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Akai Professional S6000
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Test du S6000 de Akai

Test écrit
Godzilla
9/10
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Après plusieurs années de suprématie américaine, Akai revient en force au pays des gros échantillonneurs. Avec le S6000, la firme nipponne a créé un monstre prêt à piétiner ceux qui lui ont fait tant de mal. A la lecture des spécifications, nous ne donnerons qu’un seul mot d’ordre : tous aux abris !

Test du S6000 de Akai : Godzilla

(Test initia­le­ment paru en janvier 1999)

L’échan­tillon­nage, déve­loppé au début des années 80, fait partie des tech­no­lo­gies qui n’ont cessé de progres­ser pour avaler et digé­rer de plus en plus de données à chaque nouvelle géné­ra­tion. Le pion­nier en la matière a été E-mu en 1981 avec l’Emu­la­tor, un échan­tillon­neur 8 bits mono doté de 128 K de Ram. Mais la fin des années 80 verra la victoire d’Akai avec le S1000, capable de sampler en stéréo sur 16 bits avec 16 voix de poly­pho­nie et une Ram de 32 Mo. Que de progrès en moins de 10 ans ! C’est à peine le temps néces­saire à E-mu pour retrou­ver sa supré­ma­tie grâce à l’E-mu IV puis l’E-Synth, offrant dans sa version boos­tée 128 voix de poly­pho­nie, 128 Mo de Ram et 32 Mo de Rom. Egale­ment présent aujour­d’hui sur le segment haut de gamme, le K2500 de Kurz­weil avec 48 voix de poly­pho­nie (ou 192 oscil­la­teurs numé­riques), 128 Mo de Ram et 28 Mo de Rom. Chez E-mu comme chez Kurz­weil, on a égale­ment mis l’ac­cent sur la synthèse (filtres Z-plane ou algo­rithmes VAST) avec modu­la­tion matri­cielle surpuis­sante. Toutes ces carac­té­ris­tiques impres­sion­nantes, Akai a du les décor­tiquer pendant sa longue traver­sée du désert qui a suivi la série 3000 et pour tenter de reprendre ses posi­tions sur un marché en nouvel essor, la firme nippone a dû créer une bestiole presque deux fois plus grosse que ses condis­ciples. Avec un grand LCD 320 × 240 points, 128 voix de poly­pho­nie, 256 Mo de Ram (maxi­mum), 32 canaux Midi, 2 ports SCSI et 16 sorties, le S6000 est venu d’ex­trême orient pour tout atomi­ser sur son passage. Voyons si l’er­go­no­mie, le grain et d’autres quali­tés essen­tielles ont aussi fait le voyage.

Belle est la bête

S6000 couvDu haut de ses 4 unités de couleur crème, le S6000 affiche une face avant extrê­me­ment bien conçue. En fait, le panneau de commandes peut se déta­cher pour venir se poser à plat, élimi­nant ainsi la trem­blotte ou les cour­ba­tures après six heures d’uti­li­sa­tion non stop. A gauche du panneau, seuls le bouton d’ali­men­ta­tion, le lecteur de disquettes et la trappe pour disque dur 3,5 pouces (type amovible Zip, Jaz, Syquest ou autre) restent soli­daires de l’unité. A droite, il en est de même pour le poten­tio­mètre de volume, le poten­tio­mètre de casque (très chic), la sortie casque et les deux entrées sampling jack 6,35 mm asymé­triques. La partie déta­chable est consti­tuée d’un magni­fique LCD 320 × 240 points à fort contraste (réglable), trônant au beau milieu de 16 touches logi­cielles (2 rangées de 8 de part et d’autre) et 8 autres touches de fonc­tion juste en dessous. Ces dernières, béné­fi­ciant de leur propre diode lumi­neuse, servent à sélec­tion­ner les modes essen­tiels de la machine : multi­tim­bral, effets, édition échan­tillon, programme, échan­tillon­nage, utili­taires, sauve­garde et char­ge­ment disque.

La droite du LCD est consa­crée aux réglages d’édi­tion, avec un pavé numé­rique, un alpha­dial cranté accom­pa­gné de 2 touches <>, 3 touches assi­gnables, les touches Mark, Jump, Window, Undo, Enter et Exit. Window permet d’ou­vrir un sous-menu local en cours d’édi­tion, lorsque cela est indiqué par une petite flèche près des fenêtres des para­mètres. Le panneau déta­chable est relié à l’unité par un tout petit câble multi­broches soli­de­ment vissé des deux côtés. A l’heure de la télé­pho­nie mobile, on rêve de trans­mis­sions sans fil ! Enfin, une prise permet de raccor­der un clavier ASCII (QWERTY) pour entrer rapi­de­ment des noms. Passons main­te­nant à la face arrière du S6000, un autre modèle du genre. Tout y est en double : 2 rangées de 8 sorties (ou 8 paires stéréo) format jack 6.35 mm asymé­triques, 2 sorties stéréo et 2 entrées sampling en XLR symé­trique, 2 inter­faces SCSI 50 broches half­pitch (dur dur !), 2 trio Midi (32 canaux obligent) et 2 trappes pour exten­sions, dont une inter­face numé­rique ADAT 16 pistes . Même le venti­la­teur a 2 vitesses (par logi­ciel) et on trouve aussi des entrées / sorties numé­riques AES / EBU (ou S/PDIF) en jack et optique, ainsi qu’une entrée BNC Word­clock. Voilà, c’est complet et vrai­ment maousse costaud !

Antre du monstre

S6000 backNous avons testé le S6000 dans sa version 1.01, car nous refu­sons de baser nos bancs d’es­sai sur des versions béta incom­plètes ou d’an­non­cer des spéci­fi­ca­tions sans véri­fier la véra­cité de nos propos dans la version commer­cia­li­sée, par respect pour le lecteur. D’ailleurs, les nouveaux OS sont toujours dispo­nibles et gratuits sur le site Inter­net Akai (www.akai.com/akai­pro). Pour assu­rer une qualité opti­male, le signal audio passe en entrée par des conver­tis­seurs A/N 18 bits avec suréchan­tillon­nage 64 fois, DS du 5ème ordre et traverse en sortie des conver­tis­seurs N/A 20 bits avec suréchan­tillon­nage 128 fois. La carte EB20 (proces­seur d’ef­fets) travaille elle aussi sur 4 canaux de 20 bits. Curieu­se­ment, nous avons réussi à obte­nir de l’alia­sing sur une cymbale échan­tillon­née à 22 kHz (tirée des 4 pauvres disquettes en format natif four­nies avec la machine) et trans­po­sée 2 octaves vers le haut, ce qu’un K2500 produit une demie-octave plus haut sur le même échan­tillon. Nous avons donc poussé notre curio­sité sur des ondes moins riches en tran­si­toires et moins complexes (dents de scie) : même résul­tat en moins exagéré.

Mais qu’on se rassure, un échan­tillon à 44 kHz passe sans problème, ouf ! Le son est cris­tal­lin et la bande passante ne semble pas rabo­tée dans l’aigu. Ceux qui n’aiment pas la colo­ra­tion seront comblés alors que ceux qui recherchent une person­na­lité plus marquée (un grain) seront en reste. Le S6000, c’est trans­pa­rent comme du Bacca­rat. La seule ques­tion à se poser, c’est pourquoi Akai n’en a-t-il pas profité pour passer en 24 bits 96 kHz afin d’en­fon­cer défi­ni­ti­ve­ment le clou par rapport à ses concur­rents ? En fait, il semble que le passage amène plus d’in­con­vé­nients (compa­ti­bi­lité de banques pour les utili­sa­teurs) que d’avan­tages. Le marché ne semble pas encore tout à fait mûr. Ceci dit, la récente sortie d’une carte 24/96 pour le DD8 et les connec­teurs internes du S6000 portent à penser qu’un passage en 24/96 est tout à fait envi­sa­geable. A suivre…

De Charybde en Scylla

S6000 1Pour navi­guer entre les diffé­rents éditeurs, le S6000 nous propose une approche très convi­viale, à partir des 16 touches logi­cielles (sélec­tion directe du para­mètre) et du data entry (édition du para­mètre). En fait, on se rend compte qu’il n’y a la plupart du temps qu’un niveau d’ar­bo­res­cence (deux au maxi­mum) pour atteindre la bonne fonc­tion. Mieux, certaines pages auto­risent des allers et retours directs à d’autres pages (par exemple, page du filtre / page enve­loppe de filtre), ou encore accès direct aux pages des sources / desti­na­tions de modu­la­tion d’un para­mètre (par exemple, saut aux pages LFO ou enve­loppes depuis la page d’am­pli­tude). Fin du fin, l’édi­tion est à double sens, c’est-à-dire que l’on peut chan­ger le programme ou l’échan­tillon en cours de réglage d’un para­mètre donné. Appli­ca­tion (un jour de grande forme) : bouclage de tous les multié­chan­tillons d’un orchestre phil­har­mo­nique au grand complet sans sortir de la page d’édi­tion des boucles. C’est convi­vial, c’est rapide et d’une puis­sance remarquable. Seul reproche, la touche Undo est inac­tive dans la version actuelle de l’OS.

Grâce à son large LCD, le S6000 indique en son centre le nombre de multi, programmes et échan­tillons char­gés ainsi que la mémoire restante, histoire de garder le Nord. Passons au manuel, en français bien traduit et très concis (moins de 200 pages). Il est commun aux S5000 et 6000, ces deux machines étant très proches. Akai suggère d’ailleurs avec humour (au second degré) que c’est là sa contri­bu­tion à l’en­vi­ron­ne­ment et une manière de réduire les coûts. Dans ce cas, pourquoi avoir ajouté un adden­dum de 20 pages qui vient corri­ger un coup parti trop vite ? En fait, il s’agit du premier « substrac­tum » à notre connais­sance, dans lequel le construc­teur s’ex­cuse, cour­bettes à l’ap­pui, pour avoir parlé un peu trop vite dans le manuel de base. Ah, ces Japo­nais, quelle correc­tion ! Ainsi, on apprend qu’il faudra attendre un prochain OS pour avoir un affi­chage graphique de la courbe du filtre, pour conver­tir direc­te­ment des samples de S1000, pour « cross­fa­der » lors de l’ex­trac­tion d’une portion d’échan­tillon, pour dispo­ser d’un lecteur de Midi File ou pour « times­tret­cher » entre deux points au choix. Nous saluons cette fran­chise mais nous atten­dons une réac­tion rapide, main­te­nant que nous avons l’eau à la bouche !

Proie pour Jabba

S6000 back2Le S6000 est la réponse aux besoins des amateurs de congé­la­tion carbo­nique : un échan­tillon­neur pur et dur conçu pour les profes­sion­nels les plus exigeants. La machine travaille sur 16 bits linéaires à 44.1 et 48 kHz et stocke les échan­tillons au format .WAV entre­lacé. Deux avan­tages : le choix d’un format univer­sel (PC) et la conser­va­tion d’une cohé­rence stéréo lors du stockage et de l’édi­tion. En version de base, la machine contient 8 Mo de Ram soudés sur la carte mère, exten­sible à 256 Mo au moyen de 4 barrettes Simm 64 Mo, de type 72 broches et de temps d’ac­cès infé­rieur à 70 ns. Dans ce dernier cas, les 8 Mo d’ori­gine sont igno­rés. Pour échan­tillon­ner sur le S6000, il suffit de connec­ter une source audio et pres­ser la touche Record située sous le LCD pour entrer dans la page adéquate. Celle-ci permet le réglage logi­ciel du niveau d’en­re­gis­tre­ment (avec l’aide de 2 vu-mètres), la source audio (analo­gique, numé­rique, optique ou interne), le mode de déclen­che­ment (manuel, seuil, auto­ma­tique ou note Midi), la durée et la note origi­nelle (celle-ci peut être direc­te­ment choi­sie en appuyant sur la touche corres­pon­dante du clavier Midi tout en main­te­nant la touche logi­cielle du S6000). Le mode de déclen­che­ment auto­ma­tique est assez origi­nal, puisqu’il permet le démar­rage au-delà d’un seuil puis l’ar­rêt en deçà du seuil. En mode source interne, le S6000 est capable de ré-échan­tillon­ner ses sorties prin­ci­pales avec les effets.

Une fois l’en­re­gis­tre­ment effec­tué, une fenêtre indique si le signal a subi un écrê­tage et une autre demande de confir­mer ou non le passage immé­diat en congé­la­tion. Là où le S6000 passe à la vitesse supé­rieure, c’est dans sa capa­cité à envoyer les sons direc­te­ment au bac à surge­ler (disque dur, amovible) sans consom­mer de Ram (256 Mo, c’est si peu !). Seules restric­tions, la durée d’échan­tillon­nage est curieu­se­ment fonc­tion de la Ram dispo­nible (ce n’est donc pas du pur DtD), les échan­tillons virtuels ne peuvent pas être joués en accord ni en boucle. Par contre, il est possible d’en déclen­cher plusieurs en même temps suivant la rapi­dité du disque dur (au moins 8 pistes stéréo avec un Jaz 1 Go). La lecture est instan­ta­née et il est assez facile de conver­tir des samples Ram en samples virtuels et réci­proque­ment. De plus, ils sont trai­tés comme des samples clas­siques au sein d’un programme ou d’un multi, avec tous les trai­te­ments numé­riques et synthé­tiques à dispo­si­tion. Assez souple pour un gros lézard !

Chez le Yeti

S6000 front2Les musi­ciens à l’aise en milieu gelé vont pouvoir s’écla­ter avec le S6000. Non pas qu’il dispose de trai­te­ments DSP hors du commun, mais ils sont faciles à utili­ser, les temps de calcul sont corrects et l’édi­tion graphique est superbe. De plus, les poin­teurs (début, fin, boucle) sont expri­més en secondes ou en échan­tillon, la classe ! Un échan­tillon peut être édité à sec ou dans le contexte d’un programme. Le LCD affiche presque en perma­nence sa durée, sa fréquence d’échan­tillon­nage, son type (Ram ou virtuel) et ses prin­ci­pales carac­té­ris­tiques (mono, stéréo, en boucle…) par des petites icônes. Des fonc­tions de base permettent de rendre mono un sample stéréo, d’en inver­ser la lecture et de le norma­li­ser. La tron­ca­ture est dotée de possi­bi­li­tés de recherche auto­ma­tique de début et fin avec un réglage de seuil qui élimine les portions d’au­dio non signi­fi­ca­tives, histoire de couper au bon moment scien­ti­fique­ment plutôt qu’au pif. Chop permet de couper, suppri­mer ou extraire des portions d’au­dio entre deux points. Seuls manquent à l’ap­pel des réglages de cross­fade, promis pour une future version de l’OS. Pour leurs parts, les fonc­tions de bouclage permettent la recherche de points zéro, la lecture en avant ou bidi­rec­tion­nelle (mais pas en arrière), l’ac­cord de la boucle (indis­pen­sable pour les boucles courtes) et le cross­fade (linéaire, loga­rith­mique ou sinu­soï­dal, mais pas de courbe « mix » ou « equal »).

Autres fonc­tions, Join et Mix permettent de coller deux échan­tillons bout à bout (avec cross­fade) ou l’un sur l’autre (avec la possi­bi­lité de passer en stéréo à partir de deux samples mono). Fade permet un fade in et out avec trois courbes dispo­nibles (linéaire, log ou sinus), Resample peut effec­tuer une conver­sion de la fréquence d’échan­tillon­nage et/ou une réduc­tion de bits (bonjour les sons grungy !). Passons main­te­nant aux fonc­tions en vogue, Times­tretch (de 50% à 200% avec 18 presets et 3 quali­tés) et son alter ego Pitch Shift. Ayant compris l’im­por­tance de la qualité que l’on était en droit d’at­tendre, Akai n’a pas hésité à emprun­ter les algo­rithmes de sa station numé­rique haut de gamme DD1500. Bilan, des résul­tats très corrects avec un grand respect pour le verrouillage de phase des sons stéréo. D’ailleurs à + ou – 10%, le Times­tretch est parfait. Mieux, la fonc­tion est couplée à un calcu­la­teur de tempo, BPM Match, capable de faire coïn­ci­der la vitesse de 2 boucles pour peu qu’on en ait indiqué le tempo d’ori­gine. Pour termi­ner, un égali­seur 3 bandes (2 semi-para­mé­triques et 1 para­mé­trique) peut être utilisé. Seul regret (mais il est impor­tant), toutes les fonc­tions destruc­tives sont globales et ne peuvent pas s’ef­fec­tuer sur une portion d’un échan­tillon, contrai­re­ment au K2500 par exemple. Par contre, dès qu’un trai­te­ment numé­rique est effec­tué, la machine propose d’écou­ter le son avant et après trai­te­ment afin de sauve­gar­der sa version préfé­rée ou les deux. Diffi­cile de faire plus simple. Bien sûr, toutes ces fonc­tions tirent large­ment partie du grand LCD, capable d’af­fi­cher en même temps le sample édité inté­gra­le­ment et la portion en cours d’édi­tion, avec possi­bi­li­tés multiples de zoom. Gros plan sur la bête !

Thril­ler night

S6000 remotePour rame­ner à la vie nos sons conge­lés, rien de tel qu’une puis­sante synthèse sonore et de nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tion. Dans ces domaines, le S6000 excelle là encore. En fait, les samples sont assem­blés en Keygroups (99 par programme) pouvant conte­nir chacun jusqu’à 4 samples stéréo, avec réglages sépa­rés de fenêtre de tessi­ture, de cross­fade et de vélo­cité. Grâce au grand écran, la répar­ti­tion des samples sur le clavier se fait graphique­ment, royal ! Chaque Keygroup dispose alors de ses propres réglages de para­mètres de synthèse, sachant qu’on peut passer de l’un à l’autre au sein d’un même para­mètre (édition là aussi à double sens) ou éditer tous les Keygroups d’un même programme en même temps. L’ar­chi­tec­ture sonore d’une voix est basée sur le schéma clas­sique « hauteur, filtre, ampli­fi­ca­teur, pano­ra­mique » avec respec­ti­ve­ment 2, 4, 2 et 3 entrées de modu­la­tion. Les sources de modu­la­tions sont consti­tuées d’une enve­loppe auxi­liaire multi segments, de 2 ADSR (entre autre sur le filtre et le volume), de deux LFO et des contrô­leurs Midi (molettes, vélo­cité, after­touch, note Midi et un contrô­leur externe au choix). Les LFO disposent de 9 formes d’ondes et peuvent eux-mêmes être modu­lés en vitesse, délai et profon­deur. Voilà qui repré­sente tout de même 17 desti­na­tions et 14 cordons de modu­la­tion possibles par voix ! Bien sûr, chaque Keygroup peut être accordé (avec gamme micro­to­nale preset ou utili­sa­teur), dispose d’un départ effet indé­pen­dant, et plusieurs groupes peuvent se couper mutuel­le­ment (char­ley ouverte / fermée).

Enfin, un menu « tools » permet d’avoir des infos sur la mémoire, d’ap­pe­ler une liste de sons ou de sauve­gar­der / char­ger rapi­de­ment ses programmes. Passons au filtre multi­mode réso­nant, dispo­sant de pas moins de 26 algo­rithmes diffé­rents : on trouve des LP 2 et 4 pôles, des BP 2 et 4 pôles, des HP 1 et 2 pôles, des combi­nai­sons LP/HP ou BP, des notch simples et doubles, des peak simples et doubles, des phasers et un « voyel­li­seur » pour géné­rer des voyelles et des diph­tongues. De plus, un para­mètre Headroom permet de réduire en amont les risques de distor­sion dus à certains réglages de réso­nance élevés. Les résul­tats sont très bons, à des années-lumière du S1000, et pas mal de programmes impor­tés de cette machine devront être retra­vaillés au niveau des filtres, tant l’ef­fi­ca­cité de ces derniers a été amélio­rée. Par contre, la réso­nance n’est hélas pas modu­lable, un axe de progrès pour un futur OS. Pour en finir avec le mode programme, le S6000 fonc­tionne sans buffer, donc toute modi­fi­ca­tion est défi­ni­tive et ne néces­site aucune procé­dure de sauve­garde interne. A la fois dange­reux et rapide !

Juras­sic Park

S6000 left2Nous avons vu la puis­sance du S6000 au travers de ses programmes, collec­tions de Keygroups rassem­blant eux-mêmes des échan­tillons. Pour la première fois chez Akai, il a été décidé de permettre à l’uti­li­sa­teur de rassem­bler ses programmes au sein d’un mode multi­tim­bral sur 32 canaux conte­nant 128 mémoires utili­sa­teur simul­ta­nées dans la machine. Ceci repré­sente un progrès de taille par rapport aux précé­dents modèles où il était néces­saire de renu­mé­ro­ter les programmes pour pouvoir les utili­ser dans un même set multi­tim­bral (la prise de tête !). Une fois dans la page multi, l’uti­li­sa­teur peut choi­sir de visua­li­ser 6, 12 ou 18 parties en même temps (au-delà, cela devient vrai­ment trop petit). Le grand LCD permet un affi­chage clair des parties, des canaux Midi et des noms de programme. Chaque partie dispose des réglages du volume, de l’ac­cor­dage, du pano­ra­mique, du statut de jeu (mute / solo) et de la fenêtre de tessi­ture. Le mieux, c’est que l’on peut assi­gner n’im­porte quel canal Midi à chacune des 32 parties, ce qui laisse envi­sa­ger des empi­lages mons­trueux. De plus, chaque canal peut être dirigé indé­pen­dam­ment vers l’un des 4 bus d’ef­fets, avec réglage séparé du départ, ou vers une (ou une paire) des 16 sorties sépa­rées.

A partir du mode multi, une fonc­tion Part Edit permet de bascu­ler dans l’édi­teur de programme et ainsi éditer les sons dans leur contexte multi­tim­bral, avec les effets acti­vés. Toute modi­fi­ca­tion est immé­dia­te­ment réper­cu­tée sur le programme, puisque le S6000, nous l’avons vu, ne possède pas de buffer d’édi­tion de programme ou de multi, et n’in­vite donc pas l’uti­li­sa­teur à sauve­gar­der ses nouvelles éditions avant de sortir de l’édi­teur. Comme en mode programme, un menu Tools permet d’ob­te­nir des infor­ma­tions sur la mémoire ou d’ef­fec­tuer des char­ge­ments et des sauve­gardes rapides. Il est ainsi possible de se fabriquer un set multi­tim­bral à partir de plusieurs programmes impor­tés depuis des unités de disques diffé­rentes en un tour de main, sans sortir du menu Tools. Enfin, une fonc­tion « purge » permet d’éli­mi­ner impi­toya­ble­ment de la mémoire tous les programmes et les échan­tillons qui ne sont pas utili­sés par des multi. Sauve qui peut !

Le huitième passa­ger

S6000 leftLe S6000 n’usurpe pas le quali­fi­ca­tif de monstre de l’es­pace, incarné sous les traits d’un quadruple proces­seur d’ef­fets dispo­nible sur 4 bus sépa­rés. Les deux premiers, iden­tiques, sont de véri­tables multi-effets alors que les deux derniers sont dédiés à la réver­bé­ra­tion. Les posses­seurs de S5000 pour­ront mettre leur machine à niveau grâce à la carte option­nelle EB20. Les 2 multi-effets peuvent être scin­dés en 3 sections : les effets en série mono­diques (3 simul­ta­nés), envoyés dans des effets de modu­la­tion (2), le résul­tat étant à son tour injecté dans une réver­bé­ra­tion. Les effets en série se composent systé­ma­tique­ment d’une distor­sion, d’un égali­seur et d’un modu­la­teur en anneau. Ce dernier dispose de réglages de fréquence et de profon­deur, l’éga­li­seur est quant à lui un quadruple bande LP / BP1/ BP2 / HP (les 2 extrêmes étant semi-para­mé­triques et les 2 centrales para­mé­triques) et la distor­sion ne dispose que d’un réglage de volume. Mieux, les 2 bandes centrales possèdent leurs propres LFO permet­tant de se concoc­ter de splen­dides effets wah-wah. Passons à la seconde section, combi­nant un effet de modu­la­tion (chorus, flan­ger, phaser, haut-parleur tour­nant, FM, auto­pan et pitch­shif­ter) et un délai stéréo avec cros­so­ver (670 ms). Cette section est très complète, mais il manque des possi­bi­li­tés de modu­la­tion dyna­mique (seule la simu­la­tion de HP tour­nant le permet) et de synchro­ni­sa­tion Midi des LFO et des temps de délai.

Passons enfin à la réver­bé­ra­tion stéréo, iden­tique sur les 4 bus. Elle comporte des algo­rithmes Hall, Room, Gate et Reverse (donc pas de Plate) et auto­rise les réglages de prédé­lai, déclin, diffu­sion, proxi­mité, atté­nua­tion des graves et des aigus. Les modèles Gate et Reverse ne possèdent pas les trois derniers para­mètres, pourquoi donc ? De plus, nous avons trouvé cette réver­bé­ra­tion métal­lique. Pour ne pas partir de zéro, les effets complexes possèdent des modèles d’usine. Et pour ceux qui cherchent plus de souplesse, la dispo­si­tion des blocs des deux multi-effets peut être modi­fiée grâce à un para­mètre Path astu­cieux. Celui-ci agit sur les envois réci­proques des effets de modu­la­tion et de réver­bé­ra­tion, ce qui permet d’in­ver­ser complè­te­ment leur ordre, de les mettre en paral­lèle ou de choi­sir n’im­porte quelle valeur inter­mé­diaire. Superbe ! De plus, un routage permet d’en­voyer les signaux du multi-effets n°1 (pré effets série, pré effets de modu­la­tion, pré ou post réver­bé­ra­tion) au bus n°3 de réver­bé­ra­tion. Idem pour le couple multi-effets 2 / réver­bé­ra­tion 4. Mais comme toute nouveauté, le proces­seur d’ef­fets a aussi ses incon­vé­nients : d’une part, il n’est pas compa­tible avec les effets de la série 3000 et d’autre part, les réglages sont sauve­gar­dés au niveau des 128 multi et pas avec les programmes, qui restent « secs ». Quoi qu’il en soit, Akai a réalisé un proces­seur d’ef­fet inté­res­sant qu’il serait dommage d’ex­pé­dier dans l’es­pace par le premier sas venu !

Termi­na­tor SCSI

S6000 back3Grâce à sa double inter­face SCSI, le S6000 s’in­sère parfai­te­ment dans un envi­ron­ne­ment d’uni­tés externes. Nous l’avons fait fonc­tion­ner sans problème à l’ex­tré­mité d’une chaîne compor­tant un Jaz, un lecteur de Cdrom Pioneer 12X et un K2500 compor­tant lui-même un disque dur interne Fire­ball Quan­tum 1,2 Go : tous ont été recon­nus. Pour ceux qui veulent rester auto­nomes, le S6000 est livré avec une nappe SCSI pour le raccor­de­ment d’une unité 3,5 pouces amovible (Zip, Jaz, Syquest…) juste à droite du lecteur de disquettes. Très curieu­se­ment, le S6000 peut forma­ter des disques SCSI mais est inca­pable de forma­ter une disquette. C’est beau le progrès ! Pire, il est impos­sible de char­ger des fichiers .WAV direc­te­ment depuis un Cdrom PC. Le seul remède est de les copier sur disquette ou sur disque dur formaté MS-DOS. Là, c’est un peu trop !

Ceux qui connais­saient les anciens échan­tillon­neurs Akai et leur manie de décou­per les disques en parti­tions vont être ravis par l’ap­proche du S6000. En effet, celui-ci gère les fichiers comme un « bête » ordi­na­teur, c’est-à-dire sous forme de réper­toires arbo­res­cents. Autre­ment dit, on va pouvoir s’or­ga­ni­ser comme on le souhaite, car quoi de plus stres­sant en studio, sous la pres­sion du produc­teur qui se prend soudain pour King Kong, de retrou­ver ce p… de son de hurle­ment de chouette mâle en rut un soir de pleine lune. Alors qu’avec une logique arbo­res­cente « être vivant / animal / oiseau / nocturne / mâle / cris », notre chouette hulule du premier coup. Mieux, les programmes et les échan­tillons, stockés dans des fichiers sépa­rés, se recon­naissent mutuel­le­ment. Ceci signi­fie que l’on peut très bien char­ger un programme avant ou après un échan­tillon et une fois les deux en mémoire, l’échan­tillon retrouve son Keygroup tout seul comme un grand. Il sonne alors correc­te­ment dans son programme. Cette faculté, pas assez mise en avant dans le mode d’em­ploi, est la solu­tion à bien des tracas quoti­diens dans la gestion mémoire (échan­tillons orphe­lins ou redon­dants, programmes vides). Pour faire la jonc­tion avec les anciens samplers de la marque, le S6000 est bien évidem­ment compa­tible S1000 / S3000 (avec les petits incon­vé­nients évoqués précé­dem­ment sur les banques S1000) mais n’au­to­rise pas, dans sa version actuelle, la conver­sion directe des samples effec­tués sur ces anciennes machines. Cela vien­dra dans un prochain OS, parole d’Akai !

Quasi­modo and Co

S6000 back4Avec ses deux trios Midi, nous avons vu que le S6000 fonc­tion­nait comme un échan­tillon­neur multi­tim­bral 32 canaux. En mode Utili­ties, le LCD est capable d’af­fi­cher l’ac­ti­vité des 32 canaux sous forme de vu-mètres dyna­miques (comme sur un bon vieux module GM). Un filtrage par canal permet d’af­fec­ter les messages de note, l’af­ter­touch, les molettes et le volume Midi. Ceci peut aider à désen­gor­ger la machine de messages inutiles et encom­brants, surtout lorsqu’ils arrivent sur 32 canaux simul­ta­nés et créent des temps de retard dans les réponses aux signaux. Prévu initia­le­ment, un lecteur de Midi Files est passé à la trappe avant la commer­cia­li­sa­tion pour cause de bug. On ne plai­sante pas chez Akai !

Parmi les autres utili­taires inté­res­sants, la machine peut être confi­gu­rée pour que le proces­seur d’ef­fets interne traite un signal externe stéréo via les entrées sampling (analo­giques unique­ment). Il est possible d’as­si­gner l’en­trée de son choix (L ou R) au bus de son choix (1 à 4). Enfin, pour ceux qui veulent véri­fier la liste des péri­phé­riques SCSI reliés à la machine, une fonc­tion Show Hard­ware permet de les affi­cher auto­ma­tique­ment sur l’écran (c’est aussi le cas à l’al­lu­mage de l’ap­pa­reil). Enfin, une page auto­rise la sauve­garde des réglages globaux de la machine soit en Flash­Ram, soit sur disquette. Dans ce cas, celle-ci sera trans­for­mée en boot et lue immé­dia­te­ment à l’al­lu­mage de la machine (si elle est dans le lecteur !). Les para­mètres seront alors auto­ma­tique­ment rechar­gés dans la Flash­Ram, un peu comme une disquette .BIN de mise à jour de l’OS. Scrontch scrontch !

Un Nessie Mille ?

S6000 front2Au final, le S6000 est un échan­tillon­neur de très haut niveau. Son écran géant amovible lui confère une ergo­no­mie exem­plaire et de loin supé­rieure à la concur­rence. La grande force de la machine réside égale­ment dans son OS extrê­me­ment souple, qui permet de voya­ger à volonté et à vue sans se perdre dans des dédales de sous-menus. Le point le plus marquant, c’est à notre sens la faculté d’édi­ter dans les deux sens, c’est-à-dire de faire défi­ler soit les para­mètres pour un même programme / Keygroup / échan­tillon, soit les programmes  / Keygroups / échan­tillons pour un para­mètre donné. Là, le S6000 ne nous enferme pas dans sa logique de travail, il s’ef­face au contraire devant le geste de l’uti­li­sa­teur. Imbat­table ! C’est égale­ment un monstre en regard des carac­té­ris­tiques tech­niques chif­frées, en moyenne deux fois plus élevées que la concur­rence : poly­pho­nie, mémoire, inter­faces audio, Midi, SCSI… tout y est plus gros. D’un point de vue quali­ta­tif, la machine ne déçoit pas non plus, avec un son cris­tal­lin digne du 16/44.

Là où Akai doit faire progres­ser son gros bébé, c’est sur la compa­ti­bi­lité S1000, sur les trans­for­ma­tions destruc­tives des échan­tillons (entre deux points libres et non globa­le­ment) et sur toutes les fonc­tions reti­rées avant commer­cia­li­sa­tion. Bref, des écueils pure­ment logi­ciels, donc très simples à résoudre. Côté hard­ware, les exten­sions externes et les slots internes laissent présa­ger un bel avenir, avec, nous pensons, une porte ouverte au 24/96. Akai a la répu­ta­tion de déve­lop­per et d’en­tre­te­nir ses produits pour qu’ils durent long­temps. C’est pour cela qu’aujour­d’hui, le S6000 mérite de trôner au royaume des monstres sacrés de l’échan­tillon­nage. D’ailleurs vue la bête, peut-on encore parler d’échan­tillon ?

9/10
Points forts
  • Qualité sonore
  • Façade détachable
  • OS clair et limpide
  • Polyphonie 128 voix
  • Ram jusqu'à 256 Mo
  • 16 sorties séparées
  • Double trio Midi
  • Double SCSI
  • Possibilités d’extension
  • Connectique pro
  • OS en mémoire Flash
  • Edition rapide
  • Filtres multimode résonants
  • Modulation matricielle
  • Multi-effets 4 bus
  • Sampling virtuel
Points faibles
  • Edition globale d’un sample
  • 4 Disquettes fournies
  • Touche Undo inactive
  • Pas de Midi Filer
  • Compatibilité S1000 à revoir
  • Toujours en 16/48, quoique...
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.

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