Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
FR
EN

Comment accompagner un soliste jazzeux (ou pas) ?

  • 41 réponses
  • 8 participants
  • 7 339 vues
  • 11 followers
Sujet de la discussion Comment accompagner un soliste jazzeux (ou pas) ?
Hello !

Comment concevez vous votre accompagnement sur une walkin pour servir la meilleur soupe possible à votre soliste ?

Je pense qu'il faut bien repérer la grille et comment enchainer les triades de chaque accords au trois positions où il y en a. Après tout est dans le variation des rythmes et des renversements.

Comme le soulignait Azzy123 sur un autre topic, la triades sont pas très colorées, on va utiliser des triades  trafiquées pour avoir les extensions des accords ou utiliser les drop2 : les  renversements d'accords à 4 sons.

Bon, et vous, vous vous repérez comment ? Dans quel but ?
2
Je parlerai plus de piano que de guitare, prenant des cours de piano jazz et pas de guitare...

Je pense qu'on peut quand même utiliser des voicings assez enrichi quand ces enrichissements ne sont pas ambigu dans la grille harmonique. S'il y a un II-V-I en majeur, à priori il n'y a aucun problème à jouer IIm7-V7/13-I6/9, il y en aurait si on commençait à avoir des #9 et des b13 sur le V ou un #11 sur le I par exemple. Parce que le solo peut présenter des dissonnances par rapport à l'accompagnement, mais pas l'inverse je pense. Sur un solo bien fait, le soliste peut jouer une b9 alors qu'il y a "bécarre"9 dans le voicing, la b9 n'est qu'un chromatisme vers la fondamentale de l'accord, et on peut même l'attaquer directement comme si c'était une appogiature. A l'inverse jouer une 9° dans le solo, qui paraitra donc très naturelle, alors que l'accompagnement joue la b9 ça sonnera beaucoup plus "faux" je pense. bon ce n'est qu'une idée

Pour le reste, à commencer par un VI-II-V-I, il faut se mettre d'accord, parce que le VI peut être m7 comme comme il peut être juste 7 (7° de dominante car il est le V de II, et c'est systématique dans les anatoles des grilles blues en be-pop, on trouve même couremment des VI7alt-IIm9-V7alt-I7). (alt=b9, #9et b13, qu'on peut résumer à juste #9 si on veut).

Pour conclure je dirais qu'au piano je joue toujours la tierce et la septième dans mon voicing, souvent dans le grave de mon accord (soit l'une, soit l'autre) je met parfois la fondamentale ou la quinte en haut (la quinte seulement si elle n'est pas ambigu, genre accord #5 ou b13) et la 9° au milieu, majeure ou mineure selon la gamme la plus naturelle de la progression, ou selon l'arrengement convenu avec le soliste.

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

3
J'apporte juste un petit plus, je pense que, dans l'accompagnement, on peut faire passer des enrichissements altérés non convenu à l'avance s'il sont joué clairement, un peu comme une voix mélodique en contrepoint du solo.
Je prend un exemple concret, le début d'Autumn Leaves par exemple: Cm7, F7, Bb7M (Qu'on peut voir comme un II V I en Bb).
Dans mes compings au piano je peux partir de Cm7: sib mib sol ré, et jouer avec 3 positions d'affilées, en faisant bouger la 9° de F7: la mib sol ré; la mib solb ré, la mib fa ré.
Plus élégant peut-être en resolvant le solb sur le fa au moment de l'accord de Bb7M (la ré fa sib). Mais en tout cas il faut bien faire sentir que c'est un chromatisme, une voix à part entière, l'amener sur le dernier temps et le lier avec le comping suivant. Et éviter de le faire si le solo tourne autour de cette note, surtout avec un fan de Miles Davis qui va tenir longtemps la 9°.

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

4
Salut.
Le meilleur accompagnateur, c'est celui qui écoute.
Il est bien sûr important de soutenir harmoniquement le soliste, et donc d'entendre ses extensions, et de les deviner... pour cela il faut se connaître, connaître les "tics de langage" du soliste, et avoir une oreille de taré...
Et puis le bassiste n'est pas en reste, il peut aussi proposer des substitutions qu'il faut aussi entendre, et en proposer soi-même, pour donner plus de choix encore à l'improvisateur.

D'un autre coté, il faut apporter un soutien rythmique sans faille, entendre les appuis du solo, et les faire ressortir, les appuyer, ou au contraire en prendre le contrepied et jouer avec ça, tout en collant parfaitement à la ligne de basse et bien sûr à la batterie qui propose aussi constament. Pour cela, il faut toujours bien se connaître, et avoir des reflexes de malades.

Le plus important, et ce sera ma belle phrase de ce soir, c'est de jouer avec le soliste et non-pas derrière, même si l'on n'est pas sur le même plan musical.

Alors, bien sûr, c'est facile à dire, difficile à faire, et c'est le travail de toute une vie, comme d'habitude !
Bb's
même la hauteur des notes n'est pas absolue
5
Très bien dit!

En moment je bosse des titres issue de Kind of Blue avec un atelier de jazz, et c'est pas facile de suivre un soliste quand on a qu'un seul accord (genre so what). Suivre les nuances avec l'intensité et faire un truc interressant mais sans trop sortir de l'harmonie... pas simple, et Bill Evans était très bon pour ça! J'ai même parfois tendance à trouver ses accompagnements plus interessant que ses solos sur cet album, notemment so what, mais all blues aussi. (Par contre rien à dire sur le solo piano de Freddie Freeloader, il est d'une finesse...)

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

6
J'utilise simplement Tierce et Septième en général, et parfois une note de plus (b5, 13, 11, 9 suivant l'accord).
Si je veux faire des nappes (par exemple sur des morceaux modaux) j'utilise beaucoup d'accords en quartes.

Wala.
7
pour moi tout depend de l'habileté et des envies du soliste:
Un accompagnement  trop enrichi "ferme" des portes a l'improvisateur. Bien sur que quand on a un soliste avec un bon bagage, c'est plaisant d'enrichir ses grilles avec subsititutions etc mais en general  il vaut mieux que ca soit le soliste qui joue "compliqué" et l'accompagnement "simple" que l'inverse.
8
Merci pour vos réponses. Je suis 100% d'accord avec boub's sur le fait qu'il faut écouter, interagir, c'est ce qu'il y a de plus intéressant et de plus difficile évidemment ! Il faut que le reste soit du domaine du reflexe. J'ajouterai que c'est surtout au niveau rythmique que je parviens à faire. On peut vraiment orienter le solo positivement, je pense, juste en  proposant une partie rythmiquement adaptée, qui apporte une proposition de changement d'ambiance que le soliste suit naturellement et avec plaisir, voir sans s'en rendre compte, si c'est bien fait.

Ce n'est pas, à mon avis, comparable au fait de mettre des extensions qui vont obliger le soliste utiliser tel modes plutot que tel autre. Là c'est plus du "tiens tu t'énerve, ok je te suis dans mon accompagnement, mais attend, je te propose d'exploser le truc à la fin de la derniere mesure et on calme le truc derriere"... Je sais pas si je suis clair.


Sinon, concernant l'harmonie, si je suis en galere, à la bourre ou quoi, je peux proposer juste de la triade fastoche (c'est mon repere). Si j'ai le temps je mets un accord à 4 sons. Pour moi la regle c'est de jouer dans un petit perimetre. Si pour passer à l'accord suivant je peux bouger juste deux doigts, je le fais. Et puis il faut chercher une sorte de ligne mélodique dans les aigus des accords, que ca garde une cohérence. Ce que je travaille en ce moment c'est de n'utiliser que des accords à 4 sons 1 3 5 7 et de faire l'accompagnement avec les quatre renversement qu'on les guitaristes, en restant dans un petit périmetre.

Jouer seulement la 3 et la 7 me parait pas adaptée à la guitare, si ? Comment tu te reperes ? Tu joues qu'un petit morceau des drop2 sur deux cordes ? Bon, je comprends que tu fasse ça, si tu joues avec un pianiste, mais sinon, ca me parai difficile pour pas grand chose à la gratte non ?
9
Citation de djangologiste :
Il faut que le reste soit du domaine du reflexe. J'ajouterai que c'est surtout au niveau rythmique que je parviens à faire. On peut vraiment orienter le solo positivement, je pense, juste en  proposant une partie rythmiquement adaptée, qui apporte une proposition de changement d'ambiance que le soliste suit naturellement et avec plaisir, voir sans s'en rendre compte, si c'est bien fait.

Ptetre ca viens de mon coté gratteux +ou- rock mais a mon sens, c'est au soliste de mener sa barque ou il le veux et c'est à l'accompagnement de le suivre dans cette voie... si l'accompagnement oriente vraiment vers un univers qui n'est pas pas dans l'esprit du  soliste, j'aurai l'impression qu'il est en quelque sorte "depossédé" de  son solo..


10
Oui y a de ça si c'est raté !! Mais j'espère que ce que j'essaye de faire est plus de l'ordre de la proposition que de l'obligation.

Mais sinon, d'un point de vue technique, j'ai une question pour guitariste :

Vous savez les accords à quatre sons sur les cordes A D G B... Y a 4 renversements dont tierce, septieme, tonique, quinte. 
Ce renversement pour un Maj7, c'est archi dur à jouer... Quand vous êtes dans le coin et que vous avez pas le temps de faire cet accord de ouf (très beau du reste, c'est le premier accord de la musique de bagdag café) vous faites quoi ? Substitutions bienvenues !
11
je suis guitariste aussi bravo J'ai deux solutions, mais pas de miracle

Pour les accords en bas du manche qui sont les plus douloureux, de le jouer en haut du manche mais une corde plus grave...
Qu'est-ce que ce renversement est beau!

Sinon, joue la 9° au lieu de la fondamentale, tu te retrouve en fait à jouer un accord m7 qui a pour basse la tierce de ton accord M7. Après il faut voir selon ta grille si la 9° est majeure ou non, mais à priori, sur un M7 elle est jamais mineure. Enfin ça doit être très rare.

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

12
NB: la même chose marche pour un m7: on peut jouer un accord 7M à partir de sa tierce...

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

13

Hello

Merci de ton aide mais je suis pas sur de comprendre. En fait tu joues le relatif mineur, comme je le fais ici :
14
Tu vois c'est le renversement rouge qui me saoule. Du coup au lieu de jouer le Si je joue le la. Ca fait effectivement un la mineur, mais quand tu reviens à la tonalité, et que tu joues La m plutot que Do, ca fait bizarre. Mais je trouve pas d'autre doigté dans les parages...
15
Si j'ai suivi le raisonnement de 12AX7
Sur un C7M, tu vas jouer un Em7 en postion fondamentale
(en tab ca donne)
3
3
4
2
Cela dit  tu peu aussi "tricher" un peut par exemple sur un accord de G7M , jouer un "simple" Bm
en tab
x
3
4
4
2

16
Oui pardon je n'ai peut-être pas mis d'exemple et donc n'ai pas été clair. Au temps pour moi, je ne joue pas le relatif mineur ou majeur, ça n'a rien à voir.  Johnny G à bien compris, en fait il s'agit de jouer un empilement de 4 tierces, mais à partir de la tierce de l'accord et non de la fondamentale. Autrement dit de jouer le tierce, la quinte, la 7° et la 9° au lieu de fondamentale, tierce, quinte et 7°.

Maintenant deux exemples:
Si sur la grille j'ai un CM7, je peux me péter les doigts à faire ton joli renversement rouge (mais que j'aime beaucoup, il est vraiment beau), ou jouer un Em7. CM7= do mi sol si, Em7= mi sol si ré et ré est la 9° de C. Sur la guitare tu vas le jouer  x7978x, c'est bien une position toute simple de Em7, mais n'oublie pas que ton harmonie est C et que tu joues donc un C7M avec la 9° majeure.

Si sur la grille tu as un Cm7, tu peux jouer EbM7 pour les même raisons: Cm7= do mib sol sib, EbM7= mib sol sib ré. la position sur la guitare du Cm7/Eb allait être x6858x (pas trop trop dûr à jouer quand même), avec le EbM7 ça devient x6878x qui est très basique.

Ceci implique que les 9° soit toutes majeures, mais c'est assez rare qu'elle ne le soient pas sur ces types d'accords (on parle bien d'accord M et m, pas de dominante qui peuvent être altéré très facilement, de demi-diminué où la 9° peut parfois être trop dissonnante et bien sur d'accord mineur-majeur non plus). Mais c'est une méthode qu'on peut aussi appliquer en solo, faire des triades à la tierce c'est pas mal, ça donne une couleur assez sympa, surtout en descendant (en partant de la 9°).

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

[ Dernière édition du message le 03/02/2010 à 22:48:40 ]

17
Ok merci !!! Effectivement ce renversement rouge (qui est accessible sur les 4 cordes les plus aigues mais franchement sur les cordes du dessus). Finalement, ta technique revient à jouer les substitutions des plus calssiques. Remplacer un CMaj7 par un Em7 ou un Am7.

C'est clair que ca le fait... Mais à part ça (j'y pense à ces deux là, je teste et prend le meilleur dans le contexte) y a pas un autre voicing, renversement, substitution ?

18
Après tout dépend du contexte tonal, du degré de l'accord. Si c'est un I tu peux jouer un III ou un VI à la place, tu peux aussi l'enrichir avec des 9, 11, et 13 selon ce qui passe bien ou faire des approches chromatiques (demi-ton inférieur ou supérieur) ou diatoniques (degré conjoints) selon le style.

Si le tempo est lent, et/ou que le style s"y prète, tu peux même rentrer des figures de cadence, donc plusieurs accords à la place d'un seul.
Dans un blues en C par exemple, c'est très courant de jouer des petits G7Alt (Alt= #9 b13) en rythmique sur les accords de C7. On rajoute aussi des II-V à la place des V, voire VI-II-V si tu as le temps.

La grille de base d'un blues qui pouvait faire:
C7 F7 C7 C7
F7 F7 C7 C7
G7 F7 C7 G7

Peut devenir comme ça:

C7 | F7 | C7 | Gm7, C7 |
F7 | F#°7 | C7/G | A7Alt | (voire même  F7 | F#°7 | B-7 (b5), E7Alt | Am7, A7Alt | )
Dm7 | G7Alt | C7, A7Alt | Dm7, G7Alt | 

 
 sympa non?




Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

[ Dernière édition du message le 05/02/2010 à 19:13:55 ]

19
Citation de : (12ax7)²
Après tout dépend du contexte tonal, du degré de l'accord. Si c'est un I tu peux jouer un III ou un VI à la place, tu peux aussi l'enrichir avec des 9, 11, et 13 selon ce qui passe bien ou faire des approches chromatiques (demi-ton inférieur ou supérieur) ou diatoniques (degré conjoints) selon le style.






Il me semble qu'il faut mieux éviter La 11ème car beaucoup d'improvisateur préfère la #11 sut un I 7M

[ Dernière édition du message le 27/03/2010 à 21:55:33 ]

20
 facepalm 

Je me rends compte que j'ai fait mon boulet en oubliant ce topic que j'ai moi même créé. Pardon.
Citation :

Dans un blues en C par exemple, c'est très courant de jouer des petits G7Alt (Alt= #9 b13) en rythmique sur les accords de C7.
Ca revient à jouer  G B D F (Bb) (Eb)  sur C7 : C E G Bb 
Oui ca fait des petit cadence V I...

Les substitutions aussi je commence à m'y mettre un peu. Rajouter des accords de passage, oui si j'ai le temps.

Mais la difficulté que j'ai le plus en groupe, au niveau de l'accompagnement, c'est de me faire bien entendre. Y a deux solistes pas trop vener' que j'arrive à suivre, à accompagner. Mais on a un tenor qui balance pas mal. Il joue beaucoup de couleurs, avec beaucoup de puissance, et souvent mon accompagnement fait un gnan gnan à côté.

Et puis parfois, quand le batteur et le bassiste s'enerve, avec mon son clair trois quart de caisse, sans trop d'aigu (jaaaazzz quoi) je suis un peu transparent.

En gros quand on joue cool, je m'éclate. Quand ils s'enervent je disparais...

Et puis, avec un peu de recul je suis 100% d'accord avec boubs, le plus difficile, c'est d'entendre en direct ou le soliste veut aller, ce qu'il joue, les formules rythmiques qu'il utilise (Comment leur répondre? par la même formule ?  par une autre formule rythmique qui casse sa gueule à la premiere ?). Et c'est dans cette recherche d'interaction qu'il se passe quelque chose d'interessant (qu'Aebersold, aussi bon soit il, ne peut pas nous donner.)

Le souci, c'est que quand j'écoute trop le soliste, mes voicing deviennent vraiment "basic" quoi. Soit je m'écoute, je reflechis à mes voicing, j'essaye de rajouter des extensions et tout pour qu'il y ait une sorte de mélodie dans les aigus ; soit j'écoute le soliste et je joue que des position reflexe, et le communique avec le soliste surtout rythmiquement en fait.

Si vous avez des conseils... je vous remercierai !  bravo
21
@django pour pas disparaitre tu fais comme tout rockeur qui se respecte: tu balance la disto bien fort avec des accords de quintes ou de tierces et pis c'est tout mrgreen tu verra ca enverra bien  (plus serieusement un groupe de jazz dont j'ai zappé le non fait des truc s'apparentant a peu pres a ca (ca y est ca me revient: naked city)

22
Je me demande si je vais pas investir dans une pédale de disto, 15 ans après avoir commencé la guitare.

Merci.
23
J'essaie d'apprendre ça à certains élèves (et je me l'apprends à moi-même haha), c'est effectivement de jouer avec l'autre, de partir sur des aigus si l'autre fonce dans les basses, et réciproquement. De respecter une homogénité dans les intentions (piano ou forte, rock ou blues etc...).  De s'effacer pour laisser l'autre en avant et de faire en sorte de devenir soliste avec le soliste aussi (harmoniser ses thèmes qu'il improvise par ex). Et puis après aller à l'encontre de tout ce que je viens d'écrire, quand la musique le veut, quand c'est comme ça qu'on arrive à quelquechose de plus original, ou simplement quelquechose qui permet de ne pas s'ennuyer dans l'impro (conflits dans les phrasés, polyrythmies, modulations etc...).

Tout dépend du niveau de ton improvisateur. Boub's, dans son premier post, sous-entend qu'il faut bien connaitre le soliste, par rapport à ses envies de moduler par exemple, mais je te dirais que tout le monde fait à quelquechose près les mêmes modul' dans toutes les impros, que les jeux se ressemblent (tout en ayant leur richesse personnelle bien sûr).
Et surtout, une modul t'es pas obligé de la suivre comme le gars voudrait, donc la méconnaissance des deux musiciens peut amener à des choses bien plus originales que deux compères qui s'anticipent dans le jeu, tout en étant de très belle qualité.

Pour finir, le risque de toujours jouer avec le soliste, c'est de détruire le relief du soliste même : rien de pire amha qu'une impro où tout le monde improvise tout le temps. C'est inaudible et ça renvoie au cliché (et blague) que tous les jazzeux jouent très bien, mais un morceau différent. Perso ça m'emmerde vite fait d'entendre un batteur marquer tous les accents du soliste, ou d'essayer de le faire. A force de trop vouloir jouer ensemble, on oublie de jouer pour les auditeurs. Y'a un équilibre à avoir quoi. Rester droit permet au soliste de gérer les nuances. Ça ne veut pas dire que le rythmicien joue derrière, car sans cette rythmique droite, le soliste ne pourrait pas mettre le relief. Ça veut bien dire que les deux jouent ensemble...


[ Dernière édition du message le 30/03/2010 à 22:37:53 ]

24
Citation :
partir sur des aigus si l'autre fonce dans les basses, et réciproquement. De respecter une homogénité dans les intentions (piano ou forte, rock ou blues etc...).  De s'effacer pour laisser l'autre en avant
Yes super conseils ! Merci !


Citation :
 de faire en sorte de devenir soliste avec le soliste aussi (harmoniser ses thèmes qu'il improvise par ex).
Ah bon ? Mais comment tu fais ça ? Il faut une oreille de malade !


Citation :
Et puis après aller à l'encontre de tout ce que je viens d'écrire, quand la musique le veut, quand c'est comme ça qu'on arrive à quelquechose de plus original, ou simplement quelquechose qui permet de ne pas s'ennuyer dans l'impro (conflits dans les phrasés, polyrythmies, modulations etc...).
Grrrrave !!

Citation :

Et surtout, une modul t'es pas obligé de la suivre comme le gars voudrait,
CAD ? Tu parles de quelles modulations ? Tu parles des modulations de la grille oudes modulation que le musicien rajoute à la grille. Genre sur un Do majeur qui reste un peu longtemps, le mec va peut être inventer des accords ...  mmm je suis pas certain de comprendre.


Citation :
Pour finir, le risque de toujours jouer avec le soliste, c'est de détruire le relief du soliste même : rien de pire amha qu'une impro où tout le monde improvise tout le temps. C'est inaudible et ça renvoie au cliché (et blague) que tous les jazzeux jouent très bien, mais un morceau différent. Perso ça m'emmerde vite fait d'entendre un batteur marquer tous les accents du soliste, ou d'essayer de le faire. A force de trop vouloir jouer ensemble, on oublie de jouer pour les auditeurs. Y'a un équilibre à avoir quoi. Rester droit permet au soliste de gérer les nuances. Ça ne veut pas dire que le rythmicien joue derrière, car sans cette rythmique droite, le soliste ne pourrait pas mettre le relief. Ça veut bien dire que les deux jouent ensemble...
Ouais c'est à  dire qu'il faut à la fois lui déroulerle tapis. Lui donner des idées avec des rythmes, des nappes, des extensions, mais il faut également l'écouter et lui répondre.... mais tout ça avec équilibre et bon goût quoi...

Ca me fait penser à un moment on auditionait un sax qui jouait grave bien, et je pense que le batteur et moi on voulait lui montrer qu'on est capable d'interaction quoi... Et on a sombré dans le "too much" je crois. A un moment, le sax fait "Pouet pouet", et sur le temps qui suit, le batteur et moi, en même temps on lui a répondu "POUET POUET" et c'était ... too much quoi, on s'est regardé en fronçant les sourcils...

C'est dur. Mais qu'est ce que c'est interessant !

Merci pour cette super réponse ! 



25
Citation :
Ah bon ? Mais comment tu fais ça ? Il faut une oreille de malade !

Pour les thèmes à suivre ou harmoniser... je pense que perso, je grille les phrasés des zicos avec qui je joue, sans pour autant les connaitre. Mais les instrumentistes à cordes, genre gratteux et bassistes, on passe tous par les mêmes clichés de phrasés, et du coup une fois sur deux je peux reprendre les plans de l'autre, enfin les plans qui méritent d'être harmonisés...

Mais en effet faut avoir l'oreille, ou les yeux pour repiquer à vue ! Perso je le fais mentalement d'abord, puis je monte à la tierce, ce qui en soit est la moins compliquée des deux étapes. Je peux monter/descendre à la quarte ou la quinte si je veux donner un aspect plus glauque au passage : là je me fais pas chier, je joue exactement le même doigté retransposé 2 tons ou 2 tons et demi au dessus (j'appelle ça une harmonisation symétrique mais je crois que c'est un terme officieux).

Citation :
CAD ? Tu parles de quelles modulations ? Tu parles des modulations de la grille oudes modulation que le musicien rajoute à la grille. Genre sur un Do majeur qui reste un peu longtemps, le mec va peut être inventer des accords ...  mmm je suis pas certain de comprendre.

Pour les modulations, je parle des zicos qui jouent modal en fait (ça porte à confusion). Sur une grille jazz lambda, les jazzeux ont tendance à moduler de  la même manière (se mettre en lydien, phrygien ou je ne sais quel autre mode apprécié), et souvent le rythmicien reste sur sa suite d'accords pour que ça sonne modal justement. Or, tu peux très bien le suivre, du coup ça transforme son jeu modal en jeu tonal sur des accords de passages (mais pas forcément ceux auxquels il s'attend), ou PIRE, tu peux moduler ta suite d'accords et rester sur cette modulation (ne plus revenir à la grille de base), du coup le soliste doit conserver le changement de mode qu'il a opéré, et se repositionner. Là c'est intéressant ! C'est un peu comme piéger le soliste à son propre jeu.

Pour exemple, prends n'importe quel substitution diatonique ou tritonique dans les cadences jazz que tu as travaillées : au lieu que tes substitutions soient tels des accords de passage... et bien reste sur ces accords et module la grille entièrement à partir d'un des accords de substitution. C'est violent et ça peut perdre le soliste, mais après tout, pour moi un soliste qui veut jouer en modal est un soliste qui doit aussi savoir s'adapter à n'importe quelle modulation (ça doit marcher dans les deux sens quoi).

Musicalement parlant, ça permet aussi une transition, c'est idéal à faire quand ça fait 6min qu'on fait tourner la même chose.

Citation :
on s'est regardé en fronçant les sourcils...



C'est clair que c'est vraiment à éviter, pourtant je suis tombé sur qd mm pas mal de musiciens avec un super niveau qui avait ce défaut (je peux pas me résoudre à appeler ça une qualité quand je n'entends que ça). Mais j'ai aussi vu l'inverse, un batteur qui tenait son chabada sans donner une seule nuance : pour le coup c'était droit mais ça ne vivait pas.
Et je te parle pas de ma propre expérience qui me fait penser que je n'arriverai jamais à être constant dans la qualité des impros. Des fois y'a un super dialgoue maitrisé, d'autres fois c'est la totale déchéance, j'en mets partout, j'oublie les autres, etc...