Se connecter
Se connecter
Créer un compte

ou
Reportage / Salon
1 réaction

Visite des usines Warwick (2/2)

A la rencontre de Warwick (2/2)

Suite et fin de notre visite des usines Warwick/Framus : l'occasion de découvrir des machines et des techniques de contruction tout bonnement inédites.

Accéder à un autre article de la série...

Celui qui a déjà visité l’ate­lier d’un arti­san luthier ne saura pas où donner de la tête si l’oc­ca­sion lui est donnée d’al­ler faire un tour dans l’usine de produc­tion de Warwick et Framus.

Véri­table manu­fac­ture à la pointe de la tech­no­lo­gie, la struc­ture met au service des luthiers et tech­ni­ciens qui y travaillent des machines numé­riques qui répondent exac­te­ment aux besoins d’une firme indus­trielle comme Warwick. La produc­tion de l’usine est ainsi de 35 à 45 instru­ments par jour en moyenne mais elle peut atteindre jusqu’à 55 instru­ments par jour.

Jusqu’à fin 2006, la répar­ti­tion était de 80% de produc­tion d´ins­tru­ments pour Warwick et de 20% pour Framus. L’an­née 2007 est une année char­nière pour Framus avec beau­coup d’évé­ne­ments cruciaux pour la marque :

  • l´ou­ver­ture de son Musée à Mark­neu­kir­chen
  • la paru­tion du livre sur l’his­toire de Framus en juillet 2007
  • l’uti­li­sa­tion exclu­sive de la PLEK machine depuis août 2007
  • de nombreux tests élogieux dans la presse spécia­li­sée

Bref, tous ces événe­ments modi­fient la tendance de la produc­tion et à l’heure où j’écris ces lignes, l’usine produit 60% pour Warwick et 40% pour Framus. Et pour la première fois, en juillet 2007, l’usine a vendu plus de Framus que de Warwick : c’est bel et bien un signe probant de l’ex­pan­sion de Framus sur le marché.

Par ailleurs, le Custom Shop, qui a débuté timi­de­ment en l’an 2000, connait une crois­sance spec­ta­cu­laire depuis 2006. L’ar­ri­vée du luthier français Grégory Pasquet comme respon­sable de ce dernier contri­bue à dyna­mi­ser ce service en pleine expan­sion.

Le succès du Custom Shop est en grande partie dû à la diver­sité des options dispo­nibles pour person­na­li­ser un instru­ment stan­dard. Beau­coup de choses sont possibles : d’un simple choix d’in­crus­ta­tion diffé­rente à un chan­ge­ment radi­cal d’es­sences (touche, manche et corps), en passant par les fini­tions, place­ment des micros, choix d’autres élec­tro­niques ou accas­tilla­ge…

Dans la deuxième et dernière partie du repor­tage, nous parcour­rons diffé­rents ateliers de l’usine, nous permet­tant d’as­sis­ter à ces divers phases de la construc­tion d’une guitare ou d’une basse :

  • Barre de renforts
  • Collage de la plaque de tête
  • Collage de la touche
  • Radius du manche
  • L’im­pres­sion­nante machine à fret­ter
  • La fabu­leuse PLEK machine
  • La réali­sa­tion du laminé de la Mayfield Framus
  • Les ateliers de fin de produc­tion et de fini­tions

Concer­nant l’ac­tua­lité de Framus/Warwick, notons la mise en place du nouveau site web pour les deux marques à la fin du mois, ainsi que le déve­lop­pe­ment des nouveaux modèles présen­tés l’an prochain au Musik­messe (pour les deux marques là enco­re…).

Lors de notre visite chez Warwick en Alle­magne, nous avons rencon­tré un français, AFien de surcroit, Grégory Pasquet, respon­sable Custom Shop. Bien sûr, nous n’avons pas manqué l’oc­ca­sion de lui poser quelques ques­tions…

Bonjour, qui es-tu et quel est ton parcours?

Je m’ap­pelle Grégory Pasquet, j’ai 26 ans et je suis origi­naire de Toulon. Après mon BAC (spé Arts Plas­tiques), j’ai inté­gré une école de Design pendant 3 ans (la Grande Tour­rache) où j’y ai suivi une forma­tion d’As­sis­tant en Créa­tion Indus­trielle. Etant complè­te­ment obsédé par la guitare, j’ai par la suite décidé de me lancer un pari complè­te­ment fou : fabriquer mes propres instru­ments et apprendre la luthe­rie en auto­di­dacte. N’étant pas du milieu, j’ai utilisé les outils à ma dispo­si­tion : inter­net, en consul­tant des forums et sites spécia­li­sés, des livres en anglais (sur le travail du bois et la luthe­rie), et en deman­dant conseil auprès de certains luthiers en France. J’ai commencé très modes­te­ment dans le garage de mes parents, avec une râpe et un réglet puis j’ai suivi une forma­tion chez Xavier Petit en 2004.

Est ensuite venue la tour­née des maga­sins de guitares et de mes amis musi­ciens, afin de présen­ter mon 1er instru­ment, grâce à quoi j´ai obtenu ma première commande. Celle-ci ayant été un succès d’es­time, j´ai eu la suivan­te… Mais ça n’a abso­lu­ment pas été facile. J’ai toujours réin­vesti l’ar­gent gagné dans de bonnes essences de bois et du maté­riel pour construire mon atelier et faci­li­ter mon travail… Et je tiens à souli­gner que rien n’au­rait été possible sans le soutien de mes parents et de mes amis. Mon premier proto­type a été exposé à Sun Music New (la Seyne Sur Mer) fin 2005.

Comment as-tu été recruté chez Warwick ?

J’ai d’abord envoyé spon­ta­né­ment une cinquan­taine de CV à des luthiers français, mais je n’ai reçu qu’une dizaine de réponses, pas vrai­ment à la hauteur de mes espé­ran­ces… J’ai alors tenté ma chance à l’étran­ger, et j’ai reçu de vraies propo­si­tions de travail, dont celle de Warwick. Une ving­taine de mails plus tard, j’ob­te­nais un rendez-vous au siège de la marque pour un entre­tien à Mark­neu­kir­chen. Après un long voyage de 22 heures en train, je visi­tais l’usine et j’étais embau­ché en tant que respon­sable déve­lop­pe­ment, qualité et Custom Shop pour Warwick et Framus.

En quoi consiste concrè­te­ment ton travail ?

Je traite les demandes venant du monde entier, que ce soit de simples conseils à propos de l’en­tre­tien, le service après-vente ou le Custom Shop. Quand une demande Custom Shop est offi­cielle, je calcule le prix final. Si le client donne son accord, alors nous concré­ti­sons son rêve. Lors de mes premières semaines chez Warwick, j’ai suivi une forma­tion inten­sive et je suis passé par toutes les diffé­rentes étapes de fabri­ca­tion d’un instru­ment. Cela m’a permis d’ac­qué­rir les connais­sances néces­saires pour répondre rapi­de­ment aux ques­tions et déci­der de la faisa­bi­lité d’une demande Custom Shop. Je garde un œil atten­tif sur la fabri­ca­tion de ces instru­ments afin qu’ils soient 100% fidèles à la demande du client. Je m’oc­cupe aussi de parti­ci­per à l’évo­lu­tion du site web, et je mets en ligne des nouveaux instru­ments dans notre gale­rie atti­trée sur les sites offi­ciels de Warwick et Framus.

Mon poste a déjà évolué. Je commence à propo­ser de nouvelles options pour le Custom Shop… Et je suis en plein cœur de la phase de déve­lop­pe­ment des nouveaux modèles pour Warwick et Framus. 
Pour résu­mer, mon travail consiste à faire l’in­ter­mé­diaire entre la créa­tion et la fabri­ca­tion tout en tenant compte des réali­tés finan­cières de l’en­tre­prise et les besoins du marché.

Quelle est l’éten­due des possi­bi­li­tés au niveau Custom Shop et qu’est-ce qu’on te demande le plus souvent ?

Le client peut choi­sir diffé­rentes combi­nai­sons de bois pour le corps et le manche. Il peut aussi choi­sir les incrus­ta­tions qui seront placées sur la touche. Bien sûr, il est aussi possible de choi­sir les micros de sa guitare ou de sa basse, mais aussi leurs place­ments. Cela va donc du petit détail esthé­tique au chan­ge­ment radi­cal qui aura une énorme influence sur la sono­rité de l’ins­tru­ment.

Ce qui est en revanche impos­sible à faire, c’est de choi­sir un profil de manche parti­cu­lier (ex : un galbe progres­sif en V au niveau du sillet qui devient D à la jonc­tion corps-manche), car notre usine ne le permet pas. Cela ferait grim­per les prix en flèche et complique­rait trop la produc­tion. 
Chez Warwick, deux profils de manche sont propo­sés (stan­dard ou flat neck), tandis que chez Framus, un seul est dispo­nible.

Il est bien entendu impos­sible de créer des formes de corps complè­te­ment inédites pour les mêmes raisons que le profil du manche. 
Le pick­guard peut en revanche être entiè­re­ment person­na­lisé.

Voici quelques exemples d’op­tions Custom Shop origi­nales :

  • La fini­tion chrome : l´ins­tru­ment reçoit une véri­table couche de chrome pour un effet scénique incom­pa­rable.
  • Tables en essences précieuses Koa 5A, ébène de macas­sar, coco­bolo
  • La person­na­li­sa­tion du manche par le choix des essences et le nombres de parties
  • Inser­tion de LEDs dans le manche sous les incrus­ta­tions, les repères de tranche et le logo de tête 

Il est à noter que les modèles gauchers et fret­less ne sont pas plus chers. Plus de détails et d´autres options sur nos sites web offi­ciels : www.warwick.de et www.framus.de.

Quelles sont les parti­cu­la­ri­tés de construc­tion et de concep­tion chez Warwick et Framus ?

Une des prin­ci­pales parti­cu­la­ri­tés et inven­tions de Framus est le système de manche vissé ‘Bolt In’. Cela consiste à visser le manche au corps avec 4 vis d’une manière non conven­tion­nelle: 2 visibles (du corps vers le manche) et 2 invi­sibles (du manche vers le corps) placées sous le micro manche. Ce système assure une meilleure stabi­lité et une zone de trans­mis­sion opti­male (modèles Diablo ou Cama­rillo). Pour les manches collés (modèle Mayfield), il y a aussi un tenon plus long que la normale entre le corps et le manche, ce qui ajoute aussi une plus grande stabi­lité et un sustain accrus.

Chez Warwick, les corps incur­vés sont aussi une spécia­lité. Tout comme les touches en Wengé et les frettes en laiton. Il faut savoir que tout l’ac­cas­tillage des guitares et des basses est ‘fait maison’, dont notam­ment le sillet compo­site en deux parties et le cheva­let réglable dans les trois dimen­sions. Au niveau de l’élec­tro­nique, la marque Warwick utilise des micros et compo­sants MEC unique­ment tandis que pour Framus, nous accor­dons notre confiance à Seymour Duncan pour les micros et MEC pour l’élec­tro­nique. 

Quelles sont les étapes de fabri­ca­tions méca­ni­sées et celles faites à la main ?

La sélec­tion des morceaux de bois est manuelle, du débi­tage au « book matching » des tables. Nous contrô­lons toujours si tout est satis­fai­sant entre chaque étape de fabri­ca­tion. Et bien entendu, toutes les fini­tions sont manuelles : ponçage, fini­tion des manches. Les corps sont en revanche dégros­sis à la machine à commande numé­rique. C’est ce qui permet de rester compé­ti­tif au niveau du prix. Et bien sûr, toutes les étapes finales du montage au test de chaque instru­ment, sont effec­tuées par une équipe de personnes. 

Quelle a été ta parti­ci­pa­tion pour l’ou­ver­ture du nouveau musée Framus ?

Pendant 1 mois, j’ai parti­cipé à la restau­ra­tion d’une tren­taine d’ins­tru­ments. Cela allait du simple nettoyage à l’in­ter­ven­tion en profon­deur sur la luthe­rie (collage de tête cassée, fabri­ca­tion de nouveaux cheva­lets en ébène, confec­tion de nouveaux sillets en os, ponçages complets, refret­tages, rebou­chage de fentes) par le remon­tage de l’élec­tro­nique souvent compliquée sur des instru­ments de cette époque. En effet, certains possé­daient énor­mé­ment de switchs avec effets inté­grés et sorties stéréo, un véri­table casse-tête !

J’ai aussi parti­cipé à l’ins­tal­la­tion et au choix des instru­ments à expo­ser. Ce fut une expé­rience enri­chis­sante, mais éprou­vante, car nous étions pres­sés par le temps.

Comment est l’am­biance chez Warwick ?

L’am­biance est assez diffé­rente entre la produc­tion et les bureaux. La poli­tique direc­tive est de travailler vite mais toujours bien. Le rythme est en effet très soutenu et parfois les semaines peuvent parfois être érein­tantes. Hans Peter, le boss de Warwick, est une personne unique à la fois charis­ma­tique et auto­ri­taire qui sait donner beau­coup si l’on s’in­ves­tit dans son travail. L’am­biance est assez fami­liale en fait.

← Article précédent dans la série :
À la rencontre de Warwick (1/2)
  • guitashmurtz 373 posts au compteur
    guitashmurtz
    Posteur·euse AFfamé·e
    Posté le 11/01/2021 à 07:28:05
    Merci la rédac pour cet article, on comprend mieux la différence de prix et de qualité.

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
cookies
Nous utilisons les cookies !

Oui, Audiofanzine utilise des cookies. Et comme la dernière chose que nous voudrions serait de perturber votre alimentation avec des choses trop grasses ou trop sucrées, sachez que ces derniers sont fait maison avec des produits frais, bio, équitables et dans des justes proportions nutritives.
Ce que cela veut dire, c’est que les infos que nous y stockons ne visent qu’à simplifier votre usage du site comme à améliorer votre expérience sur nos pages et vous afficher des publicités personnalisées (en savoir plus).

Nous tenons à préciser qu’Audiofanzine n’a pas attendu qu’une loi nous y oblige pour respecter la vie privée de nos membres et visiteurs. Les cookies que nous utilisons ont en commun leur unique objectif qui est d’améliorer votre expérience utilisateur.

Tous nos cookies
Cookies non soumis à consentement
Il s'agit de cookies qui garantissent le bon fonctionnement du site Audiofanzine. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies. Exemples : cookies vous permettant de rester connecté de page en page ou de personnaliser votre utilisation du site (mode sombre ou filtres).
Google Analytics
Nous utilisons Google Analytics afin de mieux comprendre l’utilisation que nos visiteurs font de notre site pour tenter de l’améliorer.
Publicités
Ces informations nous permettent de vous afficher des publicités qui vous concernent grâce auxquelles Audiofanzine est financé. En décochant cette case vous aurez toujours des publicités mais elles risquent d’être moins intéressantes :) Nous utilisons Google Ad Manager pour diffuser une partie des publicités, des mécanismes intégrés à notre CMS pour le reste. Nous sommes susceptibles d’afficher des publicités provenant de notre propre plateforme, de Google Advertising Products ou encore de la régie Adform.

Nous tenons à préciser qu’Audiofanzine n’a pas attendu qu’une loi nous y oblige pour respecter la vie privée de nos membres et visiteurs. Les cookies que nous utilisons ont en commun leur unique objectif qui est d’améliorer votre expérience utilisateur.

Tous nos cookies
Cookies non soumis à consentement

Il s’agit de cookies qui garantissent le bon fonctionnement du site Audiofanzine. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies. Exemples : cookies vous permettant de rester connecté de page en page ou de personnaliser votre utilisation du site (mode sombre ou filtres).

Google Analytics

Nous utilisons Google Analytics afin de mieux comprendre l’utilisation que nos visiteurs font de notre site pour tenter de l’améliorer. Lorsque ce paramètre est activé, aucune information personnelle n’est envoyé à Google et les adresses IP sont anonymisées.

Publicités

Ces informations nous permettent de vous afficher des publicités qui vous concernent grâce auxquelles Audiofanzine est financé. En décochant cette case vous aurez toujours des publicités mais elles risquent d’être moins intéressantes :) Nous utilisons Google Ad Manager pour diffuser une partie des publicités, des mécanismes intégrés à notre CMS pour le reste. Nous sommes susceptibles d’afficher des publicités provenant de notre propre plateforme, de Google Advertising Products ou encore de la régie Adform.


Vous pouvez trouver plus de détails sur la proctection des données dans la politique de confidentialité.
Vous trouverez également des informations sur la manière dont Google utilise les données à caractère personnel en suivant ce lien.