Annoncée au Dancefair 2014, la série AIRA compte pour le moment 4 instruments : la TR-8 (boîte à rythmes), la TB-3 (séquenceur basse), le VT-3 (processeur vocal) et le System-1 (synthé hôte pour instruments virtuels). Nous venons de recevoir le VT-3. Contact !
Positionnée pour les musiciens/DJ nomades avec une forte orientation Dance, la série AIRA revisite les gloires du passé des marques Roland/Boss, dont la cote ne cesse de s’envoler : il faut aujourd’hui compter plus de 1500 euros pour une TB-303 et plus de 2000 euros pour une TR, fut-elle 808 ou 909. On ne pourra donc pas reprocher à Roland de proposer une version moderne — avec des composants actuels — de ces machines qui ont marqué l’histoire, bien des années après leur sortie, il faut bien l’avouer. On peut ainsi apparenter le VT-3 à une version contemporaine cent pour cent numérique d’un module ancien : le VT-1 de la marque Boss. On dit « ancien » et pas « vintage », car le VT-1 date de 1996, c’est donc – et de loin – l’appareil le plus récent modélisé par la série AIRA.
Vert pomme
Le VT-3 est embarqué dans un boîtier en plastique avec façade métallique noire entourée d’une bande vert pomme immanquable. Il est très léger, mais ne semble pas spécialement fragile, boutons, potards et curseurs sont bien attachés au PCB et restent dans l’axe. Côté fonctionnalités, la façade a clairement un air (ou deux) de VT-1. En haut, il y a deux potards, un pour le volume des sorties analogiques et un pour régler l’entrée micro ; ils tiennent compagnie à une LED Peak indiquant les saturations de niveau. En dessous, 6 boutons rétro-éclairés en vert pomme permettant respectivement de passer en mode robot (plus là-dessus ci-dessous), de basculer en mode manuel (position réelle des curseurs), d’appeler 3 mémoires utilisateur et de couper les effets. Tout en bas, on trouve 4 curseurs pour modifier le pitch, les formants, la balance d’effet et la réverbe, encadrant un sélecteur de type d’effets rotatif à 10 positions.
La connectique est présente à l’avant gauche et à l’arrière toute : devant, deux prises mini-jack permettent de connecter un casque stéréo et un micro type plug-in power ; derrière, il y a une prise USB2 pour l’audionumérique (et l’alimentation électrique, cool), un interrupteur secteur avec sa borne pour alimentation externe (fournie et de type bloc à l’extrémité), une prise pour pédale permettant de couper/activer les effets, une sortie stéréo gauche/droite (configurable en Wet + Dry mono grâce à un petit sélecteur) et une prise micro au format combo jack TRS/XLR avec interrupteur d’alimentation fantôme. Le VT-3 est donc compatible avec tout type de micro, un bon point !
Simple d’utilisation
L’ergonomie est on ne peut plus réussie, le contraire aurait été étonnant : pas d’écran donc pas de menus, tout se fait en temps réel et en expérimentant. Il n’y a pas de prise Midi, donc le seul moyen de raccorder un clavier contrôleur pour pitcher le son en temps réel est l’USB (depuis l’OS 1.10) ; il n’y a pas non plus de véritable effet vocodeur (le vrai, celui avec signal d’analyse tel que la voix modulant un signal de synthèse comme une nappe de synthé).
Typiquement, le VT-3 s’utilise en connectant un micro pour traiter des voix. On peut aussi injecter d’autres sources, telles qu’une rythmique, même si le résultat n’est pas toujours aussi probant que sur une voix. Outre l’alimentation électrique et les commandes Midi, la prise USB 2 permet d’interfacer les sources audio et un ordinateur, avec fonction de bouclage (le son de l’ordinateur est mélangé au son de l’entrée micro et le mix repart dans l’ordinateur) ; nous aurions aimé pouvoir utiliser le VT-3 en insert numérique via USB, mais impossible ou pas trouvé ; des drivers nécessaires pour PC (XP/Vista/Windows 7/8/8.1) et Mac (OSX 10.6.8/10.7/10.8/10.9) sont téléchargeables sur le site du constructeur.
Depuis l’OS 1.10, Le VT-3 est capable de faire de l’automation de ses commandes via USB ; il permet aussi de mémoriser le réglage des 4 curseurs, du choix de l’effet (parmi les 9 types) et de l’activation ou non du mode « Robot ». Toujours grâce à l’OS 1.10, les 3 mémoires de scène sont passées de 3 à 6, mais cela reste assez peu pour une machine contemporaine (c’est mieux que les 4 du VT-1). On peut toutefois désormais en faire une sauvegarde et restauration via USB.
Il est possible de copier une mémoire dans une autre très rapidement en maintenant tour à tour la mémoire source, puis la mémoire destination. Enfin, le manuel signale quelques fonctions cachées, comme le réglage de l’interface audio (en insertion avec mixage des entrées analogiques ou en sortie audio seule), le type et la polarité de l’éventuelle pédale raccordée et le mode par défaut du bouton Bypass.
Character trempé
Nous avons déjà vu que le VT-3 n’avait pas de véritable effet vocodeur. Typiquement, une fois une source audio (voix) connectée, on commence par régler le niveau d’entrée pour maintenir la meilleure intelligibilité possible. Un signal monodique est préférable, pour que le détecteur de pitch fonctionne correctement. Après avoir choisi le type d’effet (Character), on peut ensuite utiliser les 4 curseurs : triturer le pitch sur plus ou moins une octave, puis le formant de voix, le mixage d’effet et la réverbe. Le mode Robot va figer la tonalité (le suivi automatique de pitch est alors désactivé), ce qui permet de la contrôler à la main avec le curseur Pitch. Depuis l’OS 1.10, une DAW, un contrôleur ou un clavier USB peuvent contrôler ou rectifier le Pitch en temps réel, suivant l’effet sélectionné. On peut aussi piloter les paramètres de la machine via CC Midi (USB), vive l’automation !
Voyons les différents types d’effets : avec Direct, il n’y a pas d’effet Character. Auto Pitch 1 est une sorte d’auto-accordage doux et progressif, tandis qu’Auto Pitch 2 a un caractère plus bourrin (moins permissif) et donc plus artificiel (électronique), bien pour faire des clichés type Cher ou Daft Punk, avec un résultat plus ou moins probant ! Vocoder imite le fameux effet (modélisé à partir du VP-330, mais bon…) avec suivi de pitch automatique, mais sans accès à l’onde de synthèse, avec une intelligibilité assez moyenne.
Les réglages suivants, Synth/Lead/Bass, utilisent le signal micro pour piloter un son de synthé/lead aigu/basse, pour une intelligibilité là encore toute relative, réservée aux effets spéciaux. Mégaphone reproduit le son saturé du rappeur qui beugle dans le micro, alors que Radio crée le son saturé du rappeur qui beugle dans le micro, diffusé par une radio volontairement pourrie. Enfin Scatter crée une répétition rythmique dont le tempo, non ajustable, est fonction de la durée du son scatterisé (plus le son est court, plus les répétitions sont rapides) ; application immédiate, la human beat box ; mais c’est aussi pas mal sur une rythmique électro. À ces effets s’ajoute une réverbe de qualité très correcte, dont seule la quantité est paramétrable.
- Corson 0 orig 00:31
- Corson 1 00:34
- Corson 2 00:32
- Corson 3 00:32
- Freddie 0 orig 00:23
- Freddie 1 00:23
- Freddie 2 00:26
- Freddie 3 00:24
- Freddie 4 00:22
- Freddie 5 00:24
- ZBB 00:22
- ZTR 8 00:49
Conclusions
Au final, le VT-3 joue bien son rôle dans la transformation de la voix. Ce n’est pas un vrai vocodeur, mais il permet de créer d’autres effets délirants, avec des contrôles temps réel ou pilotés via USB, tout en faisant office d’interface audio. Passés les clichés de voix de robot ou d’autotune, on peut en sortir quelques créations intéressantes. On regrette surtout le manque d’intelligibilité quand on en a besoin. Mais avec un tout petit prix, voici un effet atypique qui permettra de bien se faire remarquer sur scène en donnant de la voix.
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