Aujourd'hui est enfin arrivé le moment de commencer à passer à l'application concrète des différents concepts que nous avons étudiés durant presque quatre ans ! Et je vous propose pour cela de nous attaquer à un standard de la musique jazz : Summertime.
Avant-propos
Avant de commencer le travail d’harmonisation à proprement parler, je tiens à préciser ceci. L’harmonisation finale de Summertime que je vais vous proposer dans quelques articles n’est pas de moi, mais il s’agit de celle qui figure dans le Real Book, la référence de tous les standards de Jazz. Toutefois, plutôt que de la reproduire ici dans sa forme définitive et d’analyser d’emblée cette dernière, je vous propose de passer progressivement par toutes les étapes qui ont permis de l’établir. En ce qui concerne en revanche l’écriture des accords (position fondamentale ou renversement, nature ouverte ou fermée, etc), celle-ci n’est pas détaillée dans le Real Book qui ne présente que leurs dénominations. L’écriture des accords que je vous proposerai sera donc entièrement de mon fait. Dans un premier temps et par souci de clarté, les accords seront présentés dans leur forme fondamentale fermée, c’est-à-dire sans renversement. Nous affinerons tout cela par la suite.
Pour commencer, vous trouverez ci-dessous la transcription écrite de la mélodie :
Tonalité et fin du morceau
À partir de la mélodie ci-dessus, voyons ce que nous pouvons déduire concernant la tonalité générale de ce morceau afin de définir plus aisément les accords à employer pour son harmonisation. Rappelons-nous que la tonalité d’un morceau se déduit principalement grâce à deux éléments : l’armure et la dernière note dudit morceau. L’armure se révèle ici absolument vierge de toute altération. Nous sommes donc soit dans la tonalité de Do majeur, soit dans sa tonalité relative mineure, à savoir La mineur naturel. C’est la dernière note de la mélodie qui va nous donner la réponse définitive. S’agissant ici d’un La, nous pouvons raisonnablement en déduire que nous sommes en La mineur et placer en conséquence un accord de La mineur sous la dernière note de la mélodie.
La cadence parfaite
Nous avons de nombreuses fois observé à travers les différents articles de ce dossier qu’une tonalité était renforcée par la présence finale d’une cadence parfaite, matérialisée par le passage de la dominante vers la tonique. La dominante de La étant Mi, c’est donc un accord de Mi dominante 7 que nous allons utiliser pour harmoniser la mesure 15 du morceau. Afin de pouvoir constituer cet accord, nous sommes obligés d’altérer le Sol qui devient dièse. La tonalité employée ici n’est donc plus le La mineur naturel, mais le La mineur harmonique.
Le début du morceau
Maintenant que nous avons très sommairement harmonisé la fin, penchons-nous sur le début du morceau. Nous avons tout d’abord une levée constituée de deux notes, et qui en tant que telle ne nécessite pas obligatoirement d’être harmonisée. C’est donc la deuxième mesure qui va nous intéresser. Le Mi qui l’occupe en intégralité est l’une des notes réelles de l’accord de La mineur, accord de tonique du morceau comme nous venons de le voir précédemment. Nous n’aurons donc aucun scrupule à employer l’accord en question pour harmoniser cette mesure. Nous pouvons également l’employer pour l’instant dans la troisième mesure, les Mi et Do qui y sont contenus étant aussi des notes réelles de l’accord de La mineur. Nous verrons plus tard ce que peuvent induire les Ré, notes étrangères de l’accord.
En continuant à nous baser sur le principe des notes réelles, nous pouvons aisément conserver l’accord de La mineur pour harmoniser les quatrième et cinquième mesures.
Je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine pour la suite de notre travail !