Même si son nom pourrait faire penser le contraire, nous sommes bien en présence d’un casque récent, sorti l’année dernière, en 2017. À l’instar du DT 1770 PRO testé il y a deux ans qui était une version de luxe du célèbre DT 770, le DT 1990 PRO est une variante premium du DT 990 testé… hier. Alors, on sort le chéquier ?
Pour ceux qui ont la flemme de lire l’article d’hier à propos du DT 990 PRO, sachez que nous lui avons donné 4,5 étoiles et un Award Qualité/Prix bien mérité. En effet, pour moins de 140 € en magasin, on peut oublier ses petits défauts dont le plus embêtant reste sa mise en avant des aigus dès 4 kHz. L’autre point faible mentionné concernait le câble non détachable, chose que le DT 1990 PRO corrige très élégamment avec ses deux câbles fournis, un droit et un à spirale de trois mètres, dotés d’une prise mini-XLR. Côté coussinets, le constructeur allemand nous a aussi gâtés avec une paire de rechange (censée être plus « loudness », mais nous avons utilisé la « flat » d’origine pour le test), soigneusement rangée dans le bel étui rigide qui protègera le précieux de la poussière et des chocs. Ces trois ajouts ne justifient certes pas le prix avoisinant les 500 € à eux tout seuls, mais cela confère au DT 1990 PRO un caractère haut de gamme.
Pour le casque en lui-même, il faut avouer que Beyerdynamic a fait très fort, autant du côté look, vraiment très classe, que du côté de la finition et de l’assemblage. Le tout nous parait extrêmement robuste avec une utilisation quasiment exclusive du métal, contrairement au DT 990 qui parait à côté bien plus « cheap » avec ses coques en plastique. Niveau confort, c’est assez similaire et très plaisant à l’usage pour peu que vous ne soyez pas sensibles à la chaleur et que vous n’habitiez pas dans un pays chaud. En ce moment, on n’a pas vraiment ce problème en région parisienne !
Concernant les caractéristiques techniques, nous sommes face à un casque dynamique, ouvert et circumaural avec une impédance de 250 Ohms et des haut-parleurs de 45 mm en Tesla néodyme. Il est à noter que, métal oblige, le casque est plus lourd que son ainé (370 g contre 250). Tout comme le DT 1770 PRO, le DT 1990 Pro nous a vraiment séduits esthétiquement et dans sa conception, nous félicitons pour cela le travail de Beyerdynamic ! Reste à savoir si côté rendu sonore le DT 1990 PRO arrive à améliorer les performances du 990… C’est ce que nous allons voir tout de suite !
Benchmark
Depuis quelque temps maintenant, nous utilisons un nouveau protocole afin de compléter l’écoute comparative classique. Avec l’aide précieuse de notre partenaire Sonarworks (souvenez-vous, le calibrage de casques), nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes précises de la réponse en fréquences et du taux de distorsion harmonique élaborées par des professionnels, dont c’est le métier de tous les jours dans leur laboratoire. Elle n’est pas belle la vie ?
Pour le test, nous avons décidé de mettre le DT 1990 face au DT 990 testé pas plus tard qu’hier. Vu que le DT 1990 est censé être un DT 990 « de luxe », le choix fut tout naturel !
Voici les courbes de réponse en fréquences du DT 1990 PRO et du DT 990 PRO :
On peut voir au premier coup d’œil que les deux casques adoptent le même type de courbes de réponse en fréquences. Il subsiste malgré tout quelques différences qui tournent à l’avantage du DT 1990. Si l’extension dans le bas du spectre est sensiblement la même, la linéarité entre 50 Hz et 5 kHz reste légèrement meilleure sur le DT 1990 avec une déviation d’environ 4,5 dB contre 5,5 dB pour le DT 990. On note notamment une réponse moins accidentée dans les moyennes fréquences sur le 1990. Dans le haut du spectre, on a toujours le son Beyer avec des aigus très en avant, mais plutôt à partir de 5 kHz pour le DT 1990 alors que le 990 agit dès 4 kHz. En revanche, il faut remarquer que le DT 1990 tourne plus autour des + 9 dB alors que le 990 oscille entre +6 et +9 dB. Côté distorsion, il n’y a en revanche pas vraiment d’amélioration notable, c’était déjà très bien sur le DT 990.
Écoute
Johnny Cash – Hurt
Sur l’intro à la guitare, les deux casques sont vraiment très proches, avec un équilibre relativement similaire et c’est assez difficile de donner l’avantage à l’un ou à l’autre. Quand la voix de Cash débarque, on ressent sur les sibilances que le 990 accentue les aigus un peu plus tôt que le 1990, et du coup la voix est retranscrite de manière un peu moins naturelle. C’est subtil, ça se passe aux environs de 4/5 kHz, mais c’est présent malgré tout. De même, le tout nous semble plus neutre, et c’est sûrement dû au parcours un peu moins accidenté de la courbe de réponse en fréquences du DT 1990. En revanche, quand la guitare acoustique commence son strumming lors du refrain, on entend légèrement plus d’agressivité dans le haut du spectre sur le 1990, sûrement à cause de la grosse bosse (9 dB) entre 6 et 10 kHz.
Michael Jackson – Liberian Girl
L’intro de la nappe nous donne pas mal d’informations sur le très haut du spectre, avec des 4 kHz en exergue sur le 990 et des 6/10 kHz sur le 1990, en entend bien que ce ne sont pas les mêmes fréquences qui sont exacerbées. Quand la basse et la grosse caisse arrivent, on ne peut pas dire que ça descend plus bas sur le DT 990, mais en revanche on constate bien que les fréquences situées entre 100 et 200 Hz sont mises en avant, ce qui donne l’impression d’avoir plus de bas dans l’ensemble.
Sur les voix, les sibilances sont un peu plus en retrait et légèrement moins désagréables sur le DT 1990, ce qui n’est pas plus mal, et l’équilibre entre des sons provenant du nez, de la bouche, de la gorge et du torse nous parait très bon, ce qui prouve que les moyennes fréquences sont bien équilibrées. Sur le respect de la dynamique, rien à redire.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Avec cette chanson pleine de basses, on constate que le DT 1990 descend aussi bas que son grand frère, mais il est un peu moins boursouflé. D’après notre écoute, l’équilibre est légèrement meilleur sur le 1990, même si pour une écoute récréative on pourra préférer le 990 qui augmente l’impact des fréquences situées entre 100 et 200 Hz. Le passage avec la voix radio passe un peu mieux sur le DT 1990, on entend bien qu’aucune fréquence n’est spécialement mise en avant et c’est plutôt un avantage. Dans le haut du spectre, on préfère toujours le rendu du 1990, et c’est surtout dû au fait qu’il pousse les aigus un peu moins précocément que le 990.
Pour résumer, les deux casques se ressemblent beaucoup, mais ils ne sont pas identiques pour autant. L’extension dans les basses est la même, mais le 990 a tendance à amplifier un peu plus la zone située entre 100 et 200 Hz, ce qui donne à l’écoute une impression de bas plus généreux. De même, les moyennes fréquences sont un peu plus linéaires sur le DT 1990 même si le 990 était déjà relativement honnête à ce niveau-là. Restent les hautes fréquences qui sont très Beyer dans les deux cas, avec une bosse dès 4 kHz sur le 990 et 5/6 kHz sur le 1990, mais atteignant plus souvent les 9 dB sur ce dernier. À l’écoute, nous avons tendance à préférer le 1990, qui nous parait plus naturel et un peu moins agressif.
Conclusion
Alors que nous avions été très déçus par le DT 1770, le DT 1990 arrive à tirer un peu plus son épingle du jeu avec un rendu sonore global, certes très Beyer avec des aigus très en avant, mais un peu plus linéaire que le DT 990, notamment dans les moyennes fréquences. Le bas du spectre nous semble aussi plus homogène et on retrouve enfin un câble détachable, un deuxième fourni, une paire de coussinets en supplément et une belle mallette rigide. Le look et la qualité de finition ne déçoivent pas et renvoient le DT 990 et son vulgaire plastique à son statut de casque de moyenne gamme. Le DT 1990 a donc des arguments à faire valoir, et ce à tous les niveaux, reste à savoir si dépenser 3,5 fois plus est raisonnable. Sûrement pas, mais si la musique n’était qu’une affaire de raison, ça se saurait…