Cela fait quelque temps déjà qu'un thème pointe le bout de son nez de manière récurrente au sein des commentaires de cette série : la question du préampli micro. À l'origine, je n'avais pas prévu de traiter le sujet à ce stade du guide, mais comme la demande se fait de plus en plus insistante et que les aléas de la vie m'empêchent pour l'instant de suivre le plan initialement envisagé, voici donc un premier épisode consacré à cet épineux "problème"…
Mise en garde
D’après vous, serait-il judicieux de conseiller à un apprenti conducteur de faire ses classes au volant d’une Ferrari ? Certes, la bête est agréable à l’oeil et cette idée suscitera de nombreux fantasmes dans l’esprit du béotien. Ceci étant, à bien y réfléchir, ce conseil est évidemment l’antithèse d’une bonne idée. En effet, le coût d’apprentissage sur un tel bolide sera à coup sûr totalement disproportionné et injustifiable par rapport à l’objectif premier de la manoeuvre qui reste avant tout l’étude des bases de la conduite. De plus, il me semble évident que ce genre de beau joujou peut rapidement s’avérer dangereux entre des mains inexpérimentées. Enfin, je ne suis absolument pas expert en la matière, mais je pense sincèrement ne pas me tromper en affirmant que le pilotage d’une Ferrari doit être autrement plus difficile que le maniement d’un véhicule plus « classique ». Par exemple, le passage d’un rapport à un autre doit peut-être nécessiter de prêter une attention toute particulière au régime moteur. À mon avis, cette surcouche de complexité ne facilitera certainement pas l’apprentissage du processus de base d’un enchaînement de vitesses. Moralité, mieux vaut se former à la conduite sur une « simple » voiture de ville courante. Ce sera moins cher, moins dangereux et surtout beaucoup plus simple et/ou rapide pour appréhender correctement les connaissances fondamentales qui permettront éventuellement par la suite d’aller plus loin.
Comme vous devez vous en douter, cette histoire d’apprentissage de la conduite illustre parfaitement mon avis sur la question de l’utilisation d’un préampli micro haut de gamme dédié lorsqu’il s’agit de se former à l’art de la prise de son. Après tout, il ne faut pas oublier que cette série d’articles s’adresse avant tout aux débutants. Or, conseiller à un néophyte d’investir une somme conséquente dans un préampli SSL, Neve, API ou autre ne me semble absolument pas opportun. Évidemment, cela flatte l’ego de se dire qu’on travaille avec du véritable « matos de pro », mais ce n’est en aucun cas une garantie d’obtenir un résultat correspondant aux standards du monde pro de l’audio. Ce n’est pas non plus ce type d’engins qui facilitera l’apprentissage puisque cela rajoute à la chaîne audio un nouvel outil à gérer alors que les bases ne sont pas encore maîtrisées. Cerise sans aucun gâteau, certains préamplis peuvent faire beaucoup plus de mal que de bien aux enregistrements lorsque l’utilisateur n’a pas l’oreille suffisamment formée pour arriver à manier avec précaution la « coloration » de ces bestioles. Bref, l’équation se résume ainsi à mes yeux : portefeuille dépouillé + apprentissage plus laborieux = risque de résultat moins bon + satisfaction toute relative de l’ego. Dit comme ça, cela fait déjà beaucoup moins rêver, non ?
Nous avons la chance de vivre une époque formidable pour tout ce qui concerne l’accessibilité des outils de production audionumérique. Aujourd’hui, la plupart des interfaces audio situées dans la tranche des 200 à 500 euros possèdent des convertisseurs et des préamplis micro intégrés largement suffisants pour obtenir un rendu de qualité. Dites-vous bien que les personnes ayant commencé au début du siècle ont réussi à sortir des productions qui ont lancé leur carrière avec des outils beaucoup moins performants et autrement plus coûteux à l’époque ! Par conséquent, si vous n’arrivez pas à trouver satisfaction avec les préamplis embarqués d’une carte son récente, il y a de fortes chances pour qu’un préampli dédié hors de prix ne soit pas la solution miracle… Ainsi, je vous encourage à patiemment faire vos classes en utilisant des outils adaptés à votre niveau de façon à vraiment pouvoir exploiter pleinement des joujoux de rêve lorsque le moment sera venu.
Voilà, c’est tout pour cette introduction. Je suppose que cet épisode entraînera beaucoup de commentaires et j’espère que ceux-ci prendront en compte l’orientation « bien débuter » de mon propos. Notez que, n’étant pas un vilain « chacal », l’épisode de la semaine prochaine sera tout de même dédié à l’utilisation de préamplis micro externes. Je me devais cependant de vous prévenir, ne serait-ce que pour rester fidèle à mes idées !