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Ensoniq ESQ1
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Ensoniq ESQ1

Synthétiseur hybride analogique/numérique de la marque Ensoniq

aurélien chubilleau aurélien chubilleau

« Born in the USA »

Publié le 13/12/12 à 00:17
A l'évidence, l'ESQ1 entre dans la catégorie des "gros" synthésiseurs. Outre le fait d'être un des rares hybrides - trois oscillateurs numériques, et un filtre analogique CEM 3379-, il dispose de quatre générateurs d'enveloppe et trois LFO, avec des possibilités de modulation très impressionnantes, proche de celles offertes par un modulaire, ou un Oberheim Matrix 6 ou 12. Par exemple, les générateurs d'enveloppe peuvent moduler la hauteur de note des oscillateurs.
Les oscillateurs, amplifieurs, filtres et générateurs d'enveloppe sont largement pourvus en réglages divers et variés, touchant notamment à la vélocité du clavier, entre autre.

Les formes d'onde classiques sont complétées ici par quelques échantillons issus du Mirage. Les formes d'onde traditionnelles sont puissantes, les échantillons intéressants pour certains. Il existe sur le net des EPROM "hidden wave", mais leur intérêt est très limité, car les ondes cachées sont aléatoires et peu exploitables. De plus, ces EPROM ont tendance à rendre le synthé instable.

Parmi les autres caractéristiques importantes, notons qu'on peut superposer deux sonorités, ou spliter le clavier. Dans ce cas, la polyphonie de huit voix au départ est divisée par deux, et c'est parfois juste. Par contre, on ne trouve pas de mode unisson, et c'est un peu dommage pour un synthé certes hybride, mais très typé analogique.

Un mot sur le clavier : Il est donc sensible à la vélocité, mais sa facture est italienne. C'est le même que celui monté sur les SIEL DK 80, Crumar Bit-99, etc... Il n'est donc pas de première qualité au touché, mais on s'y fait. On aurait certes préféré un clavier type DX7, mieux équilibré sur le plan du touché.

Enfin, terminons la description par le séquenceur, facile d'utilisation, et assez généreux pour l'époque, moyennant le pack extension. Là encore la polyphonie de départ peut limiter certaines ardeurs, si on souhaite superposer les séquences.

UTILISATION

L'interface imaginée par Ensoniq est assez judicieuse. On aurait certes préféré un "tout potard", tel un Memory Moog, mais l'ESQ1 ne sombre pas non plus dans l'interface "calculette", courante dans les années 80, telle qu'on la rencontre sur les Korg de l'époque. Ici, on profite d'un large écran, à l'esthétique très typée 80, et surtout bien lisible. Les boutons se rapportent directement aux fonctions affichées. Par ailleurs, un organigramme du synthétiseur en façade rend son utilisation très claire. En quelques minutes, l'utilisation devient très intuitive, et même agréable.
Pourtant, le manuel s'avère utile pour connaître quelques subtilités, et bien prendre en main l'ensemble des fonctions.

SONORITÉS

Après la technique, l'essentiel : le son. Sur ce chapitre, l'ESQ1 joue vraiment dans la cour des grands. Il est très chaud, très puissant grâce à ses trois oscillateurs, une caractéristique peu commune qui en fait l'égal d'un Minimoog ou un Mémorymoog. Si les Moog sont peu accessible, l'Ensoniq, lui, peut encore s'acquérir pour une somme raisonnable, et permet de produire des sonorités ressemblantes à s'y méprendre. Plus généralement, il est très typé électro, au sens large du terme, du psyché au hard tech, en passant par la pop ou le dub. Les sonorités de piano proposées lui permettent aussi d'aborder d'autre genre comme le jazz, mais il ne s'exprime pas le mieux dans ce registre. C'est avant tout un synthé de création, de recherche, et à ce titre, il offre de larges possibilités.
L'ESQ1 est résolument un synthé américain, il a LE son qui tue bien caractéristique de la côte ouest. Mais contrairement à beaucoup de ses congénères californiens, comme par exemple un Prophet, il est aussi capable de montrer une toute autre facette, et en cela, il rejoint la personnalité d'un DX7, extrêmement inventif et polyvalent. Par exemple, comme le DX7, il peut devenir sombre, surprenant, ou au contraire clinquant.
Si les allusions au fameux Yamaha DX7 sont récurrentes quand on évoque l'ESQ1, il faut tout de même rappeler une conception radicalement différente, et à ce titre, il n'est pas forcément utile de les opposer. Au contraire, ils se complètent assez bien, et l'ESQ1 permet de faire la jonction entre le Yamaha, et les analogiques classiques.

Pour en terminer avec comparatif, n'oublions pas de mentionner ce point commun entre l'ESQ1 et les Korg DW 6000 et 8000 : ces trois synthétiseurs partagent une architecture hybride, et sont contemporain, à quelques mois près. Toutefois, sans déprécier les Korg, leurs caractères ne sont pas comparables à celles de l'ESQ1. Moins ambitieux sur le plan de la programmation, les Korg diffèrent par un tempérament fondamentalement plus doux, plus délicat, même. Si donc vous hésitez entre un ESQ1 et un DW 8000, eh bien... il vous faudra les deux, car l'un ne remplace pas l'autre ! Tout comme un DX7 ne remplace par un ESQ1 et vis-versa.

AVIS GLOBAL

Après quelques mois d'utilisation je commence à tirer parti et "personnaliser" mon ESQ1, équipé des EPROM 3.50. Il côtoie donc un DX7 II et un DW 6000, mais aussi d'autres synthés comme un Poly 800 II, un Prophet 600, un Pro One, un Poly 61 et un Siel DK 80. J'ai en vingt ans eu en main nombre de synthétiseurs. Cette expérience me permet de présenter aujourd'hui l'Ensoniq ESQ1 comme un excellent choix, car il offre beaucoup pour un prix mesuré, et indéniablement, le son est à la hauteur des plus grandes légendes de la synthèse. Il va sans dire qu'il a comme tous instruments ses défauts, mais fondamentalement, il a un gros coeur; la puissance est au rendez-vous, et la musicalité est un ravissement.