Depuis sa sortie en 2011, la Hall of Fame de TC Electronic s’est imposée comme un classique des pédales de réverbe au tarif contenu. Sans boxer dans la catégorie des machines haut de gamme d’Eventide, Strymon, ou Neunaber, la petite pédale numérique pouvait se targuer d’offrir de nombreuses sonorités au sein d’un petit boîtier, tout en restant facile d’utilisation. C’est donc avec une certaine excitation que nous avons appris l’arrivée de la HoF 2 en mai dernier. Non content d’avoir retravaillé ses algorithmes et incorporé un nouveau mode Shimmer, TC Electronic a innové en proposant l’étonnant footswitch MASH. Vous ne savez pas encore ce que c’est ? Lisez donc ce test.
Déjà-vu
Nous retrouvons avec la Hall of Fame 2 le boîtier classique de TC Electronic et ses courbes familières. Esthétiquement, la pédale n’a pas changé d’un iota par rapport au premier modèle, et les contrôles sont rigoureusement les mêmes. L’on retrouve donc trois potards modifiant la longueur de la réverbe, sa tonalité, et son volume, ainsi qu’un potard cranté pour choisir les différents modes. Les contrôles paraissent solides et offrent une petite résistance qui offre une grande précision. Le bouton de mode nous a toutefois laissés sur notre fail puisqu’il n’est pas complètement cranté et peut donc se retrouver parfois pile entre deux modes.
Enfin, un sélecteur permet aussi de choisir deux modes de pre-delay : Short et Long. Ce paramètre agit sur le temps séparant le son dry de la guitare du son réverbéré. TC Electronic a d’ailleurs augmenté à 300 millisecondes le temps maximum de façon à proposer un son plus large. Jusque là, TC ne propose rien de bien excitant. Il faut en fait se pencher un peu plus en détail sur le boîtier pour repérer trois nouveautés principales.
Fan service
Tout d’abord, le potard de sélection de mode est entouré par de nouvelles sérigraphies. On retrouve les modes Room, Hall, Spring, Plate, Church, Mod, LoFi, ainsi que l’emplacement Tone Print, mais trois sons ont disparu : Amb, Tile, et Gate. À la place, on découvre un mode Shimmer (Shim), et deux emplacements Tone Print supplémentaires, ce qui laisse la possibilité de rappeler à tout moment trois presets. Ce dernier point est une première pour un modèle compact chez TC Electronic, et vient enfin combler un manque. En branchant la pédale à un ordinateur via USB, ou en utilisant l’application Tone Print Editor sur smartphone, vous pourrez modifier beaucoup plus de paramètres que ce qui est offert par les potards, enregistrer vos presets et les envoyer dans l’un des 3 emplacements, ou encore charger des presets d’artistes. Les possibilités sont immenses, et la multiplication du nombre d’emplacements Tone Print donne une dimension supérieure à cette fonction. Quant au mode Shimmer, c’est un classique de la réverbe d’ambiance particulièrement apprécié. Sur le papier, TC a donc tout bon, mais ces améliorations restent mineures ou dans la continuité des précédentes technologies du fabricant. Pour enfin être surpris, il faut à nouveau observer la pédale : on remarque alors une LED qui n’était pas présente sur la première HoF et qui est surplombée du logo MASH. Ce même logo que l’on retrouve à côté du footswitch d’activation de la pédale qui semble, lui aussi, avoir changé…
MASH est en fait une toute nouvelle technologie développée par le constructeur. Il s’agit d’un sélecteur au pied sensible à la pression. Un coup bref et appuyé enclenche la pédale, mais il est aussi possible de contrôler des paramètres de la réverbe en appuyant plus ou moins fortement sur le footswitch. À mi-chemin entre une pédale d’expression et un footswitch classique, il offre plus d’expressivité en permettant de jouer sur la queue de la réverbe, ou bien sur le pitch de l’effet Shimmer. Plutôt alléchant, non ?
Pour conclure cette découverte de la pédale, ajoutons que des entrées et sorties stéréo sont disponibles sur les côtés, ainsi qu’un sélecteur interne pour utiliser la machine en mode True Bypass ou bufferisée et un autre pour la fonction Kill-Dry . Notons enfin que la Hall of Fame 2 peut être alimentée par une pile.
Des réverbes et un homme
Il est temps d’écouter la Hall of Fame 2. Les enregistrements ont été effectués avec une guitare Ibanez RG Prestige. Nous avons opté pour le Kemper Profiler — et non pour notre Fender Twin Reverb — en raison de ses capacités stéréo. Le Kemper est relié en stéréo à une carte son Steinberg UR22. La pédale, quant à elle, est dans la boucle d’effets du Kemper, et le preset sélectionné simule un Twin Reverb.
- 1 Modulation Mono 00:44
- 2 Modulation Stéréo 00:46
Comme toujours avec ce type de pédale, il existe un gouffre entre les utilisations mono et stéréo. En stéréo, le son de la Hall of Fame 2 prend une ampleur considérable. Les sonorités sont aussi plus subtiles et moins agressives. On entend certains détails jusque là insoupçonnés, à tel point qu’il est difficile de se résoudre à utiliser la pédale de manière classique, en mono dans un ampli.
- 3 Room 02:08
- 4 Hall 02:38
- 5 Spring 03:18
- 6 Plate 03:16
- 7 Church 02:58
- 8 Shimmer 03:26
- 9 Mod 02:44
- 10 LoFi 01:54
D’un point de vue général, le rendu sonore est vraiment bon pour le prix. Ce n’est jamais trop synthétique, hormis pour certains modes comme le Shimmer qui revendique cet aspect. Les réverbes s’inscrivent par contre dans un registre assez lisse et transparent qui ne siéra pas à tout le monde. Hormis cet élément, la différence avec les modèles haut de gamme se joue subtilement sur les queues de réverbes. On sent un fade out un tout petit peu trop brutal sur la dernière seconde avant que le son ne s’éteigne complètement. C’est plus frappant lorsque le decay est court, puisque la disparition du signal est plus vive. Cependant, au regard du tarif de la Hall of Fame 2 (169 €), le son est de qualité.
Le réglage de volume et le decay interagissent vraiment, et il est nécessaire d’utiliser ses deux boutons pour paramétrer la présence de la réverbe de façon subtile. Le spectre de possibilités est large, de réverbes très sèches à un feedback quasi infini. Le Tone, lui, s’avère surtout utile avec les modes originaux comme les réverbes Shimmer ou Modulation. En poussant les aigus, l’on met en avant les changements de pitch ou les légères modulations, alors qu’ils seront gommés petit à petit lorsqu’on assombrit les sonorités.
Le sélecteur de pre-delay change vraiment le ressenti de jeu. Effectivement, en mode Long on sent bien que l’effet réverbe tarde un peu à venir. Avec un decay faible, cela offre un effet évoquant un slap-back, alors que lorsque le Decay est poussé la réverbe gagne en ampleur et en longueur. Notons que cette « latence » diffère selon les types de réverbérations, et qu’on la ressent particulièrement avec les modes Spring ou Plate. En mode Short, la réverbe démarre quasiment au moment où le guitariste attaque la corde, mais, encore une fois, cela change suivant les modes. On ressent par exemple un bon décalage en mode spring même lorsque le pre-delay est court. On regrette donc de ne pas pouvoir régler complètement le pre-delay grâce à un potard, et de ne pas pouvoir le placer à 0 par exemple. En définitive, le mode Short se prêtera à des sonorités plus naturelles et classiques pour apporter un peu de corps à des arpèges, alors que le monde long s’avère utile pour créer des ambiances et des nappes ou pour des effets types slapback.
Comme souvent avec les réverbes numériques, les simulations de réverbes analogiques n’offrent pas exactement les mêmes sensations que les véritables machines. La Spring fera illusion dans un mix, mais, lorsqu’on tend bien l’oreille, on ne retrouve pas le comportement typique des ressorts. À l’inverse, les effets planants comme les modes Church ou Modulation sont vraiment réussis et créent tout de suite une atmosphère délicieuse. Quant au nouvel effet Shimmer, il manque un poil de subtilité. Parfois agressif dans les aigus, il requiert l’utilisation du bouton de tonalité. On aurait aussi aimé pouvoir modifier certains paramètres, comme le pitch, mais ce n’est pas possible. Enfin, si l’on se contente des potards présents sur la pédale…
Univers en expansion
Comme la plupart des produits guitares TC Electronic, la HoF 2 est compatible Toneprint. Avec le logiciel d’édition (PC, Mac, iOS et Android), les possibilités sont décuplées. Plus de 40 paramètres divisés en trois sections — Reverb, Modulation et Octaver — peuvent-être modifié dont le pitch, le pre-delay (on peut enfin le mettre à 0), l’égalisation, etc. Il est même possible de choisir la fonction des potards physiques de la pédale en leur assignant n’importe quel paramètre offert par le logiciel. C’est tout bonnement impressionnant et particulièrement adapté à une pédale de réverbe, d’autant plus que, dorénavant, trois sons personnalisés peuvent être envoyés dans la pédale. Enfin, comme d’habitude, des presets TC ou des presets d’artistes (dont Mateus Asato, Albert Lee, Devin Townsend, Steve Vai, Guthrie Govan, ou encore J.D. Simo) sont disponibles. Écoutons un exemple sonore présentant différents presets.
MASHmallow
Nous ne pouvons pas clore ce test sans parler de la technologie MASH qu’inaugure la Hall of Fame 2. TC Electronic compte beaucoup sur cette fonction, puisque la toute nouvelle Flashback 2 en est aussi dotée. Comme nous l’évoquions précédemment, MASH est un footswitch sensible à la pression, et il peut ainsi contrôler des paramètres de la réverbe. De base, il contrôle souvent le volume de la réverbe. C’est le cas avec les modes Room, Hall, Spring, Plate, et Shimmer. En modes Church et LoFi, il modifie le decay, alors qu’il agit sur la profondeur et la vitesse de modulation en mode Modulation. Voici ce que cela donne.
- 12 MASH Shimmer 01:12
- 13 MASH LoFi 01:04
Le sélecteur à l’aspect d’un footswitch classique, et un appui bref enclenche l’effet. Pour découvrir la partie « pédale d’expression », il faut enfoncer complètement le footswitch. C’est alors que la sensibilité à la pression se déclenche. Il n’y a donc pas de résistance avec des ressorts, et il est difficile de contrôler son appui. Heureusement une LED située près des potards s’illumine plus ou moins vivement en fonction de la pression exercée. On remarque alors que le sélecteur au pied est vraiment sensible.
Ce système requiert un véritable apprentissage et permet de belles choses, mais il ne nous a pas complètement convaincus. Tout d’abord, il n’existe pas réellement de course, puisque le footswitch est déjà enfoncé lorsque la sensibilité à la pression s’enclenche. C’est donc le poids exercé qui compte et il faut vraiment maîtriser son pied, car aucune incartade n’est permise. Attention donc aux contextes lives à l’ambiance électrique : vous ne pourrez pas vous permettre de contrôler votre réverbe à grand coup de Dr. Martens. De plus, comme le sélecteur MASH demande un appui assez fort, il n’est pas possible de l’utiliser avec le doigt. Bien entendu, il n’a pas été conçu pour cela. Mais nous sommes nombreux à aimer expérimenter avec une pédale en utilisant nos mains avant d’opter pour les pieds.
Enfin, ajoutons que MASH est à l’origine configuré pour augmenter progressivement un paramètre en fonction de la force de l’appui, mais les valeurs minimales et maximales sont préprogrammées. Attention donc au réglage de vos potards physiques ! L’idéal est de choisir un réglage qui correspond à la valeur minimale configurée pour l’appui MASH, sans quoi, une fois le footswitch enfoncé pour actionner la fonction MASH, vous aurez des changements brutaux. Heureusement, le TonePrint Editor permet d’assigner au footswitch n’importe quel paramètre et même de choisir les valeurs minimales et maximales, ainsi que la courbe d’évolution. Encore une fois, le logiciel de TC s’avère indispensable.
Conclusion
En reprenant la recette du premier modèle, la Hall of Fame 2 ne pouvait pas décevoir tant la pédale d’origine était réussie. Cette nouvelle version promettait une révolution, mais c’est finalement une évolution à laquelle nous avons le droit, car la technologie MASH ne nous a pas entièrement conquis. Apporter plus d’expressivité est une bonne idée, mais le système reste inachevé et nous préférerions, pour l’instant, avoir une entrée EXP et utiliser une pédale d’expression.
Le son, quant à lui, est toujours de qualité au regard du prix, notamment en stéréo. La pédale est polyvalente grâce à ses nombreux modes, même si elle s’en sort mieux sur les sons d’ambiance que sur les réverbes classiques comme la spring. Quant au nouveau mode Shimmer, il apporte un peu d’originalité et, surtout, un algorithme de pitch très utile pour créer de nouvelles sonorités par l’intermédiaire du logiciel TonePrint Editor. Car s’il y a un enseignement à tirer de ce test, c’est bien que le système TonePrint devient petit à petit indispensable pour exploiter au mieux les pédales TC Electronic. Les possibilités sont infinies, et il serait idiot de s’en passer. Le fabricant serait d’ailleurs bien inspiré d’enfin intégrer une connexion Bluetooth pour offrir un contrôle en temps réel depuis des appareils mobiles.
En définitive, si la HoF 2 ne fait pas d’ombre aux solutions haut de gamme notamment au niveau sonore, elle n’a pas non plus à rougir. Avec le TonePrint, elle est tout aussi polyvalente et paramétrable, mais moins chère, et originale grâce au footswitch MASH malgré ses limites. Le pari est donc gagné.