compact, efficace, proposant des fonctionnalités intéressantes par le biais d’une ergonomie simple, il a surtout battu la concurrence sur le terrain du rapport prestations/prix, et a su séduire une grande variété d’utilisateurs : du musicien désireux d’enregistrer sa répet au fan enregistrant des pirates de concerts, en passant par le journaliste ou le vidéaste amateur. Décliné dans une version plus puissante avec le modèle H4 puis H4n, le H2 n’avait connu aucune évolution jusqu’à ce H2n, que Zoom vient tout juste de sortir.
New look
La première chose qui frappe à l’ouverture de la boîte, c’est le gros relooking opéré avec le H2n qui, s’il garde plus ou moins le même gabarit que son aîné (un tout petit peu plus haut et plus épais), change du tout au tout au niveau de la finition et de l’agencement des commandes. Le plastique gris de la première version cède ainsi la place à un plastique noir brillant, relativement élégant, tandis que la face avant de l’appareil, relativement chargée sur le H2, se partage désormais équitablement entre la grille abritant les microphones et un écran LCD sensiblement plus grand que sur le modèle précédent, surplombé par une LED rouge qui s’allume lorsque l’appareil enregistre. Seul bouton en face avant : Record, logé discrètement à la base du LCD, tandis que toutes les autres commandes ont été remisées, avec les connectiques, sur les flancs et le dessus de l’appareil.
Sur la droite, on trouve ainsi l’interrupteur de mise sous tension de l’appareil, avec une position Hold pour éviter tout allumage ou extinction non désirés, une molette permettant de régler le gain des micros (protégée elle-aussi contre les manipulations non désirées), un bouton pour accéder au menu de l’appareil ou en sortir, et un curseur multifonction qui, selon qu’on le pousse vers le haut, le bas ou qu’on clique dessus, permettra de contrôler la lecture des enregistrements (play/stop, suivant, précédent) ou de naviguer dans les menus, d’éditer et de valider les réglages de l’appareil. Si ce dernier permet de gagner de la place, il n’inspire pas une grande confiance en terme de solidité : nous n’avons rencontré aucun problème lors de la manipulation, mais il s’agira de voir comment cette commande, qu’on sollicite souvent, vieillira…
Sur la gauche, une seule commande par le biais de deux switches : le volume. Pour le reste, on dispose ici de toute la connectique nécessaire : la prise mini-USB pour relier l’enregistreur à votre ordinateur, la sortie casque au format minijack, une entrée propriétaire pour la télécommande optionnelle et une entrée Ligne/Micro au format minijack, elle aussi. Précisons que par le truchement de cette dernière, le micro utilisé peut être alimenté en électricité par l’appareil : bien vu, Zoom.
Le dessus du H2n accueille quant à lui le paramétrage des micros, avec 4 possibilités dont la grande nouveauté, un mode MS (Mid/Side) sur lequel nous reviendrons. Via une molette plate et discrète, vous pourrez ainsi vous mettre en configuration XY, MS, Surround 4 canaux (l’appareil enregistre deux fichiers stéréo, un MS et un XY) ou Surround 2 canaux (l’appareil combine les prises XY et MS dans un fichier stéréo). Chaque position est accompagnée d’un petit diagramme sérigraphié très parlant, et les modes MS ou XY disposent chacun d’une LED indiquant lequel est en fonction et surtout, de quel côté se fait la captation…
Finissons le tour du propriétaire avec le dos de l’appareil qui n’offre aucune fonction en dehors de la trappe amovible pour loger les deux piles LR6 alimentant l’appareil. Quant à la carte SDHC sur laquelle l’appareil enregistre, elle se loge sur le dessous, en vis-à-vis d’un pas de vis permettant de monter le H2n sur un pied de micro, le tout étant cerné par 4 petits patins en caoutchouc assurant la stabilité et l’immobilité de l’engin lorsque vous le poserez sur votre bureau. Dernier détail, le coin inférieur gauche propose un petit renflement qui permettra de fixer une dragonne (non fournie).
Le tout est livré avec deux piles, une carte SD de 2 Go, une version du Wavelab LE 7 de Steinberg, un manuel papier en trois versions (italien, anglais et français. C’est plus que chiche en vis-à-vis de ce qui était fourni avec le H2 en 2007 et si l’on comprend que Zoom ne fournisse pas de pied ou de télécommande, on peste un peu de devoir acheter le kit d’accessoires vendu séparément pour disposer d’un étui, d’une bonnette et surtout d’un câble mini-USB… Bref, on sent que Zoom a économisé le moindre centime pour rester sous la barre des 200 €.
Voyons à présent si l’essentiel n’a pas souffert de cette volonté en allumant l’enregistreur.
Allumation pour vérifiage
Si la résolution de l’écran LCD n’a pas changé (128 × 64 points), son gain en terme de taille est des plus appréciables : les infos sont parfaitement lisibles, et comme le rétro-éclairage de l’écran est efficace, on garde ainsi facilement l’œil sur les vu-mètres en cours d’enregistrement cependant que l’on navigue avec aisance dans les différents menus de la machine. Certes, tout cela est moins confortable que le large écran couleur du Zoom Q3HD et à l’heure où les smartphones, iMachin et PocketCams font la part belle aux écrans en haute définition tactiles, l’afficheur du H2n paraît un peu old school, mais gageons que cette économie a sans doute un impact sur l’autonomie de l’appareil, estimée à 20 h pour un enregistrement en 44/16.
Côté fonctionnalités, le moins que l’on puisse dire, c’est que Zoom a bien pensé son H2n. Toutes les fonctions essentielles et les outils sont là, que ce soit pour simplifier l’enregistrement ou l’édition puis l’export du contenu. On dispose ainsi d’un filtre coupe-bas, d’un compresseur/limiteur, d’un mode Auto Gain, d’une fonction Pre-Rec permettant de ne pas bêtement rater le début d’un enregistrement, d’une fonction Auto-Rec qui déclenche l’enregistrement à la voix, mais aussi d’un accordeur et d’un métronome qui servira aux musiciens, ainsi que d’algos de pitch shifting et de time stretching permettant de jouer à plus ou moins 50 % sur la vitesse de lecture (ce qui sera utile pour les transcriptions d’interview ou le travail d’un instrument) ou sur la hauteur tonale.
Si ces dernières fonctions ont le mérite d’exister, précisons que leur qualité n’a rien de transcendant : le ralentissement se solde notamment par l’introduction de hachures dans le son et d’un écho qui, selon les cas, pourra gêner l’intelligibilité du contenu. On a certes vu largement pire ailleurs, mais on a vu largement mieux aussi… Côté édition et traitements, on dispose également de la possibilité de normaliser un fichier, de placer des marqueurs, de le diviser en plusieurs morceaux et même de l’encoder a posteriori car, il est bon de le préciser, le H2n gère 3 formats audio : le WAV (jusqu’en 24 bit / 96 kHz en stéréo ou jusqu’en 24 bits / 48 kHz en quadriphonie), le MP3 jusqu’en 320 kbps, ou encore le BWF (Brodcast Wave) qui a l’avantage de conserver des métadonnées : la date et l’heure de l’enregistrement, mais aussi jusqu’à 99 marqueurs qui pourront simplifier la vie au moment de l’édition…
Bref, en dehors d’une section multieffets qui n’apporterait pas grand-chose vu les applications de la bestiole (il s’agit d’un enregistreur stéréo, et non d’un ministudio), il semble ne rien manquer à cette petite machine qui peut en outre, comme le H2, faire office d’interface audio USB pour le plus grand bonheur des podcasters.
La seule réserve qu’on pourrait émettre se situe au niveau de l’ergonomie qui n’a pas foncièrement évolué depuis le Zoom H2. On reste sur un système de menus et sous-menus qui date méchamment à l’heure des interfaces couleurs et tactiles, cependant que le curseur multifonction n’inspire pas grande confiance sur sa durée de vie et qu’il faut désormais 2 mains pour déclencher l’enregistrement là où il n’en fallait qu’une avec le H2 (le bouton est conçu de telle façon qu’il est difficile d’enclencher l’enregistrement avec une seule main, ou bien je ne suis pas doué).
Voyons à présent ce qu’il en est du son.
Au milieu et sur les bords
La plus grosse nouveauté, comme nous l’avons dit, provient du fameux mode d’enregistrement MS. Si vous ne savez pas de quoi il retourne, rappelons que c’est une méthode d’enregistrement stéréo qui, en combinant un micro généralement cardioïde (mais pas forcément) et un micro à directivité en 8, permet d’enregistrer la stéréo non pas sur une piste gauche et une piste droite, mais sur une piste centre et sur une piste côté (Mid et Side, d’où M/S). Pour plus d’infos là-dessus, je vous renvoie à ce bon vieux dossier.
Du coup, si le H2 était déjà une petite boîte à malices pour l’enregistrement nomade, le H2n se montre encore plus polyvalent, l’usage du mode M/S ajoutant une vraie nouvelle corde à son arc. Conseillé par Zoom pour l’enregistrement d’images stéréo très larges (orchestres symphoniques par exemple), le mode M/S permet surtout de travailler sur l’image stéréo sans s’angoisser pour la compatibilité mono grâce au canal MID. Et comme les choses sont bien faites, le H2n permet d’enregistrer en mode RAW, ce qui permet de gérer les niveaux MID et SIDE après l’enregistrement, soit sur l’appareil même, soit dans votre séquenceur ou éditeur audio grâce au petit plug-in fourni par Zoom : MS Decoder.
Histoire que vous vous fassiez une idée de ce que vous pourrez obtenir, voici quelques enregistrements de deux guitares acoustiques (Gibson J200 et Garrison G25), d’abord en mode XY, puis en mode XY+MS, en mode MS et enfin en mode MS RAW, ce qui m’a permis de séparer jouer avec le niveau du MID et du SIDE. Notez que le compresseur intégré a été coupé sur ces enregistrements réalisés en 24 bit / 96 kHz, et que le Zoom H2n se trouvait à 1m 50 de chaque guitare.
- knowkinxy00:34
- knowkinxyms00:34
- knowkinms00:35
- knowkinmsraw00:34
Comme on l’entend, les deux modes sont relativement complémentaires, et il faut bien l’avouer, le fait de pouvoir jouer avec l’image stéréo après coup grâce au mode RAW MS, en allant de l’extralarge au mono, trouvera son utilité dans bien des applications : interview, etc.
Conclusion
En dépit des quelques réserves qu’on pourra émettre sur l’ergonomie de l’engin, le Zoom H2n s’affirme donc comme une bonne évolution du H2 : le genre de boîte à malice qui peut réaliser des enregistrements bluffants de concerts, de répets, et qui, pour le prix d’un micro statique d’entrée de gamme, permettra de bénéficier d’une solution toute-en-un intéressante pour pas mal d’usages.
Toutefois, personnellement, j’attendais plus d’un leader de marché, notamment sur le plan des fonctions communicantes. L’appareil est certes nomade, mais comme tous les dictaphones et enregistreurs de poche, il est toujours tributaire d’un ordinateur à un moment ou à un autre. Or, quand on a goûté à la joie d’uploader directement ses enregistrements sur un FTP, un Sound Cloud ou un Dropbox grâce à son smartphone, on a un peu l’impression de régresser en terme de confort d’utilisation. A l’heure où Internet est omniprésent dans de nombreux métiers où la collaboration en temps réel est importante, le zéro réseau du H2n est fort dommage. On m’objectera certes qu’aucun de ses concurrents ne fait cela, que ce soit chez Olympus, Edirol, Tascam… Certes, certes, et disons-le clairement, pour cette raison, ce n’est pas un vrai point négatif à retenir contre le H2n qui, en terme de rapport qualité/prix comme de prestations, demeure, dans cette gamme de prix très serré, le meilleur choix possible. Mais ça laisse le champ libre à des généralistes (Apple au hasard) pour grignoter des parts de marché à ce genre d’appareil, d’autant qu’on trouve pour pas très cher des micros dotés de deux capsules en XY pour iPhone / iPod Touch qu’on utilisera avec des logiciels au moins aussi puissants, et autrement plus ergonomiques et communicants (mais sans mode M/S, soit, et avec une qualité audio moindre, soit, et pour un prix supérieur, soit).
A vous de voir en fonction de votre utilisation ce qui vous semblera le plus pertinent, vu que le point de vue d’un musicien ou d’un home studiste ne sera pas forcément celui d’un journaliste, d’un blogger ou encore d’un vidéaste, parmi toutes les cibles qu’est susceptible de toucher le H2n… Ce qu’il le fait, il le fait très bien, mais il y a encore suffisamment de choses à améliorer ou ajouter pour qu’on attende de pied ferme la troisième génération de l’enregistreur de Zoom.