Après les épisodes que je ne souhaitais pas réellement rédiger, permettez-moi de vous proposer aujourd'hui celui que j'aurais souhaité avoir sous le nez lorsque je n'étais qu'un néophyte essayant de mettre le premier orteil dans le monde de l'audio.
Cet article est diamétralement opposé aux trois précédents puisqu’il propose une stratégie d’investissement à l’attention du béotien en lieu et place d’une liste stérile de produits qui n’est somme toute que le reflet des goûts et pratiques de celui qui l’écrit…
Diviser pour mieux régner
Imaginons qu’un chanteur débutant en MAO à la recherche d’un micro pour sa voix vienne me trouver afin que je l’aiguille sur la meilleure façon d’investir une certaine somme X durement acquise. Plutôt que de dilapider le tout dans un seul et unique micro, aussi bien soit-il, le premier conseil que je lui donnerais serait d’utiliser au moins la moitié de son pécule pour acheter des traitements acoustiques. Alors oui je sais, c’est un peu comme conseiller à un photographe en quête d’un nouvel objectif de plutôt tabler sur un bon système d’éclairage. Seulement voilà, si vous me faites l’honneur de suivre cette série depuis le début, vous n’êtes certainement pas sans savoir que l’acoustique du lieu d’enregistrement est le maillon faible numéro un dans la grande majorité des home studios. Ainsi, il me semble tout aussi inconcevable d’inviter un MAOïste à s’offrir un superbe micro pour travailler dans une pièce non traitée que de pousser un photographe à se payer un nouvel objectif lorsque son lieu de prise de vue est plongé dans le noir. Certes, des panneaux de traitement acoustique seront moins « sexy » qu’un nouveau joujou, mais le gain qualitatif sur vos productions sera sans commune mesure face au simple achat de votre « précieux ». Je vous assure que je n’ai aucune action chez le moindre constructeur de traitements acoustiques, il s’agit simplement d’une vérité certes difficile à intégrer lorsque l’on débute, mais elle n’en demeure pas moins vraie.
Le deuxième conseil que je donnerais à notre sympathique néophyte serait de ne surtout pas claquer le reste de la somme dans une seule bestiole. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que votre objectif n’est certainement pas de faire une publicité pour mettre en avant les qualités du micro en question. Si je ne m’abuse, vous souhaitez plutôt trouver l’outil qui saura mettre avantageusement en lumière votre voix au sein de vos productions. Or, comme nous l’avons déjà vu à maintes reprises, il n’existe pas de micro idéal dans l’absolu. Comme le disait Einstein, tout est relatif ! Cela dépend du titre en cours de production, du style de voix sur ce titre, etc. Et arrêtez-moi si je me trompe, mais je ne pense pas que vous souhaitiez passer votre temps à faire et refaire ad nauseam le même morceau jusqu’à la fin de vos jours, n’est-ce pas ? Moralité, mieux vaut ne pas mettre tous vos oeufs dans le même panier en investissant dans plusieurs micros.
J’en entends déjà certains s’écrier derrière leur écran : « Oui, mais je n’ai vraiment que très peu d’argent et je pense qu’il vaut mieux que j’achète d’abord le meilleur micro possible et je verrai plus tard pour la suite. » Je me répète donc, la notion de « meilleur micro possible » n’a pas lieu d’être. Je vous assure que vous aurez de meilleurs résultats avec deux micros bien distincts à cent euros chacun plutôt qu’avec un seul à deux-cents euros. J’ai personnellement appris cette leçon à la dure à mes débuts, j’espère sincèrement que cet article vous évitera de commettre la même erreur.
Bien, voyons à présent comment orienter vos choix au moment de l’achat. A minima, « plusieurs » commence à deux. L’objectif étant une certaine diversité, je préconiserais donc d’opter pour un premier micro relativement neutre et un second plus « coloré ». Ces notions étant particulièrement subjectives, il m’est difficile de vous en dire plus à ce sujet sans que mes propres goûts en la matière ne viennent vous influencer. Ainsi, le meilleur conseil que je puisse vous donner se résume à essayer avant d’acheter. Ce n’est pas forcément évident, mais en se creusant un peu la cervelle, il est tout de même possible d’y arriver. En premier lieu, cherchez dans votre entourage si quelqu’un ne possède pas par hasard les joujoux que vous convoitez. Si vous avez la chance d’habiter non loin de magasins spécialisés, n’hésitez pas non plus à aller les solliciter. Sachez également que certaines boutiques en ligne pratiquent des politiques de retour produit suffisamment souples pour permettre des essais. Enfin, jetez un oeil aux studios d’enregistrement de votre région, cela pourrait valoir le coup d’aller y faire un comparatif des micros disponibles dans leur parc matériel.
Pour conclure cet article, je tiens à souligner que même si le hasard m’a fait intégrer celui-ci au chapitre consacré à l’enregistrement de la voix, il va sans dire que les conseils prodigués ci-dessus sont tout aussi valables lorsqu’il s’agit d’investir dans des micros pour la captation d’autres instruments.
Sur ce, je vous donne rendez-vous au prochain épisode !