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Test de l’UVI Drum Designer, boîte à rythmes virtuelle - On Refait Le Patch #78 : Drum arrangée

8/10

On avait adoré la Beatbox Anthology 2 sortie il y a à peine plus d’un an et voici qu’UVI nous revient avec Drum Designer, une nouvelle boîte à rythmes logicielle qui, comme son nom l’indique, met l’accent sur le design sonore.

À dire vrai, à voir l’im­pres­sion­nante collec­tion de samples de la Beat­box Antho­logy 2 (11 862 échan­tillons tirés de 111 boîtes à rythmes maté­rielles pour 3,1 Go), on avait ce senti­ment que les gens d’UVI avaient fait le tour du sujet et on ne s’at­ten­dait pas forcé­ment à ce qu’ils reviennent avec ce Drum Desi­gner qui, à première vue, semble faire un peu double emploi dans le cata­logue de l’édi­teur. À bien y regar­der toute­fois et en dépit de quelques simi­li­tudes dans les inter­faces comme dans l’er­go­no­mie, les deux instru­ments s’avèrent fina­le­ment assez diffé­rents. Si Drum Desi­gner n’a pas le projet d’in­ven­to­rier toutes les boîtes à rythmes de la créa­tion, il met bien plus l’ac­cent sur le Sound Design en combi­nant une banque de 1,73 Go de samples (5736 échan­tillons) avec des possi­bi­li­tés d’édi­tion, de synthèse et de trai­te­ment bien plus abou­ties que ce que l’on trouve dans Beat­box Antho­logy. Si vous cher­chez le son d’une Lindrumm ou d’une Simmons au sens strict du terme, ce n’est donc pas forcé­ment l’ins­tru­ment rêvé, mais si vous cher­chez à produire votre propre son à vous et rien qu’à vous, vous avez frappé à la bonne porte. Drum Desi­gner semble en effet avoir à cœur de rassem­bler au sein d’un même instru­ment tous les outils néces­saires à la fabri­ca­tion d’un Beat, que ce soit au niveau du pattern même, ou du kit de sons qu’il utilise.

Comme d’ha­bi­tude, vous pouvez choi­sir la visite guidée en vidéo de l’In­ter­net numé­rique, ou bien avec des bons vieux mots analo­giques…

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Seq

Comme d’ha­bi­tude chez UVI, l’ins­tru­ment se présente sous la forme d’un fichier UFS à décom­pres­ser où bon vous semble pour le char­ger ensuite dans l’UVI­works­ta­tion gratuite ou dans Falcon, le sampler emblé­ma­tique de la marque, tous deux étant dispo­nibles aux formats AAX, VST et AU. Sitôt la chose faite, vous arri­vez direc­te­ment sur la page SEQ, soit le séquen­ceur qui n’est pas sans rappe­ler celui de Beat­box Antho­logy sur le plan graphique, même si plusieurs évolu­tions sont à noter du côté des fonc­tion­na­li­tés. On passe ainsi de kits de 12 instru­ments sur Beat­box à 8 seule­ment sur Drum Desi­gner, soit un Kick, deux Snare, un Clap et quatre cymbales, sachant que ces dernières sont suscep­tibles d’ac­cueillir bien d’autres choses que… des cymbales : des percus­sions, des shakers ou des tambou­rins et même des effets spéciaux. Et les toms ? Aux abon­nés absents, d’où le passage de 12 lignes à 8. Voilà qui est bien dommage même si UVI a à cœur de se rattra­per en offrant beau­coup plus de possi­bi­li­tés en termes de program­ma­tion.

gridDrum Desi­gner offre en effet des patterns bien plus longs (on passe de 64 pas à 32 pas x 4 pages, soit 128 pas) tout en offrant une subdi­vi­sion ryth­mique encore plus élevée (1/32 au max sur Beat­box, 1/64t au max sur Drum Desi­gner). Mais c’est surtout au niveau de ce qui est séquençable que l’on gagne en puis­sance. Là où Beat­box Antho­logy propo­sait un simple réglage de pano­ra­mique et un volume pour la globa­lité de chaque instru­ment, Drum Desi­gner vous propose désor­mais de prgram­mer chaque para­mètre au travers de quatre step séquen­ceurs : un pour la vélo­cité, un pour le pano­ra­mique, un pour le déclin et, plus inté­res­sant encore, un pour le pitch. Pourquoi cela serait-il plus inté­res­sant ? Parce qu’en jouant sur le pitch des samples, on parvient à réali­ser des riffs ou des lignes de basse, ce qui étend gran­de­ment le terrain de jeu. On peut même de la sorte combler le manque de toms en jouant sur la hauteur tonale d’un kick ou d’une caisse claire.

kitsNotez que pour vous simpli­fier la vie, une quan­tité de patterns prêts à l’em­ploi vous attendent, avec la possi­bi­lité de navi­guer dans toute ou partie de ces derniers : on peut ainsi choi­sir de char­ger la tota­lité d’un pattern ou simple­ment chan­ger une ligne en parti­cu­lier, tandis que, comme dans Beat­box Antho­logy, on peut chan­ger les kits indé­pen­dam­ment des patterns. Bien évidem­ment, des fonc­tions permettent de répliquer telle ou telle program­ma­tion d’un instru­ment sur un autre et UVI nous propose même un système permet­tant la saisie rapide d’évé­ne­ments répé­ti­tifs : via la système Event Link, on peut ainsi en un unique clic placer un HiHat sur toutes les croches du pattern, ou encore un kick à la noire, ce qui s’avère d’au­tant plus pratique que la saisies des notes n’est pas forcé­ment évidente lorsqu’on veut réité­rer avec préci­sion une même valeur. Mention­nons enfin que le para­mètres swing est toujours de la partie et que l’on peut expor­ter sa program­ma­tion en MIDI via un simple clic sur le bouton Gene­rate, suivi d’un cliqué/glissé dans la fenêtre d’ar­ran­ge­ment de la STAN.

Bref, c’est quasi­ment mieux à tout point de vue même s’il faut souli­gner qu’UVI est demeuré très sage, trop sage même, sur certains aspects : les dingos de poly­ryth­mies seront déçus de consta­ter qu’on ne peut pas gérer des longueurs de patterns pour chaque élément du kit : impos­sible donc d’avoir un kick sur 16 pas, une caisse claire sur 13 et un hi-hat sur 11… Impos­sible aussi de bosser sur un métrique ternaire simple­ment : ici, c’est du binaire et rien d’autre, ce qui ne gênera pas la plupart des utili­sa­teurs, tandis que les autres pour­ront se rebattre sur leur STAN pour pilo­ter Drum Desi­gner comme un simple Rompler. Enfin, on ne dispose d’au­cun moyen de faire inter­ve­nir un peu d’aléa­toire dans les séquences comme on le voit sous Reason ou Studio One.

Idée FX

globalmixCeux qui cherchent à faire des choses un peu plus barrées seront toute­fois ravis de décou­vrir que l’on­glet Mix permet de régler pour chaque élément du kit, outre son volume et son pano­ra­mique, son déca­lage tempo­rel, ce qui s’avère moins simple à gérer mais autre­ment plus puis­sant qu’un simple bouton swing global pour accou­cher de grooves impro­bables. En pouvant avan­cer ou recu­ler le calage de chaque élément de 200 ms au max, il y a ainsi de quoi mettre un beau bazar dans le plus sage des tchak­poums : c’est une excel­lente idée. C’est aussi sur cette page de Mix que l’on accède aux envois vers le Delay et la Réverb de la section d’ef­fets prin­ci­pale, qui nous attend sage­ment dans l’on­glet FX.

globalfxLà encore, les progrès par rapport à Beat­box Antho­logy sont notables puisqu’en vis-à-vis des deux delays, des deux réverbes et de l’EQ qu’on trou­vait dans ce dernier, on se retrouve avec une section bien plus complète propo­sant un compres­seur de bus, une satu­ra­tion post fader, un EQ para­mé­trique, un delay et un proces­seur à convo­lu­tion propo­sant des réponses à impul­sions allant bien au-delà des simples réverbes. On y trouve en effet des simu­la­tions de divers HP ou appa­reils comme un réper­toire Sound Design capable de trans­fi­gu­rer le son de votre beat.

Rien qu’avec tout cela et la sympa­thique banque de sons four­nis, Drum Desi­gner aurait déjà de quoi susci­ter l’in­té­rêt. Or, il offre bien plus encore, comme on s’en rend compte lorsque, revenu sur le page SEQ, on clique sur le nom de l’un des éléments.

Le nez dans les couches

On accède ainsi à un second niveau d’édi­tion où l’on dispose, pour chaque élément du kit, des trois onglets MAIN, EDIT et FX. MAIN permet de régler les para­mètres globaux de l’ins­tru­ment (pitch, enve­loppe, déclin, gate, relâ­che­ment, loud­ness, vélo­cité, etc.) mais c’est surtout dans EDIT que les choses inté­res­santes commencent puisqu’on accède aux diffé­rentes couches (layer en anglais) compo­sant chaque instru­ment, et à leur para­mètres avan­cés. Dans Drum Desi­gner, un kick se compose ainsi de deux layers : Body (qui contient le corps mais aussi le son de batte de l’ins­tru­ment, soit le « clic » qui se situe à l’at­taque) et Tone qui amène un contenu plus harmo­nique dans lequel réside le sub.

  • layersnare
  • kicklayer
  • layer clap
  • layercymbal
  • layercymbal
  • layer clap
  • kicklayer
  • layersnare

On retrouve égale­ment deux couches pour les cymbales (Noise 1 et Noise 2), tandis que les caisses claires et les claps se composent quant à eux de quatre layers : Body, Tone, Noise 1 et Noise 2 pour les snares, et Shot 1, Shot 2, Shot 3 et Noise pour les claps. Outre le choix du son servant à chaque couche sonore, la possi­bi­lité de l’ac­ti­ver/désac­ti­ver, de régler son niveau, son pano­ra­mique, son gain, son pitch et de déter­mi­ner les fréquences de coupure de filtres passe-haut et passe-bas, on dispose d’un onglet d’édi­tion pour chaque layer, lequel varie en fonc­tion de la nature du son édité. Cela pourra être une simple enve­loppe de volume (sur les onglets Noise et Body), un jeu d’en­ve­loppe d’am­pli­tude/pitch assorti d’un géné­ra­teur sonore (Tone) ou un triple filtre (Cymbales). Bref, il y a de quoi twea­ker à loisir… avant d’at­taquer la section d’ef­fet propre à chaque instru­ment.

instrumentsfxDans cette dernière, on dispo­sera d’un proces­seur de tran­si­toires, d’une satu­ra­tion douce, d’un élar­gis­seur de champ stéréo, d’un EQ para­mé­trique et d’un proces­seur à convo­lu­tion. Et cela, je le souligne, pour chaque élément du kit en plus de la section d’ef­fets globale que nous avons évoquée plus haut. En résulte un beau mille-feuille sound-desi­gnesque, suscep­tible de produire quan­tité de sons utili­sables dans un grand nombre de genres musi­caux et de contextes.

Voyez d’ailleurs ce qu’il en est avec ces exemples audio :

DRUM­DE­SI­GNER­me­lo­dic
00:0000:11
  • DRUM­DE­SI­GNER­me­lo­dic00:11
  • DRUM­DE­SI­GNER­techno00:15
  • DRUM­DE­SI­GNER­fu­ture00:18
  • DRUM­DE­SI­GNER­dubs­tep00:13
  • DRUM­DE­SI­GNE­Re­lec­tro00:15
  • DRUM­DE­SI­GNER­trap00:13
  • DRUM­DE­SI­GNER­drum&bass00:11
  • DRUM­DE­SI­GNE­RUr­ban00:19
  • DRUM­DE­SI­GNER­glitch00:19
  • DRUM­DE­SI­GNER­vi­nyl00:18
  • DRUM­DE­SI­GNER­glit­ch200:19
  • DRUM­DE­SI­GNER­Disco00:16
  • DRUM­DE­SI­GNER­Ci­ne­ma­tic00:15
  • DRUM­DE­SI­GNER­Reg­gae00:15
 

Le son est là : c’est indé­niable. Toute­fois, en dépit de toutes les bonnes choses que nous venons de lister, Drum Desi­gner est encore loin d’être parfait.

Outre les limi­ta­tions du séquen­ceur évoquées précé­dem­ment et le fait qu’on aurait sans doute appré­cié de dispo­ser d’ef­fets supplé­men­taires dans la section dévo­lue à chaque instru­ment (un delay notam­ment et un bitcru­sher/down­sam­pler, même si l’on peut tout à fait utili­ser la version à sorties sépa­rées du plug-in pour compen­ser ces manques soi-même), on regret­tera enfin le côté fermé de l’ins­tru­ment : à moins de plon­ger dans les entrailles de la bête en passant par Falcon, impos­sible d’y impor­ter ses propres samples, et même impos­sible d’y utili­ser les samples propo­sés par la Beat­box Antho­logy 2 de l’édi­teur. C’est bien dommage pour ceux qui voudraient faire des beats avec des sons plus barrés ou qui voudraient chop­per une pâte sonore plus vintage, plus acous­tique ou plus expé­ri­men­tale. Je vous rassure : il y a déjà large­ment de quoi faire sans se sentir frus­tré, mais en raison de cette ferme­ture et du parti-pris moderne de sa banque, Drum Desi­gner n’est pas ce monstre de poly­va­lence qu’il aurait pu être. Pour la Trap contem­po­raine, ça marche. Pour faire du hip-hop oldschool orga­nique ou des chip­tunes, ce n’est pas forcé­ment l’ins­tru­ment le meilleur que l’on puisse trou­ver. Pour faire du Matthew Herbert encore moins. Ultime complainte : si l’on est heureux de pouvoir séquen­cer le pitch, le pano­ra­mique ou le déclin des instru­ments, on notera qu’il n’y a pas grand chose de proposé du côté des modu­la­tions : il n’est pas possible de faire varier avec un LFO, une enve­loppe ou step séquen­ceur le dry/wet de la réverbe ou le temps du delay par exemple. Bref, le design demeure ici contraint à une simpli­cité que chacun appré­ciera à l’aune de ses ambi­tions en matière de créa­tion.

Conclu­sion

Il faut en conve­nir : ce Drum Desi­gner est une réus­site parce qu’il offre pour un prix raison­nable un envi­ron­ne­ment très cohé­rent tant pour le design sonore que pour la program­ma­tion de beats. Certaines de ses limi­ta­tions côté séquence comme sa ferme­ture ne lui permet­tront pas forcé­ment de renvoyer les Breakt­wea­ker et autres Geist dans les cordes en termes de puis­sance comme de poly­va­lence, mais face à ces usines à gaz, le dernier né d’UVI a l’ar­gu­ment d’un excellent rapport simpli­cité/possi­bi­li­tés et devrait satis­faire ceux qui cherchent un outil simple pour produire la musique du moment. Bravo pour cela, donc, même si l’on sent bien que ce Drum Desi­gner a une marge de progres­sion suffi­sante pour qu’on attende avec impa­tience sa prochaine version, et tenir peut-être enfin LA boîte à rythmes logi­cielle ultime.

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Notre avis : 8/10

  • Le son !
  • À l’aise sur quantité de genres musicaux contemporains
  • Simplicité d’utilisation
  • Possibilité de décaler chaque instrument de 200 ms
  • Nombreuses possibilités d’édition et de traitements
  • Les kits et patterns fournis
  • 8 instruments par kit seulement
  • Pas de possibilités de polyrythmie
  • Pas d’import de son possible, même pas ceux de la Beatbox Anthology à moins de posséder Falcon
  • On aurait apprécié l’intégration d’un delay ou de traitements lo-fi pour chaque instrument
  • Il y a mieux en termes de polyvalence

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