Suite aux commentaires du précédent épisode, je vous propose cette semaine un article qui devrait vous aider à comprendre le danger qu'il peut y avoir à utiliser certains préamplis micro.

Cauchemar en cuisine
Je ne vais pas vous faire ici un pompeux succédané de cours sur le traitement du signal, sachez juste que tout signal passant au travers d’un appareil analogique est plus ou moins modifié de façon non linéaire. Ces déformations plus ou moins prononcées du signal participent à ce que l’on nomme « coloration » dans le petit monde de l’audio. Parmi ces transformations du signal, l’une des composantes les plus importantes en termes de coloration du son se résume à l’ajout de distorsion harmonique. Pour faire simple, il s’agit de l’ajout d’harmoniques pairs et/ou impairs à la fondamentale d’un son. Pour en revenir au sujet du jour, plus un préampli micro est dit « coloré » et plus il aura tendance à ajouter de la distorsion harmonique au signal lorsque l’utilisateur pousse le gain d’entrée. Or, cette distorsion harmonique est assez agréable à l’oreille sur les préamplis bien ficelés. Là où le bât blesse, c’est qu’à trop fortes doses, les bienfaits de cette distorsion s’effacent rapidement…
Comme vous devez vous en douter, la distorsion harmonique est l’équivalent du sel à mes yeux. Ce n’est absolument pas une mauvaise chose en soi. D’ailleurs, bien utilisé, il s’agit d’un formidable outil capable de donner une très belle personnalité à certaines de vos prises. L’ennui, c’est l’effet cumulatif. Si lors de l’enregistrement vous en mettez sur la voix, sur la basse, la batterie, voire sur des guitares déjà saturées, cela commence à faire beaucoup. D’autant que vous en ajouterez certainement lors de la phase de mixage, sans parler du mastering. N’oubliez pas non plus que l’auditeur final peut également en rajouter en poussant trop fort son système de diffusion… Moralité, si vous n’y prenez garde, votre production sera au mieux « aplatie » sous le poids de tant de distorsion et au pire, l’écoute en sera fatigante, voire douloureuse. Avouez que c’est bien loin d’être souhaitable. Or, la gestion de cet aspect du son demande une oreille bien éduquée car d’une part, comme je vous l’ai déjà dit, la distorsion harmonique a de prime abord un côté plaisant, et d’autre part, nos esgourdes sont biologiquement programmées pour très vite s’y habituer, ce qui n’en facilite pas le dosage.
Mais alors, comment faire pour se prémunir de tout cela ? C’est ce que nous verrons dès la semaine prochaine !