Reprenant les caractéristiques du MS2000 dans un mini clavier à petites touches, le MicroKORG se positionne comme le plus petit synthé / vocodeur du marché. Mais ce n'est pas un gadget, c'est un must !
(Test initialement paru en décembre 2002)
Un synthé avec des mini touches ? Qu’est qu’on va bien pouvoir en faire ? Ah, on peut mettre des piles ? Il y a un micro, on peut vocoder ? Tiens… On l’emmène partout : en train, à l’hôtel, dans le bus de la tournée, en avion. Mais pas avec les bagages. Sur les genoux, sur une tablette, en cabine. Et sur scène ? Posé sur le clavier maître ! Bon, on l’allume alors… vite, l’alim externe (les piles ne sont pas fournies). Tout de même, ces mini touches, c’est gadget non ? Power on, on appuie… waouh, la patate, la chaleur, l’épaisseur. Ça bouge, ça cogne, ça sonne. On chante dans le micro. C’est parti, comme Kraftwerk. Le MicroKORG, ça tue !
Commandes à l’ancienne
Avec ses 50 centimètres et ses 2 kilos, le MicroKORG fait partie des poids plume. Mais sa façade métallique est solide. Ses flancs en bois, ses gros potentiomètres façon Minimoog et ses boutons lumineux multicolores attirent le regard. A gauche, 2 commandes permettent de décaler la tessiture de plus ou moins 3 octaves. Ce dernier comprend 37 mini touches dynamiques, mais sans pression. L’action des ressorts est un peu prononcée, mais on s’y fait. Les 128 sons sont répartis en 8 banques, dont l’accès se fait par un énorme potentiomètre cranté, la rangée de 8 boutons et le sélecteur A / B, peu pratique. Lorsqu’on utilise des sources audio externes, 2 diodes bicolores permettent un contrôle de la saturation du signal.
Pour éditer les paramètres, le MicroKORG propose une approche matricielle : 2 potentiomètres rotatifs permettent de sélectionner 2 ensembles de 11 lignes de paramètres. 5 autres potentiomètres permettent d’éditer les valeurs des paramètres correspondant en colonne, ainsi que les 5 principaux paramètres de synthèse. Inconvénients, la sélection en ligne est peu pratique, les paramètres sérigraphiés étant difficiles à repérer et dans l’obscurité, impossible de voir leur nom. Nous aurions préféré une rangée de diodes lumineuses. Cette ergonomie est entachée par l’utilisation d’un LCD à 3 diodes 7 segments, bien peu parlant. Sur l’arrière, on trouve une paire de sorties stéréo, une prise casque, 2 entrées audio, un trio Midi et une borne pour alimentation externe. Avec 6 piles LR6, le MicroKORG a une autonomie de 4 heures. Chacune des entrées audio possède un potentiomètre de gain. L’une dispose même d’un sélecteur micro / ligne et de 2 entrées micro distinctes (micro dynamique / à condensateur). Korg fournit d’ailleurs un micro col de cygne à condensateur qui vient s’insérer dans une encoche spécialement prévue. Un soin très appréciable.*
Grande variété de timbres
Le MicroKORG comprend 128 programmes réinscriptibles. Au menu, des basses résonnantes ou grassouillettes, des balayages de filtre, des nappes, des synchro, des modulations de largeur d’impulsion, des effets spéciaux, des cordes synthétiques et des cuivres. Le MicroKORG est capable de produire une grande variété de timbres, grâce à des nombreuses formes d’ondes, un filtre de caractère et une modulation matricielle. En particulier, des ondes numériques générées par addition harmonique raviront les nostalgiques des DW6000 / DW80000.
Les textures de sons à 2 couches sont très riches, les arpèges sont endiablés. Une banque est dédiée aux sons vocodés, utilisant des ondes à formants de voix ou un signal micro externe pour moduler une onde interne. Tous les sons vocodés sont excellents : voix de robot, chœurs numériques. L’un des programmes transforme la voix en conservant le pitch originel, de quoi se faire « Believe » avec la bouche uniquement et garder ses deux mains pour s’occuper de Cher.
Oscillateurs modèles
Tout comme le MS2000, le MicroKORG est un synthétiseur à modélisation analogique polyphonique 4 voix. C’est peu… Chaque voix comporte 2 formes d’ondes. La section oscillateurs est un modèle du genre. Le premier DO offre plusieurs types d’ondes : dent de scie, carrée, triangle, sinus, formant de voix, bruit et DWGS. L’onde carrée dispose d’une largeur d’impulsion variable avec modulation par un LFO. L’onde sinusoïdale peut être utilisée pour intermoduler le second DO. On peut aussi modifier le timbre du formant de voix.
Le bruit est à couleur variable, avec filtre passe-bas résonnant séparé. Merci ! Enfin, la section DWGS offre 64 ondes synthétisées par addition harmonique : sinusoïdales, basses synthé, ondes numériques, quintes, cloches, pianos électriques, orgues et voix. Ce ne sont pas des multiéchantillons mais des ondes périodiques courtes. De quoi enrichir la panoplie sonore. Le second DO est plus dépouillé, puisqu’il ne comprend que les ondes dent de scie, carrée fixe et triangle. Les 2 DO peuvent interagir par synchronisation et/ou modulation en anneau.
Modulations matricielles
Les signaux sont ensuite mixés avec un générateur de bruit blanc indépendant. Ils passent alors dans un filtre résonant offrant les modes LPF 4 pôles, ainsi que LFP, BPF et HPF 2 pôles. En mode 4 pôle, il entre en auto oscillation. Il dispose d’un tracking et d’une modulation par une enveloppe. Sa qualité est excellente, capable à la fois de douceur et d’agressivité. L’étape suivante est l’ampli final. C’est là que se règlent le volume, le panoramique, le tracking et la saturation. Le volume est modulable par une seconde enveloppe.
Côté modulations, le MicroKORG est grand : 2 enveloppes ADSR avec redéclenchement, 2 LFO synchronisables à 4 formes d’ondes et matrice de modulation à 4 cordons avec action bipolaire. Les sources sont les 2 enveloppes, les 2 LFO, la vélocité, le tracking clavier et les 2 molettes. Les destinations sont la tonalité globale, le pitch du DO2, la quantité de modulation du DO1, le niveau de bruit, la coupure du filtre, l’amplitude, le panoramique et la vitesse du LFO2. Dommage que Korg ait oublié la résonance ! Cette matrice apporte une souplesse supplémentaire à la machine : apparition progressive de LFO, nappes évolutives, massacre à la molette de modulation… les gros synthés sans matrice peuvent s’en mordre les touches ! On peut enfin empiler 2 couches sonores, la polyphonie passant irrémédiablement à 2 voix. En revanche, pas de mode split ou bi-canal, une déception même si le clavier est petit.
Point fort : le vocodeur
Des signaux audio externes peuvent passer dans la section de synthèse, idéal pour trafiquer des voix ou des instruments. Mieux, on trouve un véritable vocodeur travaillant avec des signaux internes, externes ou mixtes. La qualité d’un vocodeur est liée au nombre de bandes et à la qualité des filtres. Le MicroKORG travaille sur 16 bandes regroupées 2 à 2 en 8 canaux. Les filtres passe-bande sont très pointus. Ils donnent des résultats très intelligibles. L’utilisation classique est une voix ou une boîte à rythmes comme modulateur et une onde synthétique riche en harmoniques (dent de scie) ou proche de la voix (formants) comme porteuse.
L’entrée du modulateur propose un Noise Gate à sensibilité et seuil réglables, avec mixage et porte pour les hautes fréquences. Ceci permet de doser la proportion de consonnes qui passe. Les signaux sont ensuite mixés avant d’attaquer le filtre. Là, on peut décaler la fréquence de coupure des filtres de la porteuse par transposition des formants, de les faire résonner et de les moduler par une enveloppe ainsi qu’une seconde source de la matrice de modulation. Reste ensuite à mélanger le signal traité au signal direct et à appliquer une saturation. Enfin, on peut régler les niveaux et les panoramiques des 8 canaux séparément. Une magnifique section, gros point fort du MicroKORG.
Arpégiateur sympathique
Pour enrichir les sons, le MicroKORG offre une micro section d’effets stéréo avec modulation, délai et EQ. L’effet de modulation propose un chorus/flanger, un ensemble et un phaser. On peut régler la vitesse et le feedback. Le délai stéréo peut être synchronisé au tempo. Son feedback est réglable. Enfin, l’EQ est un semi-paramétrique 2 bandes. Aucune surprise dans cette section dépouillée mais serviable. Par ailleurs, on trouve un arpégiateur à 6 motifs. On peut synchroniser son tempo, régler la durée des notes, leur espacement, la tessiture, le swing et le nombre de pas. En complément, on peut définir le dernier pas joué et couper / engager chacun des pas à l’aide de la rangée de 8 boutons lumineux. Ainsi, on se fabrique facilement une grande quantité de motifs à partir des motifs élémentaires. Très sympa !
Un mot sur le Midi. Les possibilités sont tout à fait complètes : dump programmes, horloge, émission de contrôleurs via les commandes de la façade, réception de contrôleurs. La machine peut ainsi se transformer en surface de commandes pour un synthé externe, par exemple un logiciel. Tous les paramètres de synthèse peuvent aussi être aisément édités sur un séquenceur. On peut même réaffecter les numéros de contrôleurs aux paramètres internes.
Conclusion
Le MicroKORG est un surprenant synthé qui reprend l’essentiel du MS2000. Non content d’offrir une section de synthèse très élaborée, il renferme un puissant vocodeur que bien des concurrents peuvent envier. La part belle est faite aux sons et aux possibilités de modulation, moins à l’ergonomie et à la polyphonie. Juger le MicroKORG à sa taille et à son clavier est une gageure. Ce n’est certes pas un clavier principal, mais un excellent complément à une station de travail ou un ordinateur. Il est si mignon en compagnie d’un DX100, sur un micro stand. Si certains musiciens ont attrapé un virus, d’autres pourraient bien choper un microbe.