L'entreprise basée en Floride, membre de la "famille" Gibson, avait introduit ce casque en 2021, et dans nos colonnes, il était passé relativement inaperçu à l'époque. On vous a donc concocté un petit test pour remédier à cet oubli...
Et cela d’autant plus que la marque a obtenue des tests d’enceintes (sa spécialité) de plus en plus élogieux dans nos colonnes, les années passant.
En vérité, on était intéressé d’essayer ce casque également parce que, dans sa gamme de prix, il reçoit des critiques souvent élogieuses de la part de ses utilisateurs. S’agit-il de simples préférences personnelles (il n’y a rien de mal à ça en audio) ou d’une vraie nouvelle référence potentielle ? Dans cette optique-là, il nous paraissait intéressant de soumettre le casque à notre protocole de test, et de voir ce qu’il en ressortait…
Présentation
Spécifications
KNS-6402 est un casque de type circumauriculaire, fermé, avec un transducteur dynamique. La taille du transducteur est de 40 mm.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
Impédance : 36 ohms
Réponse en fréquence : 10 Hz — 22 kHz
Le casque est fourni avec un seul câble, détachable, de 2,6 m avec fiche mini Jack TRS 3,5 mm et son adaptateur 6,3 mm. La connexion au casque se fait par un micro-jack TRS à baïonnette. Le câble est un peu fin, mais rien d’alarmant.
Il est également fourni avec un sac de transport et, c’est une première pour moi, un chiffon microfibre pour astiquer le casque. OK…
Par ailleurs, du point de vue de sa construction, si on était content de voir que toutes les pièces sont fixées par vis, et sont donc détachables, on a remarqué dans l’ensemble une impression de manque (léger) de robustesse. Rien d’horrible, mais on a vu mieux…
Démontable ?
Jusqu’à un certain point.
On enlève d’abord les mousses (dont le revêtement ressemble à s’y méprendre à celui utilisé pour le Sony MDR-7506) :
Qui tiennent en place grâce à un ensemble de petits picots latéraux (on les voit bien sur le pourtour de l’écouteur sur la photo ci-dessus).
On découvre alors quatre vis, qu’on enlève :
Ce qui révèle un premier niveau de câblage (la connectique et les câbles de raccordements des transducteurs). On devine le HP derrière une coque maintenue par trois vis.
Et le voilà ! Mais, si l’on pourra toujours y accéder pour changer les câbles, par exemple, le transducteur lui-même est collé. Difficile d’aller plus loin.
Confort
Correct.
Le casque est léger et ne sert pas trop, les mousses sont confortables sur les oreilles et (un peu moins, mais ça va) sur le haut du crâne. Ça, c’est les bons côtés.
Mais par ailleurs, il est raide, dur à régler et les écouteurs sont un peu petits et s’adaptent moyennement à la forme des oreilles (ça serre en haut ou en bas).
Isolation
Bonne.
Seul bémol à signaler : il s’agit d’un de ces casques dont le câble est très « résonnant ». Autrement dit, quand vous le mettez sur votre tête, vous entendez un bruit mécanique (dans l’oreille gauche) à chaque fois que vous touchez, tapotez, frottez le câble. Il suffit donc que le câble frotte contre votre pull, et vous l’entendez, même avec de la musique.
Transport
Pas mal.
Le casque est léger (202 g), et le constructeur le fournit avec un sac de protection en faux cuir bien épais, qui donne confiance. Cependant, le casque ne se plie pas. Le sac sera donc d’autant plus utile, mais il faut lui prévoir de la place.
Benchmark
Voici donc le nouveau protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
On remarque :
- Des basses en retrait, avec un profil montant de 20 Hz à 600 Hz, qui se termine par une bosse à 600 Hz
- Un léger creux juste avant 2 kHz
- Une linéarité relative entre 2 et 10 kHz
- Avec un seul vrai creux à 6 kHz
- des aigus à peine accentués (même niveau que 600 Hz)
L’appairage des transducteurs est tout à fait correct, avec une différence de 2 dB à 20 Hz. On voit parfois mieux, mais un déséquilibre de moins de 3 dB a très peu de chance de s’entendre.
Distorsion :
La distorsion mesurée est inférieure à 0,2 % de 100 Hz à 1,1 kHz. On remarque une montée dans le grave, jusqu’à atteindre presque 5 % à 20 Hz, et dans l’aigu, moins forte et moins constante, mais avec des pics à 0,5 % à 1,2 kHz et à 5 kHz. Les harmoniques impaires sont aussi présentes (voire occasionnellement plus) que les harmoniques paires. Tout cela est un peu élevé. Rien de catastrophique, c’est sûr, mais l’on a vu beaucoup mieux…
Écoute
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. Étrange résultat : peu de grave, beaucoup de médiums/haut-médiums, peu d’aigus. La voix est très en avant, elle « mange » même les cordes aiguës de la guitare parfois, mais par ailleurs elle ne bénéficie pas de beaucoup d’articulation, dû à la présence égale des aigus et des médiums. On sent qu’au-dessus de 4 kHz, il « manque » quelque chose : sûrement l’accentuation à laquelle nous sommes habitués par tant de casques (presque tout ce qui se fait actuellement…). On pense un peu au ATH-M50x, mais même celui-ci a plus d’aigus. La bosse à 600 Hz donne vraiment une sensation de brouillage de l’ensemble, et un manque « d’air » assez marquant.
Sun Kil Moon — Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Avec son grave en retrait, le casque donne un rendu intéressant du duo batterie/basse. Le clavier basse n’est pas mis en avant de façon pataude, au contraire : son timbre, ses attaques sont bien définies, et étonnamment les notes les plus basses passent très bien. La caisse claire n’est pas trop claquante, et la grosse caisse est bien « sèche », avec une attaque médium et une légère résonance grave qui suit. En revanche, la voix paraît étouffée, comme dans du coton : manque de présence de l’aigu qui occasionne une impression de « manque » de précision sur les articulations. Le résultat est resserré et nasal.
Massive Attack — Teardrop (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Le constat reste le même. Ici, c’est le piano couplé à la basse qui « mange » un peu les autres instruments sur l’intro. La voix, souvent à la limite de la sibilance est plutôt aidée, pour une fois, pas des aigus peu accentués, mais attention cela n’est justement pas représentatif de la véritable sonorité du mix originel. À noter : une fois de plus, l’extrême grave est rendu « perceptible » (je n’irai pas jusqu’à « audible »), étonnamment.
Charlie Mingus — Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Le rapport médium/grave est plutôt bien traité là encore et si, pour une fois, les cymbales ne sont pas trop en avant, on sait que, comme pour le morceau précédent, ce n’est pas un rendu très réaliste du mix originel. On apprécie en tout cas les timbres des instruments médiums, retranscrits avec une grande fidélité.
Edgar Varèse — Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. Le « manque » d’aigus n’aide pas beaucoup l’image stéréo, on a donc l’impression que tout est un peu recentré. Un élément en particulier : selon les nuances de jeu (de la caisse claire par exemple), on perçoit normalement plus ou moins la résonance naturelle de la salle, et l’on perçoit donc d’une façon claire la présence des instruments de gauche à droite. Ici, cette « largeur » donnée par la résonance est un peu trop en arrière pour que l’on apprécie vraiment l’acoustique de la salle. Les instruments médiums et graves, en revanche, sont très bien rendus, comme dit précédemment.
Conclusion
Si vous trouvez le ATH-M50x trop lourd, trop cher, et que ça ne vous embête pas d’avoir un son un tout petit plus étouffé, moins large, le KNS-6402 de KRK Systems devrait faire l’affaire.
Ça peut paraître dur de ma part, mais c’est la meilleure comparaison qui me vient à l’esprit à l’issue de ce test. En effet, la signature sonore des deux casques est assez similaire, avec moins de « punch » du côté du KRK, et une image plus resserrée. En revanche, l’expérience physique qu’ils procurent est complètement différente : isolation top, mais lourdeur et serrage intense de l’Audio-Technica ; plus grande légèreté, casque plus petit, moins robuste, mais plus facile à utiliser sur de longues séances de travail du côté de KRK Systems.
Bref, sans avoir adoré ce casque, on peut tout à fait l’envisager comme casque de prise à petit prix pour un travail en studio, tant qu’on ne recherche pas « d’effet loupe ». Facile à transporter, bonne isolation, confort acceptable… Il fera le job honnêtement.