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Debutant orchestration

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Sujet de la discussion Debutant orchestration
Bonjour tout le monde,

Voila, je débute en MAO et j'aimerais me mettre activement à la création de musiques orchestrales. Je connais le solfège, j'aimerais avoir des conseils sur l'orchestration (par exemple, comment utiliser la catégories des "brass" par exemple, quand les utiliser pour créer telle ou telle ambiance) ou des liens de tutorials pour s'autoformer. Je sais que sur ce forum il y a des très bons compositeurs qui utilisent par exemple GPO ou Quantum leap.
Le but serait de créer des musiques héroic fantasy à peu près (on peut avoir des exemples dans des films comme LOTR ou des jeux vidéos tels que neverwinter nights ou diablo, etc...)

Je vous en serais très reconnaissant ;)

Merci
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Pour très bien connaître Neil et sa musique, je ne pense pas que cela soit exactement la musique qu'il faut pour s'innitier à l'orchestration. Attention, je ne parle pas de son grand talent, mais bien de l'orchestre.
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Si c'est pour commencer à écrire des scores "musique à l'image", je ne connais pas mieux. Hier soir, j'ai regardé "le jour d'après" et je peux t'assurer que dès les premiers accords j'avais l'impression de réécouter Facto... Ensuite, pour bosser à la manière John Williams ou Dany Elfman (pour les plus connus), le travail de décorticage serait peut-être un peu trop hardu au départ.
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Alors tu ne parles pas d'orchestration mais de composition.
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Je remet ici deux analyses d'une partie de ce qu'est l'orchestration pour ceux que cela intéresserait.



Voici le troisième mouvement de la troisième symphonie de Johannes Brahms, OP.90 en Fa majeur.

Prenons simplement les quatres premières mesures. Le thème est joué aux violoncelles dans un registre très chantant et expressif (corde de la). De tous les instruments présent à ce moment, c'est celui qui est dans son registre le plus brillant, il va donc naturellement prendre le dessus sur les autres.

Ensuite on a l'accompagnement réalisé par les violons 1, 2 et les alti. Ici on a quelque chose de très léger dans un registre plutôt médium/bas qui apporte du mouvement. Remarque que les violoncelles se trouvent à l'intérieur des autres cordes, mais du faut de leur bon registre passent au premier plan.

Ensuite viens le fond réalisé par les deux flutes et les deux bassons. Les flutes dans se registre ne perçent pas, elle sont très discrètres. Elles doublent les batteries réalisées par les violons sur les 2 premiers temps de la mesure. Elles servent de lien à l'harmonie et évitent une impression de sécheresse. Les bassons créent quand à eux un fond dans les basses. La distance entre les flutes et les bassons laisse la place aux violoncelles exprimant le thème.

Enfin les contrebasses ajoutent, grâce au jeu pizzicato, un petit effet de percussion qui assoit la rythmique et la carrure de la musique.

Une dernière chose Brahms à eu le génie de laisser les anacrouses du violoncelle sans accompagnement. Toutes les derniers temps des secondes mesures sont vides d'accompagnement. Seul les violoncelles s'expriment. C'est du très grand art d'orchestre ici. Très grand et pourtant apparemnt si simple.

Je te mets le lien vers l'ensemble de la partition.

Prends un peu de temps pour voir comment Brahms fait évoluer l'ensemble de l'ochestration en fonction du registre et du timbre de la mélodie.
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Allez un autre exemple pour la route tiré de Scherazade de Maestro Korsakov, un des maîtres de l'orchestration. Etudiez le caprice espagnol si vous le pouvez, c'est hallucinant.

Donc un extrait de Scherazade, l"Allegro non troppo" tiré du 1er mouvement, vers 1'23":




Tout d'abord cet magnifiquement orchestré et équilibré du début. L'harmonie de Mi majeur est distribuée entre les cors et les bois, soutenue par une tenue des contrebasses. Remarquez la position des bois Les flûtes et les hautbois sont liés par la note si commune aux deux alors que les clarinettes et les hautbois sont croisés. Les bassons quand à eux donne les bases de cet accord grâce à une quinte qui stabilise l'ensemble. Cela donne cet accord pour les bois, de l'aigu vers le grave:

Mi (fl1)
Si (fl2+hb1)
Sol# (cl1 en la)
Mi (hb2)
Si (cl2 en la)
Si (bn1)
Mi (bn2)

L'octave laissé vide dans ce groupe entre les clarinettes et les bassons n'est pas du tout gênant pour deux raisons. d'abord parce que cela suit la logique des harmoniques naturelles d'un son dont les intervalles se rapprochent plus on va vers l'aigu, ensuite parce que Korsakov comble ce "trou" par les cors croisés. Ces derniers apportent le côté plein de l'accord. Un autre trait de génie est d'avoir conservé le Cor 4 pour doubler les contrebasses ce qui étouffe un peu le timbre des cordes tout en apportant des basses très stabilisante pour l'harmonie. Les timbales trémolo donnent vie à cet accord. Au final on a vraiment un accord très équilibré entre la plénitude des cors et la brillance des bois qui jouent tous dans leur registre aigu.

Mi (fl1)
Si (fl2+hb1)
Sol# (cl1 en la)
Mi (hb2)
Si (cl2 en la)
Sol# (cor1)
Mi (cor3)
Si (cor2)
Si (bn1)
Mi (bn2+timb)
Mi (cor4)
Mi (Cb)

La harpe donne l'attaque de l'harmonie.

Autre chose à remarquer, le relais sur le sol# entre les violoncelles et les altis qui égrainent un arpège de Mi majeur. Le tout dans des positions de changement de cordes qui permet aux instrumentistes un jeu très naturel et rubato.

Ces deux mesures sont vraiment une belle démonstration de la pensée d'un grand orchestrateur qu'il faut, à mon sens, méditer longuement.



Passons ensuite au thème joué, dans les mesures suivantes, à l'unisson par les violons et la première clarinette solo qui vient adoucir le timbre des cordes. Remarquez comment Korsakov en laissant jouer le trille simplement au violons unis alors que la clarinette joue une simple tenue permet au timbre des cordes de prendre le dessus pour marquer cette fin de phrase. C'est du grand art et c'est à la troisième mesure du thème.

Le fond est donné par les bassons et la clarinette 2 par de longue tenues soutenues par la contrebasse.

Les violoncelles quand à eux continuent d'égrainer l'harmonie pour accompagner l'ensemble.

L'équilibre est si parfait que Korsakov à noté la même nuance pour tout le monde, seul le jeu de l'écriture des timbres et des doublures fait en sorte que les différents élément constituant la musique pleine place naturellement.

Les altis viennent doubler les violoncelles à l'octave à partir de la quatrième mesure du thème pour soutenir la réponse donnée à la mesure suivante par les quintes jouées unis par les flûtes et hautbois soutenues et amplifiées par les pizz non divisés des violons non divisés. Ce trait de bois est aussi très bien orchestré. Regardons les flûtes. Le premier temps est joué les deux flûtes, le Si par la flûte 2 et le Fa# par la flûte 1. Sur le deuxième temps seul la flûte 1 joue le Si, ce procédé permet d'avoir un decrescendo naturel tout en guidant l'oreille sur le parcours mélodique de la musique. C'est la même orchestration pour les hautbois. Korsakov à unis ces deux timbres à la fois pour renforcer la flûte et adoucir le côté nasal du hautbois.

Lorsque le thème revient, il change de registre et de couleur. C'est le hautbois qui double les cordes maintenant et le fond à gagné la clarinette 1 en plus. Cela donne un crescendo naturel par rapport à la première fois. On appel couramment cela un crescendo d'orchestre. Par contre la nuance n'a pas changée, c'est toujours piano. Ce crescendo est simplement dû au changement de timbre, de registre et au renforcement de l'harmonie.

Voici le score complet pour ceux que cela intéresse.
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Citation : Alors tu ne parles pas d'orchestration mais de composition.


Exact, merci pour le recadrage, Laurent. Et aussi pour ces exemples fort intéressants. C'est difficile à concevoir tout ça, non (pour le commun des mortels) ?
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Excusez-moi de m'immiscer dans un thread hautement technique, mais j'ai une question de candide qui me turlupine depuis un certain temps et ce thread tombe à point nommé :

Quelle est la différence entre un orchestrateur et un arrangeur ?

Je ne plaisante pas, vraiment je ne comprends pas les compétences en jeu - merci de m'éclairer sur le sujet. Tout orchestrateur n'est-il pas aussi un arrangeur ? Et Lycée d'Versailles ?

Un compositeur peut-il/doit-il réunir ces deux responsabilités ?

Laurent, os court ! :?:
A man, a plan, a canal : Panama
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Il n'y a pas de différences, après chaque arrangeur/orchestrateur possède un ou des styles dans lesquels il se plus à l'aise.
20
Ah bien..

merci beaucoup :bravo:
A man, a plan, a canal : Panama