Dans les articles précédents, je vous ai proposé un aperçu de l'utilisation des accords hybrides dans le cadre d'une ré-harmonisation. Mais une ré-harmonisation peut parfois prendre des chemins plus simples.
L’usage des renversements en ré-harmonisation
Nous l’avons vu dans l’article 78, la ré-harmonisation d’un thème peut prendre diverses formes : retirer des accords, les modifier ou encore en ajouter d’autres. Dans ce dernier cas de figure, il n’est pas obligatoirement nécessaire que ces derniers accords soient de nature foncièrement différentes de ceux qu’ils viennent compléter : souvent on peut s’autoriser à jouer avec les renversements de l’accord d’origine afin de proposer des variations dans l’activité harmonique sans en modifier le contenu ni la fonction. Ce principe peut être illustré simplement dans l’exemple suivant, dans lequel les accords des degrés II et V sont proposés chacun sous forme de renversements :
Les accords d’ornement
Toutefois, l’emploi des renversements constitue un peu le stade minimal de la ré-harmonisation. Comme nous l’avons déjà évoqué dans ce dossier, notamment dans l’article 28, la musique est parfois faite de moments d’anticipations et de retards. Mais parfois, il s’agit plutôt de petits pas de côté subrepticement effectués, sans pour autant aller chercher obligatoirement dans des contrées aussi étrangères que celles de la polytonalité évoquée dans les derniers articles. C’est dans ces moments-là que l’on fait appel aux accords d’ornements.
On en différencie trois types. Tout d’abord, nous avons les accords diatoniques utilisés en broderie, c’est-à-dire avec un mouvement d’aller-retour. Ainsi dans l’exemple suivant, nous restons en Ré mineur malgré la présence de l’accord de Mi demi-diminué, accord d’ornement sans réelle valeur fonctionnelle ici :
Ensuite, nous avons les accords diatoniques de passage. C’est la fonction de l’accord de Sol mineur ci-dessous :
Enfin, on peut trouver les accords chromatiques en broderie, comme ici l’accord de Fa# majeur 7 :
Les accords d’appoggiature
En plus des accords d’ornement que nous venons de voir, nous disposons dans notre caisse à outils de ré-harmonisation des accords dits d’appoggiature (pour la définition de ce terme, je vous renvoie à nouveau vers l’article 28 de ce dossier). Ces accords ne se laissent pas toujours clairement chiffrer, car leur structure n’est pas obligatoirement définie. Leur principale caractéristique est que chacune de leurs voix est dans une relation directe de résolution avec l’accord de destination. Ainsi dans l’exemple suivant, toutes les notes de l’accord de Ré mineur 7 sont des résolutions par mouvement obligé de l’accord non défini qui le précède, qui revêt alors la fonction d’accord d’appoggiature.
L’ajout de cadences
Bien entendu, il existe de multiples autres formes de ré-harmonisation. Outre les exemples ci-dessus et le substitutions d’accords (cf articles 14 à 16 de ce dossier), rien n’empêche par exemple de procéder tout simplement à l’ajout de cadences qui permettent éventuellement même de procéder à des modulations (cf articles 17 à 21).