Aujourd’hui, nous allons nous remémorer un élément essentiel de la musique, j’ai nommé le rythme.
Vous serez peut-être étonnés de voir apparaître ce concept dans le cadre d’une série d’articles sur l’harmonie. Eh bien, vous surprendrais-je réellement si je vous annonçais que tout, absolument tout, est lié en musique, et que mélodie, harmonie (hello, messieurs Cliff et Lavilliers), et rythme sont absolument indissociables les uns des autres ? Nous avons notamment vu que chaque cadence provoquait un effet précis. Pour fonctionner, une cadence doit former un certain ordre dans l’enchaînement des accords qui la composent. Or, qu’est-ce que le rythme sinon la mise en ordre temporelle d’un morceau ?
Le temps et ses divisions
Avant de commencer, nous allons faire un bref rappel de ce que sont les principales manières de diviser le temps. Déjà, nous allons lever immédiatement une ambiguïté de langage : en musique, le « temps » que nous connaissons est lui-même divisé en « temps ». Il s’agit de subdivisions toutes situées à égale distance temporelle les unes des autres, tant que le tempo (la vitesse) du morceau ne varie pas. D’ailleurs, dans le langage courant, l’on confond souvent ce dernier, le tempo, avec le rythme. Les deux concepts sont en fait très différents : un morceau dont le tempo est fixé peut contenir plusieurs rythmes différents. Mais revenons à nos « temps ».
Leur principale utilité est de servir d’unité de base à la mesure de la durée des notes et des silences. Ci-dessous, un petit tableau qui récapitule tout ça.
Vous vous demandez certainement à quoi correspond le « code » des notes que vous voyez dans le tableau. Tout d’abord, il faut savoir que les temps sont réunis au sein de « mesures », symbolisées sur la partition par l’espace entre deux traits verticaux. Ces mesures sont le plus souvent de 2, 3 ou 4 temps (mais on peut en trouver de beaucoup plus exotiques !).
On distingue deux modes rythmiques : le mode binaire et le mode ternaire. Dans le premier, l’unité de temps est la noire, dans le second, la noire pointée. Pour faire très simple, le mode ternaire implique un rythme constamment en mouvement : c’est celui de la valse, ainsi que celui qui définit le « swing » du jazz. Le rythme binaire est quant à lui le mode principal utilisé en rock et dans nombre de musiques actuelles. La musique classique fait un usage quasi équivalent des 2 modes.
Le « code des notes » représente en fait la fraction de 4 temps à laquelle ces notes correspondent. Cette codification sert principalement lors de la définition de la taille des mesures. Par exemple, une mesure à trois temps sera codifiée ainsi :
Où « 4 » représente la noire (fraction de ¼ d’une ronde de quatre temps), et « 3 », le nombre de fois où cette noire pourra être contenue dans la mesure. Sachant qu’une noire vaut un temps, cette codification désignera donc bien une mesure à trois temps. Le code de la noire est celui principalement choisi lorsqu’il s’agit de représenter un décompte temporel en mode binaire.
Pour le mode ternaire, comme la noire pointée n’a pas de code propre, on se base sur la croche, avec donc 3 croches pour un temps. Ainsi dans l’exemple suivant, on a deux mesures. L’une contient 6 croches, l’autre 2 noires pointées. Dans les deux cas, nous avons 2 temps en mode ternaire.
Mais vous trouvez sans doute que nous nous éloignons fortement de l’harmonie avec ces questions de rythmes. Comme je le disais plus haut, en musique, tout est lié. Car — roulements de tambour — c’est aussi l’emplacement temporel des accords qui construit une cadence (entre autres).
Temps forts, faibles et intermédiaires
Pour comprendre cela, il est indispensable de bien saisir les notions de temps fort, temps faible, et intermédiaire. Pour faire simple, un temps fort est en général un temps appuyé, aussi bien percussivement quand l’instrumentation inclut des… percussions, qu’harmoniquement. Cela se traduit par le fait que l’on veillera à utiliser, sur les temps forts, des accords stables (voir article précédent). Par opposition, un temps faible est un temps qui n’est pas marqué. On utilisera plus souvent des accords instables sur ces temps-là. Sur les temps intermédiaires enfin, on emploiera des accords stables mais moins marqués que pour les temps forts, comme des accords de sous-dominante, par exemple.
Ci-contre, un petit tableau récapitulatif
Il est important de noter que selon les morceaux, les schémas présentés ici peuvent se développer non pas sur une seule, mais sur plusieurs mesures. Par exemple, l’enchaînement temps fort — temps faible — temps intermédiaire – temps faible de la mesure à quatre temps peut aussi se retrouver dans une construction plus large, mesure forte, mesure faible, mesure intermédiaire, mesure faible.