Il est 2 heures du matin, impossible de dormir. Une mélodie tourne en boucle dans votre tête depuis maintenant une vingtaine de minutes et vous empêche de rejoindre les bras de Morphée. Vous empoignez donc votre 6 cordes, allumez votre multieffet et branchez, un peu à contrecœur, votre casque. Le reste de la famille étant assoupie, c’est un mal nécessaire. Comme beaucoup de guitaristes, jamais ces écouteurs n’ont réussi à vous procurer les mêmes sensations que lorsque vous êtes assis devant votre ampli à lampes dont le volume est raisonnablement poussé. Heureusement, le Waza-Air de Boss nous fait la promesse de retrouver ce ressenti, et ce, sans-fil. C’est beau la science.
En tant que guitariste-paparisien, l’annonce du Waza m’a touché en plein cœur. Il faut dire que le jeu au casque est devenu depuis maintenant plus de six ans une obligation. Quand on partage un appartement avec trois autres personnes, dont deux de petite taille ayant l’habitude de se coucher avec les poules (et de se réveiller avec le coq), que voulez-vous, on n’a pas le choix et on revend son 4×12 sur Audiofanzine (sécurisé via Looper, évidemment), la mort dans l’âme.
C’est donc avec une certaine hâte qu’on déballe le WAZA-AIR, un casque sans-fil accompagné d’un émetteur prêt à être enfiché dans votre six cordes préférée.
Vas-y Waza
Premier déballage, premier constat : il n’y a pas d’étui de transport. C’est d’autant plus dommage vu le prix du bébé, environ 430 € en magasin. Heureusement, le casque étant pliable « à plat », vous pourrez le glisser aisément dans la poche avant de votre housse de guitare, mais un petit écrin n’aurait pas été de refus… On retrouve ledit casque, l’émetteur sans-fil à brancher sur sa pelle et un câble micro USB servant à recharger les deux. Attention tout de même, si vous désirez recharger l’émetteur et le casque en même temps, il vous faudra deux chargeurs. Nous pensions que l’émetteur se rechargeait en se branchant sur le casque mais ce n’est pas le cas, il dispose lui aussi d’une prise micro USB. Côté autonomie, avec une recharge complète (3h pour le casque, de même pour l’émetteur), le casque tiendrait, d’après le constructeur, 5 heures et l’émetteur 12 heures. C’est plutôt pas mal !
Avant de chausser le Waza Air, on le regarde un peu et on admire les deux jolis logos « Waza » disposés sur chacune des oreillettes. Le tout semble solide avec un arceau en métal et des coques en métal résistant. Les coussinets et le bandeau sont en cuir et sons très agréables au contact de la peau. Bonne surprise, les coussinets sont aimantés et donc facilement remplaçables, c’est une très bonne nouvelle ! Le look est plutôt réussi, et reste relativement sobre, même si cela reste bien évidemment une affaire de goût…
Sur l’oreillette de gauche, on retrouve le bouton de mise sous tension accompagné d’une série de 3 LEDs sur l’autre oreillette permettant de voir si le casque est bien allumé et connecté. Une prise micro USB est donc disponible pour la recharge, ce qui est une excellente chose. On a tous chez soi un câble et un chargeur de ce type ! Mais c’est sur la partie droite du casque que l’on retrouve les principaux contrôles, à savoir le volume « bluetooth », à savoir le son qui sortira de votre smartphone, le volume « guitare » sous la forme d’une grosse molette en aluminium, qui sera donc le son de votre six cordes, et deux boutons qui serviront à faire défiler les 6 présets embarqués directement dans le casque et à engager l’accordeur sonore. Car vous l’aurez compris, le Waza Air n’a pas besoin de smartphone pour être utilisé, et ça, ça change tout.
Une fois vos petits réglages faits dans l’appli (on verra ça plus tard), vous n’aurez plus qu’à chausser le casque et brancher l’émetteur sur votre guitare, c’est tout. Pas besoin de smartphone pour jouer, et au quotidien, cela confère un côté plug’n’play au casque très agréable. On empoigne sa guitare et on joue au bout de quelques secondes. Pour peu que l’émetteur soit déjà sur la guitare (il se met en veille automatiquement), on a juste à mettre le casque et l’allumer. On règle le volume, on choisit le préset et c’est parti. Assurez-vous juste de synchroniser l’émetteur avec le casque lors de la première utilisation. Mais il n’y a rien de plus simple : on branche l’émetteur sur la prise jack du casque et le tour est joué.
Autre exemple d’utilisation très plaisante : on lance une vidéo sur YouTube, par exemple un playback, et on joue par-dessus en réglant simplement le niveau de la vidéo et le niveau de sa guitare grâce aux deux volumes séparés. Le WAZA-AIR est d’ailleurs aussi un casque Bluetooth de très bonne qualité qui pourra d’ailleurs servir pour autre chose que la guitare.
Et l’appli ?
L’appli Boss WAZA-AIR se télécharge simplement sur l’App Store et au premier lancement, on nous demande de connecter notre casque en MIDI. C’est chose faite en cliquant simplement sur le nom du casque qui était déjà appairé en Bluetooth à notre iPhone. On se retrouve donc devant les premiers paramètres avec la page « Gyro Ambience ». Vous l’avez sans doute vu lors de l’annonce du produit, le casque intègre un gyroscope et propose un son totalement immersif réagissant au moindre mouvement de la tête. Si vous fermez les yeux, vous vous retrouvez dans une pièce virtuelle, avec un ampli virtuel placé à un endroit précis. Si l’ampli est placé devant vous et que vous tournez la tête vers la gauche, le son arrivera principalement dans votre oreille droite. Pour être honnête, l’effet est saisissant et nous avons tout de suite envie de le faire essayer à tout le monde afin de récolter les « wahou ». Deux modes utilisent le gyroscope : le « stage » avec l’ampli situé derrière vous, comme sur scène, et le « static » avec l’ampli virtuel placé devant vous. Un troisième mode « surround » désactive le gyroscope mais garde la pièce virtuelle, et c’est le mode que nous avons décidé de garder pendant le test. Le gyroscope fonctionne vraiment bien, mais on se retrouve parfois avec un déséquilibre droite/gauche pas toujours utile, même si finalement réaliste. Forcément, notre tête ne reste pas statique, surtout lorsque l’on joue de la guitare. C’est donc pour cela que nous avons préféré le mode surround qui envoie le même volume entre l’oreillette gauche et droite.
Il est aussi possible de désactiver complètement la pièce virtuelle, mais franchement, cette dernière est excellente et il devient difficile de s’en passer. On prend énormément de plaisir à jouer et c’est assez révélateur de la qualité globale des simulations issues des amplis Katana. On pourra régler le type de pièce (stage ou studio) et le niveau de réverbération. Que ce soit avec l’une ou l’autre, BOSS a clairement réussi son pari de rendre le jeu au casque agréable. Et cerise sur le gâteau, les présets sonnent bien, et la partie « Tone Central » propose un nombre limité de sons, mais ils sont tous exploitables et plaisants à jouer. Cela renforce la prise en main très rapide du casque et c’est un énorme point fort. Pas besoin de tripatouiller les réglages pendant 107 ans. Mais rassurez-vous, tous les paramètres classiques restent disponibles, avec 5 amplis différents, et des effets en veux-tu en voilà. On garde cependant nos réserves sur l’ergonomie de la partie effets, pas évidente à appréhender au début, avec son système de couleur. On pense que BOSS peut mieux faire, surtout avec les interfaces tactiles offertes par les smartphones modernes. Reste que les effets sont nombreux (50) et d’excellente qualité, ce qui n’est pas étonnant venant de BOSS, les rois de la pédale d’effet !
La partie bibliothèque permettra à l’utilisateur de sauver ses présets et de les regrouper en « liveset » (groupe de 6 présets) afin de les téléverser dans le casque. Ainsi, ils seront accessibles directement sur la coque du casque. Plus besoin de l’appli ! Un accordeur est proposé dans cette dernière mais chose amusante, un accordeur sonore est intégré au casque. L’idée est de rendre le casque encore plus indépendant du smartphone, ce qui est une bonne chose, mais dans les faits, c’est pas super précis. Pensez à plutôt vous munir d’un accordeur à pince, ça ne coûte pas cher, c’est pratique et il y en a des très précis.
En ce qui concerne le son du casque en lui-même, une fois n’est pas coutume, il faudra nous faire confiance ou aller l’essayer en magasin. En effet, nous ne disposons pas d’une tête artificielle type Neumann KU100 qui permettrait de vraiment retranscrire avec fidélité le son du WAZA-AIR. Heureusement, il existe des vidéos sur internet faites en partenariat avec BOSS qui a fourni pour l’occasion une tête artificielle.
Conclusion
Pour avoir passé trois semaines avec, il a été assez difficile de s’en séparer. Entre le fait que le casque soit agréable, très pratique à utiliser et que les simulations d’amplis et d’effets associées à la pièce virtuelle soient excellentes, le WAZA-AIR dispose de tous les atouts pour procurer énormément de plaisir au guitariste. Certes, les plus râleurs pourront dire que le gyroscope est gadget et que le prix reste élevé, mais reste que le produit est très bien pensé, innovant et qu’il procure des sensations inédites au casque. Pour une fois qu’un produit sort des sentiers battus dans le monde la guitare et ose même emprunter les sentiers de la Hi-Tech, on ne va pas bouder notre plaisir ! 4 étoiles et un Award bien mérité.