Après le placement latéral, voyons à présent tous les tenants et aboutissants du travail selon le deuxième axe, à savoir le placement du micro chant selon la hauteur.
Son dessus dessous
Le travail du positionnement en hauteur est relativement délicat, car il est contre-intuitif au possible… Contrairement à ce que notre « logique » pourrait nous laisser croire, monter le micro vers la tête de l’interprète aura tendance à rendre le son plus « charnu » dans le bas alors que le descendre vers le torse tendra vers un rendu plus « brillant ».
Pourtant en y regardant de plus près, ce n’est pas si surprenant que cela. En effet, le son de la voix qui rebondit sur le palais du chanteur est chargé en harmoniques dans le haut du spectre et se retrouve dirigé inévitablement vers le bas, d’où la brillance captée par un micro positionné vers le torse. De plus, vous n’êtes pas sans savoir qu’une bonne partie du son de la voix provient non pas de la bouche elle-même, mais bel et bien du nez. Si vous ne me croyez pas, essayez donc de chanter en vous pinçant les naseaux, cela devrait vite vous convaincre ! Or, les narines sont naturellement orientées vers le bas et les composantes nasales d’une voix se situent dans le haut du spectre, ce qui se traduit également par un gain en brillance lorsque la captation s’effectue avec un micro sensiblement placé au-dessous de la bouche de l’interprète.
Bref, tout ça est bien joli, mais comment mettre cette constatation à profit ? Eh bien, c’est relativement simple. Il faut considérer ce placement selon la hauteur comme une sorte d’égalisation permettant de modifier la couleur tonale de vos prises de chant. Lorsque vous êtes face à un interprète dont la voix semble un tantinet terne, baissez donc le micro au-dessous de sa bouche, voire carrément au niveau de la gorge ou du torse de façon à récupérer la quantité de brillance qui vous semble nécessaire. À l’inverse, si votre donneur de voix possède un organe relativement agressif dans les hautes fréquences et / ou si vous sentez que le caractère nasal de son chant est un poil trop prononcé, ce qui risque d’être problématique lors de l’étape de mixage, n’hésitez surtout pas à monter le micro au-dessus de la bouche, voire au-dessus du nez afin de rééquilibrer la sauce.
Certains d’entre vous se disent peut-être que je pinaille un peu trop sur cette histoire de placement du micro pour le chant, mais je vous assure qu’à l’instar du placement latéral vu la semaine dernière, travailler selon cet axe z donne des résultats autrement plus probants qu’une simple égalisation statique après coup. Et quoi qu’il en soit, la règle d’or numéro un de l’enregistrement audio présentée dès le début de notre aventure doit toujours être votre seul et unique guide : travaillez le son à la source est le plus sûr moyen d’obtenir le meilleur résultat possible pour votre titre en cours de production.
Pour conclure, je tiens à vous faire part d’un phénomène qui pourrait venir passablement perturber les effets bénéfiques du sujet du jour. Si d’aventure votre placement de micro selon la hauteur n’apportait pas les résultats escomptés, il y a de fortes chances que cela provienne… de votre plafond ! En effet dans un local non traité, les rebonds du son sur ce dernier peuvent aisément venir contrecarrer tous vos efforts. Dans un cas tel que celui-ci, il n’y a malheureusement pas de recette miracle : soit vous investissez du temps et de l’argent au traitement acoustique de votre lieu d’enregistrement, soit vous délocalisez votre session pour une pièce plus adaptée.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour l’étude du placement du micro chant en fonction de la distance à la source !