Nous avions dernièrement testé le modèle d’entrée de gamme de la nouvelle édition des guitares « Revstar » de la marque japonaise Yamaha. Aujourd’hui, c’est au tour de la Yamaha RSS02T, équipée de micros P-90, de passer sur notre banc d’essai.
Déballage !
La RSS02T de Yamaha de la série dite « Standard » est un modèle de milieu de gamme qui se positionne entre les Revstar « Element » et la série « Professional » fabriquée au Japon. La guitare qui nous a été envoyée par Yamaha est constituée d’un corps en acajou dont la particularité est d’être chambré, c’est-à-dire qu’on y retrouve différentes cavités placées de manière stratégique. Le but est à la fois d’offrir plus de résonance à l’instrument et dans le même temps d’apporter un meilleur équilibre à la guitare. Ce procédé s’était montré plutôt concluant sur le modèle d’entrée de gamme et nous verrons dans les tests audios ce que cette conception apporte sur cette série. Le corps se voit également accompagné d’une table en érable à la finition dite « Sunset Burst » et d’un verni brillant, mais d’autres finitions sont présentes dans le catalogue. À noter aussi que le look général des guitares de la série Revstar est inspiré de l’univers de la moto, que Yamaha connait bien. Le manche collé est lui aussi construit en acajou, 3 pièces, et possède des renforts en carbone qui devraient assurer une bonne stabilité dans le temps. Contrairement au corps, Yamaha a utilisé un verni satiné pour le manche, ce qui est généralement une bonne idée car cela offre une glisse plus confortable. La touche est en palissandre et se compose de 22 frettes Jumbo en acier inoxydable ainsi que de repères sous forme de lignes blanches. Si la pose des frettes avait été insatisfaisante sur le modèle moins onéreux, cette fois-ci, il n’y a rien à redire. C’est d’autant plus important qu’elles sont en inox et il aurait été assez laborieux de devoir rattraper des problèmes à ce niveau-là. Le diapason est toujours de 629 mm (24,76 pouces) et le radius de 12 pouces. La jonction corps/manche est très propre et offre un bon accès aux aigus. Le profil du manche se rapproche d’un « C » et permet une prise en main assez polyvalente, ce n’est ni trop moderne, ni trop vintage. Les cordes quant à elles reposent sur un chevalet de type Tune-o-matic et commencent leur course dans un cordier dit « Racing » assez original qui donne un look un peu rétro à l’ensemble. Le sillet est en PPS (Polysulfure de phénylène) et les mécaniques semblent être fabriquées par Yamaha étant donné que l’on n’y retrouve aucune mention d’une tierce marque.
L’électronique de la guitare se compose de deux micros de type P-90 avec des aimants Alnico 5. Ils sont pilotés par un sélecteur 5 positions. Les positions 2 et 4 agissent sur la phase des micros et sont loin d’être inintéressantes comme nous le verrons dans le chapitre suivant. On retrouve également deux potentiomètres de volume et de tonalité. Ce dernier est de type « Push/Pull » et permet, en position haute, d’activer la fonction « Focus Switch » qui vient modifier la réaction des micros. Yamaha présente cette fonction comme un « boost passif » et nous verrons un peu plus loin de quelle manière celui-ci transforme le son.
À la sortie du carton, on découvre une guitare rangée dans une housse plutôt bien rembourrée et un instrument correctement réglé, avec une action passe-partout qui laisse un peu de marge pour se rapprocher des frettes selon les goûts de chacun. Ni la courbure du manche, ni les harmoniques n’ont nécessité de réglages supplémentaires.
Pour terminer ce tour du propriétaire, notons que cette Yamaha RSS02T est fabriquée, tout comme la série d’entrée de gamme, en Indonésie. On retrouve dans cette même série, une variante équipée de micros humbuckers. En revanche, si cette dernière est bien disponible pour les gauchers, ce n’est pas le cas du modèle monté en P-90 présenté dans ce test. Enfin, la Yamaha RSS02T se vend, à l’heure de la rédaction de ce test, aux environs des 780 euros, soit 300 euros de plus que sa petite sœur.
Ça sonne comment ?
Avant de brancher quoi que ce soit, j’ai bien entendu pris le temps de jouer la guitare à vide. La sensation de monter en gamme se fait sentir dès la prise en main de l’instrument. Les finitions sont superbes, les frettes sont magnifiquement posées et l’acier inoxydable apporte un léger claquant plutôt sympathique. Le corps chambré offre, une fois de plus, une belle résonance et semble réellement donner un coup de pouce à la projection sonore générale de l’instrument. L’argument du corps chambré est donc loin d’être uniquement une stratégie de marketing à l’effet placebo. En revanche, cette fois encore, j’ai trouvé la guitare légèrement déséquilibrée en position assise. Le corps a tendance à basculer un peu. Rien de rédhibitoire pour autant. Une fois debout, aucun problème, ni la tête, ni le manche, ne penchent d’un côté comme de l’autre.
Comme je le soulignais en introduction de ce test, le manche offre un bon compromis avec un profil en « C » finalement assez polyvalent. Le jeu en accords est confortable et le manche n’est pas non plus excessivement épais au point de rendre la vie difficile pour les solistes aux petites ou moyennes mains.
Je vous propose maintenant d’écouter des extraits enregistrés sur le canal clair de mon fidèle amplificateur Victory V30 MKII :
- 1 – Son clair – Position 500:40
- 2 – Son clair – Position 400:28
- 3 – Son clair – Position 300:29
- 4 – Son clair – Position 200:21
- 5 – Son clair – Position 100:33
Les P-90 qui équipent cette Yamaha RSS02T sont vraiment excellents. Ce ne sont pas forcément des micros puissants au point de faire cruncher le canal clair d’un amplificateur à lampes mais ce n’est pas vraiment ce que l’on attend d’eux. En revanche, qu’est-ce qu’ils sont dynamiques et chaleureux ! On prend vraiment du plaisir à jouer sans saturation, avec une petite préférence pour les positions 3, 4 et 5. Déjà sur le canal clair de l’amplificateur, on devine que la palette sonore offerte par cette guitare est très large grâce aux 5 positions du sélecteur et nous n’avons pas encore activé l’option « Focus Switch ».
Voici maintenant quelques exemples enregistrés sur le canal crunch avec un gain réglé à 6, un master réglé à 5 et une égalisation « tout à midi » :
- 6 – Son crunch – Position 100:38
- 7 – Son crunch – Position 500:30
- 8 – Son crunch – Toutes les positions01:07
Là encore, l’impression générale est excellente. Les notes accrochent bien sous les doigts et la guitare offre du grain et du caractère. Sur l’exemple numéro 8, vous pouvez entendre la totalité des positions passées en revue. Il est possible d’obtenir quelque chose d’assez rond ou des sonorités plus « aiguisées » sans rien toucher sur l’ampli, le tout avec un joli sustain jusqu’à la dernière frette.
Écoutons maintenant le comportement de la guitare sur le canal lead de la tête Victory. Celui-ci est réglé avec le gain à 5, le master à 5 et une égalisation qui n’a pas bougé :
- 9 – Son lead – Position 100:40
- 10 – Son lead – Position 500:43
- 11 – Son lead – Toutes les positions01:12
Évidemment, les P-90 soufflent pas mal dans cette configuration et commencent à baver un peu, surtout sur le micro manche. Cela peut avoir son charme dans certaines situations, mais clairement, cette Yamaha RSS02T ne sera pas le choix le plus approprié pour des sons métal très saturés. Pour cet usage, la version équipée de humbuckers sera probablement davantage adaptée.
Enfin, je vous propose d’écouter le rendu des micros une fois que le potentiomètre de tonalité est en position haute avec la fonction « Focus Switch » d’activée :
- 12 – Son clair – Focus Switch sur toutes les positions00:53
- 13 – Son crunch – Focus Switch (OFF_ON)01:00
- 14 – Son lead – Focus Switch (OFF_ON)01:28
On s’en rend compte assez facilement dès l’extrait enregistré sur le canal clair : le boost est assez prononcé essentiellement dans les basses et les médiums. On perd en mordant et en précision mais on gagne en épaisseur et en rondeur, ce qui peut parfois être un peu trop accentué en position manche. Bien entendu, le rendu sera plus ou moins concluant selon l’amplificateur ou les pédales que l’on utilise mais on peut saluer la démarche de Yamaha de vouloir nous offrir une palette sonore aussi large.
Pour finir, si le modèle d’entrée de gamme nous avait posé quelques problèmes vis-à-vis de la tenue de l’accordage, la Yamaha RSS02T, dont le diapason est identique, tout comme le tirant et la marque de cordes, s’est quant à elle montrée très stable. La corde de Sol n’a pas bougé d’un iota malgré les différents bends et autres vibrés.
En conclusion
La série « Standard » est clairement un bon cran au-dessus de la série « Element » que nous avions testée précédemment et qui coute quelques centaines d’euros de moins. Les finitions sont excellentes et la tenue d’accord ne pose cette fois-ci aucun problème. Le concept de corps chambré semble bénéfique à la résonance globale de l’instrument et les micros P-90 qui équipent cette Yamaha RSS02T sont excellents. Ils sont très dynamiques et caractériels, capables d’apporter à la fois de la chaleur et du mordant, selon la position sélectionnée. Le sélecteur 5 positions ainsi que la fonction « Focus Switch » offrent une palette de sonorités très large permettant d’aborder différents types de jeu et des styles suffisamment variés. En revanche, sur des niveaux de saturation très (trop) généreux, il faudra soit prévoir le nécessaire pour nettoyer le bruit de fond, soit plutôt basculer sur la version équipée en humbuckers qui devrait être davantage adaptée pour ce genre d’usages.