"Saperlipopette, j'ai oublié de parler de ça !" Qui n'a jamais ressenti cette douloureuse sensation à la sortie d'un examen ou d'un entretien particulièrement important, le saperlipopette en moins ? Eh bien ce matin au réveil, c'est exactement ce que j'ai ressenti à l'égard de ce chapitre consacré à l'enregistrement de la guitare électrique… Heureusement, le rythme de publication hebdomadaire de cette série m'offre la liberté de pouvoir me raccrocher aux branches de façon plus ou moins élégante. Ainsi, je vous propose aujourd'hui un article consacré à la question de l'ampli guitare en situation de home studio. Vieux motard que j'aimais !
Mini Mini Mini
Pour faire court, l’idée du jour est de vous vanter les mérites des petits amplis guitare lors de séances d’enregistrement au sein de votre home studio. Mais avant de parler des avantages, tordons d’abord le cou au principal argument souvent opposé à l’assertion précédente : la soi-disant impossibilité d’obtenir un son exploitable au travers de tels engins. Plutôt qu’un long discours, voici quelques exemples qui devraient vous convaincre qu’il n’y a pas que la taille qui compte en matière d’ampli guitare :
1964 : The Kinks – You really got me now
Sur ce titre, Dave Davies joue sur un petit ampli Elpico AC55 « Little Green Amp ». Certes, le son est pour le moins « particulier », mais ça fonctionne diablement bien, n’est-ce pas ?
1970 : Derek and the Dominos – Layla
Ici, Clapton joue sur un Fender Champ et cela n’empêche pas ce tube planétaire de nous scotcher les oreilles dès le riff d’introduction.
1976 : Frank Zappa
Sur cette vidéo, Monsieur Zappa utilise un ampli littéralement miniature, un joujou signé Pignose. On pourrait croire qu’il s’agit là d’un délire de l’artiste à l’occasion d’un concert, cependant, Zappa a utilisé le même ampli pour l’enregistrement des albums Apostrophe(') et Over-Nite Sensation.
Jimmy Page aurait également utilisé un petit ampli sur les premiers albums de Led Zeppelin, cependant, Page entretient le doute à ce sujet donc rien n’est sûr…
Bien entendu, tous ces exemples sont datés. Qu’en est-il pour des sonorités plus en phase avec notre époque ? Sans aller chercher bien loin, la partie guitare du titre The Firethief que j’ai réalisé pour Audiofanzine à l’occasion du comparatif des services de mastering automatique en ligne a été réalisée sur un ampli Vox AC4TV. Le même ampli a également servi à l’enregistrement des divers exemples sonores de ce chapitre consacré à la guitare électrique.
Bref, comme vous pouvez le constater, il est largement possible d’obtenir des sons de guitare électrique plus qu’honnêtes en passant par un petit ampli. Évidemment, si vous cherchez à capter un son riche dans le bas du spectre, mieux vaut passer par quelque chose de plus « cossu » ou, à défaut, par des solutions alternatives que nous verrons à l’occasion d’un prochain épisode. Ceci étant, lorsque vous ne courrez pas après un bas proéminent, un petit ampli fera la blague et c’est plutôt une bonne nouvelle dans le cadre du home studio comme nous allons le voir…
Quiet is the new loud
En home studio, les petits amplis présentent à mon sens deux avantages non négligeables par rapport à leurs grands frères. Premièrement, ils permettent de pousser le gain afin d’obtenir un son hyper saturé sans pour autant générer un volume sonore assourdissant. Mine de rien, non seulement vos oreilles vous remercieront pour cela, mais ça vous évitera également de détériorer vos relations avec les autres membres de votre famille et / ou votre voisinage. De plus, un volume sonore contenu engendrera beaucoup moins de réverbération dans votre lieu d’enregistrement, ce qui est une très bonne chose tant il est vrai que l’acoustique de l’environnement est le principal point noir de tout home studio.
Le deuxième avantage de ce genre de joujoux tient à leur taille et leur poids réduits qui permettent de les déplacer facilement. En quoi est-ce utile ? Eh bien une fois de plus, l’idée est de limiter la casse engendrée par l’acoustique du lieu d’enregistrement. Par exemple, il est très facile de surélever un petit ampli afin de l’isoler des réflexions provenant du sol. Ces dernières sont souvent meurtrières pour votre son, surtout si vous avez du carrelage, ou pire, aucun revêtement comme dans un garage… Il convient donc de s’en prémunir autant que faire se peut et la manoeuvre est beaucoup plus aisée avec un petit combo qu’avec un ampli sauce armoire à glace.
Dans le même ordre d’idée, même le pire des home studios aura toujours au moins un emplacement précis où un ampli guitare sonnera mieux que partout ailleurs. Or, pour partir à la chasse à ce fameux « sweet spot », avouez qu’il vaut mieux avoir à déplacer un petit ampli plutôt qu’un gros stack avec un baffle de 4×12", même si ce dernier est sur roulettes.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !