À présent que nous savons à quoi sert la technique du « layering », je vous propose aujourd’hui de voir quelles sont les solutions qui permettent de la mettre en œuvre.
Ghost note in the shell
Partons du principe que votre prise de batterie est déjà réalisée et commençons par les solutions logicielles. Il existe de nombreux plug-ins dédiés au « Drum Replacement ». Ces derniers sont capables de remplacer complètement un élément du kit de batterie, et comme qui peut le plus peut souvent le moins, ils peuvent bien entendu servir à sous-mixer un sample afin d’améliorer l’ordinaire d’une prise moyenne d’un point de vue strictement sonore. Voici une petite liste non exhaustive des outils du genre :
- Steven Slate Drums Trigger 2 Platinum
- Wavemachine Labs Drumagog 5
- SPL DrumXchanger
- XLN Audio Addictive Trigger
Ces plug-ins fonctionnent tous plus ou moins de la même façon. En principe, il vous suffit d’en placer une instance en insert de la piste d’un élément du kit, par exemple une prise en « close miking » de la caisse claire, puis d’ajuster les différents réglages disponibles afin que l’engin ne détecte que les frappes dudit élément. La difficulté vient bien sûr de la repisse des autres éléments de la batterie qui peut entrainer des déclenchements parasites du traitement. Plus la prise traitée sera « propre », c’est-à-dire avec une repisse minimum, et meilleur sera le résultat. Aussi sophistiqués soient-ils, ces plug-ins ne feront tout de même pas de miracle sur des enregistrements médiocres.
En sortie, certains de ces outils logiciels proposent directement des samples (caisses claires, grosses caisses, etc.) de substitution et/ou offrent la possibilité d’utiliser vos propres sons ; d’autres se contentent de générer des notes MIDI afin de piloter un plug-in de batterie virtuelle ou un sampler virtuel alimenté par vos propres samples ; les plus évolués d’entre eux intègrent toutes ces options.
Si vous n’avez pas le budget pour investir dans ce genre de plug-ins, tout n’est pas pour autant perdu. La plupart des STAN modernes disposent de fonctions de conversion audio vers MIDI plus ou moins efficaces. Moyennant une préparation du fichier audio source à l’aide d’une combinaison de Gate, Transient Designer, EQ et/ou édition audio de façon à faire ressortir les frappes utiles, il est tout à fait possible d’obtenir des fichiers MIDI probants qui pourront vous servir à piloter une batterie virtuelle ou un sampler dans une optique de « layering » ou de remplacement pur et dur de l’élément de batterie concerné.
Comme vous vous en êtes sans doute rendu compte à la lecture de ces quelques lignes, la qualité du rendu et la simplicité de mise en œuvre dépendent avant tout de la qualité de la source audio traitée. Or, il se trouve qu’il existe des outils « hardware » aptes à produire dès la prise des signaux particulièrement adaptés à la tâche qui nous occupe, j’ai nommé les « triggers »…
Happy trigger friends
Un « trigger » est un dispositif somme toute simple : un capteur piezo logé dans un système permettant de l’accrocher directement sur un fût. Le signal récupéré par votre interface audio via un câble au format jack ou XLR n’est pas vraiment des plus musical, mais il a pour avantage d’être dépourvu de repisse, ce qui en fait un must pour les solutions de « layering » logicielles évoquées précédemment. Notez qu’il existe des « triggers » plus évolués possédant deux capteurs piezo de façon à pouvoir discerner les frappes sur la peau des frappes sur le cerclage, ce qui est particulièrement bien venu pour la caisse claire.
Une batterie pourvue de « triggers » sur chacun de ses fûts pourra donc être enregistrée de façon traditionnelle via les différentes méthodes abordées ces dernières semaines et pourra également bénéficier d’un traitement de « layering » en toute simplicité lors de la phase de mixage grâce aux signaux issus des « triggers »…
Enfin, cela ne fonctionnera bien entendu qu’avec les éléments disposant d’un fût, à savoir caisse claire, grosse caisse et toms ; d’où la nécessité de porter une attention toute particulière à votre prise « overhead » puisqu’il n’existe pas à ma connaissance de système équivalent aux « triggers » pour tout ce qui est cymbales.
Ceci étant, si vous disposez d’une interface audio avec suffisamment d’entrées, voici une petite astuce qui peut s’avérer payante lorsque l’on souhaite faire du « layering » sur les cymbales. Il suffit de placer un micro pour chaque cymbale en faisant bien attention à ce qu’il ne perturbe pas les mouvements/vibrations de ladite cymbale. Le micro utilisé n’a pas à être d’une qualité exceptionnelle, car le son capté ne sera pas utilisé dans le rendu final de votre batterie. Le but ici se résume à capturer au mieux l’attaque de chaque frappe. Avec un peu d’huile de coude, le signal ainsi obtenu pourra alors être édité « à la main » afin d’isoler précisément les frappes utiles, ce qui permettra de s’en servir comme déclencheur pour le « layering ».
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! La semaine prochaine, nous verrons quelques applications concrètes de cette technique de « layering ».