Jusque-là, nous avons passé en revue les usages classiques du Noise Gate. Intéressons-nous à présent à des techniques beaucoup moins évidentes à première vue, mais qui font tout l’intérêt du Gate en situation de mixage à mon sens.
Punchy booster
Lors d’un précédent article, je vous ai déjà parlé de l’utilisation d’un compresseur afin de donner plus de punch à vos enregistrements. Or, il se trouve que la compression n’est pas le seul moyen pour atteindre ce type de mordant sonore. En effet, un Noise Gate peut également fort bien remplir cet usage. Et c’est totalement logique lorsqu’on y réfléchit un tant soit peu…
Petit rappel pour ceux qui n’auraient pas suivi : un son est perçu comme « punchy » lorsque l’attaque du signal prend le pas sur son déclin. Et que fait un Noise Gate ? Il atténue le volume sonore d’un signal en dessous d’un certain niveau seuil et laisse intacte la portion située au-dessus. Du coup, pour obtenir le résultat escompté, il suffit de fixer le seuil du Gate juste au-dessus du déclin naturel du son. Le paramètre « Range » sert alors à doser la différence de niveau entre l’attaque du signal et son déclin, ce qui permet de déterminer la quantité de « punch ». Le réglage du temps de relâchement ainsi que le paramètre « Hold » peuvent redessiner le déclin naturel du signal traité afin de gérer encore plus finement la chose.
Notez que cette technique est essentiellement employée pour des instruments percussifs. Cependant, elle peut également faire des merveilles sur tout élément à la rythmique marquée, notamment les prises de guitares rythmiques ou de basses réalisées via un boîtier de direct.
D’autre part, sachez qu’afin d’obtenir un résultat relativement naturel à l’oreille, il convient de ne pas trop forcer sur la valeur du paramètre « Range ».
Enfin, si les transitoires semblent souffrir un tant soit peu à la suite de ce traitement, la fonction « Look-ahead » devrait vous permettre d’arrondir les angles. À ce propos, voici une petite astuce qui ne manquera pas de vous intéresser si votre Gate ne dispose pas d’une telle fonction. Il est très facile de créer un « Look-ahead » virtuel sans trop se faire de nœuds au cerveau pour peu que votre Gate soit pourvu d’un sidechain externe. Prenons par exemple le cas d’une prise de grosse caisse. Commencez par dupliquer cette piste en prenant bien soin de ne pas envoyer le son de cette copie dans le bus master. Maintenant, insérez votre Noise Gate sur la piste originale et nourrissez le circuit sidechain avec la copie. Ainsi, en déplaçant de quelques millisecondes le signal de la grosse caisse dupliquée, vous obtiendrez l’équivalent du « Look-ahead » mais avec en prime un surplus de flexibilité, car vous pouvez désormais définir avec précision le temps d’avance qu’aura le Gate sur le signal à traiter. Il n’y a pas réellement de règle figée pour choisir ce temps et seules vos oreilles seront juges. Cependant, en général, un décalage compris entre 1 ms et 20 ms devrait largement faire l’affaire. Remarquez au passage que cette astuce fonctionnera aussi bien avec un Noise Gate hardware qu’avec un Gate sous forme de plug-in.
La semaine prochaine, nous verrons comment utiliser un Noise Gate afin de rééquilibrer une prise d’overhead défaillante.