Cette semaine, je vous propose de faire un point sur la situation actuelle de notre enregistrement de batterie. Et nous commencerons par une petite réflexion qui dépasse largement le cadre de ce seul instrument…
Plus ne m’est rien…
Comme vous avez pu vous en rendre compte, la batterie est l’instrument le plus complexe que nous ayons vu dans le cadre de cette série jusqu’à présent. La diversité de timbres des différents éléments, l’espace sonore à retranscrire, ainsi que la plage dynamique à couvrir peuvent nécessiter l’utilisation de nombreux micros suivant l’objectif que vous souhaitez atteindre. Or, n’oubliez pas que plus il y a de micros captant une même source, plus il y aura de difficultés à gérer les cohérences de phase. Nous avons d’ailleurs déjà été confrontés à cela lors de l’étude des prises de proximité de la caisse claire et de la grosse caisse. Eh bien figurez-vous que ces soucis de gestion de phase sont également à prendre en considération lors du mélange entre les différentes pistes – Room Mono, Overheads stéréo, Kick(s), Snare(s), etc. Par conséquent, même si certaines personnes ne seront pas d’accord avec moi sur le sujet, je vous invite fortement à limiter le plus possible le nombre de micros lors de la prise. En n’utilisant que le strict nécessaire à l’obtention du son recherché, vous arriverez plus vite et plus facilement à vos fins.
Alors bien sûr, il est également possible de multiplier les micros autour de votre kit de batterie en vous basant sur le vieil adage : qui peut le plus peut le moins. Mais il me semble que cette façon de faire revient à reculer pour mieux… trébucher plus tard. D’ailleurs parfois, je me demande si à force d’esquiver la prise de décisions dans la chaîne de production musicale, on ne finira pas un jour par livrer à l’auditeur final l’ensemble des pistes séparées pour qu’il se débrouille tout seul comme un grand… Ce n’est pas ma vision de la musique, mais peut-être suis-je un poil trop vieille école, qui sait ?
Enfin bref, mon avis sur la question est somme toute tranché et se résume au fameux « less is more » anglo-saxon. Économie de moyen rime pour moi avec efficacité. Et puis, ce challenge ne constitue-t-il pas la véritable facette ingénieuse de l’ingénieur du son ?
Mais revenons à nos moutons…
Mise à plat
Jusqu’à présent, nous avons utilisé pas moins de 9 micros/voies. C’est déjà énorme ! Pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos peines… Mais alors, quel est le but de cet article avec son premier paragraphe faisant l’apologie du minimalisme microphonique ? Tout simplement d’essayer de vous faire comprendre qu’avec ces 9 pistes, nous pouvons avoir beaucoup trop d’informations comme il peut également nous en manquer certaines, cela dépend de l’objectif recherché. Par exemple, si votre morceau comporte une ligne de basse bien profonde dans le bas du spectre, quel est l’intérêt du micro « Kick Sub » ? Si votre production est « roots » tendance Beatles des premiers jours, à quoi sert le couple d’Overheads puisque la batterie terminera en mono ? A contrario, si vos roulements de toms sont d’une importance capitale pour le groove de votre titre, ne vous manque-t-il pas quelque chose ?
Bref, comme pour cette série nous travaillons en dehors d’un réel contexte musical, nous verrons encore dans les prochaines semaines d’autres techniques de prise de son, mais cela ne veut absolument pas dire qu’il faut toutes les appliquer en même temps !
Voyez ce que nous avons obtenu jusqu’ici :
- 01 Kit min Verse 00:14
- 02 Kit min Chorus 00:28
- 03 Kit Verse 00:14
- 04 Kit Chorus 00:28
Les deux premiers extraits utilisent les pistes Room Mono, Overheads, Snare Top, Kick Out ainsi que le RE20 de la semaine dernière. Les samples suivants voient le RE20 remplacé par les pistes Snare Bottom et Kick In. À l’écoute, vous pouvez constater qu’il n’y a pas de quoi rougir. Les rendus sont on ne peut plus honnêtes alors qu’il n’y a absolument aucun traitement ! J’ai juste fait mumuse avec les faders de chaque piste. Et dites-vous bien qu’il s’agit là d’une possibilité parmi tant d’autres ! Je vous invite d’ailleurs à remonter dans le temps et farfouiller dans les articles précédents afin de récupérer toutes les pistes brutes. Vous pourrez alors faire votre propre petite tambouille, en prenant garde aux problèmes de phase que nous avons déjà évoqués bien entendu. Il y a largement de quoi faire, n’est-ce pas ? N’hésitez surtout pas à réduire au silence certaines pistes si d’aventure elles n’apportaient rien au son que vous cherchez à obtenir. Et si vous trouvez qu’il manque encore quelque chose, c’est sans doute qu’il vous faudra attendre quelques semaines pour trouver votre bonheur au détour d’un nouvel épisode…
Pour finir, vous avez sans doute remarqué plusieurs choses en écoutant ces mises à plat. Tout d’abord, les pistes d’Overheads sont positionnées aux extrêmes de l’image stéréo, car je souhaitais un rendu relativement large, mais vous pouvez bien sûr en décider autrement et réduire la voilure à ce niveau-là. Ensuite, j’ai pris la peine de positionner les prises de proximité de la caisse claire de façon cohérente par rapport aux Overheads, car, après tout, si j’avais souhaité une caisse claire bien campée au centre, nous n’aurions sans doute pas opté pour la technique ORTF à l’enregistrement des Overheads. Enfin, il ne vous aura pas échappé que cette batterie est « mixée » du point de vue du public, à savoir caisse claire et charley sur la droite. Est-ce là la bonne façon de faire ? C’est ce que nous verrons dans le prochain épisode…
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