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Pédago
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Les différents types de bruits en synthèse sonore - La synthèse sonore - 5e partie

Dans l’article précédent, nous avons exploré des sons reposant sur des formes d’onde plus ou moins chargées en harmoniques, mais toutes basées sur des cycles périodiques.

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Comme nous l’avons vu, qui dit cycle pério­dique dit fréquence, et qui dit fréquence dit hauteur de son, voire note musi­cale.  Aujour­d’hui, nous allons nous inté­res­ser aux sons dits non pério­diques, c’est-à-dire aux bruits.

Alors là, j’en­tends déjà les détrac­teurs de la musique élec­tro­nique s’en donner à cœur joie : « J’ai toujours dit que ce n’était que du bruit ! ». Oui elle était facile celle-là, je vous demande pardon… Quoi qu’il en soit, le bruit est une matière sonore passion­nante, et nous en distin­guons plusieurs types — eh oui, en synthèse sonore, nous les avons en effet norma­li­sés et label­li­sés selon un code de couleurs des plus seyants. 

Bruit blanc

Bruit blanc synthèse sonore

Le bruit blanc s’ap­pelle ainsi en réfé­rence à la lumière blanche, somme de toutes les couleurs exis­tantes, et repré­sente la somme de toutes les fréquences sonores à puis­sance égale. Mais ceci n’est que théo­rique. En réalité, bien sûr, il ne s’agit que des fréquences conte­nues entre certaines limites, comme celles de la percep­tion humaine (20–20.000 Hz, petit rappel). Un bruit blanc englo­bant une infi­nité de fréquences aurait une puis­sance égale­ment infi­nie — « appe­lez-moi Dieu »…

Si l’on s’en réfère aux défi­ni­tions des précé­dents articles, le bruit blanc est l’ar­ché­type même d’un son complexe non pério­dique. D’un point de vue concret, c’est le son émis par un télé­vi­seur lorsque celui-ci n’est programmé sur aucune chaîne précise. Et quoi de plus normal fina­le­ment qu’un bruit « blanc » sur un effet de « neige », hmm ?

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Bruit rose

Le bruit rose, moins présent que le bruit blanc sur les appa­reils de synthèse, est surtout utilisé dans le domaine audio à des fins de test ou de cali­brage de systèmes de diffu­sion. Le bruit blanc est inapte à cette fonc­tion, et ce pour la raison suivante.

Bruit rose synthèse sonore

Si l’on regarde le tableau de l’ar­ticle «  Synthèse sonore 3 : À haute fréquence (ou pas…) », on constate que le champ de fréquences couvert par la dernière octave est beau­coup plus impor­tant que celui couvert par la première. L’éner­gie sonore du bruit blanc – toutes les fréquences à égalité de puis­sance — est donc beau­coup plus impor­tante dans les octaves supé­rieures qu’in­fé­rieures. Avec un tel déséqui­libre, impos­sible de cali­brer quoi que ce soit !

Le bruit rose est donc un bruit blanc dont on abaisse la puis­sance sonore de 3 dB à chaque octave (double­ment de fréquence), afin d’ob­te­nir une puis­sance homo­gène sur l’en­semble des octaves.

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Bruit rouge (brow­nien)

Hop, pour décou­vrir les origines de ce bruit, faisons un petit saut par la bota­nique et la ther­mo­dy­na­mique, rien que ça !

Bruit rouge synthèse sonore

En 1827, le bota­niste écos­sais Robert Brown décou­vrit au micro­scope que des parti­cules de pollen plon­gées dans l’eau étaient soumises à une agita­tion conti­nuelle et irré­gu­lière, appe­lée depuis « mouve­ment brow­nien » en hommage à son décou­vreur. Il fallut toute­fois attendre le tout début du 20e siècle pour qu’Ein­stein et – indé­pen­dam­ment – Smolu­chovski proposent une théo­rie valide expliquant le phéno­mène : les mouve­ments desdites parti­cules de pollen résul­te­raient des chocs de celles-ci contre les parti­cules d’eau les entou­rant. Cette théo­rie permet­tra entre autres d’ex­pliquer les rela­tions entre pres­sion, tempé­ra­ture et volume des gaz…

Bref, nous nous éloi­gnons de la musique ! Mais le mouve­ment brow­nien peut lui aussi être traduit en onde sonore complexe non pério­dique. 

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Nous consta­te­rons, à l’écoute des diffé­rents exemples, que chacun de ces bruits semble à l’oreille plus chargé en basses fréquences que le précé­dent. C’est normal : si, comme nous l’avons vu, le volume sonore des fréquences du bruit rose décroît de 3 dB par octave, celui du bruit rouge décroît quant à lui de 6 dB par octave. 

Autres bruits

On peut trou­ver ça et là des réfé­rences à d’autres types de bruits — bleu, violet, gris –, mais on ne les rencontre quasi­ment jamais en synthèse sonore, je ne m’éten­drai donc pas sur leurs carac­té­ris­tiques.

Quand au bruit « marron » (à ne surtout pas confondre avec le bruit « brow­nien », parfois d’ailleurs impro­pre­ment inti­tulé « brown noise » en anglais) il repré­sen­te­rait d’après les créa­teurs de « South Park » une gamme de fréquences à même de déclen­cher une irré­pres­sible envie de courir aux toilet­tes…

Aucune étude scien­ti­fique n’a pour l’ins­tant validé cette inté­res­sante théo­rie.

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