Dernière déclinaison de la série Proteus 2000, le Vintage Pro remet au goût du jour les claviers électroniques qui ont fait les beaux jours des Sixties, des Seventies et des Eighties. Dans un marché très fourni d’ersatz de machines vintage, quels sont les atouts du nouveau né E-mu ?
![Test du Vintage Pro de E-mu : Une tonne de claviers vintage dans un tout petit rack](https://img.audiofanzine.com/img/fr/article/cover/3895.jpg?fm=pjpg&w=704&h=396&fit=fill&s=ef6ee3a011d7a376f9e996f6510e298a)
(Test initialement paru en mai 2003)
Le Proteus 2000 a 4 ans, soit 10 de moins que le Proteus originel. C’est vrai que le temps passe vite. Très vite, car en à peine 4 ans, le Proteus 2000 est déjà la machine la plus déclinée de l’histoire de la musique : 10 modules en rack (Proteus 2500, Proteus 2000, Proteus 1000, B-3, XL-1, Mo-Phatt, Orbit 3, Virtuoso 2000, Planet Earth, Vintage Pro), 2 stations de commande en console (XL-7, MP-7,) et 5 claviers de 5 octaves (PX-6, XK-6, MK-6, Halo et Vintage Keys). Aujourd’hui, le Vintage Pro reprend le flambeau des Classic Keys et Vintage Keys sortis il y a 10 ans, eux-mêmes à l’époque dérivés du Proteus de 1989. Une lignée qui ne va pas tarder de s’agrandir avec la station PX-7, que nous avions découverte à Francfort lors de la Music Messe 2003. En attendant, retour vers le présent. Ou plutôt vers le passé…
Air connu
La connectique de la face arrière est tout à fait complète : 3 paires de sorties stéréo dont 2 sont configurables en inserts audio, une sortie Cinch S/P-Dif compatible AES-Pro, un trio Midi + un duo Midi (permettant de gérer 32 canaux) et une borne 3 broches secteur (alimentation interne universelle à détection automatique). Sous le capot, on découvre 4 slots pour Rom Simm maison de 16 ou 32 Mo, dont l’une est occupée par la Vintage Rom. Ainsi, le Vintage Pro peut être étendu à 128 Mo de Rom que l’on puisera dans l’impressionnante liste de cartes optionnelles.
Machines prestigieuses
Les résultats sont spectaculaires, comme le démontrent les 512 programmes d’usine. La plupart des instruments est reproduite avec des niveaux multiples de vélocité. Les Fender sont de toute beauté. Du plus doux au plus dur, avec ça et là une pointe de distorsion. Idem pour les Wurly, dont la réponse à la vélocité se montre des plus convaincantes. Les différents synthétiseurs analogiques sont très satisfaisants : basses hyper puissantes, nappes très amples et envolées de filtres finement recréées. Coup de cœur pour le CP70 idéalement capturé : présence, rondeur, caractère et réponse dynamique. L’un des meilleurs échantillons de CP70 à notre goût. En revanche, le Clavinet nous a déçus, car il manque de mordant. Nous avons contourné le problème en ajoutant une couche d’attaque courte et un compresseur en insert. C’est là notre seul regret. Les B-3 sont bien rendus, même s’ils n’égalent pas le module dédié B-3 ; c’est bien normal, l’acquisition de la Rom B-3 est un excellent complément. Quant aux sons de percussions, rien à redire. Tout y est, avec le gros son d’origine.
Synthèse profonde
Avant de rejoindre la sortie, chaque couche peut être routée vers l’un des 4 bus de la section effets ou sortir sèche. Maladie héréditaire, on ne trouve aucun éditeur de kits de percussions, ce qui ne permet pas d’obtenir des paramètres séparés note par note. Seuls les kits en Rom préparés et mappés par E-mu peuvent être utilisés tels quels, dommage. La machine renferme 512 emplacements pour les programmes utilisateur. Cela devrait suffire !
Modulations exceptionnelles
Effets dépassés
Pour régler les départs effets en mode multitimbral, on dispose de 4 bus élémentaires avec niveaux globaux vers chaque processeur, mais pas de départs séparés par canal. Ce qui fait trop juste quand on a 32 canaux. Par ailleurs, les quelques paramètres d’effets disponibles ne sont pas modulables. Pour plus de souplesse, il faut utiliser les 2 sorties stéréo Sub en tant qu’inserts d’effets avec un processeur externe. Seule la bonne qualité sonore sauve ce processeur d’effets – par ailleurs identique à celui des Emulator 4 Ultra – de la correctionnelle.
Arpégiateur multitimbral
Le motif peut être synchronisé, quantisé, retardé et arrêté à volonté. On trouve un mode Latch et un démarrage au « Midi Song Start ». Enfin, les notes arpégées peuvent être envoyées par Midi Out. Il y a 300 motifs en Rom et 100 motifs utilisateur. Ces derniers possèdent 32 pas avec 4 paramètres modifiables par pas : note (décalage de +/- 48 demi-tons, liaison avec la note précédente, silence ou suppression de pas), vélocité, durée et répétition. De quoi satisfaire les plus difficiles !
Motifs rythmiques
Il existe plusieurs modes de déclenchement : calage sur l’enfoncement de touche, marche / arrêt alternés et jeu sur une mesure unique. Le riff peut être redémarré avec un message « Song Start ». La matrice de modulation permet d’affecter un contrôleur au déclenchement des canaux. On peut ainsi faire apparaître progressivement les pistes avec la molette de modulation ou la pression de clavier. Les 16 arpégiateurs et les Beat Patterns peuvent tourner en même temps. De quoi faire bouger la foule, même si on perd parfois les commandes.
Setups multitimbraux
A l’usage, le fait de faire tourner 16 arpégiateurs, les Beat patterns et des modulateurs synchronisés sur le tempo n’apporte aucun temps de délai perceptible. Le Vintage Pro traite parfaitement des flux Midi importants sans broncher, ce qui n’est pas toujours le cas des machines concurrentes poussées à l’extrême. Une excellent point à signaler !