Bienvenue dans l'article d'aujourd'hui, où nous poursuivons notre exploration des décalages dans le domaine harmonique. La dernière fois, nous avions vu les retards, explorons aujourd'hui son contraire, l'anticipation, et sa petite cousine, l'appoggiature.
L’anticipation
Le retard et l’anticipation sont deux phénomènes en miroir l’un de l’autre. Comme nous l’avons vu, le retard prolonge une note d’un accord précédent dans un nouveau contexte. L’anticipation quant à elle fait exactement l’inverse, en annonçant un accord par une note présente déjà dans le contexte précédent l’accord en question. Dans les deux cas, nous pouvons passer par une phase « dissonante » réclamant une résolution sur l’accord suivant.
Tout comme le retard, la résolution de l’anticipation se fera par mouvement conjoint ascendant ou descendant. Mais au contraire du retard, l’anticipation se produira sur un temps faible. Enfin, on considère généralement que l’anticipation est plus courte que le retard.
L’exemple suivant présente une anticipation, avec la note X totalement étrangère à l’accord Y mais réelle de l’accord Z dont elle annonce l’arrivée.
L’appoggiature
L’appoggiature est un phénomène qui se rapproche quant à lui davantage du retard, et nous allons voir pourquoi. Il faut tout d’abord distinguer l’appoggiature mélodique de l’harmonique et l’appoggiature brève de l’appoggiature longue. L’appoggiature mélodique trouve sa résolution sur une note, l’appoggiature harmonique sur un accord. Parfaitement cohérent !
Les appoggiatures brèves sont beaucoup plus facilement repérables et caractéristiques que les appoggiatures longues. Il s’agit de petites « pétezouilles » sonores, souvent situées un ton ou un demi-ton au-dessus ou au-dessous de la note ou de l’accord résolutif. Il n’y a pas vraiment de notion de durée les concernant., Ces petites miettes sonores sont caractérisées sur la portée par une note barrée.
Les appogiatures longues sont quant à elles représentées par une petite note non barrée cette fois. Elles ont une véritable durée qui est fonction de la nature de cette note (double-croche, croche, etc.). La durée de la petite note est alors retirée de la note résolutive.
Les appoggiatures longues peuvent également être représentées graphiquement par des notes normales. Mais alors me direz-vous, quel intérêt de les représenter en petites notes ? Tout simplement parce que cela permet de donner un repère visuel d’interprétation. On indique ainsi que les notes principales de la mélodie ne sont pas les notes d’appoggiature mais les notes résolutives.
Mais quoi qu’il en soit, qu’elle soit longue ou brève, l’appoggiature harmonique est toujours caractérisée par une note étrangère à l’accord de résolution. En cela, elle se rapproche du retard. Et tout comme lui, l’appoggiature se réalise principalement sur les temps forts (même si elle peut également se réaliser sur les temps faibles), le plus souvent aussi directement sur la pulsation. Sauf qu’à la différence du retard, elle n’a pas d’accord ou de note préparatoires. Elle tombe un peu du ciel en somme. C’est d’ailleurs bien souvent la définition donnée de l’appoggiature : un retard sans préparation.