dB VU, dB FS, Peak, RMS… Une mauvaise appréhension de ces termes est à l’origine d’un bon nombre de difficultés rencontrées par les Home-Studistes. Il est grand temps d’éclaircir un peu tout ça !
Pour ce faire, il est comme d’habitude fort utile de se pencher en premier lieu sur le cas du monde analogique. Puis nous verrons comment cela se traduit sous la dictature binaire du numérique afin de tirer au mieux notre épingle du jeu.
Analogiquement Vôtre
La plupart des appareils analogiques professionnels équipés d’un indicateur de niveau possèdent ce que l’on appelle un VU-mètre, VU signifiant Volume Unit. Sur ces VU-mètres, le niveau de référence est noté 0 dB VU. Pour votre culture personnelle, sachez que 0 dB VU = +4 dBu, soit environ 1,23 Volt. Or, ce niveau de référence n’a pas été choisi au hasard ! Sans rentrer dans les détails, il s’agit du niveau nominal de fonctionnement optimal d’une machine au-delà duquel il y a risque d’écrêtage du signal audio. En clair, si vous passez au-dessus, le son se met à saturer progressivement avec plus ou moins de bonheur suivant la qualité de l’engin. D’autre part, si vous êtes trop en deçà, il y a de fortes chances pour que vous récupériez en sortie autant de bruits que de signal, voire plus…
Ainsi pour travailler correctement dans le monde analogique, il est conseillé de surveiller le VU-mètre afin que l’aiguille virevolte toujours au plus proche du 0 dB VU. C’est la garantie d’une matière sonore pleine et claire. Cependant, vous pouvez de temps en temps dépasser cette « barrière » sans trop vous faire de cheveux. Les appareils hardware offrent en effet une réserve dynamique, ou « headroom », pouvant aller jusqu’à + 24 dB pour les meilleurs avant de transformer le son en une bouillie infâme. D’ailleurs, sachez que même si l’aiguille ne fait que flirter en permanence avec ce 0 dB sans jamais passer outre, il y a fort à parier que dans les faits le signal passe ce seuil sans que cela choque quiconque. Et pourquoi donc ? Tout simplement parce qu’un VU-mètre n’affiche pas vraiment le niveau des crêtes, ou « peak », en temps réel, mais plutôt une valeur moyenne. Et ça tombe bien car l’oreille humaine est beaucoup plus sensible au niveau moyen qu’à celui des crêtes, l’affichage nous donne du coup une véritable idée du volume ressenti. Dieu, que la vie est belle en analogique !
The Digital Theory
Dans le monde digital, les choses ne sont pas tout à fait les mêmes… Tout d’abord, nous ne parlons plus en dB VU, mais en dB FS, le « FS » signifiant Full Scale c’est-à-dire pleine échelle en français. Ensuite, vous avez déjà sans doute remarqué que les indicateurs de niveau de votre DAW ne dépassent pas les 0 dB FS. Et pour cause ! Le 0 dB FS est la limite maximum pour un signal numérisé. Au-delà c’est le clip numérique assuré, ce qui se traduit par un bruit immonde qui n’a vraiment rien de musical. Dernière différence, et pas des moindres, ces indicateurs sont des Peak-mètres, ou Crête-mètres. Ils indiquent donc en temps réel le niveau maximum du signal numérique et non pas une valeur moyenne comme le fait un VU-mètre. C’est pratique pour éviter l’horrible « clipping » digital, mais c’est à peu près tout, ça ne nous indique pas à quel niveau enregistrer et encore moins si le son est vraiment « fort ».
Tout ça, c’est bien joli, mais alors à quel niveau doit-on travailler dans nos DAWs ? Faut-il enregistrer au plus proche du 0 dB FS ? Et quel est le rapport entre les dB VU et les dB FS ? C’est ce que nous allons voir dans le dernier paragraphe.
18 dB Under
Le dénouement de toute cette histoire réside au cœur de nos convertisseurs audionumériques. Ces derniers transforment le signal électrique en une suite de 0 et de 1 comme vous pouvez vous en douter. Mais ce qu’il ne faut pas oublier c’est qu’avant la conversion nous sommes encore dans le domaine analogique ! Ces appareils ont donc eux aussi un niveau optimal de fonctionnement que vous trouverez sur la fiche des caractéristiques fournie par le constructeur. En général, le calibrage du 0 dB VU varie entre −20 et −16 dB suivant les machines. Pour couper la poire en deux, nous vous conseillons donc d’enregistrer autour d’une valeur de −18 dB. Mais attention au deuxième piège ! Cette valeur est à considérer de façon moyenne et non via le Peak-mètre de votre DAW. Pour ce faire, il vous faudra donc utiliser un plug-in de visualisation du niveau RMS. Personnellement, j’utilise l’excellent Blue Cat’s DP Meter Pro dont la lecture est on ne peut plus claire et qui offre en sus tout un tas de fonctionnalités fort utiles dans d’autres domaines (mastering, automation, etc.).
Mais pourquoi se compliquer autant la vie me direz-vous ? Eh bien tout d’abord parce que votre convertisseur sera moins « stressé » et rendra par conséquent un son plus « clair ». Ensuite, vous travaillerez ainsi avec un « headroom » de 18 dB, ce qui est assez confortable tant pour l’enregistrement qu’en situation de mix. De plus, si vous avez la chance de posséder des processeurs analogiques externes, il vous sera plus facile de les intégrer lors du mixage puisque ce niveau se traduira en sortie des convertisseurs par un signal à 0 dB VU, ce qui est l’idéal pour attaquer une bécane comme nous l’avons expliqué plus haut. Et même si vous n’avez pas d’aussi beaux joujoux, sachez que la majorité des plug-ins ont aussi un niveau de fonctionnement optimal qui se trouve être la plupart du temps calibré à −18 dB, comme par hasard ! Enfin, vous remarquerez sûrement qu’en procédant de la sorte vos mises à plat sonneront quasiment de suite sans trop toucher aux faders.
Bref, en enregistrant à −18 dB RMS vous n’aurez que des avantages.