Aujourd’hui, nous allons effectuer une première tâche pratique - qui par ailleurs se trouve être la dernière purement technique. Une fois cela fait, vous pourrez confronter pour la première fois votre vision du titre avec sa « réalité » afin d’établir une stratégie de mix.
Gain staging
Je ne vais pas discuter à nouveau de l’intérêt du « Gain Staging », ou structure de gain en français. La question a déjà été traitée un certain nombre de fois sur Audiofanzine, notamment dans les articles « Les niveaux à l’heure du numérique et « Pourquoi garder une réserve de niveau, ainsi que dans les commentaires leur étant attachés. Inutile donc de réinventer la roue !
À l’heure du mixage, il est important de vérifier et d’ajuster au besoin la structure de gain de chacune de vos pistes audio. Pour ce faire, vous aurez besoin de la fonction « Trim » de votre séquenceur, ou à défaut, d’un plug-in de gestion de gain en premier insert de chaque tranche. Il en existe une multitude en gratuit ou payant, par exemple le Blue Cat’s Gain Suite, ou le FreeG de Sonalksis. Pour la méthode qui suit, vous aurez également besoin d’un Vumètre virtuel, par exemple l’excellent VUMT de Klanghelm qui d’ailleurs peut aussi gérer le gain.
Cette façon de faire est très simple, rapide et efficace, et ne nécessite même pas d’avoir vos enceintes allumées. Tout d’abord, assurez-vous que l’ensemble de vos tranches est au gain unitaire (à savoir, chaque fader à zéro). Vérifiez également que tous vos panoramiques de piste sont au centre. Activez la fonction « peak hold » de votre DAW, vous aurez ainsi l’affichage chiffré de la valeur crête la plus importante pour chaque piste après lecture de l’intégralité du morceau.
Maintenant, intéressons-nous aux pistes ayant un facteur de crête important. Pour info (et en simplifiant), le facteur de crête est la différence qui sépare le niveau de crête d’un signal d’avec sa valeur moyenne. Les sons ayant un facteur de crête élevé sont typiquement des sons percussifs comme les éléments d’une batterie, les percussions, etc., mais également une basse jouée à la sauce slap bondissant. Prenez donc ces pistes et considérez leur niveau respectif maximum comme indiqué par le crête-mètre de leur tranche grâce à la fonction « peak hold » après la lecture du morceau. Ajustez maintenant le « trim » de la piste (ou le plug-in de gestion de gain dont je vous ai parlé tout à l’heure) afin que la plus haute crête tape à −12 dB sur le crête-mètre. Par exemple, si une piste plafonne à −4.7 dB, il suffit de lui enlever 7.3 dB.
Une fois cela effectué, passons aux autres pistes. Cette fois-ci, nous allons utiliser le Vumètre virtuel placé en insert de la piste Master et dont le 0 VU est calibré à −18 dB. Mettez l’une des pistes en solo et réglez le « trim » de sorte que l’aiguille du VU-mètre de la piste Master ne dépasse jamais le 0 VU. Une fois cela fait, passez à la piste suivante.
Toutes ces opérations peuvent paraître longues et fastidieuses au début, c’est pourquoi il est inutile de garder les enceintes allumées pendant ce processus sous peine d’affoler pour rien vos esgourdes. Cependant, avec l’habitude, cette méthode ne devrait pas vous prendre plus d’un quart d’heure/vingt minutes par morceau et le résultat est garanti ! En effet, si vous écoutez maintenant votre titre, il devrait avoir un niveau de crête maximum situé aux alentours de −6 dB ce qui est l’assurance d’une marge de manœuvre suffisante.
Bien, il est à présent temps de confronter la vision du mix de ce morceau que vous avez couchée sur le papier la semaine dernière avec le résultat obtenu aujourd’hui. Votre « plan de mix » vous paraît-il toujours réaliste/réalisable ? Quelles sont les leçons à tirer de cette écoute afin d’affiner votre vision ? Quelle stratégie mettre en place pour atteindre votre but ? Nous en discuterons dans le prochain épisode !