Dans les articles précédents, nous avons entamé la réflexion sur l’utilisation la plus pertinente des accords pour harmoniser une mélodie.
Nous avons donc commencé à étudier le rôle des différents degrés de la gamme, leur utilisation au sein notamment de cadences, ainsi que la nature et le rôle de ces dernières. Nous nous sommes également penchés sur la question des notes réelles et des notes étrangères, ceci afin de nous aider à définir, d’une part, quelles notes d’une mélodie peuvent être harmonisées, et, d’autre part, quels accords utiliser à cette fin. Mais dans cette quête de la juste harmonisation, il est deux outils supplémentaires que je vous propose de découvrir dans les deux prochains articles, à savoir la notion de stabilité (ou d’instabilité) d’un accord, et celle de rythme harmonique.
Les accords stables
On parle d’accords stables quand, à leur écoute, l’on n’éprouve pas de besoin particulier de les entendre évoluer vers un autre accord. En général, les accords stables ont en commun le fait qu’ils ne contiennent pas le degré 4 de la gamme. Dans la gamme majeure, ce sont les accords I, I6, IM7, III-, III-7, VI-, VI-7.
Les trois premiers sont des accords de tonique, car leur fondamentale est la tonique, ouaouh ! Les autres sont dits accords de substitution. Nous expliquerons de quoi il s’agit dans un futur article, pour l’instant vous n’avez besoin que de savoir que… ce sont des accords stables.
Les accords instables
À l’inverse, nous avons les accords instables. Ceux-ci sont souvent des accords de dominante. L’une de leurs caractéristiques est de contenir le « triton ». Kézako ? Rien à voir avec un quelconque amphibien, d’ailleurs nous l’avons déjà brièvement évoqué dans le tout premier article de cette série. Comment, vous ne vous en rappelez pas ? Le triton est l’intervalle entre deux notes composées de trois tons entiers, d’où son nom, également appelé quarte augmentée.
On retrouve cet intervalle dans les accords de septième de dominante au niveau de l’écart entre la tierce majeure de l’accord et la septième mineure. Par exemple, l’accord de Sol dominante 7 (généralement noté G7, accord de dominante de la gamme de Do majeur) est composé des notes suivantes : Sol, Si, Ré et Fa. L’écart entre Si (tierce majeure de l’accord en partant de la fondamentale) et Fa (septième mineure de l’accord en partant de la fondamentale) est exactement de trois tons… C’est le triton.
Allez, un autre exemple pour ceux qui en auraient assez de la gamme de Do majeur. Mib dominante 7 (Eb7, accord de dominante de la gamme de La bémol majeur), est composé des notes Mib, Sol, Sib et Réb. Le triton se situe, dans cet accord, entre Sol et Réb.
Si nous l’extrayons et que nous le jouons seul, nous remarquons qu’il réclame absolument une résolution, comme nous pouvons l’entendre dans l’exemple suivant :
C’est principalement cette tension qui accentue encore le besoin de résolution vers la tonique des accords de dominante.
Nous verrons dans un prochain article d’autres règles qui régissent les « attirances » de certains degrés et accords vers d’autres. Juste un petit « spoiler » : le degré IV d’une tonalité donnée est également facteur d’instabilité, car il tend vers le degré III, qui est quant à lui toujours contenu dans les accords de tonique. Or, la septième de l’accord de dominante 7 est le degré IV de la tonalité générale du morceau.