Après la caisse claire, penchons-nous aujourd’hui sur le cas de l’enregistrement de la grosse caisse en configuration « close miking ».
Les enjeux
Prenons tout d’abord un instant pour réfléchir à tous les tenants et aboutissants de cette prise de proximité de la grosse caisse. Je vais me répéter, mais les overheads se chargeront de « l’ampleur sonore » de notre kit de batterie alors que les micros de proximité devront s’occuper de capturer le détail de la frappe. Cette règle est bien entendu toujours de rigueur dans le cadre de notre grosse caisse. Cependant, piéger avec précision toute la complexité de l’attaque d’un élément aussi imposant en lui conservant toute son « épaisseur sonore » à l’aide d’un seul et unique micro est une mission que même Ethan Hunt ne pourrait réussir. Du coup, malgré les soucis de phase que cela peut entraîner, il convient d’adopter ici une stratégie impliquant plusieurs micros afin d’atteindre un subtil équilibre entre la définition de la frappe et le « gras du fût ».
Alive and Kick In
Afin de capter la frappe, il semble somme toute logique de vouloir s’approcher du point de contact de la batte avec la peau de frappe. La grosse caisse que nous avons enregistrée possédait une peau de résonance percée, il nous a donc été possible de placer un micro à l’intérieur du fût. Nous avons utilisé un Shure 819 qui est un microphone de type PZM – « Pressure Zone Microphone », soit « micro à zone de pression » en français. Ce choix n’est pas l’un des plus communs, mais ce n’est pas tous les jours qu’on croise un vieux 819 alors nous en avons profité ! Confortablement installé au cœur du Kick sur un coussin histoire de privilégier la frappe à la résonance du fût, la directivité omni de ce type de micro à condensateur fait mouche : l’attaque est franche avec un joli « clic » précis et offre tout de même une certaine « rondeur ».
- 01 Kick In Verse 00:14
- 02 Kick In Chorus 00:28
Pour compléter cette piste en lui donnant un peu plus de corps et d’épaisseur, nous avons utilisé un micro dynamique Audix D6 placé cette fois-ci à l’extérieur, à un peu moins de 10 centimètres devant la peau de résonance. La directivité cardioïde du D6 permet ici d’éviter un surplus de « repisse » et sa capacité à encaisser de forts niveaux de pression acoustique (>144 dB SPL selon le constructeur) nous garantit une belle marge de manœuvre.
- 03 Kick Out Verse 00:14
- 04 Kick Out Chorus 00:28
Rien qu’avec ces deux micros, il y a largement de quoi faire. Cependant, certains genres musicaux nécessitent une grosse caisse ayant un bas du spectre encore plus généreux. Dans ces cas-là, il est possible d’utiliser une vieille astuce de studio : un petit HP (moins de 20 cm) câblé à l’envers et positionné au plus proche de la peau de résonance. La fabrication de ce dispositif est relativement simple et il existe de nombreux tutoriels sur la toile pour vous aider, comme par exemple ici sur votre site préféré. Cependant, si à l’instar de votre serviteur vous n’avez pas l’âme d’un bricoleur, il existe des solutions clé en main comme le Moon Mic de DW Drums ou le SubKick de Yamaha. C’est d’ailleurs ce dernier que nous avons utilisé pour réaliser les extraits suivants :
- 05 Kick Sub Verse 00:14
- 06 Kick Sub Chorus 00:28
Cette fois-ci, avec ces trois prises, il est quasiment possible de faire face à n’importe quelle situation. Je vous invite d’ailleurs à vous amuser chez vous à mélanger ces pistes histoire de vous rendre compte de l’immense palette sonore disponible sans avoir à dégainer le moindre égaliseur. Attention ! Ce petit exercice comporte des pièges…
Sur ce, rendez-vous dans le prochain épisode pour la deuxième partie de notre étude de l’enregistrement de la grosse caisse en prise de proximité.
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