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Test d'Izotope VocalSynth 2 - On Refait Le Patch #76 : Trafic de voix

8/10

VocalSynth a beau ne pas être vieux, voici qu'Izotope nous présente déjà la seconde version de son multieffet dédié à la production de voix synthétiques. Et la bonne nouvelle, c'est que cette mise à jour n'a rien de mineur.


Alors que commence à poindre une refonte de Nectar, super­tranche pensée pour la produc­tion ´clas­sique’ de la voix, Izotope a choisi de préa­la­ble­ment sortir la v2 du plus récent Vocal­Synth, autre multief­fet dédié à la voix mais se concen­trant pour sa part sur les trai­te­ments plus créa­tifs si prisés dans la musique élec­tro­nique. Voco­deurs, talk­box et autres outils pensé pour robo­ti­ser la voix ou créer des harmo­nies synthé­tiques : tout est là pour jouer avec la voix et plus si affi­nité. Allons voir ça d’un peu plus près en vidéo, ou en texte à votre conve­nance.

GUI GUI

interfaceLe chan­ge­ment saute aux yeux dès l’ou­ver­ture de l’in­ter­face, Izotope ayant complè­te­ment rema­nié cette dernière pour harmo­ni­ser sa gamme de plug-ins. Esthé­tique flat design, nuance de gris, orga­ni­sa­tion : la parenté avec Ozone 8 et Neutron 2 est évidente et elle n’est pas pour nous déplaire vu que Vocal­Synth 2 s’avère du coup d’au­tant plus simple à comprendre et prendre en main quand on connaît ces derniers. On dispose ainsi de l’ac­cès aux cinq modules de trai­te­ment dans la partie supé­rieure de l’in­ter­face, tandis que les effets ont été remi­sés dans la partie infé­rieure avec la possi­bi­lité de modi­fier leur ordre par simple cliquer-glis­ser. Au centre, on accé­dera aux réglages rela­tifs à l’en­trée et la sortie audio et aux panneaux d’édi­tion des diffé­rents modules ou au visua­li­seur prin­ci­pal.


anemoneSi l’er­go­no­mie de l’en­semble ne souffre d’au­cun défaut majeur, si l’in­ter­face est claire et effi­cace, on regret­tera le fait que le nouveau visua­li­seur Anemone qui occupe un bon quart de la fenêtre, même s’il est basé sur les « MFCC (Mel Frequency Ceps­tral Coef­fi­cients) » comme nous l’ap­prend Izotope, ne présente quasi­ment aucun inté­rêt sur le plan infor­ma­tif ou fonc­tion­nel. Chaque module activé y est repré­senté par une sorte de palme de couleur rose, orange, jaune, bleu ou mauve dont la forme réagit vague­ment au signal sans qu’on comprenne trop à quelle carac­té­ris­tique exac­te­ment. Bref, on se croi­rait revenu à l’époque des plug-ins olé olé de Winamp et c’est bien dommage car on a vite de fait de reve­nir à l’an­cien visua­li­seur de Vocal­Synth 1 propo­sant une bête courbe de réponses en fréquence globale qui n’est hélas pas dispo­nible pour chaque module. C’est agaçant car on sait qu’Izo­tope sait faire bien mieux que cela comme il l’a prouvé avec Insight.

En dehors de confé­rer une esthé­tique de papier peint 70’s au plug-in, le seul inté­rêt du visua­li­seur Anemone réside dans la possi­bi­lité de défi­nir le niveau de chaque module par cliqué-glissé, de sorte que les palmes sont plus ou moins grandes. C’est maigre, d’au­tant que ce n’est pas précis et que ces réglages sont juste au-dessus. À la place de ce bavar­dage graphique, on aurait donc préféré pouvoir régler le pano­ra­mique des modules sans avoir à ouvrir leur panneau d’édi­tion.

tutoConve­nons-en toute­fois : ce n’est pas sur la couleur de son manche qu’il faut juger un outil. Passons donc en revue ce qui se trouve tout autour, à commen­cer par la façon dont on se sert de ce Vocal­Synth 2. Sur ce coup, Izotope a très bien fait les choses puisque le plug-in pourra être utilisé comme simple effet, comme effet avec entrée latté­rale, ou comme effet piloté en MIDI. Voilà qui ouvre plein de pers­pec­tives inté­res­santes d’au­tant que l’in­ter­face est exem­plaire sur ce point : en fonc­tion du mode que vous acti­vez, le plug-in détecte votre séquen­ceur et vous affiche un petit tuto pour expliquer en image le para­mé­trage de ce dernier. C’est la très grande classe et ça dispense d’avoir le manuel PDF en perma­nence sur nos genoux virtuels, pour être plus rapi­de­ment au coeur du logi­ciel.

Et c’est d’ailleurs vers cet endroit précis qu’il convient main­te­nant de se diri­ger.

Klaxon Five

modulesAu sommet de la fenêtre, on trouve donc les cinq modules de trai­te­ment qui sont à la base de Vocal­Synth 2. On ne s’at­tar­dera guère pour l’heure sur les clas­siques Voco­ders et Talk­box dont le nom ne laisse guère planer de doute quant à leur action, ni même sur Poly­vox qui génère des harmo­nies en utili­sant des algo­rithmes de pitch shif­ting et de time stretch­ning, et on préfè­rera s’at­tar­der sur les deux plus origi­naux, à commen­cer par Compu­vox. Repo­sant sur la tech­no­lo­gie LPC (Linear Predic­tive Coding) inven­tée dans les années 60 pour amélio­rer l’in­tel­li­gi­bi­lité des voix à faible taux d’échan­tillo­nage, c’est typique­ment le module qui vous fera parler comme de nombreux logi­ciels, jouets ou équi­pe­ment repo­sant sur de la synthèse vocale, de la dictée magique aux solu­tions de base de synthèse vocale. Mais le plus inté­res­sant de ce Vocal­synth 2 et la vraie nouveauté de cette version, c’est Biovox qui est quant à lui dédié à la modi­fi­ca­tion « physio­lo­gique » de la voix. Izotope a en effet modé­lisé certains aspects de notre organe phona­toire pour permettre d’agir sur la clarté de la voix, sa nasa­lité, le souffle qu’elle contient et même, comme nous allons le voir, les phonèmes qu’elle prononce. Histoire de vous mettre dans le bain, voici quelques exemples réali­sés avec chaque module sépa­ré­ment.

VoixO­ri­gi­nale
00:0000:24
  • VoixO­ri­gi­nale 00:24
  • Biovox 00:24
  • Voco­der 00:24
  • Compu­vox 00:24
  • Talk­box 00:24
  • Poly­vox 00:24

Voyez qu’il y a de quoi faire, sachant que tous ces modules peuvent être utili­sés en paral­lèle avec la possi­bi­lité de défi­nir le volume et le pano­ra­mique de chaque trai­te­ment. On serait presque tenté même d’y adjoindre un sixième module puisque le logi­ciel dispose d’un correc­teur de tona­lité en entrée et qui, poussé à l’ex­trême, vous permet­tra de réali­ser des effets auto­tu­nesques. Et c’est sans parler de la section d’ef­fets globale qui offre encore pas mal de possi­bi­li­tés de trai­te­ments, comme nous allons le voir.

Version d’ef­fets

fxsectionAu bas du logi­ciel, on dispose ainsi de sept modules d’ef­fets au lieu de cinq dans la version précé­dente. Izotope a en effet ajouté un chorus et un modu­la­teur en anneau en plus de ceux qu’on trou­vait déjà dans le premier Vocal­Synth : un proces­seur de distor­sion, un filtre réson­nant, un delay, un proces­seur à convo­lu­tion (avec 8 réponses impul­sion­nelles propo­sées) et enfin Shred, un outil pour faire du stut­te­ring, soit hacher et répé­ter des portions de son en fonc­tion d’un tempo donné. Offrant entre trois et quatre réglages chacun, ces effets sont vrai­ment convainquant dans leur rapport simpli­cité/son. Évidem­ment, la section pour­rait être plus complète et l’on s’étonne de ne pas dispo­ser de réverb, flan­ger, phaser, compres­seur ou de la possi­bi­lité de char­ger ses propres réponses à impul­sion dans Trans­form. Ce n’est pour­tant pas sur ce point qu’on aura le plus de regret, mais sur le routing même du logi­ciel car vu l’ef­fi­ca­cité de cette section globale, on se dit qu’Izo­tope aurait été bien inspiré de propo­ser une section d’ef­fet pour chacun de ses modules égale­ment, histoire d’agran­dir le terrain de jeu côté sound design.

Toute­fois, le plus impor­tant dans Vocal­Synth ne tient pas dans ses effets mais bien dans ses modules que nous avions évoqués et qui disposent désor­mais de bien plus de para­mètres qu’au­pa­ra­vant.

Vocal­Synth Pro ?

Chacun des cinq modules dispose main­te­nant d’une petite icône permet­tant d’ac­cé­der à ses para­mètres avan­cés et c’est sans doute sur ce point précis, autant que par l’ajout de deux nouveaux effets et un nouveau module, que le logi­ciel a signi­fi­ca­ti­ve­ment progressé.

vocoderOn accède désor­mais à tous les para­mètres et fonc­tions qui faisaient défaut autre­fois, que ce soit pour la synthèse (forme d’ondes et accor­dages des oscil­la­teurs, niveau de bruit, modu­la­tion du pitch et du timbre par un LFO avec dosage pour chaque oscillo) ou le mixage puisqu’on peut enfin défi­nir le pano­ra­mique du module et sa bande passante au moyen d’un filtre coupe haut/ coupe bas. Si les para­mètres de Poly­vox s’avèrent déce­vants car rudi­men­taires (on sent qu’il ne faut pas marcher sur les plates bandes de Nectar, ce qui explique sans doute aussi l’ab­sence de réverbe), ce sont clai­re­ment Voco­der et Biovox qui réservent les meilleures suprises.

biovoxLe premier parce qu’il offre la possi­bi­lité de gérer le volume et le pano­ra­mique pour chacune de ses onze bandes, et le second parce qu’il permet de jouer avec un pad XY avec huit voyelles modé­li­sées : la voix pronon­cera ainsi plus des A, des I, des O, des E ou des OU (le son U ne fait pas partie des options propo­sées).

Voyez ce que ça donne sur cet extrait :

00:0000:00

Et j’en profite pour vous soumettre plusieurs trai­te­ments de cette même voix en utili­sant diffé­rents modules et effets à chaque fois :

Vocal­Strong
00:0000:22
  • Vocal­Strong 00:22
  • Vocal­Breath 00:22
  • Vocal­Ma­chine 00:22
  • VocalSh­red 00:22

Comme vous vous en rendez compte, le nouveau Vocal­Synth est un beau petit couteau suisse. La perfec­tion n’étant pas de ce monde, on en profi­tera pour poin­ter quelques défauts et glis­ser quelques sugges­tions pour le prochain Vocal­Synth 3.

Vocal­Synth vs Nectar

Outre le fait qu’on aime­rait avoir une section d’ef­fets par module, et plus complète encore si possible, on regret­tera la façon dont le logi­ciel aborde le mixage des trai­te­ments géné­rés. Outre le fait qu’il faille ouvrir chaque panneau d’édi­tion pour régler des choses aussi simples que le pano­ra­mique, on se dit qu’un véri­table EQ aurait été plus perti­nent qu’un double filtre pour régler les plages de fréquences des diffé­rents modules. On regrette aussi que la spatia­li­sa­tion de tout cela se résume à cinq bêtes pano­ra­miques quand on voudrait pouvoir agir sur la largeur stéréo des uns ou des autres, voire sur le place­ment de certaines voix géné­rées. Rela­ti­ve­ment rustique, Poly­vox est ainsi loin d’éga­ler Nectar sur ce point, et la compa­ti­bi­lité avec le Mixeur Visuel qu’on trouve dans Neutron ne change rien à l’af­faire puisque une occu­rence de Vocal­Synth se résume à un point, alors qu’il aurait fallu autant de points qu’il y a de modules.

Alors que Nectar 3 commence à poin­ter le bout de son nez, on se demande bien d’ailleurs pourquoi Izotope n’a pas choisi de réali­ser un tout en un du trai­te­ment et du mixage vocal, ce qui évite­rait à l’uti­li­sa­teur d’avoir à mani­pu­ler deux plug-ins qui sont bien partis pour être contra­dic­toires sur le plan de la produc­ti­vité. On a beau comprendre que l’un est une tranche qui se veut plus utili­taire et que l’autre est un multief­fet tourné vers la créa­tion, il se trouve que bien des modules de Nectar auraient leur place dans Vocal­Synth, et que la complé­men­ta­rité des deux, leur apti­tude à travailler ensemble, reste à démon­trer. On a ainsi clai­re­ment besoin d’un de-esseur en amont de Vocal­Synth et d’un EQ ou d’une réverb après. Du coup, la solu­tion d’Izo­tope serait d’uti­li­ser un Nectar avant et après ? Bref, si l’in­ter­ac­tion entre Ozone et Neutron était rela­ti­ve­ment réus­sie, je suis curieux de voir comment se passera cette affaire avec le prochain Nectar.

Enfin, parce qu’on en veut toujours plus, il ne fait aucun doute que le logi­ciel pour­rait encore progres­ser du côté des modu­la­tions avec d’autres modu­la­teurs qu’un simple LFO (on voudrait une enve­loppe ADSR, un séquen­ceur à pattern, un suiveur d’en­ve­loppe) et plus de desti­na­tions de modu­la­tion possibles : on souhai­te­rait à vrai dire pouvoir modu­ler plein de choses dans ce logi­ciel pour donner du mouve­ment à tous ces trai­te­ments et réali­ser des choses plus complexes. Et Il faudra pour l’heure passer par les possi­bi­li­tés d’une STAN ou d’un plug-in externe pour le faire.

Conclu­sion

Vocal­Synth est une V2 qui fait plai­sir à voir dans la mesure où elle améliore le premier Vocal­Synth sur quasi­ment tous les points et l’em­mène beau­coup plus loin sans pour autant le rendre plus complexe. En surface, on dispose ainsi d’un couteau suisse permet­tant d’ob­te­nir très rapi­de­ment des résul­tats probants, tandis qu’il y a plein de choses à faire lorsqu’on rentre dans les entrailles de la bête. Marchant sur les pas de l’IR­CAM Trax de Flux, Biovox est un ajout de taille à l’ar­se­nal de trai­te­ments offerts, mais c’est plus surement encore dans la possi­bi­lité d’édi­ter des para­mètres avan­cés ou de modi­fier le chai­nage des effets que le logi­ciel progresse.

A l’heure où Zynap­tiq n’en finit plus de repous­ser la sortie de son Orange Voco­der, il ne fait donc aucun doute qu’Izo­tope dispose de solides argu­ments pour impo­ser son cham­pion, parce que Vocal­Synth concentre des effets de qualité et qu’il s’avère extrê­me­ment simple et agréable à utili­ser.

Toute­fois, malgré toutes ses quali­tés, le plug-in n’en présente pas moins certains manques et défauts qui l’em­pêchent d’être le seul plug-in à consi­dé­rer pour les trai­te­ment de voix créa­tifs, notam­ment parce qu’Izo­tope peine à défi­nir où s’ar­rête Nectar et où commence Vocal­Synth et que les fonc­tions distri­buées à l’un ou à l’autre ne sont pas forcé­ment judi­cieuses. Vocal­Synth pèche ainsi sur les outils de mixage (et c’est dommage parce qu’avec 5 modules utili­sables en paral­lèle, la ques­tion se pose vite) et parce qu’il demeure rudi­men­taire du côté des modu­la­tions, il n’en­ter­rera pas forcé­ment ses concur­rents. Pour des effets hard­tune par exemple, il n’est pas sûr qu’on ne lui préfère pas le I Wish de Poly­verse, cepen­dant que le Mani­pu­la­tor du même éditeur ou le Bits­peek de Sonic Charge ont encore bien des choses à faire valoir du côté voix traf­fiquées. Et je ne parle même pas des créa­tions de Krotos pous­sant la synthèse croi­sée un peu plus loin que le voco­ding.

Bref, si Vocal­Synth 2 surpasse son prédé­ces­seur sur tous les plans et s’il consti­tue pour l’heure l’un des meilleurs outils du marché pour produire des voix trafiquées, il lui reste une marge de progrès suffi­sam­ment grande pour qu’on attende d’ores-et-déjà sa version 3 avec impa­tience.

On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine Voir tous les épisodes de "On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine"

Notre avis : 8/10

  • Un excellent outil pour obtenir des voix et des choeurs synthétiques
  • Une vraie grosse amélioration de tous les compartiments de VocalSynth
  • Cinq excellents modules, dont Biovox et Compuvox, très intéressants
  • Les nouvelles possibilités d’édition et de modulation
  • Shred, un StutterEdit de poche toujours aussi efficace
  • Deux nouveaux effets et la possibilité de modifier le chainage des effets
  • Nombreux presets de qualité fournis
  • Interface claire
  • Utilisable comme effet simple, en side chain ou piloté via MIDI
  • Le tutoriel intégré expliquant l’usage des différents modes
  • Intégration avec Neutron/Ozone
  • Les vu-mètres Wave comme Anemone inutiles mais encombrants
  • On aimerait disposer de bien d’autres effets encore…
  • …et d’une section d’effets par module
  • Impossibilité d’utiliser ses propres IR dans Transform
  • Gestion de la spatialisation et du mixage perfectible
  • N’aurait-il pas été plus pertinent d’intégrer tout cela au prochain Nectar ?

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