Je vous ai promis la dernière fois de vous faire découvrir des gammes un peu particulières : les gammes majeure harmonique et double harmonique. Mais voilà, ces deux gammes appartiennent à un ensemble plus important que l'on appelle les gammes synthétiques et dont il me faut impérativement vous parler ici au préalable.
Premier aperçu des gammes synthétiques
Pour bien saisir la nature des gammes synthétiques, il est important de comprendre qu’il s’agit de gammes qui ne sont pas issues directement du cycle des quintes (article 3) comme le sont les gammes majeures traditionnelles, leurs relatives mineures et les modes naturels qui en découlent. En effet les gammes synthétiques doivent leur dénomination au fait qu’elles sont issues soit de l’hybridation de différents modes entre eux, soit de la modification spécifique de certaines notes au sein de modes donnés. Deux cas de modifications de notes nous sont d’ailleurs déjà bien connus : il s’agit des modes modes mineurs « non naturels » que sont le mineur harmonique et le mineur mélodique. En effet, ils résultent notamment de l’augmentation « artificielle » de leur septième mineure en septième majeure. Mais ne précipitons pas les choses. C’est déjà bien assez confus comme cela, n’est-ce pas ? Je sens que j’en perds déjà quelques-uns au fond de la classe ! C’est normal, ne vous inquiétez pas, nous allons tâcher d’apporter de la lumière à tout cela.
Le grand retour des tétracordes
Pour traiter de l’hybridation des modes, il nous faut comprendre en premier lieu les règles selon lesquelles elle s’établit. Je me permets tout d’abord de rappeler à toutes fins utiles que l’hybridation est un terme issu de la biologie qui désigne le fait de mélanger des espèces entre elles. Oui, ça ne rigole pas, je ne vous propose rien moins que de nous aventurer dans L’Ile du docteur Moreau de la musique ! Mais ne nous égarons pas.
Cette hybridation s’effectue en divisant en deux les deux modes que l’on souhaite faire fusionner, pour ensuite les ré-assembler entre eux. Cette division par deux d’un mode ne vous rappelle rien ? Eh bien, il s’agit tout simplement de la division par tétracordes que nous avions commencé à étudier dans l’article 49, de manière très succincte il est vrai.
Pour rappel, nous avons quatre types de tétracordes dans les modes naturels et qui doivent leur nom aux caractéristiques principales des modes dont ils sont tirés. Chacun comporte d’ailleurs la note caractéristique du mode concerné. Le tableau suivant vous permettra de vous retrouver aisément dans la dénomination et la construction des tétracordes. Cette dernière est définie par les intervalles qui séparent les notes du tétracorde entre elles. Exemple pour le tétracorde majeur Do-Ré-Mi-Fa : les intervalles sont de 2 demi-tons entre Do et Ré, de 2 demi-tons entre Ré et Mi et enfin de 1 demi-ton entre Mi et Fa, ce qui nous donne donc la succession : 2–2–1.
Dans les prochains articles, nous étudierons comment et pourquoi associer les différents tétracordes entre eux, comment sont constitués les tétracordes issus des modes altérés, et enfin comment se construisent les gammes synthétiques non plus par hybridation mais par modifications de notes.