Cet exposé conséquent devrait vous éclairer sur tout ce qui est nécessaire à l'autoproduction, Il vous donne également des conseils pour parfaire les mixes de vos morceaux. Vous avez de plus des éléments (graphiques) permettant de créer vous même votre pochette. J'espère que vous aurez le courage (si vous voulez vraiment vous autoproduire, ce sera le cas) de lire en grande partie ce développement afin de vous assurer de votre futur succès :)
Prémastering
Qu’est-ce que le prémastering ? Derrière ce mot barbare se cache un concept simple : une fois les morceaux composés et mixés, il faut les préparer à la production, et pour cela on va traiter numériquement les morceaux, et en faire un CD ou un DAT de prémastering.
1. DAT ou CD-R ?
LE DAT (Digital Audio Tape) est la référence professionnelle en tant que support musical : il s’agit de cassettes numériques enregistrant en 32, 44,1 ou 48 KHz. La qualité indéniable de ses enregistrements font qu’a priori, on ne pouvait pas se passer d’enregistreur DAT dans un studio.
Mais comme vous le savez tous, le CD enregistrable a fait une fulgurante percée dans le monde de l’enregistrement numérique. Alors, que choisir pour faire son prémastering ? Nous allons voir le pour et le contre de chaque support.
- La plupart du temps, les convertisseurs analogiques-numériques des DAT sont supérieurs à ceux des cartes son moyen de gamme. Ainsi, il est préférable d’enregistrer sur DAT puis de faire une copie numérique via les entrées S-PDIF d’une carte son. De plus, cela permet d’avoir les masters sur bande en sécurité alors que sur un PC, un virus ou une fausse manipulation de la petite soeur pourrait tout effacer…
- Attention cependant, les cartes « grand public » comme la Home Studio Pro de Guillemot ont une entrée S-PDIF « grand public », et n’espérez pas utiliser une telle carte pour faire un transfert d’un DAT classique vers le disque dur. En effet, la carte son doit synchroniser son cycle d’horloge sur celui du DAT, et seules les cartes plus pro le font bien, car elles synchronisent leur horloge interne sur celle du DAT.
2. Traitements pour le prémastering
– Le fait d’avoir vos morceaux sur PC en .wav a bien des avantages. Vous allez pouvoir finaliser vos morceaux via des traitements numériques avant les faire entrer dans votre album.
- Le traitement le plus fréquent est la maximisation avec limiter. Un plug-ing comme l’Ultramaximiser dans Sound Forge permet à la fois de maximiser le son et de limiter les rares crêtes. Pourquoi fait on un tel traitement? La musique se traduit généralement par une onde atteignant dans 99% du morceau –3dB par exemple. Les crêtes entre –3dB et 0 dB sont très rares et peu audibles. Ainsi, on récupère cette zone quasi inutilisée pour que l’ensemble de la musique soit plus fort (ce traitement est presque toujours utilisé dans les masters professionnels), sans altérer le morceau de façon audible.
- Il faut faire attention, surtout si le morceau doit être passé en boîte, à ce que certaines fréquences medium ne soient pas trop présentes (de 1 kHz à 4 kHz environ). En effet, ces fréquences sont rapidement insupportables à haut niveau sonore. Ainsi, il peut être bon pour finaliser les morceaux de changer très finement les équalisations (mais évitez les équalisations trop grandes car elles se traduiraient par un manque dans le spectre audio!).
- Sur les parties des morceaux où il n’y a que des basses et des medium, ne pas hésiter, s’il y a du bruit de fond, à utiliser un Noise Reduction (encore un plug-ing Sound Forge, merci Sonic Foundry! )
3. Avantages d’un prémastering personnel
– Les avantages sont avant tout le prix. Faire faire un prémastering coûte 1500 F HT environ… (L’achat d’un graveur est rentabilisé en un album !)
- De plus, cela permet de se passer de DAT si l’on possède une très bonne carte son avec des convertisseurs analogiques/numériques à la hauteur (oubliez les Sound Blaster, bien sûr).
- On est sûr du résultat, on peut travailler et essayer des traitements autant que l’on veut pour optimiser au cas par cas les morceaux, couper une mesure qui n’est pas bien, et même ajouter de la créativité au mix en utilisant ponctuellement un effet par exemple.
- Par contre, attention, lors d’un envoi de CD-R à une boîte de pressage, le glass master est pressé directement à partir de votre CD-R, et il faut que vous soyez certain de votre prémaster ! Voici donc quelques conseils pour la gravure.
4. La gravure du prémaster
– La gravure de CD audio ne se fait proprement qu’en 2X généralement. Même si vous avez un graveur 4X ou 6X, prenez le temps, pour un CD-R qui sera cloné à 100, 300 ou 500 exemplaires (voire plus ;) de faire un prémaster exempt de tout défaut.
- utilisez un logiciel comme Nero ou EZ CD Creator qui crée automatiquement les temps de silence entre chaque morceau (3 secondes par défaut).
- Une fois votre prémaster gravé, écoutez le très attentivement une fois pour vérifier qu’il n’y a aucun problème, puis rangez le dans un endroit sûr et à l’abri des poussières e.t.c. jusqu’au jour ou vous pressez les CD. Evitez de le lire beaucoup de fois. Si vous voulez savoir comment vos morceaux sonnent sur d’autres chaînes (ce qui est une très bonne idée), gravez un CD pour les écoutes et un pour le pressage.
Budget
Avoir des projets, c’est bien, mais il faut pouvoir les réaliser, et même si c’est par passion que l’on fait un album, il faut indéniablement voir le côté financier de la chose. Ainsi, il faut prévoir un budget, savoir quoi faire pour assurer les ventes, être réaliste sur les quantités e.t.c. En tout état de cause, gardez bien à l’idée que l’autoproduction n’est pas, dans la majorité des cas, une source de revenus. Elle permet de vous faire connaître, de vous faire plaisir aussi, de montrer que « vous en voulez », face aux boîtes de productions.
1. Le pressage des CD
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le pressage des CD n’est pas ce qui coûte le plus cher. Mais d’abord, la société de pressage va devoir faire un glass master à partir de votre prémaster (disque modèle à partir duquel les autres seront pressés). Il vous en coûtera environ 1800 F HT (2200 F TTC).
Ensuite vient le prix des CD : généralement, pour une autoproduction, on presse 500 exemplaires car pour moins, le prix du CD est trop élevé, et on ne se risque pas à presser plus de 500 exemplaires (ça coûte à peine plus cher de faire des retirages plus tard).
Pour 500 CD, compter 7,5 F TTC par CD environ, comprenant le CD, la sérigraphie 1 ou 2 couleurs, un boîtier standard, un livret de 4 pages, dont les pages extérieures (pages 1 et 4) sont en quadrichromie et l’intérieur en noir et blanc, la jaquette en quadri, et le célophanage du CD (enveloppe plastique). Ce qui fait 3750 F TTC.
2. La pochette
Comme pour toutes les impressions en masse, l’imprimeur (inclus dans la société de pressage) a besoin de film (voir rubrique « pochette »). La photogravure n’est pas donnée, et vous en aurez pour entre 500 et 1000 F selon le nombre de couleurs sur le CD ou si vous choisissez d’autres options (plus de pages, intérieur en couleur…)
Ce prix comprend les films mais aussi les cromalins (impressions laser couleur sur papier glacé) qui font office de témoins lors de l’impression en masse des pochettes. TIP : si les images que vous avez faites pour la pochette ne sont pas de la photo (exemple : images fractales réalisées par ordinateur), vous pouvez vous affranchir des cromalins en imprimant sur une imprimante couleur de qualité photo sur papier de qualité. Ce n’est pas négligeable sachant qu’un cromalin coûte 200 F pièce !
3. Budget de promotion
Faire un CD c’est bien, le vendre c’est mieux… Sous ce concept se cache une réalité dont il faut avoir conscience dès le début : le marché de la musique est très difficile à percer. Il faudra donc un minimum de promotion pour avoir une chance de vendre ses CD, ce pour au moins rentrer dans ses frais.
Ce budget comprend :
- les frais d’envoi de CD aux radios, magazines, organisations (10F par CD envoyé + pochette protectrice)
- les tracts éventuels et affiches dans certains lieux clefs
- les frais liés aux concerts et aux lives, heureusement parfois comblés si l’organisateur de la soirée vous paye.
- les frais de transport pour d’éventuelles interviews
- La création d’un site internet (coûts téléphoniques, provider)
Je ne peux pas donner de prix pour le budget promotion, cela dépend de vos objectifs (vous faites cela pour votre plaisir, vous faites cela pour vivre…). Même pour les promos modestes, il faut compter 1000 F au strict minimum. Cela peut paraître des frais « superflus » mais en fait il n’en est rien : c’est cela qui permettra vos ventes, il ne faut pas négliger ce budget!
Frais annexes
Il existe encore des frais cachés : le téléphone lorsque l’on appelle les magasins, les radios e.t.c., les frais de CD gravés (car je pense que vous en graverez plusieurs par mesure de prudence), de DAT
Enfin, si vous projetez de faire le mix final en studio, vous allez banquer encore plus (à partir de 700 F la journée, et encore, c’est vraiment pas cher !)
L’alternative des CD gravés
Si vous avez de plus petites ambitions (ou plus de réalisme), graver des CD en petites quantités (50, 100, 200) se fait de plus en plus, et c’est réellement économique, même si cela fait moins pro.
Je vous déconseille de vouloir graver vous-même les CD pour plusieurs raisons :
- Ils seront moins bien gravés que par une société spécialisée (type de CD différent)
- Vous allez passer une énergie et un temps fous ! C’est valable pour graver 10 CD, mais pour plus, ce n’est pas gérable
- Vous avez la possibilité de faire imprimer sur les CD en monochrome, comme sur un CD pressé
Cette alternative présente certains avantages non négligeables :
- Ne pas avoir à payer de Glassmaster (-2200F ouf !)
- Pouvoir investir dans moins de CD (la gravure à 200 exemplaires est possible)
- Les prix sont raisonnables : CD + impression pour moins de 25F par CD
Le mot de la fin sur les prix
Récapitulons:
Glass Master (prémaster maison) | 2200 F |
500 CD | 3800 F |
Photogravure | 700 F |
Budget Promo | 2500 F |
Frais divers | 500 F |
TOTAL | 9700 F |
Conclusion : cela paraît beaucoup pour celui qui va les dépenser, et peu pour certains qui se disent : il me vend un CD 80 F alors qu’il l’a payé même pas 20 F !
Il faut prendre en compte le travail phénoménal que l’autoproduction d’un album représente. De plus, c’est vrai, 9700 F / 500 CD cela fait seulement 19,4 F / CD. Mais qui arrive à vendre les 500 CD ?
Pour être plus réaliste, il faut voir, maintenant que votre projet commence à être plus clair, à partir de combien de CD vous rentabilisez : si vous les vendez net 80 F (pas par les magasins qui prennent une marge), il faut en vendre 120 pour rentrer dans vos frais. Quant aux magasins (qui ont un mal fou à vendre vos CD si vous n’avez pas fait de promotion), ils prennent environ 40% de marge, moins s’ils sont très sympas ou qu’ils adorent ce que vous faites…
Pochette
La pochette est un élément important puisque, pour un groupe peu connu, c’est elle qui attirera l’oeil en premier lieu dans les magasins.
1. Réalisation
– La première fois que l’on veut faire une pochette, on peut être un peu dérouté par le vocabulaire employé et par la complexité apparente des procédures à suivre. En fin de compte c’est plus simple qu’il n’y parait. Lorsque vous contacterez la société de pressage, vous recevrez les tarifs, mais surtout le dossier technique. C’est ici que vous pourrez être déroutés.
- Un album est composé de trois parties du point de vue de l’impression : le livret (la couverture), le CD lui même, et la jaquette (l’arrière du CD)
- La jaquette est en quadrichromie.
- Le CD est en ce que l’on appelle couleurs « Pantone ». Il existe dans le monde de l’infographie professionnel un nuancier (un genre de bloc où sont référencées un grand nombre de couleurs numérotées). C’est ce que l’on appelle les couleurs Pantone. Par exemple le bleu foncé en fond de cette page – Le Bleu Prescience ;) – est référencée comme la couleur Pantone 2747.
- Votre CD n’est en standard pas imprimé en quadrichromie, mais vous avez droit à 1, 2 ou 3 couleurs Pantone. Par exemple vous écrivez le texte en blanc et mettez le fond en bleu. Personnellement, pour votre première pochette, je vous déconseille de faire trop de dégradés, car l’impression sur CD ne donne pas le même résultat que sur papier (surface aluminium) et aussi car les dégradés sont traduits à l’impression par des tramages qui parfois ne sont pas très beaux, alors qu’une couleur pleine en fond ça fait vraiment beau.
- Nous y voilà, vous voulez créer votre pochette. Tout d’abord, vous avez besoin de faire des cadres aux côtes standard. Je vous conseille, pour les faire, d’utiliser Adobe Illustrator. Si vous avez la flemme, vous pouvez les télécharger ici pour les normes propres à la société Dureco (KDG à présent), au format .ai (Adobe Illustrator).
- la zone de coupe finale (2 mm plus loin) : c’est ici que sera coupée approximativement l’image à l’impression. Mais ce n’est pas ici que votre image doit s’arrêter
- la zone de débord des images : c’est ici que les images doivent s’arrêter. En effet, comme ça, si l’impression est coupée 1 mm plus haut que prévu par la zone de coupe finale, le papier est quand même rempli par l’image, alors que si votre image s’arrête net au niveau de la zone de coupe final, il apparaîtra un liseré blanc…
- Dans votre pochette, vous voudrez certainement mettre du bitmap (photo, image…). Cependant, pour avoir une précision maximale des traits, il est conseillé de garder les textes en vectoriel.
- Quand les images bitmap seront terminées, n’oubliez pas de les convertir de RGB en CMYK, l’impression se faisant à partir des quatre couleurs primaires… A ce moment là, les couleurs de votre image vont un peu changer et vous risquez de trouver le rendu un peu sombre. Ca fait moins flash, mais normalement, ça rend bien à l’impression, le tout c’est de s’habituer à la nouvelle version…
- Passons au CD : il vous faudra impérativement mettre certains éléments : le logo « SACEM SDRM », le texte de copyright, le logo « Compact Disc ». Allez, je suis sympa, je vous file tout ça :) Cliquez pour télécharger les logos.
2. Photogravure
– Une fois les finaux de la pochette et du CD effectués, sauvez de préférence votre travail au format EPS, c’est le plus courant. Les polices de caractère que vous avez utilisées sont certainement propres à votre machine (tout le monde ne les a pas), donc avant de sauver au format EPS, il est conseillé de vectoriser le texte. Pour cela, sous Adobe Illustrator, sélectionnez toute votre pochette, puis allez dans « forme/créer un contour » (j’ai traduit de la version anglaise : type/create Outlines, c’est à dire menu 4, sous menu 10).
- La société qui va presser vos albums va également imprimer la pochette et le CD. Pour cela, ils ont besoin de films pour chaque image et par couleur primaire. Ainsi, pour la pochette, il leur faut un film pour le noir, un pour le cyan, un pour le magenta, un pour le jaune. Pour obtenir ces films, vous devez aller chez un photograveur qui, à partir de vos fichiers, vous imprimera en très grande résolution chaque film correspondant à chaque couleur primaire. De plus, pour toutes vos images en sérigraphie, vous devrez faire faire un cromalin, qui n’est autre qu’une impression de votre fichier sur une imprimante laser couleur et sur papier de très bonne qualité. Les cromalins permettent à la société de pressage de vérifier que ce qu’ils impriment correspond bien à ce que vous voulez, puisqu’ils ont un aperçu visuel.
Protection des oeuvres
Tout le monde a le sentiment, une fois des nuits et journées passées à composer et travailler sur ses morceaux, d’être une potentielle victime d’un vol d’oeuvres. Même si généralement, cette peur n’est pas justifiée, il est légitime de vouloir protéger le fruit de sa passion… Voilà donc quelques conseils :
- La première protection à faire est de mettre ses oeuvres (CD + partitions) dans une enveloppe scellée et de se l’envoyer par la poste. Ceci constitue une protection minime, mais peu onéreuse.
- La SACEM.
- Ceci dit, si vous ne faites que commencer dans la production, je ne suis pas sûr que ce soit la peine de s’inscrire immédiatement à la SACEM. Déjà, vous avez besoin d’avoir produit au moins cinq oeuvres pour pouvoir y adhérer. Ensuite, le vol de morceaux est quelque chose de très rare.
- Vous avez donc intérêt à vous inscrire à la SACEM seulement lorsque vous serez un peu implanté dans le milieu de la musique, et SURTOUT lorsque vous aurez réussi à vous faire diffuser (radios notamment).
- Si vous n’êtes pas diffusé, la SACEM vous coûte déjà 660 F d’inscription. Si vous décidez de changer de nom d’artiste, vous devrez débourser 370 F… Pour ce qui est de vos autoproductions, vous devrez, une fois inscrit, payer les droits en tant que producteur à l’artiste (vous) via la SACEM, qui prélèvera des frais de gestion… Bref, vous l’avez compris, l’intérêt de s’inscrire à la SACEM ne se justifie qu’en cas de diffusion sur les ondes et surtout par les boîtes et autres lieux de diffusion. Tant que vous restez « Underground », s’y inscrire crée certainement des frais inutiles.
- Le SNAC (Syndicat National des Auteurs Compositeurs)
C’est une alternative intéressante à la SACEM pour commencer. Situé rue Taitbout à Paris, le SNAC protège 5 oeuvres pendant 5 ans pour une somme assez modique (190FRF).