Créée en 2014 en Belgique, la marque Invaders Amplification a étoffé son catalogue au fil des années. Proposant à ses débuts des amplis orientés Rock, la marque a diversifié son offre en intégrant à son catalogue la série Bluegrass dédiée aux sons Clean et Crunch. C’est un combo de cette série que j’ai le plaisir de tester aujourd’hui, le joli 535 Bluegrass avec réverb, s’il vous plaît !
From Belgium with Love
Le 535 BlueGrass Reverb fait partie de la série BlueGrass et a rejoint le catalogue de la marque à la fin du mois d’avril 2021. L’ampli est décrit comme un combo de style Fender qui développe de très beaux sons clairs mais également des crunch très typés et une distorsion naturelle avec un caractère bien Rock. Sur le papier, tout cela est très alléchant. Entre le look de l’ampli et sa description, on comprend bien que le mot d’ordre de ce test sera Vintage (ceux qui ont l’habitude de me lire savent que ce n’est pas pour me déplaire).
Esthétiquement, le 535 Bluegrass est joli malgré un format plutôt inhabituel. L’ampli a une forme rectangulaire verticale justifiée par sa conception. Il s’agit en effet d’un combo complètement fermé ce qui veut dire que le haut-parleur se trouve dans un caisson entièrement clos au-dessus duquel vient se positionner le châssis de l’ampli qui accueille son circuit électronique. Invaders Amplification propose un service complet de personnalisation d’amplis. Pour le test, la marque m’a fait parvenir la version « Standard » de l’ampli qui intègre un tolex blanc crème, une poignée et des coins en cuir marron, et une grille de haut-parleur type Basketweave beige. Je vous laisse consulter tranquillement le site de la marque pour vous faire une idée des services de personnalisation qu’elle propose. Les dimensions de ce combo sont assez raisonnables, bien que son format en fasse un ampli assez haut pour sa catégorie. Il mesure 44.5cm X 28.5cm X 55cm et pèse 19kg. Ce n’est pas franchement un ampli qu’on peut qualifier de léger, mais son poids reste dans la moyenne (pour rappel, un Fender Deluxe Reverb affiche 20kg sur la balance).
Techniquement, le 535 Bluegrass développe 35 watts grâce à deux lampes de puissance 6L6WGC, puissance qui peut être abaissée à 17 watts par l’intermédiaire d’un switch à deux positions (High/Low) situé à l’arrière. Le pré-ampli accueille une lampe 7025 en V1 et une 12AT7 en V2. La rectification est assurée par une lampe GZ34, comme sur les amplis Fender. Les composants sont montés sur Turret Board comme à l’époque. Le panneau de contrôle est noir avec écritures blanches et boutons de potentiomètres Chicken Heads noirs sauf celui de la réverb qui est blanc crème. De droite à gauche, on trouve :
- Input : entrée pour guitare (ou basse)
- Bass : ajuste les basses
- Switch Sweep : change la courbe de fréquences des médiums
- Treble : ajuste les aigus
- Switch Bright : éclaircit le son
- Gain : règle le taux de saturation
- Switch Crunch : permet de basculer entre deux niveaux de gain
- Reverb : contrôle le volume de la réverb
- Volume : règle le volume d’écoute global
- Switch Power : switch à trois positions (OFF, Standby et ON)
À l’arrière de l’ampli se trouvent les sorties HP (4, 8 et 16 ohms, la sortie 8 ohms étant occupée par le haut-parleur interne), le switch de réduction de puissance et le logement du fusible. Invaders Amplification a choisi d’équiper ce combo vintage d’un haut-parleur Eminence Legend Signature qui assure un son bien rond avec de belles basses et des aigus pas trop criards.
Bluegrass, Blues, Rock, Surf, tout y passe !
La marque décrivant l’ampli comme un super outil Plug’n’Play, je commence le test par faire abstraction de mes pédales d’effets et branche ma guitare en direct dans l’ampli. J’ai été frappé par deux notions qui pourraient résumer l’ampli : polyvalence et dynamique. Le 535 BlueGrass a une couleur sonore assez particulière, induite par le choix des lampes de pré-amplification. On retrouve quand même un côté Fenderien surtout sur les sons clairs un peu creusés dans les médiums. Bien que ne disposant que d’un seul canal, l’ampli affiche une polyvalence qui m’a beaucoup surpris. Le switch qui permet de basculer entre deux niveaux de gain aide beaucoup, mais on peut aussi obtenir une bonne diversité sonore sans toucher à l’ampli. Le circuit génère beaucoup de dynamique et on peut passer d’un son clair cristallin à un son crunch simplement en variant l’intensité de l’attaque de notre main droite (ou gauche pour nos amis gauchers) sur les cordes de la guitare. L’égalisation est bien réactive et surtout centrée autour des bonnes fréquences. On sent qu’elle agit directement sur le pré-ampli, si on place le réglage Treble sur sa valeur maximale, on gagne un peu de saturation.
Le premier niveau de gain, Clean, développe des sons clairs très droits et avec une attaque rapide idéale pour les cocottes Funk. En montant le réglage de gain, on obtient des sons crunch très vintage dans l’esprit. En passant sur le second niveau de gain, Crunch, on obtient des sons Pushed Clean sur les réglages de gain les plus bas et une belle distorsion naturelle sur les réglages de gain les plus élevés. Une autre caractéristiques de cet ampli est sa grande transparence ; on reconnaît chaque guitare qui est branchée dedans, à la manière d’un ampli Fender vintage. J’ai effectué le test avec mes fidèles Fender American Original 60’s Telecaster et Gibson SG Original sans oublier ma Rickenbacker 4001, et chaque instrument était très reconnaissable. Le Twang légendaire de la Telecaster ressortait à merveille, le côté grognant de la SG également et la couleur très punchy de la Rickenbacker s’est bien fait entendre.
- Clean Tele01:25
- Pushed Clean Tele – EQ Midi – Bright switch ON:OFF – Sweep Switch ON:OFF01:52
- Rockabilly SG00:51
- Crunchy Tele01:36
- Crunchy SG01:32
Si l’égalisation est plutôt efficace, les petits switches Bright et Sweep le sont tout autant. Le premier sera d’une grande efficacité pour éclaircir légèrement un son un peu trop sombre et bien sortir du mix. Le second permet d’obtenir une autre réaction des médiums ce qui peut être très utile en contexte de groupe. L’authentique réverb à ressorts est très jolie et pas trop envahissante. On peut la placer sur sa valeur maximum sans non plus être complètement noyé dans le réverb. Elle possède la couleur typique des réverbs Fender des années 60 très utilisées dans la Surf Music. Enfin, le switch de réduction de puissance s’avérera pratique en appartement. Le 535 BlueGrass est typiquement un ampli à jouer en groupe. Le volume est assez compliqué à régler en appartement, la sensibilité du potentiomètre Volume étant assez élevée. Un petit mouvement de quelques millimètres se traduit par une énorme hausse de volume. On peut quand même trouver un réglage adéquat pour chaque situation. Le réglage de volume est bien conçu et n’agit que sur le volume d’écoute. Seul le gain contrôle le taux de saturation. L’ampli aura donc le même son que le volume soit à fond ou à midi.
- Bass Clean01:08
- Bass Dirty01:36
Pedal platform ?
Invaders Amplification décrit le 535 BlueGrass comme un très bon ampli « pedal platform » (comprenez plateforme à pédales en français in the text). C’était donc l’occasion parfaite de tester mon Pedalboard récemment re-câblé. Fuzz, overdrive, distorsion, chorus et delay, le 535 Bluegrass a bien réagi à tout. Étonnamment, l’ampli ne dispose pas de boucle d’effets ; chorus et delay étaient donc directement en façade. Le côté transparent de l’ampli lui permet d’être effectivement une excellente plateforme à pédales. De plus, les effets de saturation (fuzz, overdrive et distorsion) sonnent de manière très naturelle ce qui n’est pas le cas avec tous les amplis. J’ai même redécouvert quelques pédales grâce à l’ampli (notamment la JHS Overdrive Preamp qui ne s’entend pas avec tous les amplis). Comme pour les guitares, l’ampli retranscrit parfaitement les qualités et sonorités des pédales qui lui sont branchées.
- Chorus (MXR analog Chorus) : Disto (MXR 5150 Overdrive)03:10
- Dirty SG (J.Rockett El Hombre)02:21
- Disto Tele02:16
- Fuzz SG (Tone Bender MKI puis Beetronics Vezzpa)01:54
- Hard Rock (MXR 5150 Overdrive)02:51
La polyvalence et la dynamique sont accentuées avec des pédales d’effets. Sans avoir le Pedalboard le plus polyvalent du pays, je peux passer d’un son clair à une distorsion bien velue en un clin d’œil. Autrement dit, je peux passer de la Funk au Hard Rock sur simple pression d’un ou deux foot switches ou quelques tours de potentiomètre de volume. C’est très chouette. La dynamique devient simplement énorme dès qu’on branche une pédale de saturation dans le 535 Bluegrass, c’est gage d’un circuit bien pensé et très bien conçu.
Un bon p’tit combo
Le 535 BlueGrass de chez Invaders Amplification constitue un excellent combo sur bien des aspects. Sa puissance de 35 watts en fait un parfait compagnon pour tout guitariste qui cherche un ampli fiable, stylé et qui sonne super bien pour jouer en répétitions et en concert. Pouvoir abaisser la puissance à 17 watts est un vrai plus qui permettra de bosser à la maison avec le même son qu’en concert. Bien que son nom l’inscrive directement dans la lignée des amplis Fender « dédiés » aux sons clairs et crunch, l’ampli peut aller beaucoup plus loin et affiche une polyvalence presque insolente. Il conviendra à beaucoup de styles et s’entend avec toutes les guitares (et basse !) que j’ai pu tester. Il ravira aussi les bassistes qui cherchent un deuxième ampli un peu plus typé que leur ampli principal. Il s’agit d’un ampli boutique fabriqué entièrement à la main en Belgique dans les ateliers de la marque. Le tarif s’en ressent forcément, mais reste correct en regard des prestations offertes par la bestiole. Comptez 1 999 € pour le 535 BlueGrass Reverb Combo et sa housse protectrice floquée du logo de la marque. Si vous en avez l’occasion, foncez essayer les amplis Invaders, bonne surprise garantie !