Cette semaine, je vous propose d'attaquer un nouveau chapitre de ce guide de l'enregistrement qui sera entièrement consacré à la captation du piano. Il s'agit là d'un instrument particulièrement complexe à travailler. C'est pourquoi nous allons voir aujourd'hui comment aborder la chose sur des bases saines…
Le bon piano
Comme d’habitude, nous allons commencer par quelques considérations évidentes, mais que je préfère rappeler juste au cas où…
Tout d’abord, mis à part certains choix particuliers et artistiquement assumés du genre honky-tonk ou autre, il va sans dire que votre piano se doit d’être parfaitement accordé. Ça a l’air complètement stupide comme remarque, pourtant il m’arrive encore aujourd’hui de recevoir des enregistrements à la justesse douteuse qui rendent le travail de mixage littéralement cauchemardesque.
Veillez également à bien entretenir votre instrument de façon générale. En effet, un piano mal tenu peut facilement générer bon nombre de bruits parasites comme des craquements du bois, des cliquetis de mécaniques ou bien encore des grincements de pédales qui auront vite fait de vous pourrir la vie lors de vos prises.
Ces petits à-côtés qui gachent une prise
Dans le même ordre d’idée, n’oubliez pas non plus de vous occuper du siège, autre grand classique de l’artefact sonore. Lorsque vous avez affaire à un musicien ayant le diable au corps, une banquette silencieuse est tout bonnement essentielle à la réussite de votre séance d’enregistrement. D’ailleurs, puisque nous parlons du pianiste, une petite revue de détail de sa tenue vestimentaire n’est pas forcément un luxe. S’il porte une paire de chaussures en croco, un futal en cuir et des bracelets à tire-larigot, inutile de vous dire que votre captation ne part pas gagnante. Bien sûr, je force le trait, mais vous saisissez l’idée : faites donc la chasse à toute source sonore potentiellement incongrue.
Question de pièce
Bien, poursuivons avec le sujet qui fâche… La prise de son d’un piano dépend autant de l’instrument que du lieu d’enregistrement et de son placement dans celui-ci. Je ne vais pas vous refaire la leçon sur les traitements acoustiques, car si vous n’avez pas compris l’importance du sujet à ce stade, je ne peux plus grand-chose pour vous. En revanche, nous allons un peu discuter de la taille de la pièce ainsi que de la question du placement si vous le voulez bien.
Pour faire court, le son d’un piano a profondément besoin d’espace afin de pouvoir développer toute son ampleur. Moralité, travailler dans une pièce trop petite façon cagibi aura une fâcheuse tendance à produire un son renfermé, ou « boxy » comme le dise nos amis d’outre-Manche.
De plus, pour des raisons somme toute logiques d’aménagement de l’espace de vie au sein des habitations, les pianos sont très souvent placés dans un coin de pièce ou contre un mur. Comme vous devez vous en douter, ce n’est pas franchement idéal d’un point de vue sonore. Malheureusement, tous les pianos et toutes les pièces étant différents, je ne peux décemment vous conseiller qu’une seule chose : promettez une bonne dose de boissons festives à quelques-uns de vos amis en échange d’un coup de main pour déplacer votre instrument un peu partout dans votre Home Studio jusqu’à trouver l’emplacement où le couple pièce / piano sonne le mieux. Je sais bien que la démarche est fastidieuse, mais ça en vaut franchement la peine. Vouloir réaliser de bonnes prises alors que l’instrument ne sonne pas vraiment terrible dès le départ est de toute façon illusoire. Comme toujours : « shit in, shit out ». Du coup, faites-vous une fleur en baladant votre piano, vous vous remercierez plus tard !
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un deuxième épisode consacré à l’enregistrement du piano en situation Home Studio.