La semaine dernière, nous avons vu qu'il était nécessaire de travailler le placement du micro chant selon la largeur, la hauteur, puis la profondeur. Aujourd'hui, nous allons discuter plus avant des tenants et aboutissants du travail selon le premier axe, à savoir le placement latéral du micro pour l'enregistrement de la voix.
The Side Effect
N’avez-vous jamais remarqué que tout imitateur qui se respecte arbore une mimique buccale bien particulière lorsqu’il « singe » un Sylvester Stallone ou un Robert De Niro ? Bien sûr que oui, n’est-ce pas ? Or, il se trouve que ce genre de contorsion faciale n’est pas uniquement là pour aider le public à reconnaitre visuellement le personnage incarné. En effet, cette pantomime labiale joue énormément sur la qualité de la voix imitée. Mais quel est donc le rapport avec le sujet du jour ? Eh bien, figurez-vous que tout le monde emploie ce genre de mimique à plus ou moins grande échelle, que ce soit en parlant ou en chantant, et cela influence grandement l’identité vocale de chacun d’entre nous. En effet, ces tics de notre bouche participent non seulement au melting-pot harmonique de la voix, mais ils ont également un impact sur la dynamique puisqu’ils induisent une certaine orientation du flot vocal. Ainsi, le chant comporte une composante profondément asymétrique, d’où la nécessité de s’interroger sur le placement du micro d’un côté ou de l’autre par rapport à l’axe de l’interprète.
Dans les faits, si vous essayez de déplacer votre micro selon l’axe des abscisses, vous remarquerez très vite qu’un côté est plus brillant ou plus sombre que l’autre, qu’il sonne plus « fin » ou plus « plein ». Et n’allez pas croire que ce genre de considérations est trivial et qu’un coup d’EQ bien senti sera susceptible de corriger la donne parce que ça n’est tout simplement pas vrai. Je vous le répète, il s’agit du mélange vocal harmonique qui est par essence fluctuant au cours du temps, contrairement à la correction au moyen d’un égaliseur qui reste par nature statique. Moralité, il convient de placer le micro chant du côté qui correspond le plus aux différents critères que nous avons déjà vu ensemble à plusieurs reprises, à savoir la recherche d’un certain équilibre de la voix au regard du titre en cours de travail en adéquation avec vos désirs de production.
Attention, il ne s’agit pas ici de placer le micro à un mètre sur le côté du chanteur ! En vous limitant à un rayon d’environ une quinzaine de centimètres grand maximum, vous devriez rapidement trouver votre bonheur. Cerise sur le gâteau, les pops et autres bruits de bouche sont très souvent atténués en procédant de la sorte. Que demande le peuple ?
Pour finir, un AFien avisé a très justement soulevé un point extrêmement important dans les commentaires de l’article précédent : la question de l’inclinaison du corps du micro, et donc plus précisément la notion d’orientation de la capsule. Merci à Kurz67 pour cette remarque ! Je te rassure, il ne s’agit pas d’un oubli de ma part et nous aborderons dans les moindres détails ce sujet délicat sous peu. En attendant au stade où nous en sommes, je vous invite à viser la bouche de l’interprète, surtout si vous utilisez un micro doté d’une directivité cardioïde voire « pire », un hypercardioïde…
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. La semaine prochaine, nous nous pencherons sur le cas du placement du micro chant selon la hauteur.