VocalSynth a beau ne pas être vieux, voici qu'Izotope nous présente déjà la seconde version de son multieffet dédié à la production de voix synthétiques. Et la bonne nouvelle, c'est que cette mise à jour n'a rien de mineur.
Alors que commence à poindre une refonte de Nectar, supertranche pensée pour la production ´classique’ de la voix, Izotope a choisi de préalablement sortir la v2 du plus récent VocalSynth, autre multieffet dédié à la voix mais se concentrant pour sa part sur les traitements plus créatifs si prisés dans la musique électronique. Vocodeurs, talkbox et autres outils pensé pour robotiser la voix ou créer des harmonies synthétiques : tout est là pour jouer avec la voix et plus si affinité. Allons voir ça d’un peu plus près en vidéo, ou en texte à votre convenance.
GUI GUI
En dehors de conférer une esthétique de papier peint 70’s au plug-in, le seul intérêt du visualiseur Anemone réside dans la possibilité de définir le niveau de chaque module par cliqué-glissé, de sorte que les palmes sont plus ou moins grandes. C’est maigre, d’autant que ce n’est pas précis et que ces réglages sont juste au-dessus. À la place de ce bavardage graphique, on aurait donc préféré pouvoir régler le panoramique des modules sans avoir à ouvrir leur panneau d’édition.
Et c’est d’ailleurs vers cet endroit précis qu’il convient maintenant de se diriger.
Klaxon Five

- VoixOriginale 00:24
- Biovox 00:24
- Vocoder 00:24
- Compuvox 00:24
- Talkbox 00:24
- Polyvox 00:24
Voyez qu’il y a de quoi faire, sachant que tous ces modules peuvent être utilisés en parallèle avec la possibilité de définir le volume et le panoramique de chaque traitement. On serait presque tenté même d’y adjoindre un sixième module puisque le logiciel dispose d’un correcteur de tonalité en entrée et qui, poussé à l’extrême, vous permettra de réaliser des effets autotunesques. Et c’est sans parler de la section d’effets globale qui offre encore pas mal de possibilités de traitements, comme nous allons le voir.
Version d’effets
Toutefois, le plus important dans VocalSynth ne tient pas dans ses effets mais bien dans ses modules que nous avions évoqués et qui disposent désormais de bien plus de paramètres qu’auparavant.
VocalSynth Pro ?
Chacun des cinq modules dispose maintenant d’une petite icône permettant d’accéder à ses paramètres avancés et c’est sans doute sur ce point précis, autant que par l’ajout de deux nouveaux effets et un nouveau module, que le logiciel a significativement progressé.
Voyez ce que ça donne sur cet extrait :

Et j’en profite pour vous soumettre plusieurs traitements de cette même voix en utilisant différents modules et effets à chaque fois :

- VocalStrong 00:22
- VocalBreath 00:22
- VocalMachine 00:22
- VocalShred 00:22
Comme vous vous en rendez compte, le nouveau VocalSynth est un beau petit couteau suisse. La perfection n’étant pas de ce monde, on en profitera pour pointer quelques défauts et glisser quelques suggestions pour le prochain VocalSynth 3.
VocalSynth vs Nectar
Outre le fait qu’on aimerait avoir une section d’effets par module, et plus complète encore si possible, on regrettera la façon dont le logiciel aborde le mixage des traitements générés. Outre le fait qu’il faille ouvrir chaque panneau d’édition pour régler des choses aussi simples que le panoramique, on se dit qu’un véritable EQ aurait été plus pertinent qu’un double filtre pour régler les plages de fréquences des différents modules. On regrette aussi que la spatialisation de tout cela se résume à cinq bêtes panoramiques quand on voudrait pouvoir agir sur la largeur stéréo des uns ou des autres, voire sur le placement de certaines voix générées. Relativement rustique, Polyvox est ainsi loin d’égaler Nectar sur ce point, et la compatibilité avec le Mixeur Visuel qu’on trouve dans Neutron ne change rien à l’affaire puisque une occurence de VocalSynth se résume à un point, alors qu’il aurait fallu autant de points qu’il y a de modules.
Alors que Nectar 3 commence à pointer le bout de son nez, on se demande bien d’ailleurs pourquoi Izotope n’a pas choisi de réaliser un tout en un du traitement et du mixage vocal, ce qui éviterait à l’utilisateur d’avoir à manipuler deux plug-ins qui sont bien partis pour être contradictoires sur le plan de la productivité. On a beau comprendre que l’un est une tranche qui se veut plus utilitaire et que l’autre est un multieffet tourné vers la création, il se trouve que bien des modules de Nectar auraient leur place dans VocalSynth, et que la complémentarité des deux, leur aptitude à travailler ensemble, reste à démontrer. On a ainsi clairement besoin d’un de-esseur en amont de VocalSynth et d’un EQ ou d’une réverb après. Du coup, la solution d’Izotope serait d’utiliser un Nectar avant et après ? Bref, si l’interaction entre Ozone et Neutron était relativement réussie, je suis curieux de voir comment se passera cette affaire avec le prochain Nectar.
Enfin, parce qu’on en veut toujours plus, il ne fait aucun doute que le logiciel pourrait encore progresser du côté des modulations avec d’autres modulateurs qu’un simple LFO (on voudrait une enveloppe ADSR, un séquenceur à pattern, un suiveur d’enveloppe) et plus de destinations de modulation possibles : on souhaiterait à vrai dire pouvoir moduler plein de choses dans ce logiciel pour donner du mouvement à tous ces traitements et réaliser des choses plus complexes. Et Il faudra pour l’heure passer par les possibilités d’une STAN ou d’un plug-in externe pour le faire.
Conclusion
VocalSynth est une V2 qui fait plaisir à voir dans la mesure où elle améliore le premier VocalSynth sur quasiment tous les points et l’emmène beaucoup plus loin sans pour autant le rendre plus complexe. En surface, on dispose ainsi d’un couteau suisse permettant d’obtenir très rapidement des résultats probants, tandis qu’il y a plein de choses à faire lorsqu’on rentre dans les entrailles de la bête. Marchant sur les pas de l’IRCAM Trax de Flux, Biovox est un ajout de taille à l’arsenal de traitements offerts, mais c’est plus surement encore dans la possibilité d’éditer des paramètres avancés ou de modifier le chainage des effets que le logiciel progresse.
A l’heure où Zynaptiq n’en finit plus de repousser la sortie de son Orange Vocoder, il ne fait donc aucun doute qu’Izotope dispose de solides arguments pour imposer son champion, parce que VocalSynth concentre des effets de qualité et qu’il s’avère extrêmement simple et agréable à utiliser.
Toutefois, malgré toutes ses qualités, le plug-in n’en présente pas moins certains manques et défauts qui l’empêchent d’être le seul plug-in à considérer pour les traitement de voix créatifs, notamment parce qu’Izotope peine à définir où s’arrête Nectar et où commence VocalSynth et que les fonctions distribuées à l’un ou à l’autre ne sont pas forcément judicieuses. VocalSynth pèche ainsi sur les outils de mixage (et c’est dommage parce qu’avec 5 modules utilisables en parallèle, la question se pose vite) et parce qu’il demeure rudimentaire du côté des modulations, il n’enterrera pas forcément ses concurrents. Pour des effets hardtune par exemple, il n’est pas sûr qu’on ne lui préfère pas le I Wish de Polyverse, cependant que le Manipulator du même éditeur ou le Bitspeek de Sonic Charge ont encore bien des choses à faire valoir du côté voix traffiquées. Et je ne parle même pas des créations de Krotos poussant la synthèse croisée un peu plus loin que le vocoding.
Bref, si VocalSynth 2 surpasse son prédécesseur sur tous les plans et s’il constitue pour l’heure l’un des meilleurs outils du marché pour produire des voix trafiquées, il lui reste une marge de progrès suffisamment grande pour qu’on attende d’ores-et-déjà sa version 3 avec impatience.
