Après avoir testé les nouvelles Revstar « Element » et « Standard » proposées par la marque Yamaha, nous n’avions d’autre choix que de prendre en main le modèle le plus onéreux de la série : la Yamaha RSP20.
Le savoir-faire japonais
La Yamaha RSP20 est issue de la série « Professional » de la collection des Revstar et se place dans la catégorie des guitares haut de gamme. Le premier point qui la distingue de ses deux petites sœurs est bien entendu le lieu de fabrication. Si ces dernières étaient fabriquées en Indonésie, la RSP20 est quant à elle d’origine japonaise. Fabrication qui, d’après Yamaha, est principalement artisanale. Pour le reste, les spécifications de la fiche technique sont finalement assez proches du modèle intermédiaire de la série « Standard ». Ainsi, une fois de plus, la guitare possède un corps chambré en acajou, mais cette fois-ci renforcé au carbone. La technique de conception du corps a été bénéfique sur les modèles testés précédemment et on peut légitimement s’attendre à retrouver les mêmes qualités cette fois encore. La table, quant à elle, est fabriquée en érable. Sur le modèle testé, la finition est nommée « Swift Blue » et utilise un verni brillant qui recouvre la totalité de la caisse. Comme pour toute la collection Revstar, on devine un esprit inspiré de l’univers de la moto et d’autres couleurs sont également disponibles dans le catalogue de la marque. Pour cette série « Professional », Yamaha a utilisé un manche en acajou, collé, lui aussi renforcé au carbone et conçu autour de 3 pièces. Le vernis appliqué sur ce dernier est de type satiné, ce qui est un choix pertinent vis-à-vis du confort de jeu, évitant ainsi d’accrocher sous la main.
La touche est en palissandre, recouverte de repères en forme de lignes blanches et est accompagnée de 22 frettes Jumbo en acier inoxydable. La pose est bien entendu à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’une guitare affichée à un prix à 4 chiffres, à savoir superbe. Le profil du manche garde une courbe en « C » sans pour autant être trop épais. Le diapason est de 629 mm ce qui représente 24,76 pouces et le radius est de 305 mm soit 12 pouces. Les cordes reposent sur un chevalet de type Tune-o-matic, un sillet fabriqué en PPS (Polysulfure de phénylène) et s’accordent à l’aide de mécaniques qui semblent encore une fois conçues par Yamaha. La guitare pèse environ 3,8 kg.
Pour ce qui est de l’électronique, Yamaha a équipé cette guitare de deux micros à double bobinage AlNiCo V référencés « VH5b » pour la position chevalet et « VH5n » pour la position manche. Ce combo est accompagné d’un sélecteur 5 positions et de deux potentiomètres dédiés au volume et à la tonalité. Ce dernier est de type Push/Pull. En position haute s’active ce que Yamaha appelle le « Focus Switch » qui est un boost passif sur lequel nous reviendrons lors des tests audios. Le sélecteur offre sur les positions 2 et 4 un son hors phase qui, nous le verrons également un peu plus loin, complète parfaitement bien la palette sonore de cette Revstar.
La guitare est livrée dans un étui rigide et les réglages initiaux étaient tout à fait acceptables avec une action suffisamment basse, des harmoniques bien réglées et une courbure du manche qui n’a nécessité aucun ajustement. On retrouve dans l’étui quelques documents, dont un certificat d’authenticité et de contrôle qualité. Tout ceci nous fait d’autant plus ressentir l’esprit premium de l’instrument.
Enfin, cette RSP20 d’origine japonaise est vendue autour des 1900 euros au moment de la rédaction de ce test. Le palier tarifaire entre les séries « Standard » et « Professional » est donc conséquent avec une différence de plus de 1000 euros. Si la qualité des finitions était bien supérieure sur la RSS02T par rapport au modèle le moins onéreux, on ressent moins cet écart en prenant en main la RSP20 après avoir joué sur le modèle intermédiaire. Ce n’est pas une critique, car on peut saluer la démarche de Yamaha de vouloir offrir un modèle à moins de 800 euros proposant des prestations très proches du modèle le plus prestigieux de la gamme. Bien entendu, le prix est ici en grande partie justifié par un pays et des moyens de fabrication différents ainsi que l’utilisation de renforts en carbone. Par expérience, possédant moi-même deux guitares d’une marque concurrente utilisant des renforts en carbone dans le manche, je n’ai, en presque 10 années, jamais eu à régler la courbure des deux manches malgré de nombreux transports et divers changements de température. Il faudra bien entendu évaluer l’apport du carbone sur les Revstar de Yamaha sur une longue période, mais on peut légitimement espérer une stabilité équivalente de l’instrument. C’est un argument de poids pour les professionnel·le·s ou pour les guitaristes qui sont amené·e·s à énormément balader leurs instruments.
C’est cher, mais ça sonne !
Une fois de plus, j’ai avant tout pris le temps de jouer la guitare à vide afin d’évaluer les qualités acoustiques promises par Yamaha. Sans surprise, la projection sonore de l’instrument est toujours assez conséquente et le corps chambré joue parfaitement son rôle. En revanche, et c’était déjà le cas sur les deux modèles précédents, l’équilibre de l’instrument n’est toujours pas parfait avec une caisse qui a tendance à basculer légèrement en position assise. Ce n’est pas dramatique, car ce déséquilibre reste léger et n’est pas situé au niveau du manche, mais il peut être préférable de tester la guitare en magasin (celle-ci ou une autre de la série Revstar) afin d’être sûr que cela ne perturbe pas votre jeu.
Le manche est quant à lui confortable avec un profil en « C » d’une épaisseur tout à fait raisonnable qui lui permet de s’adapter aussi bien au jeu en accords qu’au jeu solo.
Commençons par écouter quelques extraits enregistrés sur le canal clair de la tête Victory V30 MKII. Le gain est réglé à 5 et l’égalisation est de type « tout à midi » :
- 1 – Son clair – Position 500:34
- 2 – Son clair – Position 400:37
- 3 – Son clair – Position 300:41
- 4 – Son clair – Position 200:40
- 5 – Son clair – Position 100:44
Les micros qui équipent cette Yamaha RSP20 offrent un niveau de sortie suffisant pour commencer à faire légèrement cruncher le sensible canal clair de l’amplificateur utilisé pour ce test. Le micro manche est chaleureux et apporte de la rondeur sans pour autant devenir pâteux. La position 4 qui le met en mode hors phase est superbe et c’est celle que j’ai préférée. De la même manière, la position 2 qui est une position hors phase du micro chevalet est assez originale et sera probablement un peu plus musicale sur un canal clair que la position 1.
On active maintenant le canal crunch de la tête Victory avec un gain réglé à 6, une égalisation inchangée et un master poussé à 5 :
- 6 – Son crunch – Position 100:37
- 7 – Son crunch – Position 200:48
- 8 – Son crunch – Position 300:24
- 9 – Son crunch – Position 400:35
- 10 – Son crunch – Position 500:30
Il n’y a rien à reprocher à ce combo de micros une fois la saturation activée. Le micro chevalet est mordant et se montre très précis sur les rythmiques. J’ai également apprécié le fait que le micro manche ne soit pas trop baveux et permette de garder suffisamment de définition sur les deux positions qui lui sont dédiées. De manière plus générale, le sustain est très bon et les notes accrochent très bien sous les doigts.
Il est temps de passer sur le canal le plus saturé de l’ampli avec un gain réglé à 5, une égalisation toujours aussi neutre et un master à 5 :
- 11 – Son lead – Position 100:33
- 12 – Son lead – Position 200:37
- 13 – Son lead – Position 300:23
- 14 – Son lead – Position 400:26
- 15 – Son lead – Position 500:30
Aucune mauvaise surprise. Le rendu est dans la continuité de ce que l’on avait pu entendre sur le canal crunch. Le micro chevalet est puissant, net, précis et réussi à garder ce petit quelque chose de suffisamment organique pour le jeu solo. J’ai adoré la position 2 qui apporte une couleur que l’on ne retrouve que très rarement chez la concurrence. Cette fois encore, le micro manche encaisse très bien ce généreux taux de saturation. Globalement, sur un son moderne comme celui-ci, les palm mutes ne bavent pas plus qu’il n’en faut, les notes chantent et les harmoniques sortent assez facilement. Le son est généreux, plein et n’est pas dénué de caractère. On adore ! Il est à noter également que la guitare s’est montrée plutôt silencieuse, tout à fait dans la norme.
Enfin, j’ai effectué quelques enregistrements avec le potentiomètre de tonalité en position ouverte, ce qui active la fonction « Focus Switch ». Voici le rendu sur les trois canaux :
- 16 – Son clair – Focus Switch position 500:42
- 17 – Son crunch – Focus Switch position 300:28
- 18 – Son lead – Focus Switch position 100:35
Nous avions déjà découvert cette fonction lors du test de la RSS02T. L’impression est ici identique. Ce boost met principalement en valeur les basses et les médiums. Le résultat sera fluctuant selon le micro utilisé et le matériel d’amplification dans lequel vous brancherez la guitare. Le risque est d’avoir, par exemple, un peu trop de bas sur le micro manche, ce qui peut lui donner un côté baveux/pâteux sur un son saturé. Quoiqu’il en soit, cette fonction apporte des sonorités supplémentaires aux 5 positions initiales.
Pour compléter ces bonnes impressions, notons que la tenue de l’accordage n’a posé aucun problème. Une seule chose m’a néanmoins dérangé : les résonances générées au niveau du sillet/tête. C’est un problème assez courant, que l’on rencontre sur une multitude de guitares et qui se règle assez facilement avec un système de « chouchou » ou autres scratchs un peu plus esthétiques. C’est principalement gênant sur des taux de saturation élevés et/ou en conditions d’enregistrement.
En conclusion
La Yamaha RSP20 mérite amplement sa place dans la catégorie des guitares haut de gamme. Les finitions sont irréprochables grâce notamment à un procédé de fabrication qui se veut artisanal. Cette guitare possède une superbe résonance à vide, des micros très bien équilibrés et un manche équipé de frettes en inox parfaitement bien posées. Certains verront l’utilisation de renforts en carbone dans le corps et le manche comme un argument important. De manière plus générale, cette Revstar est une guitare très polyvalente, qui se débrouille à la perfection aussi bien en son clair qu’en son (très) saturé. Son prix de 1900 euros, s’il est en grande partie justifié par toutes ces qualités, pourra tout de même être un frein à son acquisition.