Projet de lettre ouverte à Jacques Attali
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Will Zégal
Je comprends que les petits labels luttent pour préserver le minimum de revenus nécessaires à leur fonctionnement (je crois qu'on en est pas à parler de bénéfices dans la plupart des cas).
Mais êtes-vous bien surs de mener la bonne lutte ?
J'ai déjà expliqué pourquoi dans le sujet "le marché du disque etc...", mais je ne suis pas persuadé du tout que le téléchargement illégal soit la cause de la crise du disque, y compris pour les petits labels. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas y mettre un frein (soit que ça disparaîsse, soit que ce ne soit plus illégal).
En menant la lutte que vous menez, ne craignez-vous pas de faire simplement le jeu des majors ? Dont on sait :
- qu'elle ne se battent pas dans la même catégorie ni avec les mêmes moyens
- qu'elles n'ont certainement pas les mêmes objectifs que vous. Et dont j'espère que la plupart des petits labels n'ont pas les mêmes objectifs qu'eux
- qu'elles peuvent certes représenter des partenaires (distribution), mais aussi des concurrents (récupération des artistes qui marchent... parce que vous avez fait le boulot de les lancer). Or, pour la distrib, vous aurez de moins en moins besoin des majors...
Au moment où un nombre croissant d'artistes rue dans les brancards et commence à se détacher sérieusement de la position des majors en affirmant qu'elles défendent bien plus leur pré carré que les droits des artistes, ça me pose sérieusement question de voir des petits labels emboiter le pas des majors et constituer à la fois des troupes de masse (chair à canon) et une caution morale et culturelle, comme si vos intérêts et les leurs se rejoignaient.
Ça me fait un peu le même effet que quand je vois des syndicats de gauche militer pour le maintien des emplois dans l'industrie de l'armement.
Tout ce temps, toute cette énergie que vous mettez à mener la même lutte que les majors, c'est du temps et de l'énergie que vous n'avez plus pour à vous fédérer pour mener des actions concertées, réfléchir à des solutions alternatives viables, etc.
Cette lettre ouverte à Attali m'a, dans un premier temps, semblé être une tellement bonne idée que je m'apprêtais à la mettre en topic de la semaine. Au final, désolé de le dire, mais ça me semble beaucoup de bruit pour rien au niveau efficacité.
Voilà. Ce n'est que mon avis et je comprends qu'il puisse vos choquer. Mais je vous invite tout de même à y réfléchir 5 mn.
asair
Citation : Respectez le travail de ceux qui vous donnent
du plaisirJe trouve que c'est un tantinou réducteur.
J'aurais avancé qqchose de prétentieux comme : "de ceux qui vous donnent de plaisir ou font vivre et progresser la diversité culturelle"
Mais c'est peut être réducteur (aux indés, à l'avant garde, etc.).
C'est une idée ++.
Citation :
Voilà. Ce n'est que mon avis et je comprends qu'il puisse vos choquer. Mais je vous invite tout de même à y réfléchir 5 mn.
#Houba
Citation : Tout ce temps, toute cette énergie que vous mettez à mener la même lutte que les majors, c'est du temps et de l'énergie que vous n'avez plus pour à vous fédérer pour mener des actions concertées, réfléchir à des solutions alternatives viables, etc.
Je me pose la même question depuis hier soir, Will. Ce projet correspond à ma sensibilité face au problème (je ne suis pas anti-majors d'ailleurs) mais je vois bien dans les discussions du fil "marché du disque" qu'il y a d'autres courants de pensée. Or si lettre ouverte signée collectivement il y a, elle doit effectivement faire la synthèse d'opinions divergentes.
Le problème est que des alternatives viables je n'en vois pas des masses, même après des milliers de message du fil marché du disque. Bien sûr il y a des pis-aller comme promouvoir des productions artisanales à prix compressé pour les rendre rentables à 500 ou 1000 exemplaires mais cela n'est pas possible pour tous les projets et toutes les musiques. Puis j'y vois quand même une forme de renoncement.
Bref, je reconnais que mon message va dans le même sens que celui des majors si ce n'est, il me semble, que venant d'indépendants il serait plus crédible.
J'ai fait une proposition, je ne demande à personne de partager mon opinion. Je n'ai pas de problème à re-rediger une lettre qui prenne en compte d'autres opinions. Mais alors ma question est : quel message voulez-vous faire passer?
Ex-producteur retraité de la musique en 2016
nocomment
Citation : Le problème est que des alternatives viables je n'en vois pas des masses, même après des milliers de message du fil marché du disque.
Je suis d'accord.
Mais le fait que le message des indés rejoigne un peu le sens des majors est inévitable, parce que si on regarde froidement les choses, les deux essaient de promouvoir, et de rentabiliser leur productions. Meme si l'attitude derrière est complétement différente, les majors traitant la musique comme n'importe quel autre "produit", avec pour priorité de satisfaire les actionnaires de la boite à la fin de l"année, tandis que pour la plupart des artistes et labels indés, c'est d'abord la volonté de diffuser une musique auquel on croit vraiment, même si elle n'est pas hyperpopulaire, et en deuxième plan celui de rentabiliser cette prod et de pouvoir se rémunérer.
Donc forcément une partie du discours va se rejoindre à un moment ou un autre. Mais comme Will a dit , ces sont aussi des concurents, qui ont interet à controler le marché. Ce que peuvent vraiment faire les indés c'est se regrouper sous une organisation comme MERLIN , qui regroupe tout les petits indés, et les autoproduits, pour former une masse critique qui pèse dans la balance face aux majors dans toutes les négociations concernant le marché de la musique.
(D'ailleurs il serait bon dans la lettre d'incorporer aussi la référence aux artistes autoproduits et autodiffusés, en plus des petits labels)
Quant au message , en relisant , je trouve qu'il était en fait plus clair dans la 1ere version de la lettre d'epebe. La référence au piratage a été supprimée, alors que même si le mot est devenu "tabou" pour ne pas faire trop "politiquement incorrect", c'est quand même un peu de ça qu'il s'agit..
Mon avis personnel, c'est que cette lettre à réagi à plusieurs propos et clichés entretenus par le billet d'Attali: l'amalgame avec les "artistes richissimes vieillisants" / la prêche que toute la création doit être gratuite, sans vraiment dire comment ce sera possible, et tout en s'excluant lui-même de cette gratuité / l'idée erronée que le disque ne vaut rien, et que seul les concerts comptent / tout ces propos mentionnés venant justifier le piratage comme étant cool avec la phrase "pour une fois qu’on pouvait donner quelque chose gratuitement à la jeunesse, première victime de la crise, voilà qu’on préfère engraisser les majors de la musique et du cinéma,"
crossroads
Saches (donc) qu'Attali sait tout, il nous ai supérieur en tout et n'a de leçon à recevoir de personne...
... bref, c'est un gros con hautain qui n'écoute personne mais qui est très écouté des médias...
Pour moi tu perds ton temps avec un mec pareil!
Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/
nocomment
crossroads
Citation : mais à tout le monde, au public surtout
C'est ce qui est dit dans ce tread à plusieurs reprises : il faut surtout que le public comprenne!
Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/
#Houba
Ex-producteur retraité de la musique en 2016
Will Zégal
Citation : Mais alors ma question est : quel message voulez-vous faire passer?
C'est bien le problème.
Pour faire passer un message consensuel, il faut déjà qu'il y ait consensus. C'est pas gagné.
Toi et quelques autres (assez peu au final) représentants de petites structures, vous vous exprimez en disant "nous, les petites structures". Mais au final, vous n'exprimez que votre opinion propre. Elle n'est pas forcément représentative de toutes les petites structures (qui sont elle-mêmes très diverses).
Ensuite, quel message ? Le piratage nous met sur la paille ?
J'ai du mal à avoir une opinion là-dessus parce que je ne suis pas du tout convaincu de cet état de fait.
Il serait intéressant d'interroger les statistiques (si elles existent) :
- combien existait-il de labels indépendants avant la grande vague de piratage
- combien en existe t-il aujourd'hui ?
- combien de ceux d'avant étaient des structures rentables, c'est à dire ayant les moyens de s'autofinancer et d'autofinancer leurs projets ?
- combien y en a t-il aujourd'hui ?
J'ai l'impression (mais je n'ai pas les chiffres) que les résultats poseraient une autre perspective.
Mon sentiment est que le nombre de labels a autant explosé que le nombre de petits studios et le nombre de productions.
Mon sentiment est qu'il y a probablement autant de labels qui sont rentables aujourd'hui que dans le passé.
Je suis aussi persuadé que si on continue à laisser les jeunes avoir le réflexe "téléchargement illégal" sans se poser trop de questions sur d'où vient et combien coûte à produire la musique qui télécharge, on va à la catastrophe. C'est le seul point intéressant de l'HADOPI : son aspect pédagogique. Et encore, à condition que ce soit correctement fait (voir l'exemple des messages sur les pubs de bouffe).
S'il y a une énergie à dépenser, c'est sans doute en fédérant une communication des labels indépendant vers la première cible concernée à savoir les jeunes. A qui on n'enseigne pas à l'école la moindre notion d'économie. Comment pourrait-il comprendre celle de la musique ?
Mais faire par exemple des interventions dans les lycées pour expliquer comment marche la musique, les labels et au passage les conséquences non pas du téléchargement, mais du non achat de disques. Le faire à l'occasion de concerts gratuits ou presque qui seraient en même temps l'opportunité de faire découvrir des artistes, des petits labels, etc... Il me semble que l'énergie serait ainsi bien mieux dépensée en terme d'efficacité.
#Houba
Ex-producteur retraité de la musique en 2016
asair
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