Dans l'article précédent j'ai commencé à vous présenter les gammes synthétiques, ce qui nous a amenés à nous ré-intéresser à un élément constitutif des gammes et des modes que nous avions déjà évoqué dans un article antérieur : le tétracorde. Mais avant de poursuivre il me semble important de rappeler ici l'intérêt que nous pouvons trouver à découper nos gammes et modes en tétracordes, pour ensuite les ré-assembler par derrière.
L’intérêt de la division et du ré-assemblage des gammes et modes
L’intérêt de cette démarche est triple. Tout d’abord, ce découpage permet de ne plus considérer les gammes et modes uniquement dans leur entièreté, mais également au niveau de leurs constituants, de leurs « briques » si l’on préfère. Lesdites briques étant moins nombreuses que les gammes et modes qu’elles servent à fabriquer, leur apprentissage peut éventuellement être plus simple pour le musicien, tout en lui apportant une nouvelle perception de ce qu’il connaît déjà. Et plus un cerveau établit de connexions sur un sujet donné, mieux il le maîtrise.
Le second avantage est celui de bénéficier d’outils simples pour créer de nouvelles structures, les fameuses gammes synthétiques. Et enfin le troisième avantage découle directement du précédent : les gammes synthétiques ou hybrides permettent à leur tour la constitution de phrases mélodiques cohérentes même dans des environnements harmoniques riches et changeants.
Ce rappel étant effectué, commençons l’étude des ré-assemblages en question !
Les gammes synthétiques issues des tétracordes des modes naturels
Dans les articles 49 et 64, nous nous sommes concentrés sur les tétracordes qui constituent les modes naturels, c’est-à-dire les modes dérivant de la gamme majeure (incluant donc la gamme mineure naturelle, mode éolien ou sixième mode de la gamme majeure). Si on les ré-assemble entre eux, outre les modes présentés dans l’article 49, on obtient les résultats suivants.
En associant un tétracorde mineur avec un tétracorde majeur, on obtient une gamme mineure mélodique :
En associant un tétracorde majeur avec un tétracorde phrygien, on obtient un mode mixolydien b6 (5e mode de la gamme mineure mélodique) :
En associant un tétracorde phrygien avec un tétracorde majeur, on obtient un mode napolitain majeur :
En associant un tétracorde phrygien à un tétracorde mineur, on obtient un mode phrygien bécarre 6 (deuxième mode de la gamme mineure mélodique) :
En associant un tétracorde lydien à un tétracorde mineur, on obtient un mode lydien b7 (4e mode de la gamme mineure mélodique) :
En associant un tétracorde lydien avec un tétracorde phrygien, on obtient le troisième mode issu de la gamme unitonique sensible (nous parlerons de celle-ci un peu plus tard) :
Les gammes synthétiques non-octaviantes issues des tétracordes des modes naturels
Les associations suivantes provoquent la création de gammes qui sont dites « non-octaviantes », car elles ne permettent pas une répétition de leur structure à l’octave. Elles feront elles aussi l’objet d’un futur article.
Association d’un tétracorde mineur avec un tétracorde lydien :
Association d’un tétracorde majeur avec un tétracorde lydien :
Doublement d’un tétracorde lydien :