En motorisant sa station de production rythmique la plus élaborée avec son échantillonneur le plus puissant, Akai présente la boîte à échantillonner la plus performante jamais conçue. Ergonomie, spécifications et qualité sonore les points forts de la MPC4000. Nous fera t'elle oublier ses ancêtres ?

(Test initialement paru en octobre 2002)
Qu’il est loin le temps où les constructeurs se bagarraient sur le marché de la boîte à rythme à échantillonner. Il y a 20 ans, on rêvait de posséder une Linn, une Sequential ou une E-mu. Aujourd’hui, ce type de produit dédié est plutôt rare. Les boîtes à sampler Ensoniq ont disparu de la circulation et E-mu se fait attendre. Quant aux autres constructeurs, ils offrent une approche un peu différente, à l’instar de Yamaha ou de Korg, avec des machines hybrides échantillonneurs / synthétiseurs / grooveboxes. Sans attendre de savoir qui a raison, Akai a profité de ce marché relativement libre pour enfoncer le clou, avec un instrument monstrueux destiné à ceux que l’informatique repousse. Bienvenue dans le monde des commandes immédiates, des grands boutons, de la solidité et de l’autonomie.
Commandes larges et généreuses
Le panneau arrière propose une connectique très poussée, avec pas moins de 2 paires de sorties stéréo symétriques XLR et jack, 2 entrées stéréo symétriques combo XLR-jack, 2 entrées RCA avec préampli Phono, une interface Midi musclée, avec 2 entrées et 4 sorties permettant de gérer 64 canaux distincts, un port SCSI, des ports USB hôte et esclave, des entrées et sorties SMPTE et 2 prises pour pédales. 3 trappes permettent d’accueillir des cartes audio optionnelles : une carte 8 sorties analogiques symétriques (IB-48P), une carte entrée / sortie S/PDIF et entrée BNC Wordclock (IB-4D), ainsi qu’une carte 2 entrées / 8 sorties numériques ADAT (IB-4ADT). Sur le devant, on trouve une prise casque avec potentiomètre dédié, une prise USB hôte pour raccorder un lecteur CD-ROM ou un clavier et 2 baies libres (3,5 / 5 pouces) pour unités de stockage internes ou externes.
L’intégralité des fonctions du Z8
Côté sons, la MPC4000 est livrée avec le même CD-ROM que les Z4 / Z8. Il comporte 750 Mo d’échantillons : sons de synthèse (Arp Odyssey, MiniMoog), électroacoustiques (guitare, B-3, basses, pianos électriques), kits de percussions, boucles et différentes déclinaisons d’un grand piano acoustique stéréo à quatre niveaux de vélocité, dont la version ultime monte à 235 Mo. Si la plupart des programmes sont très honnêtes, le grand piano, sensé être le clou du spectacle, nécessite d’être retravaillé, en particulier le quatrième niveau de vélocité où la dynamique s’effondre curieusement. Par contre, Akai n’a même pas fait l’effort de reprogrammer le CD en lui adjoignant des fonctions propres à la MPC4000. Résultats, des kits de percussions incompatibles avec les pads (où sont donc les caisses claires et autres percussions ?) et pas la moindre séquence à se mettre sous la dent. Sur une machine de cette gamme, c’est très limite ! Tant qu’on se plaint, ne parlons même pas du manuel anglo-japonais absolument lapidaire.
Echantillonnage de standing
Viennent ensuite les traitements numériques destructifs. Certains sont globaux (normalisation, fusion, mélange, conversion de fréquence, réduction de résolution, Timestretch en tempo, Pitch shift, conversion mono – stéréo), d’autres s’opèrent entre deux points au choix (troncature, copie, insertion, effacement, inversion, fondu). Une fonction permet de marquer des portions d’échantillon et de le découper en tranche. Pour faciliter les choix, la machine permet de comparer les versions avant et après édition avant de faire son choix. De plus, elle permet une édition à double sens, c’est-à-dire de modifier tous les paramètres d’un même échantillon (classique) ou de modifier un même paramètre pour tous les échantillons sans sortir de l’éditeur (édition transversale). Une fonctionnalité remarquable que les programmateurs apprécieront à l’usage. Depuis la série S6000, les échantillonneurs Akai gèrent leurs échantillons directement au format Wave. La MPC4000 n’échappe pas à la règle, tant mieux !
Synthèse au complet
La section de modulation offre une matrice de 64 cordons, avec 36 sources et 51 destinations. Les sources comprennent 3 enveloppes multisegments, 2 LFO synchronisables et des contrôleurs Midi (section Q-Link, molettes, vélocité, aftertouch, note Midi, etc.). Parmi les destinations, on trouve les paramètres des LFO, les segments des enveloppes, les fréquences des filtres, les résonances des filtres, le panoramique, le point de lecture des samples, etc. Le large écran affiche un tableau des réglages de la matrice de modulation, superbe ! L’enveloppe d’amplitude est de type ADSR ; l’enveloppe du filtre et l’enveloppe auxiliaire sont multisegments. Les LFO offrent 6 formes d’ondes, avec phase et décalage réglables. En mode « Drums », les échantillons sont assemblés en kits de percussions et disposent des même paramètres que les programmes classiques, à savoir 4 couches stéréo, paramètres de synthèse et modulations au complet.
Multieffets 4 bus
Pour aller plus vite, le mode Quick FX offre des programmes d’usine au nom évocateur, permettant de salir le son, de le spatialiser, de le grossir… une bonne idée, d’autant que la MPC4000 autorise le resampling à travers les effets Quick FX. Seul hic, il faut paramétrer à l’aveuglette, puis comparer les versions avant et après traitement, la machine manquant cruellement de temps réel sur ce point. Tous les effets sont mono en entrée et mono / stéréo en sortie. Pour traiter des signaux stéréo en entrée, un mode permet de lier les effets par paire (1&2 et/ou 3&4). Enfin, chaque bus d’effet peut être routé vers la sortie ou la paire stéréo de son choix.
Un puissant séquenceur
En mode temps réel, l’enregistrement peut se faire avec décompte, bouclage, doublage ou remplacement et quantisation à l’entrée ou à la sortie. La programmation peut se faire soit avec les pads (6 banques de 16 pads pour assigner des sons internes ou externes), soit avec un clavier Midi. Pour effacer une ou plusieurs notes, il suffit de passer en mode d’effacement et d’appuyer sur le pad ou la note correspondant. En enregistrement pas à pas, la MPC4000 travaille en mode microscopique. Chaque événement peur alors être entré à l’emplacement précis désiré. Pour éditer une piste, la MPC4000 offre de nombreux modes très sophistiqués, qui n’ont pas grand chose à envier aux séquenceurs logiciels : grilles graphiques, marqueurs horizontaux et verticaux, fonctions couper / copier / coller, courbes de contrôleurs continus et édition microscopique par liste déroulante. La compréhension est quasi immédiate, sans recours systématique au manuel. Les 128 séquences peuvent ensuite être assemblées au sein de 128 morceaux de 250 pas. Chaque pas contient des marqueurs de lecture partielle ou répétée des séquences. Un morceau peut également être converti en séquence. Rien à redire sur cette section très sophistiquée.