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Pédago
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Préampli micro et distorsion harmonique

Le guide de l’enregistrement - 130e partie

Suite aux commentaires du précédent épisode, je vous propose cette semaine un article qui devrait vous aider à comprendre le danger qu'il peut y avoir à utiliser certains préamplis micro.

Préampli micro et distorsion harmonique : Le guide de l’enregistrement - 130e partie
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Cauche­mar en cuisine

Je ne vais pas vous faire ici un pompeux succé­dané de cours sur le trai­te­ment du signal, sachez juste que tout signal passant au travers d’un appa­reil analo­gique est plus ou moins modi­fié de façon non linéaire. Ces défor­ma­tions plus ou moins pronon­cées du signal parti­cipent à ce que l’on nomme « colo­ra­tion » dans le petit monde de l’au­dio. Parmi ces trans­for­ma­tions du signal, l’une des compo­santes les plus impor­tantes en termes de colo­ra­tion du son se résume à l’ajout de distor­sion harmo­nique. Pour faire simple, il s’agit de l’ajout d’har­mo­niques pairs et/ou impairs à la fonda­men­tale d’un son. Pour en reve­nir au sujet du jour, plus un préam­pli micro est dit « coloré » et plus il aura tendance à ajou­ter de la distor­sion harmo­nique au signal lorsque l’uti­li­sa­teur pousse le gain d’en­trée. Or, cette distor­sion harmo­nique est assez agréable à l’oreille sur les préam­plis bien fice­lés. Là où le bât blesse, c’est qu’à trop fortes doses, les bien­faits de cette distor­sion s’ef­facent rapi­de­ment…

omeletteVoici une petite méta­phore culi­naire qui devrait, je l’es­père, vous aider à mieux comprendre mon propos. Imagi­nez que vous souhai­tiez vous concoc­ter une belle omelette aux lardons. Pour ce faire, vous avez pris la peine de vous procu­rer des ingré­dients de premier choix : œufs frai­che­ment sortis de la ferme du village d’à côté, oignons de votre jardin et beaux lardons acquis chez le meilleur boucher du cru. Pour commen­cer, vous émin­cez vos oignons et les faites reve­nir dans un filet d’huile à la poêle. Ce faisant, vous ajou­tez une pincée de sel de façon à les pous­ser à se cara­mé­li­ser légè­re­ment. Une fois que vous vous êtes bien occupé de vos oignons, vous ajou­tez les lardons. Ces derniers sont par nature déjà rela­ti­ve­ment salés, mais comme vous avez un jour entendu un chef étoilé dire à la télé qu’il était impor­tant de saler au moment de la cuis­son, vous mettez à nouveau votre petit grain de sel. Pendant que la prépa­ra­tion rissole genti­ment, vous déci­dez de vous attaquer à vos oeufs. Avant de les battre, l’usage veut que l’on rajoute encore une pincée de sel… Puis, une fois les oeufs versés dans la poêle, la cuis­son néces­site bien sûr une nouvelle pincée, non ? Main­te­nant que votre omelette est baveuse à souhait, il est grand temps de passer à table. Or, comme malheu­reu­se­ment beau­coup de personnes, vous avez la fâcheuse habi­tude de resa­ler avant même d’avoir goûté vos plats. Résul­tat des courses, votre bonne petite omelette aux lardons a le goût de… sel. Impos­sible de vous délec­ter de la saveur initiale des ingré­dients que vous avez pris la peine de sélec­tion­ner avec amour. Pour­tant, vous avez mis un point d’hon­neur à soigner la prépa­ra­tion en prenant le temps de suivre les conseils commu­né­ment accep­tés ainsi que les astuces des plus grands noms de la profes­sion… Et bien entendu, il n’existe pas de recette miracle pour dessa­ler un mets. Tout ça pour ça.

Comme vous devez vous en douter, la distor­sion harmo­nique est l’équi­valent du sel à mes yeux. Ce n’est abso­lu­ment pas une mauvaise chose en soi. D’ailleurs, bien utilisé, il s’agit d’un formi­dable outil capable de donner une très belle person­na­lité à certaines de vos prises. L’en­nui, c’est l’ef­fet cumu­la­tif. Si lors de l’en­re­gis­tre­ment vous en mettez sur la voix, sur la basse, la batte­rie, voire sur des guitares déjà satu­rées, cela commence à faire beau­coup. D’au­tant que vous en ajou­te­rez certai­ne­ment lors de la phase de mixage, sans parler du maste­ring. N’ou­bliez pas non plus que l’au­di­teur final peut égale­ment en rajou­ter en pous­sant trop fort son système de diffu­sion… Mora­lité, si vous n’y prenez garde, votre produc­tion sera au mieux « apla­tie » sous le poids de tant de distor­sion et au pire, l’écoute en sera fati­gante, voire doulou­reuse. Avouez que c’est bien loin d’être souhai­table. Or, la gestion de cet aspect du son demande une oreille bien éduquée car d’une part, comme je vous l’ai déjà dit, la distor­sion harmo­nique a de prime abord un côté plai­sant, et d’autre part, nos esgourdes sont biolo­gique­ment program­mées pour très vite s’y habi­tuer, ce qui n’en faci­lite pas le dosage.

Mais alors, comment faire pour se prému­nir de tout cela ? C’est ce que nous verrons dès la semaine prochaine !

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