Cette semaine, je vous propose de découvrir quelques petites astuces très simples à mettre en oeuvre qui vous permettront d'obtenir un son de guitare électrique plus "vivant" ou "produit" à défaut d'autre terme.
Comme vous pourrez le constater, ces techniques reposent toutes sur le principe du doublage que nous avons déjà évoqué à l’occasion d’un précédent article, sauf qu’ici, nous allons intégrer quelques menus raffinements…
Body Double
La première astuce est également la plus évidente : il s’agit de doubler un son de guitare « crunch » ou carrément saturé avec un son de guitare « clean ». En sous-mixant ce son clair, vous pourrez conserver une certaine précision sonore et ce n’est pas un luxe tant la moindre distorsion a une fâcheuse tendance à gommer les détails. Bien sûr, pour que ce trucage soit le plus transparent possible, il faut impérativement que les performances « crunch » et « clean » soient le plus proche possible en termes d’exécution. Ceci étant, si vous avez du mal à atteindre une telle perfection de jeu, vous pouvez tout à fait « tricher » : soit en éditant la piste claire pour qu’elle colle au mieux à la performance originelle, soit tout simplement en faisant du reamping avec la première prise comme nous l’avons vu précédemment. Dans les deux cas, le subterfuge devrait fonctionner à merveille car cette piste de son clair a seulement pour vocation d’être « ressentie » et non pas distinctement entendue par l’auditeur.
Bien qu’un peu moins répandue, la deuxième astuce que je vous propose n’est pas à prendre à la légère. Elle consiste à doubler une guitare plus ou moins saturée par une captation acoustique directe des cordes de votre guitare électrique réalisée en même temps que l’enregistrement distordu. Même si cette idée peut paraître saugrenue de prime abord tant le son d’une guitare électrique sans ampli n’est pas des plus agréables, je vous assure que le rendu global est parfois assez magique ! En effet, finement dosé, ce son de crin-crin a la particularité d’apporter un peu plus de relief dynamique aux sons les plus « trash » tout en conférant à la performance un aspect plus « organique », notamment grâce aux accents produits par les coups de médiator. Attention cependant, à l’instar de la première astuce, il faut bien sous-mixer cette prise afin que l’auditeur ne découvre pas le pot aux roses.
Pour réaliser cette captation, voici quelques conseils qui vont sans dire mais c’est tout de même mieux en le disant :
- L’ampli guitare et le guitariste doivent être isolés l’un de l’autre afin de ne pas avoir de repisse ;
- Les guitares de type Hollow Body sont particulièrement efficace dans cet exercice ;
- À défaut, les 6 cordes avec un vernis fin (nitrocellulose) sont à privilégier car elles projettent plus de son que celles pourvues d’un vernis plus épais ;
- Le but étant de capter un son détaillé et dynamique, un micro électrostatique sera de rigueur, de préférence un micro à petit diaphragme comme par exemple les Oktava MC-012 ;
- N’hésitez pas à tailler le signal au moyen d’un filtre passe-haut car cette prise ne possèdera rien d’intéressant dans le bas du spectre ;
- Comme d’habitude lorsqu’il s’agit de doublage, pensez à aligner les phases pour un résultat optimal.
La troisième technique que je vous propose aujourd’hui consiste une fois de plus à doubler un son de guitare électrique saturé ou non, mais cette fois-ci avec… une guitare folk ! Sur des arpèges, vous pourrez ainsi gagner en définition mais aussi en sustain ; sur des rythmiques, il vous sera possible d’accentuer l’aspect percussif du son ; enfin, sur des « power chords », vous gagnerez justement en « puissance sonore ». Mine de rien, cette astuce de production sévit dans le milieu depuis belle-lurette, Led Zeppelin en était d’ailleurs friand. Et n’allez pas croire qu’il s’agit là d’une recette de grand-mère qui n’a plus rien à faire au coeur d’une production actuelle car de nombreux groupes de Metal l’utilisent encore de nos jours.
Pour finir, voici un dernier petit truc pas piqué des vers : le doublage d’une guitare électrique par… n’importe quoi d’autre… Je sais, c’est plutôt vague mais j’avoue que je vois mal comment présenter la chose autrement. En fait, le but est de partir de votre son de guitare et de l’analyser pour comprendre ce qui manque, si tant est que cela soit le cas, puis de chercher un son à même de combler ce « vide ». À titre d’exemple, sachez qu’un collègue m’a un jour raconté avoir doublé une rythmique « crunchy » avec le sample d’une allumette frottant sur le grattoir de sa boîte afin d’accentuer la sensation de raclement sur les cordes ! Dans un registre un poil moins ésotérique, il y a le fameux exemple du riff particulièrement « gras » du titre Airbag de Radiohead. Ne serait-ce qu’en réécoutant l’intro, vous devriez très vite vous rendre compte que ce riff est doublé par un violoncelle, ce qui contribue énormément à l’ampleur sonore du résultat, vous en conviendrez. Bref, j’aimerais pouvoir vous donner plus d’indications à ce sujet mais étant donné la nature extrêmement ouverte de cette méthode, la seule chose que je puisse ajouter c’est de laisser libre court à votre imagination, d’expérimenter et surtout, de vous amuser !