Maintenant que vous avez choisi le micro parfait pour votre voix dans le cadre de la production sur laquelle vous travaillez, il est temps de placer ce dernier afin de pouvoir réaliser votre enregistrement. Contrairement à ce que le béotien peut croire, il ne suffit pas de planter le micro bien en face du chanteur pour obtenir la prise du siècle, loin de là…
Sauf erreur, je ne me trompe jamais…
Le sujet du jour a pour point de départ une magnifique lapalissade sur laquelle tout le monde s’accordera : nous vivons dans un monde doté de trois dimensions spatiales : largeur (axe x, ou abscisse), hauteur (axe z, ou cote) et profondeur (axe y, ou ordonnée). Moralité, il convient de jouer sur ces trois axes lors du placement d’un micro. Ceci est vrai pour la captation de n’importe quel instrument, donc ça l’est également dans le cas de la prise de voix. Or, en ce qui concerne le chant, les débutants ont une fâcheuse tendance à négliger les deux premiers axes (x et z) pour ne travailler qu’avec le dernier (axe y). Pourquoi commettent-ils donc cette terrible erreur ? Eh bien certainement parce que placer le micro pile en face du chanteur à hauteur de sa bouche a l’air plus « naturel ». Sauf que le boulot d’un preneur de son n’est pas de placer le micro là où cela semble « juste » pour les yeux, il s’agit de le positionner à l’endroit qui sonne ! Vous n’êtes pas là pour faire de la photo, vous êtes là pour faire du son. Arrêtez donc d’écouter vos yeux et activez vos esgourdes, je vous assure que vous en sortirez gagnant.
Pour conclure cette petite mise au point, sachez qu’en appliquant la méthode que nous allons voir aujourd’hui et que nous détaillerons plus avant dans les semaines à venir, vous obtiendrez certainement des placements qui sembleront de fait très peu naturels. Du coup, cela pourra éventuellement perturber votre donneur de voix et ce dernier aura souvent tendance à vouloir « viser » le micro, ce qui ne manquerait pas de réduire tous vos efforts à néant. Pour remédier à cela, je vous invite à utiliser deux artifices.
Le premier se résume à placer un filtre anti-pop sur un deuxième pied de micro à l’endroit où vous souhaitez que le chanteur se fixe. En procédant de la sorte, celui-ci aura un objet concret à viser, ce qui devrait l’empêcher de dériver vers le micro. Pour plus de détails, merci de lire ou relire cet épisode. La seconde combine est tout aussi simple que la première : pensez à effectuer un marquage au sol avec du Gaffer à l’endroit précis où doit se tenir votre interprète. C’est bête comme chou, ça ne prend qu’une poignée de secondes et je vous garantis que ça en vaut la peine. En appliquant consciencieusement ces deux petites astuces, non seulement votre donneur de voix restera orienté dans la direction souhaitée, mais il aura également moins tendance à bouger autour de sa position de départ, ce qui vous évitera d’avoir des prises avec trop de fluctuations de timbre.
Revenons à présent au placement du micro à proprement parler. Comme nous l’avons vu, le micro doit être positionné selon les trois axes de l’espace. Pour ce faire, je vous conseille fortement de procéder dans cet ordre : recherchez d’abord l’emplacement idéal suivant la largeur (axe x, ou abscisse), passez ensuite à la hauteur (axe z, ou cote) et finissez avec la profondeur (axe y, ou ordonnée). Pourquoi cet ordre et pas un autre ? Tout simplement parce que c’est celui qui permet d’obtenir le résultat le plus précis qui soit. En effet, si vous commencez par exemple à travailler le positionnement sur l’axe z et que vous optez pour un placement relativement éloigné du chanteur, il vous sera plus difficile de ressentir précisément l’influence du positionnement latéral par la suite. Bref, retenez bien cet ordre : largeur, hauteur, profondeur.
Bien, à présent, quels sont d’après vous les critères qui vont faire que vous allez opter pour un placement plutôt qu’un autre selon chacun de ces trois axes ? Comme vous l’aurez sans doute deviné, il s’agit exactement des mêmes critères qui vous ont déjà guidés lors du choix du micro. J’espère que tout cela est encore bien frais dans votre mémoire. Si tel n’est pas le cas, je vous invite à relire a minima cet article publié il y a à peine deux semaines.
Pour finir, je vous le répète encore une fois histoire d’enfoncer définitivement le clou au sein de tous les esprits : ne placez pas le micro avec vos yeux, placez-le avec vos oreilles ! Enfin pas littéralement bien sûr, sinon ça risque de piquer un peu dans un cas comme dans l’autre…
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un épisode consacré au pourquoi du comment lors du travail selon l’axe des abscisses.