La semaine dernière, nous avons vu ce qu’était la repisse et les dégâts qu’elle pouvait occasionner lorsqu’arrive l’heure du mixage. Je vous propose aujourd’hui de découvrir comment annihiler, ou tout du moins minimiser, cette influence néfaste au moyen d’un Noise Gate.
Kill Spill
Pour traiter la repisse au moyen d’un Gate, il convient tout d’abord de placer ce dernier en premier insert du signal à traiter. Pourquoi ? Eh bien exactement pour les mêmes raisons que lors de la suppression de bruits de fond, à savoir que cela évite l’amplification involontaire de cette repisse par les traitements qui suivront, comme l’égalisation ou la compression. Bref, plus tôt vous vous en débarrasserez et mieux ce sera.
En ce qui concerne le paramétrage de votre Noise Gate, la situation est beaucoup plus délicate que pour la suppression de bruits de par la nature dynamique du phénomène de repisse. En effet, si les bruits de fond sont relativement constants en termes de niveau sonore, la repisse, elle, a une fâcheuse tendance à faire danser les crêtemètres. Du coup, le réglage du seuil peut s’avérer problématique, car un seuil trop bas génèrera des ouvertures non voulues et un seuil trop haut détériorera le déclin naturel du signal utile. D’autre part, si la repisse et le signal utile jouent dans la même zone du spectre, par exemple la grosse caisse et les toms, la chose sera encore plus ardue. Heureusement, les fonctions avancées offertes par certains plug-ins de Gate peuvent vous sauver la mise.
La première chose à faire, c’est de tenter de cibler l’action du Gate grâce aux filtres du circuit sidechain de façon à ce que l’ouverture ne soit déclenchée que par le signal utile. Ensuite, la fonction « Hysteresis » permet de placer le niveau seuil suffisamment haut pour empêcher les ouvertures involontaires tout en autorisant une fermeture du Gate suffisamment basse pour préserver un tant soit peu le déclin naturel du signal utile. Enfin, l’option « Look ahead » peut protéger le naturel de l’attaque de l’instrument traité.
Comme vous devez vous en douter, les cas les plus difficiles concernent les instruments percussifs. Il est d’ailleurs parfois impossible d’obtenir des résultats réellement satisfaisants et il faut alors faire des compromis. Cependant, il existe une petite astuce lorsque le problème concerne le déclin du signal utile. Si vous arrivez à obtenir un résultat « propre », mais que le déclin y a perdu en naturel, vous pouvez tenter de masquer la chose en utilisant une réverbération réglée de façon à reproduire ce déclin. Lors d’une écoute en solo, cela s’entendra forcément, mais fondu dans le mix, il y a de fortes chances pour que la supercherie passe inaperçue.
Pour finir, laissez-moi vous raconter une petite histoire. Lorsque je faisais mes premières armes en studio en tant qu’assistant, j’ai pu voir à plusieurs reprises l’ingénieur du son désactiver les Gates sur la batterie en fin de mixage. Intrigué, je l’ai interrogé sur cette curieuse habitude et il m’a dit qu’il vérifiait systématiquement l’utilité des Gates sur les batteries en fin de mix, car parfois cela sonnait mieux sans… Il n’avait aucune explication logique à cela, mais il m’a fait écouter des cas concrets qui ont su me convaincre de la véracité du phénomène. Depuis, c’est un réflexe, à chaque fois que j’arrive en fin de mixage, je teste vite fait la désactivation des Noise Gates sur les éléments de la batterie et parfois, les résultats sont surprenants ! Cela ne prend que cinq petites minutes à faire dans votre DAW, alors pourquoi vous en priver ?