Le Fender Machete représente la nouvelle orientation de la firme, non pas dans les armes blanches, mais dans les grosses saturations. Ce changement a suscité beaucoup de réactions dans le milieu guitaristique. C'est donc avec la peur au ventre, que je quitte les routes sablées à l'odeur de whisky du Mississippi, pour la contrée underground remplie de chevelus tatoués à l'odeur d'acier.
Une arme pour les costauds !
J’arrive au point d’extraction de la mission. Je récupère l’arme sous scellé qui rentre de justesse dans mon coffre avec les sièges baissés (pour les connaisseurs, je dirais que la Jey-mobile ressemble à la Garth-mobile). J’arrive au point de destination et demande de l’aide pour sortir le carton, car ce dernier fait deux fois ma largeur et m’arrive à la taille… Une fois déballé on se rend compte que l’ampli est beaucoup plus petit que le carton (grosse protection en mousse inside !), mais n’est pas plus léger pour autant. Il a une dimension de : 62.2 × 29.2 × 55.88 cm et un poids de : 32.2 kg. Les concepteurs ont pensé à nous, en ajoutant des roulettes clipsables, nous évitant ainsi de nous casser le dos en le déplaçant. Le combo bicolore est revêtu d’un vinyle noir accompagné de liserés blanc et d’une bande centrale dans le style d’un volant de course. Le châssis est en acier noir, orné de potards Telecaster en aluminium brossé du plus bel effet. L’esthétique façon voiture de course est bien maîtrisée, mais pourra en rebuter quelques-uns.
Couteau suisse ou traditionnel ?
Parlons techniques et réglages. Sous le capot on est gâté, les cinq 7025 (ou 12AX7 pour les néophytes) aux côtés de deux 6L6GC, le tout accompagné d’un Celestion 12'' Vintage 30, ne jure pas avec la déco tuning sport. Les façades avant ou arrière sont aussi bien remplies. Côté moteur, il y a deux canaux séparés contenant chacun : Gain, Volume, Bass, Mid, Treble, Notch. Mais aussi trois sélecteurs : un atténuateur de 6dB (pour les guitares actives), un sélecteur de canal, un damping qui permet de sélectionner une réponse plus ou moins lâche des haut-parleurs (l’amortissement correspond à l’interaction entre les lampes de puissance et le haut-parleur), pour finir une réverbe commune aux deux canaux. Petit bémol, la réverbe n’est pas à lampes, mais digitale…
Côté coffre, on y trouve les interrupteurs : Power et Stand-by, la boucle d’effets accompagnée de ses deux volumes (Send level et Return level), deux minis sélecteurs : PA Mute (permet de déconnecter la partie puissance) et Cab Emul (active l’émulation de HP sur la sortie Line-Out), un jack XLR Line out, un Midi In, une prise footswitch et enfin deux prises de sorties HP avec le sélecteur d’impédance. Avec la bête est fourni le footswitch, quatre interrupteurs pour activer : Channel select, Gain boost (sur le canal 1), boucle d’effets et la réverbe. Il est surmonté de deux jacks : le premier pour le relier à l’ampli, le deuxième pour y brancher un second pédalier Machete identique (peut être utile lors d’une grande scène). La petite voix au fond de moi me dit qu’il est temps de brancher ma pelle.
Au pays du sombre métal !
Après une longue hésitation, je choisis de prendre ma LP Studio. J’en profite pour prendre un PG57, un préamp à lampe ART, et ma carte son EMU USB, qui me serviront pour la phase enregistrement. Je commence par le canal 1 en position manche. Je laisse l’égalisation et le volume à midi, le Gain à 3, le Notch au max et la réverbe à 4. J’y reconnais de suite le son pur et chaleureux qui a fait la légende de Fender. J’augmente légèrement la réverbe et je tombe dans le son du Princeton, je n’arrive pas à résister à l’appel de la balade romantique. Après ce coucher de soleil, je me décide à toucher à ce réglage mystérieux nommé Notch (qui signifie : entaille, encoche), je le descends à midi et j’ai l’impression de quitter les USA. En le mettant à zéro, je me retrouve à Oxford. Ce réglage permet de décaler la courbe des fréquences pour avoir un son typé US ou britannique (un air de déjà vu chez une autre marque). Il est linéaire et permet d’avoir une belle palette sonore diversifiée. Passons aux réglages de fréquences, ils sont réactifs à souhait, il faudra un certain doigté pour éviter le son criard ou étouffé. Côté décibels, le son clair est assez puissant pour jouer avec son batteur préféré. En poussant le Gain on peut tomber dans le son crunch parfait pour frapper une rythmique agressive. Ce canal cache encore quelques surprises, le réglage de Gain est un Push-Pull, activant le son Bright. Le Volume quant à lui est un : Gain boost (activable aussi au pied), qui se révélera utile pour gagner quelques dB, ainsi qu’un peu de saturation pour le refrain ou l’interlude. Ce premier canal est une belle réussite, passons aux choses sérieuses.
- Les Paul cleannobright00:10
- Les Paul cleanbright00:10
- Les Paul cleannoboostgain5000:10
- Les Paul cleanboostgain5000:10
- Les Paul cleanverb00:22
- Les Paul cleanverb200:22
- Les Paul cleangain80-nocht8000:08
Je me jette à pied joint sur le footswitch (je vérifie sa solidité par la même occasion). Le monstre change de facette. Le Gain à 3 et le Notch à fond, on est en plein gros crunch façon rock old school. Impatient de voir comment la firme a imaginé le monde des métalleux, je pousse le gain à midi. Là je débarque en pleine zone hostile, prêt à trancher des lianes à coups de riffs énervés. Le réglage de sonorité (Notch) nous montre son utilité, à fond on est dans les sonorités US, idéal si l’envie de jouer du Slayer nous prend ou encore un petit Cowboy from Hell. Quand on le met à zéro on passe au son totalement british, prêt à frapper un Maiden. La réserve de gain est largement suffisante pour taper dans tous les styles, attention quand même au niveau de sortie, si vous ne désirez pas voir débarquer la brigade antiguitaristes.
- Les Paul distgain60nocht4000:15
- Les Paul distgain80micro100:17
Afin de démontrer comment fonctionne le Notch. J’ai fait la même séquence, avec l’égalisation à midi et juste en tournant le réglage magique.
- cleannotch000:20
- cleannotch5000:19
- cleannotch10000:19
- dirtynotch000:16
- dirtynotch5000:16
- dirtynotch10000:16
Pour être sûr, j’y branche ma Fender Marauder, avec son micro Jazzmaster en manche et son Triplebucker en chevalet. Je vais vérifier de suite si l’ampli supporte. Eh bien, il sonne, tranche, mord et résonne !
- Marauder clean00:18
- Marauder satunotch7mid700:16
J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer avec la bestiole, que cela soit en son clean ou en saturé, elle garde une bonne dynamique et retranscrit bien nos nuances de jeux. La réverbe, même si elle est numérique, se révèle très musicale et douce. Mon seul regret a été de le rapporter à la rédaction…
Alors heureux ?
Fender voulait offrir un combo aux chevelus tatouées, un gros son aiguisé pour une frappe chirurgicale, eh bien c’est réussi ! L’ampli est robuste et pourra vous accompagner sur scène, en studio ou bien rester chez vous. En plus il possède une palette de sons clean, il sait cruncher, même saturer, ajoutez les réglages Notch pour peaufiner votre voyage et vous obtenez ce nouvel ampli. Malheureusement (il y a toujours un mais) son prix est assez élevé, environ 1800€ en magasin. La qualité à un prix, mais quand on aime…